Je me dois de vous confesser une faiblesse qui est mienne, contrairement à ceux qui partagent ma condition [1], je n'ai jamais pris de plaisir à rôder dans le rayon lingerie d'un grand magasin. Et je prends à témoin mon lectorat, faut-il être rustre et grossier pour éprouver un quelconque plaisir à flâner prêt des cabines d'essayage, et espérer voir ses râles lourds de sens et autres respirations haletantes masqués par le frottement libertin de la dentelle contre la chair voluptueuse de ces dames innocemment dévêtues. Frustres sont ces hommes à la morale douteuse, car avouons-le, qui y-a-t-il de plus affriolant qu'une fine cheville mise en valeur par le cuir souple d'une bottine ? Mais je me dois de faire amende honorable, j'ai par mégarde induit en erreur des lectrices bien intentionnées car, point sectaire, je suis... et la bottine est loin d'être en vérité mon talon d'Achille. La bottine est à ce titre ce que le foulard est aux menottes, un palliatif, certes subtil et raffiné, mais celle-ci souffre de la comparaison avec celles que toute maîtresse se doit d'exhiber, symbole de son emprise et de sa grâce. Chaussures portant haut et fort cet ascendant tout naturel sur les hommes en mal de soumission et qui me conforte un peu plus chaque jour dans mon fétichisme, les bottes cavalières. Et quand bien même la rousse Poison Ivy est plus connue pour ses hauts talons, il n'empêche, le duo qu'elle formait avec son regretté mari Lux Interior, the Cramps, n'en reste pas moins l'un des meilleurs groupes de rock'n'roll chantres du fétichisme [2].
Après la sortie de leur premier LP en 1980, Songs The Lord Taught Us, enregistré dans la Mecque de la musique populaire US, Memphis, les Cramps sortent l'année suivante Psychedelic Jungle, album du changement serait on tenté d'écrire, sauf que ce dernier se veut avant tout extra-musical. Comme à ses débuts, le duo fondateur, Interior/Ivy, éprouve en effet quelques difficultés à garder une assise stable, et cette fois-ci c'est le guitariste à la mèche blanche (ou blonde peroxydée, les avis sont partagés) Bryan Gregory de quitter le bateau psychobilly juste après l'enregistrement du premier méfait (tout en empruntant le van et le matos de la formation). Les Cramps s'adjoignent toutefois les services d'un des membres fondateurs du Gun Club, Brian Tristan, qui porte désormais le pseudonyme de Kid Congo Powers. Or le vrai problème dont à se soucier miss Ivy Rorschach and co provient de leur label I.R.S. Records [3]. Entre les royalties et le manque de soutien du label, le clash est inévitable. Pire, le groupe est interdit de publier de nouveaux enregistrements par injonction, et il faut attendre 1983 avant de voir apparaitre leur premier enregistrement public, Smell of Female, signé cette fois-ci sur le label indépendant Big Beat Records, avant enfin un nouveau disque studio trois ans plus tard avec A Date With Elvis. Bref, que de temps perdu et de frustration.
Toujours est-il qu'en 1983, Miles Copeland via son label anglais Illegal Records décide de sortir une compilation intitulé Off the Bone. Vu le contexte historique de l'époque, la légitimité artistique (si ce mot a un quelconque sens) de ladite compilation a toutes les raisons de rendre sceptique le fan de I Was a Teenage Werewolf, et pourtant... En laissant de côté les considérations éthiques ou morales, Off the Bone est tout sauf une compilation bouche-trou comme il est souvent le cas, qui plus est lors d'un différent entre une maison de disque et des artistes. Ainsi, au lieu de publier un florilège inutile des deux premiers LPs des Cramps, le disque regroupe leur premier EP culte de 1979, Gravest Hits, célèbre des initiés pour contenir leur hymne Human Fly. De même, au lieu de servir à l'assistance un contractuel "best of", le disque ne regroupe finalement que deux chansons de Songs The Lord Taught Us et trois de Psychedelic Jungle, le reste n'étant que de l'inédit, soit sept chansons, dont une majorité de reprises rockabilly et surf music, soit deux des grandes influences musicales de la formation, mais à la sauce Cramps, justement.
Et la sauce Cramps alors me demanderez-vous ? Un savant mélange de punk épicé au son garage le tout mijoté à partir d'un bouillon de rockabilly et de surf music. Ainsi, si on devait synthétiser sommairement Off the Bone, celui-ci pourrait très bien avoir comme accroche, the roots of the Cramps. On y retrouve ainsi tout ce que les admirateurs du duo aiment, une musique à la fois sale, tordue et sexuée, mais aussi passionnée et énergique. Outre l'absence de basse caractérisant le son tranchant des débuts de la formation, ce disque est à considérer avant tout comme un brillant hommage à son chanteur désormais disparu, Lux Interior, à la fois capable de performance au bord de la folie, la fameuse reprise des Trashmen, Surfin' Bird, l'incroyable Love Me ou au contraire de ballade post-Elvis bouleversante telle que Lonesome Town, voire d'un chant tendu comme un slip sur le classique Fever. Pour l'anecdote, en 1984, Miles Copeland sortit la compilation Bad music for bad people pour le public US, une compilation à l'intérêt inverse.
Un indispensable pour les Cramps addicts et une belle mise en bouche pour ceux qui voudraient les découvrir... BUZZZZZZZZzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz
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[1] En vous laissant le loisir de découvrir/choisir de quelle condition il s'agit, en sachant qu'aux dernières nouvelles, ringard fait partie de la liste.
[2] Disons qu'après une telle introduction, un billet sur the Cramps m'a paru la transition parfaite.
[3] Comme il est bon ton (?!) de se moquer du groupe The Police, le label I.R.S. fut créé par le frère de Stewart Copeland, Miles. Les mauvaises langues pourront ainsi toujours prétendre que ceci explique cela, au vue de ce qui va suivre...
Après la sortie de leur premier LP en 1980, Songs The Lord Taught Us, enregistré dans la Mecque de la musique populaire US, Memphis, les Cramps sortent l'année suivante Psychedelic Jungle, album du changement serait on tenté d'écrire, sauf que ce dernier se veut avant tout extra-musical. Comme à ses débuts, le duo fondateur, Interior/Ivy, éprouve en effet quelques difficultés à garder une assise stable, et cette fois-ci c'est le guitariste à la mèche blanche (ou blonde peroxydée, les avis sont partagés) Bryan Gregory de quitter le bateau psychobilly juste après l'enregistrement du premier méfait (tout en empruntant le van et le matos de la formation). Les Cramps s'adjoignent toutefois les services d'un des membres fondateurs du Gun Club, Brian Tristan, qui porte désormais le pseudonyme de Kid Congo Powers. Or le vrai problème dont à se soucier miss Ivy Rorschach and co provient de leur label I.R.S. Records [3]. Entre les royalties et le manque de soutien du label, le clash est inévitable. Pire, le groupe est interdit de publier de nouveaux enregistrements par injonction, et il faut attendre 1983 avant de voir apparaitre leur premier enregistrement public, Smell of Female, signé cette fois-ci sur le label indépendant Big Beat Records, avant enfin un nouveau disque studio trois ans plus tard avec A Date With Elvis. Bref, que de temps perdu et de frustration.
Toujours est-il qu'en 1983, Miles Copeland via son label anglais Illegal Records décide de sortir une compilation intitulé Off the Bone. Vu le contexte historique de l'époque, la légitimité artistique (si ce mot a un quelconque sens) de ladite compilation a toutes les raisons de rendre sceptique le fan de I Was a Teenage Werewolf, et pourtant... En laissant de côté les considérations éthiques ou morales, Off the Bone est tout sauf une compilation bouche-trou comme il est souvent le cas, qui plus est lors d'un différent entre une maison de disque et des artistes. Ainsi, au lieu de publier un florilège inutile des deux premiers LPs des Cramps, le disque regroupe leur premier EP culte de 1979, Gravest Hits, célèbre des initiés pour contenir leur hymne Human Fly. De même, au lieu de servir à l'assistance un contractuel "best of", le disque ne regroupe finalement que deux chansons de Songs The Lord Taught Us et trois de Psychedelic Jungle, le reste n'étant que de l'inédit, soit sept chansons, dont une majorité de reprises rockabilly et surf music, soit deux des grandes influences musicales de la formation, mais à la sauce Cramps, justement.
Et la sauce Cramps alors me demanderez-vous ? Un savant mélange de punk épicé au son garage le tout mijoté à partir d'un bouillon de rockabilly et de surf music. Ainsi, si on devait synthétiser sommairement Off the Bone, celui-ci pourrait très bien avoir comme accroche, the roots of the Cramps. On y retrouve ainsi tout ce que les admirateurs du duo aiment, une musique à la fois sale, tordue et sexuée, mais aussi passionnée et énergique. Outre l'absence de basse caractérisant le son tranchant des débuts de la formation, ce disque est à considérer avant tout comme un brillant hommage à son chanteur désormais disparu, Lux Interior, à la fois capable de performance au bord de la folie, la fameuse reprise des Trashmen, Surfin' Bird, l'incroyable Love Me ou au contraire de ballade post-Elvis bouleversante telle que Lonesome Town, voire d'un chant tendu comme un slip sur le classique Fever. Pour l'anecdote, en 1984, Miles Copeland sortit la compilation Bad music for bad people pour le public US, une compilation à l'intérêt inverse.
Un indispensable pour les Cramps addicts et une belle mise en bouche pour ceux qui voudraient les découvrir... BUZZZZZZZZzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz
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[1] En vous laissant le loisir de découvrir/choisir de quelle condition il s'agit, en sachant qu'aux dernières nouvelles, ringard fait partie de la liste.
[2] Disons qu'après une telle introduction, un billet sur the Cramps m'a paru la transition parfaite.
[3] Comme il est bon ton (?!) de se moquer du groupe The Police, le label I.R.S. fut créé par le frère de Stewart Copeland, Miles. Les mauvaises langues pourront ainsi toujours prétendre que ceci explique cela, au vue de ce qui va suivre...
Intro fétichiste... intéressante! J'avoue que j'ai eu de la peine à me concentrer sur la suite... :-)
RépondreSupprimerSysT
Esparbec ne renierait pas son digne descendant et néanmoins blogueur ! Le docteur Furter, jeune homme soumis, (dois-je le rappeler aux lecteurs et lectrices qui ne connaissaient pas encore son nouveau statut ?) sait toujours comment faire plaisir à sa maîtresse : évoquer The Cramps et une "musique à la fois sale, tordue et sexuée mais aussi passionnée et énergique", tout en rendant hommage aux bottes cavalières de sa maîtresse, est plus qu'un signe de soumission, mais bien la preuve d'une maîtrise totale de ses nombreux talents, telle que la prose à la mesure de sa démesure (et pas la prose d'un certain fonctionnaire...ou Psychologue de comptoir).
RépondreSupprimerDame Eolia
@ Syst: sache que moi ce fut pareil, après une telle intro, j'ai eu toutes les peines du monde à me reconcentrer XD
RépondreSupprimer@ Dame Eolia: il fallait bien une telle intro et puis, avais-je le choix? Ou plutôt, me l'avez-vous laissé ce choix? :P
Par contre, le lien vers Lux Interior en sueur et en slip, j'avoue que ça passe difficilement dès le matin... Mais c'est entièrement de ma faute: la petite curieuse n'a pas pu s'en empêcher, évidemment!
RépondreSupprimerCela dit - et je suis désolée de te décevoir - tu ne me verras pas avec les talons de Poison Ivy ;)
Sauf que où ai-je écris que j'aimais les talons hauts, portés ou non par Poison Ivy? Ah ah! :-P
RépondreSupprimerOui je dois avouer que comme vision du matin, voir un Lux plein de stupres en slip se roulant par terre, y'a mieux comme image matinale ^^
Ah oui, dis donc, c'est moi qui interprète à tort et à travers... Sans doute parce que ça m'arrange bien ;)
RépondreSupprimerAllez, tu vas l'avoir, ta photo de mes nouvelles bottines!
La cheville mise en valeur dans une bottine? C'est nul.
RépondreSupprimerJe préfère amplement le mollet splendide que contient le cuir d'une véritable botte.
Sinon, j'adore les Cramps, et Off the Bone est une des meilleurs.
'tain mais c'est pas possible, personne ne suit ou quoi!!!
RépondreSupprimerJe préfère les bottes cavalières aux bottines!!! :-P
C'est quand même pas ma faute sui tu te montres beaucoup plus poète, et même sensible (!) rapport aux bottines qu'aux bottes!!
RépondreSupprimerJ'avoue que j'ai un peu de mal à suivre... 'scuse Docteur! Je me montrerai plus attentive à l'avenir.
RépondreSupprimerLa bottine est loin d'être en vérité mon talon d'Achille. La bottine est à ce titre ce que le foulard est aux menottes, un palliatif [...] qui me conforte un peu plus chaque jour dans mon fétichisme, les bottes cavalières
RépondreSupprimerc'était pas suffisamment clair? Je suis trop "subtil"? XD
Si avec ça j'arrive pas à ramener de véritables fétichistes sur mon blog via google... :-P
Pour les bottes il y a Ilsa et SAlon Kitty au musée du cinéma de Bruxelles le dernier vendredi de ce mois.
RépondreSupprimerJe connais mal ce groupe ! Enfin ta note, ma donné envie de me replonger dans le discographie.
RépondreSupprimer@jeremy je te recommande Messer Chups si tu aimes les Cramps, et les Meteors pour lier le tout
RépondreSupprimerbzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz
RépondreSupprimerJ'ajouterai même BZZZZZZZZZZZZzzzzzzzzzzzzzzzzzz :-D
RépondreSupprimerI love it
RépondreSupprimeranonyme=sloush
RépondreSupprimer@ Sloush: oui il nous manquera cet animal de Lux :-)
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