Figure du cinéma politique italien à l'orée des années 70, pour ses interprétations remarquées dans La classe ouvrière va au paradis (1971) d'Elio Petri et L'affaire Mattei (1972) de Francesco Risi, qui valurent à ces deux films la Palme d'or ex-æquo en 1972, Gian Maria Volontè tourna également la même année un autre brûlot : le méconnu Viol en première page. A l'origine, ce film devait être réalisé par le scénariste, Sergio Donati, notamment connu pour ses collaborations avec Sergio Leone. Malade, il céda sa place au cinéaste d'Au nom du père réalisé la même année, Marco Bellocchio, connu dès son premier long métrage, Les Poings dans les poches, pour son cinéma politiquement engagé.
1972, Milan. Le climat politique transalpin est des plus tendus. Des jeunes manifestants, en marge d'un rassemblement commémorant la mémoire d'un camarade mort, prennent à partie le siège du journal conservateur Il Giornale. Affichés en une du journal, ces débordements satisfont son rédacteur en chef Bizanti (Gian Maria Volontè). Ils lui permettent de porter le discrédit sur ses adversaires, et en particulier ceux qui accusent le propriétaire de son journal de financer des groupes néo-fascistes. Ce dernier, Montelli (John Steiner), à l'instar de ses amis, souhaitent en effet maintenir la tension actuelle en vue des prochaines élections. Mais un fait divers, l'assassinat et le viol de Maria Grazia, lycéenne issue de la bourgeoisie milanaise, vient bouleverser les plans manipulatoires de Bizanti. Un meurtre aussi médiatique peut être garant de voix, si on se donne la peine de trouver un coupable : "on peut monter l'affaire, même si l'assassin... n'est pas le type idéal". Menée par le débutant Roveda (Fabio Garriba), et accompagné par le plus expérimenté Lauri (Jacques Herlin), l'enquête, dirigée en sous main par le machiavélique Bizanti, indique que la jeune femme avait comme amant, un gauchiste prénommé Mario Boni (Corrado Solari).