Comme me confiait il y a peu un admirateur dévot de Tom Waits sous couvert d'anonymat, il ne suffit pas d'avoir la voix ravagée d'un cancéreux se gargarisant au whisky frelaté pour prétendre avoir le talent de l'interprète de Blue Valentines. De la même manière, l'équilibre entre un mauvais film sympathique de faible niveau et un sinistre navet semble être ténu pour l'habitué des multiplexes errant tel un zombie dans les centres commerciaux en mal de blockbusters hypercaloriques. Combien de crapauds malodorants et autres princes miteux pour un charmant et noble souverain à l'apparence altière et aux poils brillants ? Voici donc l'art délicat auquel s'est tenu la fine équipe composée de Jodie Jones, Evan Scott et Sam Sullivan (troisième du nom faut-il le préciser) pour écrire ce petit nanar horrifique sans grande prétention (enfin j'espère pour eux et leurs héritiers...) intitulé Mutants sous la direction du non moins inconnu Amir Valinia.
Parmi les nombreuses recettes susceptibles de transformer une vulgaire plante potagère en un mets nanar de premier (ou second) choix, deux exemples caractérisent à merveille le film du jour : une idée de départ improbable, si foutraque qu'on en vient à émettre de sérieux doutes sur la santé mentale des trois protagonistes sus-cités, pimentée par une touche de glamour, tout du moins prestigieuse dans le cas présent, par le choix d'inviter un hôte de marque pour rehausser votre casting famélique, comprendre un acteur avec suffisamment de notoriété venu cachetonner sans vergogne, n'hésitant pas une minute à saigner à blanc un budget anémié qui n'en demandait pas tant.