Livre de souvenirs d'une époque à jamais révolue, quand la liberté sexuelle post-soixante-huit ouvrit la voie à l'âge d'or du cinéma pornographique français, le Kikobook de Gérard Kikoïne poursuit avec humour, et un brin de nostalgie, la précédente et glorieuse entreprise compilatoire menée par Christophe Bier et son indispensable Dictionnaire des longs métrages français pornographiques et érotiques en 16 et 35 mm. Petit rappel des faits. Acteur et spectateur privilégié « des dessus et des dessous » de cette période dorée, Gérard Kikoïne, « Kiko » pour les intimes, lançait début mars 2015 son projet culte sur la plate-forme de financement participatif Ulule, afin de pouvoir payer l'impression des premiers exemplaires. Près d'une année passée, le réalisateur de Parties fines sortait le jour de la Saint Valentin, son tant attendu « livre d'Amour » de ses « films d'Amour » aux Éditions de l'œil.
Livre appelé à devenir, n'en doutons pas, un précieux témoignage des débuts hexagonaux du genre, le Kikobook est autant, donc, un livre de souvenirs personnels où se croisent nombre de joyeuses anecdotes, qu'un inventaire des secrets de production et de réalisation des films signés Kiko durant sa brève carrière dans le X entre 1977 et 1982. Richement doté d'une collection de photographies de tournage parcourant ces six années, dont plus d'une cinquantaine in-situ inédites, celles-ci apportent, en sus des divers confidences qui closent le Kikobook, un regard éclairant sur cet artisanat (disparu) de la fesse (rieuse) sur pellicule, dont Kikoïne fut l'un des dignes représentants. Culte on vous a dit. Mais n'allons pas trop vite.
Cinéphile, venant du cinéma traditionnel, Gérard Kikoïne revient en premier lieu sur ses jeunes années professionnelles, quand il intégra en 1964 à 18 ans la société de doublage familiale "Léon et Max Kikoïne", société qui gérait aussi bien les grosses productions étrangères (dont 2001, l'odyssée de l'espace que Kiko put découvrir en avant-première), que les versions anglophones de films français ou étrangers. Assistant monteur son sur la troisième version du mythique Napoléon (Bonaparte et la Révolution), et sa rencontre avec son auteur Abel Gance à la fin de la décennie 60, Kiko intégra le CFFP, au début de la décennie suivante, sous la férule du producteur Robert de Nesle, pour qui il monta de A à Z les pistes audio de nombreux films de Jess Franco dont Le journal intime d'une nymphomane. 1973, vierge de toute connaissance en matière de mise en scène, il se lance dans le grand bain en signant son premier long métrage L'amour à la bouche. D'un film qui aurait pu rester à jamais son seul et unique essai (non transformé), le futur réalisateur de La clinique des fantasmes put au contraire compter sur d'heureux concours de circonstances et de rencontres marquantes.
1977, fort de sa nouvelle expérience dans le montage image et son des premiers films hard français, dont le culte Sexe qui parle de Claude Mulot en 1975, Kiko commence son aventure pornographique, pardon son premier « film d'Amour », avec Parties fines, long métrage qui servira de base à son prochain film, La vitrine du plaisir, faux documentaire sur les tournages de films X (ou la version fictive du vrai documentaire, cette fois-ci, de Jean-François Davy, Exhibition sorti en 1975). Se faisant rapidement un nom dans le métier à la fois en France et à l'étranger [1], Kiko s'entoure d'une équipe de fidèles, la kiko family, composée de techniciens (les assistants Pitof [2] et Pierre B. Reinhard [3], le chef opérateur Gérard Loubeau ou la monteuse Caroline Gombergh), d'égéries (dont la divine Marylin Jess) et de « mousquetaires » (dont l'impayable Alban Ceray), qui appréciaient tous autant l'homme, que l'ambiance amicale et joviale qui régnaient durant ses tournages (avec en prime des vacances offertes à Saint Tropez ou Ibiza).
Kiko et ses deux comédiennes Aude Lecoq et Brigitte Lahaie dans Parties fines
Cinéphile, venant du cinéma traditionnel, Gérard Kikoïne revient en premier lieu sur ses jeunes années professionnelles, quand il intégra en 1964 à 18 ans la société de doublage familiale "Léon et Max Kikoïne", société qui gérait aussi bien les grosses productions étrangères (dont 2001, l'odyssée de l'espace que Kiko put découvrir en avant-première), que les versions anglophones de films français ou étrangers. Assistant monteur son sur la troisième version du mythique Napoléon (Bonaparte et la Révolution), et sa rencontre avec son auteur Abel Gance à la fin de la décennie 60, Kiko intégra le CFFP, au début de la décennie suivante, sous la férule du producteur Robert de Nesle, pour qui il monta de A à Z les pistes audio de nombreux films de Jess Franco dont Le journal intime d'une nymphomane. 1973, vierge de toute connaissance en matière de mise en scène, il se lance dans le grand bain en signant son premier long métrage L'amour à la bouche. D'un film qui aurait pu rester à jamais son seul et unique essai (non transformé), le futur réalisateur de La clinique des fantasmes put au contraire compter sur d'heureux concours de circonstances et de rencontres marquantes.
1977, fort de sa nouvelle expérience dans le montage image et son des premiers films hard français, dont le culte Sexe qui parle de Claude Mulot en 1975, Kiko commence son aventure pornographique, pardon son premier « film d'Amour », avec Parties fines, long métrage qui servira de base à son prochain film, La vitrine du plaisir, faux documentaire sur les tournages de films X (ou la version fictive du vrai documentaire, cette fois-ci, de Jean-François Davy, Exhibition sorti en 1975). Se faisant rapidement un nom dans le métier à la fois en France et à l'étranger [1], Kiko s'entoure d'une équipe de fidèles, la kiko family, composée de techniciens (les assistants Pitof [2] et Pierre B. Reinhard [3], le chef opérateur Gérard Loubeau ou la monteuse Caroline Gombergh), d'égéries (dont la divine Marylin Jess) et de « mousquetaires » (dont l'impayable Alban Ceray), qui appréciaient tous autant l'homme, que l'ambiance amicale et joviale qui régnaient durant ses tournages (avec en prime des vacances offertes à Saint Tropez ou Ibiza).
Mieux, le Kikobook atteste la singularité de ce pornocrate amoureux. Les films X de Gérard Kikoïne se distinguaient, déjà, à l'époque de la masse. Tout en respectant, ça va sans dire, le cahier des (dé)charges, ceux-ci se démarquaient tant par leur esthétisme que par leurs propos décalés (avec mention au regretté, et spécialiste du genre, l'acteur Jack Gatteau), du comique aux situations (et objets de satisfaction) les plus incongru(e)s. Films situés chronologiquement vers la fin d'une parenthèse enchantée, celle précédant les années sida, et professionnellement avant l'ère industrielle de la VHS, le Kikobook raconte et dévoile avec malice, par la voix d'un de ses maîtres, ce que fut la pornographie ludique au cinéma.
Post-Coïtum : Après quelques films érotiques vers le mitan des années 80, dont Lady Libertine (1983) avec Sophie Favier, coproduit par Harry Alan Towers (producteur de plusieurs longs métrages signés Jess Franco dont l'adaptation Sadienne Les inassouvis), le britannique lui proposa de tourner plusieurs films de genre, lui permettant à la fois de côtoyer et de diriger des acteurs tels que Oliver Reed (Dragonard et sa séquelle Le Maître de Dragonard Hill), Anthony Perkins (Docteur Jekyll et M. Hyde) ou Donald Pleasence (Buried Alive).
Interview d'Alban Ceray pour la souscription du Kikobook
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[1] Ce qui lui valut d'être produit par les allemands et de tourner à New-York Dolly l'inititiatrice (The Tale of Tiffany Lust) avec la star étasunienne, la fausse ingénue, Désirée Cousteau.
[2] Reinhard qui réalisa par la suite nombre de films X (la moitié signé par le pseudo Mike Strong), ainsi que le film d'horreur La revanche des mortes vivantes (réédité en Blu-ray par Le chat qui fume le 10 mars 2019).
[3] Oui, le même Pitof de Vidocq et Catwoman !
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