Birmingham, ville de contrastes musicaux. Cité originelle de Black Sabbath, de Duran Duran, Steel Pulse ou de Napalm Death. Prenez ces derniers. Une bande de gamins désœuvrés, sevrés à l'anarcho-punk qui vont sinon révolutionner le punk, en tout cas pousser le crust dans ses derniers retranchements à savoir le grindcore. Parmi les nombreux musiciens qui graviteront autour de cette jeune formation durant les 80's, retenons trois noms : le guitariste Justin Broadrick, Nic Bullen et le batteur Mick Harris. Trois musiciens qui ont la particularité d'avoir débuté dans le premier groupe de grindcore et qui s'en détacheront pour aller former (paradoxalement ?) les deux fers de lance du metal industriel britannique : Godflesh (avec Broadrick) et Scorn (avec Harris et Bullen).
Après avoir rejoint Napalm Death à la demande de son ami Bullen, et enregistré la première face du désormais historique Scum, acte fondateur du grindcore, Justin Broadrick quitte le groupe pour rejoindre Head of David en qualité de batteur. Broadrick, ayant fait le tour pour sa part de ce punk extrême, cherche en effet à la fois à ralentir la cadence, et à se rapprocher davantage du noise-rock et des précurseurs de la musique industrielle. Enfin après l'arrêt de Head of David en 1988, il reforme Fall of Because (tiré du titre d'une chanson de Killing Joke) avec son membre fondateur, le bassiste G. C. Green, duo qui changera le nom du groupe pour s'appeler désormais Godflesh.
A la différence de Ministry qui fit lui aussi parler de lui en 1988 avec son The Land of Rape and Honey pour lequel l'influence d'un Big Black [1] ou de l'EBM reste indéniable, le premier EP éponyme de Godflesh garde avant tout des racines hardcore. D'une démarche similaire évoquant sans l'aspect poisseux le mouvement sludge naissant de l'autre côté de l'Atlantique, et par l'utilisation de boites à rythmes, Broadrick et Green se rapproche sur le fond de l'abstraction oppressive et de l'approche minimaliste des Swans ou de Killing Joke. Bande originale imaginaire accompagnant le désœuvrement des cités
post-industrielles, la production lo-fi offre une mise en abime idéale aux ambiances angoissantes et hypnotiques teintées de
violence larvée. Les vocaux écorchés de Broadrick, proche du cri
primal, appuyés par une guitare distordue et une basse lourde, finissent d'installer durablement ce premier disque comme
un sommet de nihilisme, avec en point de mire le maladif Avalanche master song, le martial Veins ou le menaçant Godhead.
Originalement sorti sur le label Swordfish Records au format vinyle, Godflesh ressortit deux ans plus tard en CD, augmenté de deux bonus : Wounds et Streetcleaner 2, remixes de deux chansons issues de leur premier album Streetcleaner, après la signature du duo sur le label extrême britannique Earache Records en 1989 [2]. Contrairement au cas courant, surtout depuis que les albums réédités se voient agrémentés de bonus tous plus inutiles les uns que les autres, ces deux titres ne sont en aucun cas accessoire. Wounds, remix direct de Wound, étalé sur plus de 13 minutes, est à ce titre l'archétype du croisement réussi entre rythmes répétitifs et puissance métallique. Une relecture dont on ne ressort pas indemne, en somme un Sister Ray moderne [3]. Mieux, Streetcleaner 2 démontrait au besoin que le duo Broadrick/Green pouvait également se livrer à des expériences torturées à la croisée de l'ambient et de l'industriel.
1988, une nouvelle révolution industrielle était en marche.
____________________________________________________________________________________________________
Originalement sorti sur le label Swordfish Records au format vinyle, Godflesh ressortit deux ans plus tard en CD, augmenté de deux bonus : Wounds et Streetcleaner 2, remixes de deux chansons issues de leur premier album Streetcleaner, après la signature du duo sur le label extrême britannique Earache Records en 1989 [2]. Contrairement au cas courant, surtout depuis que les albums réédités se voient agrémentés de bonus tous plus inutiles les uns que les autres, ces deux titres ne sont en aucun cas accessoire. Wounds, remix direct de Wound, étalé sur plus de 13 minutes, est à ce titre l'archétype du croisement réussi entre rythmes répétitifs et puissance métallique. Une relecture dont on ne ressort pas indemne, en somme un Sister Ray moderne [3]. Mieux, Streetcleaner 2 démontrait au besoin que le duo Broadrick/Green pouvait également se livrer à des expériences torturées à la croisée de l'ambient et de l'industriel.
1988, une nouvelle révolution industrielle était en marche.
____________________________________________________________________________________________________
[1] Big Black, étant l'un des premiers groupes de Steve Albini, avec par exemple son album de 1986, Atomiser, de par ses rythmes martiaux, est une influence notable concernant le rock et metal industriel américain à venir, soit Ministry et Nine Inch Nails.
[2] Label où sont/étaient signés : Morbid Angel, Napalm Death, Entombed, Carcass, etc.
[3] Quoi de plus normal de la part du duo qui rendit hommage quelques années plus tard au Metal Machine Music de Lou Reed sur Pure II en 1992.
Là c'est du chinois pour moi :-S
RépondreSupprimerMais j'étais prévenue ;-)
Ca m'a l'air intéressant, mais je me demande si je ne suis pas un peu trop vieux....
RépondreSupprimerJ'étais complètement passé à coté de Goldflesh, je vais essayer de rattraper ça... Merci ! ;)
RépondreSupprimer@ la midinette du 92: ah ça oui, je t'avais prévenu ;-)
RépondreSupprimer@ Xavier, grand manitou du David Bowie blog tour 2009: hum, je ne sais pas si y'a un âge limite pour découvrir Godflesh ou une quelconque musique "bruitiste", j'en veux pour preuve que j'ai dû attendre mes 31 ans automnes pour découvrir véritablement les japonais de Boris. Tout dépends de son appétit et de ses attentes ;-) Mais y'a pas d'âge pour apprécier le bruit blanc selon moi.
@ Sycophante: Oui ça aurait été dommage de passer à côté, d'autant plus qu'il y a matière chez Godflesh, ces derniers ayant la bonne idée au cours de leur 14 ans d'existence de toujours aller de l'avant. Et puis contrairement aux ricains, Godflesh a l'originalité d'avoir une démarche moins rock, plus industrielle pourrait on dire, tout le contraire de Ministry par exemple qui est devenu de plus en plus metal au cours du temps.
Une chose est sure, tu maitrises aussi bien la musique industrielle que le funk ;-)
RépondreSupprimerA vrai dire, je ne sais pas. Disons que je m'y intéresse mais il me reste encore bcp à connaitre, le sujet est vaste ;-)
RépondreSupprimerMinistry est surtout devenu de plus en plus insupportable avec le temps
RépondreSupprimerJ'avoue que de parler de Godflesh en 2009 ça ne doit pas parler à bcp de monde, mais ça reste un groupe qui d'une part à fait bcp de choses différentes toutes ces années, enfin "des" choses différentes et qui avec K Joke et les Swans ont fait avancer le shmilblick musical dans un anonymat assez relatif mais de manière significative
Et sinon c'est tjrs agréable de venir ici et de ne pas savoir de quoi tu vas bien pouvoir parler
merci cher Dragibus ;-)
RépondreSupprimerPour Ministry, je sais t'es pas fan de leur tournure. Toujours est-il que lorsque Paul Barker faisait encore parti du groupe, le combo tenait bien sa barque, certes de plus en plus metal (encore que le dernier du duo "Animositisomina" est plus punk au niveau du son), mais il allait toujours de l'avant. Après, effectivement, Jourgensen tout seul... c'est autre chose ^^
Parler de Godflesh en 2009? C'est un peu comme parler de Kyuss en 2009, on retient surtout Jesu (le nouveau projet de Broadrick) ou les QOTSA. Dans un sens c'est bien de voir qu'une certaine presse découvre Jesu (les Inrocks pour ne pas les citer), mais d'un autre côté, ça fait gentiment sourire... (et je parle même pas qd ils encensent le dernier Sunn O))) alors qu'il s'agit de leur plus faible album...) enfin (soyons naïf mes biens chères sœurs et frères) si ça peut permettre un nouvel éclairage sur l'œuvre de Godflesh...
Finalement, je me suis trop souvent ruiné en achetant des albums de Ministry, et quelle soit chcune des 3 périodes (proto ebm, indus "classique" et metalleuse), je n'ai jamais été scotché. j'en attendais sûrement trop :
RépondreSupprimer- il ne rivalisaient pas avec les grands de l'ebm à leurs débuts (Nitzer Ebb dans le genre quasi indus était plus franc du collier) et étaient à 1000 lieux de Godflesh (ce qu'ils essayent de pomper grossièrement progressivement au fil des albums)
- ils sont vites dépasser par Laibach, NIN ou Scorn dans les 90's en terme d'exigences indus (je prend trois polarités)
- dans le même temps, les RevCo de la grande époque (88-93) les explosent en terme de joie de vivre, paradoxe d'un side-project bien plus sincère (je ne parle pas de la résurgence des RC il y a 2-3 ans, métallo-chiante)
- et le Ministry du milieu des 90's a vu passer le tgv du renouveau hardcore et du numetal en rêvant de sauter dedans.
Ministry a finalement raté sa carrière.
Roooh je vous trouve dur Christ, serait-ce dû à la réouverture du bar du Grand Timonier d'over-bug?
RépondreSupprimerPersonnellement on ne peut comparer véritablement le duo Jourgensen/Barker et les autres que tu cites, Ministry étant le plus metal (au cours de son évolution). D'un côté les anglais avaient une démarche plus mécanique, plus désincarnée, moins rock d'où une utilisation des guitares différentes.
Tout comme la comparaison NIN/Ministry, elle tient difficilement, pas les mêmes influences, Ministry étant plus proche d'un Motörhead que de Bowie à la différence de Reznor.
Pour la joie de vivre, j'ai pas l'impression que c'était inclus dans le cahier des charges de Ministry en fait? Comme hymne à la "Just One Fix", ça reste à voir.
Maintenant, les albums de Ministry ont-ils bien vieilli? Les deux premiers efforts indus ont pris un coup de vieux au niveau prod, TLORAH est bancal et TMIATTTT trop terne. Après, les 3 autres des 90's ne sont en aucun cas raté, au contraire avec "Filth Pig" ou "TDSOTS" Ministry est allé là où on l'attendait pas, ils auraient pu faire un "Psalm 69" bis, ce qu'ils n'ont pas fait. Par contre le "a vu passer le tgv du renouveau hardcore et du nu-metal en rêvant de sauter dedans", mouais je reste plus que dubitatif là.
Après, nous sommes entièrement d'accord, en suivant l'évolution d'un Godflesh, celle de Ministry est mineure, voire ratée... Mais Ministry est plus un groupe de metal usant de recette industrielle qu'un groupe indus usant de guitares, du coup Ministry est plus à ranger du côté de White Zombie ou Fear Factory en somme. Faut pas mélanger les torchons et les serviettes. :-D
Atteution : je ne comparais pas les styles mais les évolutions et la sincérité du positionnement. Ministry (bon, j'avoue, j'aime bien) a toujours été entre deux eaux et ça m'énerve. "Ministry est plus un groupe de metal usant de recette industrielle qu'un groupe indus usant de guitares" m'ouais, je ne les ai jamais accepté comme un groupe de metal parce qu'ils sont trop new wave à l'origine. Ce que The Cult a finalement mieux assumé, Ministry n'a su le vivre pleinement.
RépondreSupprimerJe crois surtout que c'est le fan de "With Sympathy" qui parle en fait ^^
RépondreSupprimerEt qui en veut à Jourgensen d'avoir viré sa cuti :P
c'est vrai que des groupes comme Jesu ou Earth n'auraient pas eu une ligne il y a 10 ans
RépondreSupprimermais maintenant certains journalistes qui ont grandi avec ce type de musique sont aux manettes des Inrocks par ex, alors qu'il y a 10 c'étaient des fans des Smiths qui ne supportaient rien hormis la pop 4AD et qui donc n'auraient jamais rien pu écrire sur des choses un peu plus "brutales"
bon échange sur Ministry dommage que l'on ne puisse pas faire ça en vrai autour d'une bière .....
B'en ça dépend, je fais une tournée parisienne mi novembre, mais je ne sais pas où Dr F chasse la galinette cendrée (j'imagine pas au Parc Monceau)
RépondreSupprimer@ Dragibus: oui tu as tout à fait raison, sur l'apport des petits jeunes aux Inrocks... m'enfin, je peux difficilement éviter un ricanement de ma part car Earth, Sunn O))) ou Jesu ressemblent plus à un arbre qui cache la forêt, voire carrément à une caution faussement underground. Certes, pourquoi un mag n'aurait il pas le droit de changer un peu sa ligne éditoriale, n'empêche que leur revirement, AC/DC c'est génial, fait à la fois grincer des dents les vieux fans des Smiths (tant pis pour eux) mais les fait passer pour des... guignols? Surtout que les deux derniers LPs de la bande aux frères Young sont loin de mériter des éloges... et où est leur crédibilité au passage qd on tresse des lauriers au dernier U2 ou au dernier Mika... du coup, Jesu ou Earth... c'est une caution en fait?
RépondreSupprimer@ Christ: ah ah, j'en vois un qui a lu mon profil sur blogspot ;-)
Et donc, ta réponse ?
RépondreSupprimerla réponse est: si je suis de passage à Paris...
RépondreSupprimerpophits chez lacherre point com
RépondreSupprimeret zou !
Et bien, je ne connais pas du tout Godflesh et me demande si c'est bien nécessaire, même après la spéciale dédicace (ne serait-ce pas là un cadeau empoisonné???)
RépondreSupprimerSinon, je me permets de rebondir sur le Sofa (Song) pour te rappeler que les Kooks doivent quand même leur nom à une chanson de Bowie (in "Hunky Dory", 1971)... la boucle est bouclée ;)
Sachez demoiselle Catherine, que si dédicace il y a, ce n'est rien comparé à celle que je prépare ;-)
RépondreSupprimerAh oui, c'est vrai, j'avais pas fait le rapprochement entre la chanson de sieur Bowie et le patronyme des tristes Kooks...
C'est bon, ça !
RépondreSupprimerJe suis en train d'en cataloguer 3 pour la Bibliothèque : Pure, Cold World & Slavestate.
On fait hurler la sono ^^
@ Thierry: Rah Pure et son final Metal Machine Music tribute ^^
RépondreSupprimerJe te conseille aussi Song Of Love And Hate, Us And Them et bien sûr leur premier LP Streetcleaner ^^