
Au risque de passer pour quelqu'un qui a décidé de régler certains comptes, finalement quand on veut chasser le naturel, ce dernier vous revient toujours en pleine figure... Dès lors alors que vous aviez choisi de porter le masque de la zenitude (ou celui de l'hypocrisie, ça dépends aussi du tempérament de chacun), vous vous retrouvez avec ce bon vieux couteau aiguisé (et prêt à servir) entre les dents (je peux toujours même ça sur le dos de l'atavisme, mon grand-père paternel ayant été communiste...). Bref, ayant envie ces derniers temps de décider de me border de fiel, c'est reparti pour une chronique plutôt tiédasse.
Comme chacun sait ou devrait savoir, en 1979, le groupe de Roger Waters (Pink Floyd) publie son deuxième plus grand succès,
The Wall, un concept album ô combien mégalomane... à l'image de son auteur vous pourriez ajouter. J'éviterai de faire la critique de cet album, enfin sa partie studio j'entends, n'étant premièrement pas le propos de ce billet et deuxièmement si je voulais mettre les formes il s'agirait de faire comme à l'école une belle thèse et antithèse,
The Wall ayant les défauts de ses qualités (et au final doit sans doute avoir autant d'admirateurs que de détracteurs).
Non dans ce post, nous allons émettre quelques doutes (bel euphémisme) quant aux qualités de l'album live issu de la tournée de
The Wall nommé:
Is There Anybody out There? Tout d'abord, de quand date la sortie de cette merveille (quel mauvais esprit...)? A peu près vingt ans après l'enregistrement, soit en avril 2000. Dès lors, vous m'excuserez mais déjà personnellement ça sent pas bon. Bien sur on pourra toujours me rétorquer qu'un album live sorti vingt ans ou un an après son enregistrement ne change finalement pas grand chose, ça reste une chouette opération commerciale dans le but de mettre un peu de beurre dans les épinards à moindre frais dans la poche des producteurs et de la maison de disque. Il faut avouer qu'on cherche pour bon nombre de disques de ce genre l'utilité artistique. Sentiment qui aujourd'hui peut facilement s'amplifier étant donné avec quelle facilité on peut trouver désormais des bootlegs soundboard de très bonne qualité gratuitement sur la toile (comme sur les quelques liens que je propose sur ce blog).
Il n'empêche, grâce à Roger Waters, celui qui perdit le procès qu'il ne fallait pas perdre dans les années 80 (contre ses anciens meilleurs amis pour rappel David Gilmour et Nick Mason... Waters ayant forcé Rick Wright à vendre ses parts fin 70's), nous voici avec le disque live de la tournée
The Wall (ironiquement les mauvais esprits pourront à juste titre ajouter qu'après le live de 90 à Berlin du père Waters, on en demandait pas tant...). Tournée qui d'ailleurs fut assez particulière puisqu'il y eut très peu de dates (LA, NYC, en Allemagne et à Londres à Earls Court il me semble), la logistique ne permettant pas une pléthore de dates (ce qui collait aussi avec le propos de l'album, Waters ayant l'idée d'écrire ce concept album après son écœurement des tournées gigantesques dans les stades).
Oui mais que reproches tu à cet album live hormis le fait d'être un enregistrement public? Déjà comme je l'ai écrit plus haut, en fait ce n'est pas tant la nature du disque qui me gène, il existe plusieurs disques live incontournables (le
Live Dead du Grateful Dead ou l'apocalyptique
Decade of Aggression de Slayer par exemple), certains faisant même office de meilleurs disques tout support confondu (comme le
No Sleep 'Til Hammersmith de Motörhead encore que le débat reste ouvert pour ma part). Non le vrai problème c'est que ce disque (fournit dans un coffret qui de mémoire, comme le reste de la discographie de Pink Floyd d'ailleurs, coute bonbon) est plat, ce disque n'apporte rien, aussi bien au niveau de l'interprétation (que c'est mou...) que de la prise de risque. Certes pour cette dernière, le disque ne se prêtait pas à des improvisations, il n'empêche, sans compter que le côté pêchu soit aux abonnés absents, l'émotion aussi est en berne. J'en veux pour preuve les deux extraits sonores d'aujourd'hui, à savoir
Don't Leave me Now et
The Trial. Autant dans la version studio, on cherchait l'oxygène, le désespoir étant de mise pour
Don't Leave me Now autant là... plouf plouf... Ok à l'écoute du morceau on ne fera pas tourner les serviettes pour autant mais où est la folie originelle? Et
The Trial n'est pas en reste, quand on connait la version studio, cette fois ci on touche le fond, Waters se démenant comme un beau diable, mais est ce suffisant?
Mais ne chargeons pas trop la barque non plus. A vrai dire la comparaison avec l'album studio surproduit par Ezrin ne pouvait forcément ne pas tourner en la faveur d'
Is There Anybody out There?, l'atmosphère si particulière de
The Wall étant difficile à reproduire en public.
Dans ce cas il aurait été préférable de non pas sortir ceci en disque mais de nous montrer le spectacle filmé, la pilule aurait été sans doute plus facile à avaler... sachant que pendant presque la moitié du set le groupe et ses musiciens additionnels jouent derrière un mur de briques factices (ceci dit selon les morceaux Waters et Gilmour réapparaissaient). Et puis pas certain que cela aurait fait double emploi avec le film d'Alan Parker... Dans les plus, on constate l'ajout de deux nouvelles chansons:
What Shall We Do Now? et
The Last Few Bricks, sauf qu'elles n'apportent pas grand chose (ok l'une d'entre elles permettaient surtout aux roadies de faire leurs petites sur la scène... la belle affaire)
En conclusion, un disque qui ne pourra plaire qu'aux fans die-hard du groupe, la durée de vie d'un tel objet étant très très limité. Quitte à écouter
The Wall, autant jeter son dévolu sur la version originale studio.