Milieu des années 90, le metal dit extrême est à un tournant de sa brève existence. Face à la surenchère de mise et à l'effet de mode qui commence à se dissiper, l'hégémonie du death metal vacille et connait ses dernières heures. Victime à la fois d'une certaine usure et d'une lassitude du public, le metal mortuaire allait céder sa place lors de la deuxième moitié de la décennie aux velléités black metal en provenance de l'Europe du Nord. Seul choix possible pour nombre de groupes à cette époque : tenir bon la barque, évoluer et/ou disparaître (momentanément) tel Obituary après la sortie de leur quatrième album, World Demise.
Après le succès de leur précédent effort, The End Complete, soit leur disque le plus vendu et un des best-sellers du genre (un peu plus d'un demi-million de copies à travers le monde), la formation de Tampa aurait sans doute gagné à jouer la facilité, le statu-quo et enclencher le pilotage automatique. Grave erreur. C'était sans compter la participation du guitariste Trevor Peres et du batteur Donald Tardy, l'année passée, au side-project de Mitch Harris (Napalm Death) nommé Meathook Seed. Témoins privilégiés des expérimentations d'Harris lors de l'enregistrement d'Embedded, les deux principaux compositeurs d'Obituary furent sans conteste marqués par cette aventure, et désireux de suivre ce même élan qui s'inscrivait également dans la même dynamique que suivaient d'autres formations de leur label, Roadrunner, et de manière plus générale certains groupes de death metal européen, en particulier le death'n'roll d'Entombed sur Wolverine Blues (1993) ou les premières aspirations industrielles de Napalm Death sur Fear, Emptiness, Despair (1994).
Enregistré comme il se doit au Morrisound Recording et produit par l'habituel Scott Burns, World Demise décrit en premier lieu un groupe en mouvement refusant l'ancienne formule gagnante. Enhardi par sa prestation sur Embedded, la position de Donald Tardy devient dès lors plus centrale et stratégique, définissant à elle seule le nouvel éventail rythmique d'Obituary. Au risque de se disperser et de froisser le conservatisme du public, le groupe expérimente, explore d'autres pistes, quitte à se détourner de la sphère metal (samples hip-hop sur Redefine et autres percussions africaines sur Kill For Me). De cette évolution à mettre en parallèle d'une certaine manière au devenir de Sepultura [1], les cinq floridiens proposent sur World Demise une musique (et un concept écologique en prime) suffisamment éloignée de leurs origines gore, ou comment leur death metal désormais certifié hardcore mid-tempo les rapprochent davantage de leur racine sludge (à une ou deux exceptions près, Solid State par exemple).
En sus des qualités intrinsèques d'Obituary, John Tardy et son chant gardent leur caractère unique, la guitare de Peres groove toujours autant et les solos de West vont à l'essentiel, le disque tranche donc avec l'aspect routinier de son prédécesseur. Mais toutes les bonnes intentions ne font pas forcément merveille. Si World Demise démontre à juste titre un désir d'émancipation louable, l'album se voit handicaper de plusieurs titres anecdotiques, plombant un contenu qui manque globalement de concision [2]. Dommage cette prise de risque aurait mérité d'être totalement réussie et transformée.
Au final World Demise demeure sans aucun doute le dernier album majeur d'Obituary, dont le titre d'ouverture Don't Care ou Final Thought font figure de classiques évidents.
Titres : Enregistré comme il se doit au Morrisound Recording et produit par l'habituel Scott Burns, World Demise décrit en premier lieu un groupe en mouvement refusant l'ancienne formule gagnante. Enhardi par sa prestation sur Embedded, la position de Donald Tardy devient dès lors plus centrale et stratégique, définissant à elle seule le nouvel éventail rythmique d'Obituary. Au risque de se disperser et de froisser le conservatisme du public, le groupe expérimente, explore d'autres pistes, quitte à se détourner de la sphère metal (samples hip-hop sur Redefine et autres percussions africaines sur Kill For Me). De cette évolution à mettre en parallèle d'une certaine manière au devenir de Sepultura [1], les cinq floridiens proposent sur World Demise une musique (et un concept écologique en prime) suffisamment éloignée de leurs origines gore, ou comment leur death metal désormais certifié hardcore mid-tempo les rapprochent davantage de leur racine sludge (à une ou deux exceptions près, Solid State par exemple).
En sus des qualités intrinsèques d'Obituary, John Tardy et son chant gardent leur caractère unique, la guitare de Peres groove toujours autant et les solos de West vont à l'essentiel, le disque tranche donc avec l'aspect routinier de son prédécesseur. Mais toutes les bonnes intentions ne font pas forcément merveille. Si World Demise démontre à juste titre un désir d'émancipation louable, l'album se voit handicaper de plusieurs titres anecdotiques, plombant un contenu qui manque globalement de concision [2]. Dommage cette prise de risque aurait mérité d'être totalement réussie et transformée.
Au final World Demise demeure sans aucun doute le dernier album majeur d'Obituary, dont le titre d'ouverture Don't Care ou Final Thought font figure de classiques évidents.
01. Don't Care / 02. World Demise / 03. Burned In / 04. Redefine / 05. Paralyzing / 06. Lost / 07. Solid State / 08. Splattered / 09. Final Thoughts / 10. Boiling Point / 11. Set in Stone / 12. Kill for Me / 13. Killing Victims Found [Bonus] / 14. Infected - Live [Bonus] / 15. Godly Beings - Live [Bonus] / 16. Body Bag - Live [Bonus]
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[1] Sur Arise (1991) puis Chaos A.D. deux années plus tard.
[2] Sur les cinquante et une minutes originales (sans les bonus), un bon quart d'heure aurait mérité de passer à la trappe, soit trois ou quatre chansons.
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