Préposé au courrier à la Fox, assistant de production pour De l'or pour les braves (1970) de Brian G. Hutton, cascadeur en Europe pour diverses productions, John Landis multiplia les métiers dans le cinéma, avant de réaliser, crânement, à seulement 21 ans, à son retour aux États-Unis, son premier long métrage nommé Schlock. Auto-financé pour moitié par John Landis, ce Schlockthropus, sous-titré en français par le non moins foutraque Le tueur à la banane, avait tout du mauvais film. Pire, encore aujourd'hui, le cinéaste s'amuse, non sans malice, à s'excuser d'être l'auteur de ce supposé méfait. Or, si cette comédie ne prédisposait pas à la future carrière de ce jeune frondeur, cadet de la génération des movie brats (Brian De Palma, Francis Ford Coppola, George Lucas, Steven Spielberg, etc.), Schlock marque également les débuts d'une autre figure notable du cinéma étasunien des quarante dernières années : ceux du maquilleur Rick Baker. Fort d'une nouvelle restauration 4K approuvée par John Landis, Schlock est disponible ce 3 juillet pour la première fois en Blu-ray chez Carlotta Films.
Depuis
trois semaines quelque part en Californie, la ville de Canyon Valley est le théâtre d'une série de meurtres sanglants. Pas moins de huit cent victimes ont déjà été recensées dont les dernières sont celle provenant d'un parc de loisirs où plus de deux cent personnes, femmes et enfants compris, ont trouvé la mort. Surnommé le « tueur à la banane », le dangereux criminel est en réalité un gorille, présenté comme le chaînon manquant, âgé de vingt millions d'années, le Schlockthropus…
1971, reconduit par la Director's Guild, John Landis découvre dans les salles le croquignolet Trog de Freddie Francis. Cette histoire d'abominable homme des cavernes découvert par une scientifique, jouée par Joan Crawford [1], lui inspire la réalisation de son premier film parodique. Endossant lui-même la combinaison en fourrure et le masque du Schlocktropus, création du non moins jeune Rick Baker, l'ancien apprenti-cascadeur tourne, avec un budget dérisoire de 60 000 $, les pérégrinations mi-horrifique mi-comique de cet animal venu d'un temps ancien. Un an et demi après le tournage, grâce au soutien de Johnny Carson qui l'invite lors de son Tonight show à diffuser des extraits de son long métrage, John Landis trouve finalement un distributeur et son film le chemin des salles en mars 1973.
Parodie fauchée des films de monstres, satire du film bis précité, Schlock flirte allègrement, on l'aura compris, entre le grotesque et l'absurde. Des clins d'œil évidents aux grands classiques du genre, de King Kong à Frankenstein, à la caricature de 2001, L'odyssée de l'espace, la cinéphilie de John Landis se teinte autant d'un rire hérité des grands du slapstick que de ses souvenirs d'enfance nourris aux séries B d'antan (Schlock se mêle aux spectateurs d'un cinéma lors d'un double programme où sont projetés The Blob et Dinosaurus, les monstres de l'île en feu, produit par Jack H. Harris, futur distributeur de Shlock, CQFD). A ce petit jeu, John Landis, adepte du non-sens, construit, avec les moyens du bord (Schlock fut tourné en douze jours aux abords de Los Angeles), un apparenté film à sketches centré autour du Schlocktropus et de ses diverses rencontres, dont celle, remarquée, avec Mindy (Eliza Garrett), jeune aveugle qui le prend pour un grand chien.
En dépit de gags inégaux, et de moyens réduits, John Landis, devant et derrière la caméra, livre avec Schlock une parodie délirante, qui n'est pas sans évoquer les débuts tout aussi détonants de John Carpenter avec sa comédie absurde science-fictionnelle Dark Star (film produit par Jack H. Harris, comme par hasard). Mieux, là où le futur réalisateur de Halloween, faute de budget, avait représenté l'extraterrestre par un ballon de baudruche avec des pattes, John Landis peut, lui, compter sur les maquillages bluffants du novice Rick Baker (anecdote amusante, livrée par Landis dans les suppléments : les prothèses ont été fabriquées dans le four maternel, Baker vivant, à cette époque, chez ses parents) ; la présence de John Chambers, responsable des maquillages de La planète des singes, le temps d'un caméo, pouvant être considérée à ce titre comme une approbation.
Superbement restauré en 4K, riche en suppléments, dont un entretien de John Landis évoquant la genèse du film, Shlock, en dépit des moqueuses réserves de son auteur, n'en demeure pas moins une œuvre séminale.
A découvrir pour celles et ceux qui voudrait découvrir les débuts du réalisateur de The Blues Brothers et d'Un fauteuil pour deux.
1971, reconduit par la Director's Guild, John Landis découvre dans les salles le croquignolet Trog de Freddie Francis. Cette histoire d'abominable homme des cavernes découvert par une scientifique, jouée par Joan Crawford [1], lui inspire la réalisation de son premier film parodique. Endossant lui-même la combinaison en fourrure et le masque du Schlocktropus, création du non moins jeune Rick Baker, l'ancien apprenti-cascadeur tourne, avec un budget dérisoire de 60 000 $, les pérégrinations mi-horrifique mi-comique de cet animal venu d'un temps ancien. Un an et demi après le tournage, grâce au soutien de Johnny Carson qui l'invite lors de son Tonight show à diffuser des extraits de son long métrage, John Landis trouve finalement un distributeur et son film le chemin des salles en mars 1973.
Parodie fauchée des films de monstres, satire du film bis précité, Schlock flirte allègrement, on l'aura compris, entre le grotesque et l'absurde. Des clins d'œil évidents aux grands classiques du genre, de King Kong à Frankenstein, à la caricature de 2001, L'odyssée de l'espace, la cinéphilie de John Landis se teinte autant d'un rire hérité des grands du slapstick que de ses souvenirs d'enfance nourris aux séries B d'antan (Schlock se mêle aux spectateurs d'un cinéma lors d'un double programme où sont projetés The Blob et Dinosaurus, les monstres de l'île en feu, produit par Jack H. Harris, futur distributeur de Shlock, CQFD). A ce petit jeu, John Landis, adepte du non-sens, construit, avec les moyens du bord (Schlock fut tourné en douze jours aux abords de Los Angeles), un apparenté film à sketches centré autour du Schlocktropus et de ses diverses rencontres, dont celle, remarquée, avec Mindy (Eliza Garrett), jeune aveugle qui le prend pour un grand chien.
Superbement restauré en 4K, riche en suppléments, dont un entretien de John Landis évoquant la genèse du film, Shlock, en dépit des moqueuses réserves de son auteur, n'en demeure pas moins une œuvre séminale.
A découvrir pour celles et ceux qui voudrait découvrir les débuts du réalisateur de The Blues Brothers et d'Un fauteuil pour deux.
Crédits photo : SCHLOCK © 1973 GAZOTSKIE FILMS, INC. Tous droits réservés.
Schlock | 1973 | 79 min | 1.78 : 1 | Couleurs
Réalisation : John Landis
Scénario : John Landis
Avec : John Landis, Saul Kahan, Eliza Garrett, Joseph Piantadosi, Eric Allison, Charles Villiers, Enrica Blankey, E.G. Harty, Gene Fox, Susan Weiser, Jonathan A. Flint, Amy Schireson, Ian Kranitz, John Chambers
Musique : David Gibson
Directeur de la photographie : Robert E. Collins
Montage : George Folsey Jr. ___________________________________________________________________________________________________
[1] Trog fut présenté lors d'une mémorable Soirée bis à la Cinémathèque française le vendredi 10 mai 2019, dans le cadre de la rétrospective consacrée à Joan Crawford.
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