Paru le 26 octobre dernier aux éditions Cernunnos, Pulsions graphiques, sous-titré Le meilleur du pire d'Elvifrance, est un ouvrage indispensable pour tout amateur de déviances dites graphiques. Maison
d'édition culte qui publia entre 1970 et 1992 des milliers de bandes-dessinées érotiques, au format de
poche et bon marché, traduites et importées d'Italie, Elvifrance a fourni à un public avide de mauvaises pulsions « du plaisir pour toutes les bourses ». Vampire lubrique, binoclard priapique, bidasses obsédés, extra-terrestres érotomanes, nymphomanes et autres savants fous, Elvifrance fut de toutes les luttes libidineuses. Lucifera, Goldboy, Karzan, Jacula, Sam Bot, Maghella, Shatane, Zara la vampire, Wallestein, Jungla la « vierge africaine », etc., tels étaient les noms de ces personnages transgressifs et héroïnes infernales qui se dressèrent contre la bienpensance et le bon goût à grand renfort de sexe, de violence et de rire gras.
Collectionneur de photos, auteur du recueil, Affreux Noël, ou collaborateur de l'anthologie Catch : l'âge d'or, 1920-1975 signé Christian-Louis Eclimont, Jean-Marie Donat a nourri ce projet depuis une dizaine d'années avant de pouvoir, enfin, mettre en œuvre le premier livre hommage à cette illustre société. Avec le soutien de Christophe Bier, le maître y signe une préface critique de 80 pages, narrant la saga de la maison d'édition et la figure tutélaire de Georges Bielec, des premiers succès aux premières publications interdites [1], des années dorées 70's à l'essoufflement 80's, jusqu'au dépôt de bilan en 1992. Riche d'une sélection de plus de 400
couvertures et pages intérieures, Pulsions graphiques dressent un catalogue quasi-exhaustif des fantasmes mâles les plus débridés et licencieux : tortures, nécrophilie, fétichismes et sadomasochisme ; Elvifrance défiait crânement les convenances.