Des trios mythiques dans la musique, quand bien même il en existe bon nombre de surestimés (1), même mon agent comptable préféré vous dira que ce n'est pas ce qui manque. Maintenant, lorsque vous ajoutez comme nouveau paramètre des rencontres fantasmées voire totalement hypothétiques, le passionné de musique peut dès lors entrevoir une myriade de possibilités. Au début du mois par exemple, j'ai appris que Josh Homme accompagné de Dave Grohl et de John Paul Jones enregistreraient un album, tout du moins quelque chose qui ressemblerait à de la musique à Los Angeles (2). Le jazz aussi a connu de belles rencontres entre all-stars, qui plus est en trio, la première me venant à l'esprit étant le fameux trio Duke Ellington, Charles Mingus et Max Roach et leur Money Jungle de 1962. Concernant le jazz électrique, le format du trio pourrait en surprendre plus d'un si on garde à l'esprit les grands noms des 70's. Pourtant, on aurait tort d'omettre l'un des disques fondateurs du mouvement jazz-rock, Emergency du Lifetime de Tony Williams de 1969 qui déjà ne comptait que trois musiciens. Dix ans plus tard, on retrouve quasiment les mêmes, soit les deux tiers du trio originel, avec cette fois-ci en lieu et place de l'organiste Larry Young, l'étoile montante (et bientôt filante) de la basse électrique, Jaco Pastorius.
Trio of Doom, titre volontairement ronflant issu de l'imagination de Jaco, est donc l'éphémère rencontre de trois musiciens jazz qui sur le papier pourrait faire tourner quelques têtes, tout du moins à l'époque où ces derniers se sont réunis, aujourd'hui... 3 Mars 1979, McLaughlin, Pastorius et Williams jouent dans le cadre du festival Havana Jam à Cuba, manifestation culturelle sponsorisée par l'état US (sans doute le fruit de l'ouverture de l'administration étatsunienne sous l'ère Carter). 5 jours plus tard, le trio se rassemble de nouveau au studio Columbia de New-York pour réenregistrer des titres issus de la précédente session live à la Havane.
On peut tout de suite émettre quelques réticences quant à l'édition d'une telle compilation de la part du label Columbia, presque trente ans après ces rendez-vous (3): une jam session live qui dure environ 25 minutes puis trois titres studio qu'on pourrait nommer redites puisqu'il s'agit de trois compositions déjà jouées à la Havane... le label allant même jusqu'à rajouter deux prises alternatives introductives du morceau Papa Oriente, histoire de faire gonfler la durée du dit CD... Doit-on attendre encore un peu avant de jeter le bébé avec l'eau du bain?
Trio of Doom, titre volontairement ronflant issu de l'imagination de Jaco, est donc l'éphémère rencontre de trois musiciens jazz qui sur le papier pourrait faire tourner quelques têtes, tout du moins à l'époque où ces derniers se sont réunis, aujourd'hui... 3 Mars 1979, McLaughlin, Pastorius et Williams jouent dans le cadre du festival Havana Jam à Cuba, manifestation culturelle sponsorisée par l'état US (sans doute le fruit de l'ouverture de l'administration étatsunienne sous l'ère Carter). 5 jours plus tard, le trio se rassemble de nouveau au studio Columbia de New-York pour réenregistrer des titres issus de la précédente session live à la Havane.
On peut tout de suite émettre quelques réticences quant à l'édition d'une telle compilation de la part du label Columbia, presque trente ans après ces rendez-vous (3): une jam session live qui dure environ 25 minutes puis trois titres studio qu'on pourrait nommer redites puisqu'il s'agit de trois compositions déjà jouées à la Havane... le label allant même jusqu'à rajouter deux prises alternatives introductives du morceau Papa Oriente, histoire de faire gonfler la durée du dit CD... Doit-on attendre encore un peu avant de jeter le bébé avec l'eau du bain?
Le concert de La Havane débute par un solo de Tony Williams, le genre de performance que bon nombre de batteurs de rock ne pourront jamais accéder ou comprendre, un sens du rythme et de l'intensité rarement égalé tout en évitant les poncifs de la démonstration. Une introduction quasi parfaite en somme, servant de tremplin pour le frénétique Dark Prince, composition qu'on retrouvait déjà sur le précédent album solo de McLaughlin Electric Dreams mais avec un line-up différent. Un morceau qui clôt magistralement les 70's. Décennie qui a vu l'émergence d'un jazz électrique lorgnant de plus en plus vers les travers du rock pompier de la même décennie, une interprétation froide où seule la technique comptait, un comble pour une musique issue du jazz. Or justement, Dark Prince interprété par ce power trio reprends la quintessence même du jazz-rock, un jazz électrique s'inspirant avant tout de l'énergie dégagée par le rock: un bassiste massif, un guitariste déchainé et un batteur puissant à la précision chirurgicale. Seule composition écrite par Jaco, la version du classique de Pastorius Continuum fait elle aussi partie des très bonnes surprises de ce set live. McLaughlin a en effet la bonne idée d'accompagner cette ballade lui apportant ainsi une profondeur et une subtilité supplémentaire. Le temps d'un funky Papa Oriente, seule composition originale du dit CD de la part de Tony Williams, le concert se termine par Are You the One, Are You the One?, issu à l'origine sur le Electric Guitarist de McLaughlin sorti l'année précédente. Morceau qui à son tour fait la part belle à la basse ronde de Pastorius et à l'entente musicale entre les deux anciens sidemen de Miles Davis, seul reproche quant à ce final, un goût de trop peu... comme la durée de ce set.
Au final, que retenir? La montagne jazz-rock a t'elle accouché d'une souris? On en est pas loin, cette rencontre pas loin d'être historique avait au moins le mérite d'être terriblement excitante... mais un set live d'une vingtaine de minutes et sa redite somme toute dispensable en studio n'en font aucunement un disque essentiel. Un bel instantané, c'est déjà pas mal.
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(1) Je préfère dès ma première ligne remplir mon quota du blogueur blasé et aigri, comme ça après... ça sera en partie réglé.
(2) En faisant abstraction du décevant dernier album des Queens of the Stone Age, on peut quand même admettre que la rencontre entre Homme et l'ancien bassiste/claviériste/arrangeur de Led Zeppelin éveille tout du moins la curiosité de l'amateur de rock. Un peu comme si Chris Martin de Coldplay rencontrait Phil Collins, vous imaginez la surprise, le bonheur !!!
(3) Trio of Doom est sorti en 2007
(2) En faisant abstraction du décevant dernier album des Queens of the Stone Age, on peut quand même admettre que la rencontre entre Homme et l'ancien bassiste/claviériste/arrangeur de Led Zeppelin éveille tout du moins la curiosité de l'amateur de rock. Un peu comme si Chris Martin de Coldplay rencontrait Phil Collins, vous imaginez la surprise, le bonheur !!!
(3) Trio of Doom est sorti en 2007
Ne connaissant pas l'original, j'ai été ravie de découvrir cet album. Merci.
RépondreSupprimerRien que Jaco ! Cela me donne envie de l'entendre.
RépondreSupprimer@ la Midinette réunionnaise de cœur: il vous en prie ^^
RépondreSupprimer@ Jérem: ceci dit au vue de la performance, je retiens plus Tony Williams derrière ses futs. Faut dire du fait de la personnalité "spéciale" de Jaco, fallait bien martyriser qqch pour se défouler. En tout cas, artistiquement Tony était loin d'être au top à cette époque, perdu dans les méandres d'un jazz fusion bon marché... Enfin, restait son talent percussif comme le montre cette compil ou ses concerts avec le V.S.O.P.
Dommage, c'est vrai que "sur le papier", ça présageait d'une rencontre énorme...
RépondreSupprimerSysT
Disons que la rencontre n'est pas ratée, mais qu'elle est si brève que finalement... le résultat est plutôt frustrant.
RépondreSupprimerCette politique des fonds de tiroir ne grandit pas le label Columbia alors qu'ils avaient fait du bon travail avec les rééditions de Miles Davis par exemple.
Oui mais même sur un demi-Jaco, je ne crache pas dessus !
RépondreSupprimerBon sang mais c'est les grandes vacances chez le doc'
RépondreSupprimerc'est à la fois les vacances, à la fois la déprime, à la fois une aspiration vers le vide... comme chantait Ozzy "Into the Void"
RépondreSupprimerBon sang écris moi un souvenir musical pour la série "Je me souviens de cet air" sur Duclock.
RépondreSupprimerc'est une très belle initiative, j'y penserai ;-)
RépondreSupprimerSalut Doc,
RépondreSupprimerrien à voir avec l'article, mais j'ai pensé à ton blog pour accueillir le
David Bowie Blog Tour 2009.
Les règles du jeu sont ici:
http://blinkinglights.musicblog.fr/r45504/DAVID-BOWIE-BLOG-TOUR-2009/
je compte sur ta motivation, à plus
Xavier
je vais voir ça, tout est bon pour que je retrouve de la motiv :)
RépondreSupprimeret pis, c'est le Thin White Duke merde!
Super doc!
RépondreSupprimerpar contre, je crois que tu n'as pas bien lu la règle... il faut que tu choisisses une image, et cela désignera l'album que tu devra chroniquer... au hasard!
Les sessions studios réalisées après le concert avaient pour but de présenter un objet vendable au public. En effet les titres lives ne sont pas sortis tels quels à l'époque. Jaco en a fait un peu trop durant le concert alors que les répétitions s'étaient pourtant bien passées). Tant et si bien qu'on en est presque venu aux mains entre ce dernier et Tony Williams après le concert.Les titres sortis à l'époque sur la compil "Havana Jam" étaient donc des sessions studios avec les bruits du publics rajoutés, un peu comme sur les deux live des Stones des années 60-70.
RépondreSupprimerMerci pour ce complément d'info ! :-)
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