Pouvait-il en être autrement depuis l'annonce officielle d'hier soir. Comment ne pas rendre un hommage, même humble, à Lina Romay, l'éternelle Comtesse noire du cinéma bis qui nous a quittés le 15 février dernier. Muse et compagne du prolifique Jesús Franco, Lina fut sans conteste l'une des grandes figures du cinéma d'exploitation des années 70. Coïncidence anecdotique, le préposé apprit la triste nouvelle hier soir de la bouche de sa dame bottée, quelques minutes après avoir mis à jour justement la chronique la plus populaire du RHCS, celle de Doriana Grey.
Apparue comme dans un rêve aux dires de Franco, la jeune Rosa Maria Almirall surgit dans la vie du réalisateur ibère à une époque où il connu deux terribles évènements personnels : la mort accidentelle de sa première muse, la poupée psychédélique Soledad Miranda (Vampyros Lesbos, Les nuits de Dracula, Eugénie de Sade) en 1970, et la fin de son premier mariage. Une période de solitude et de tristesse qui cédera sa place à une histoire d'amour, une collaboration et une symbiose artistique où les deux amants deviendront indissociables, indivisibles [1] redéfinissant à eux seuls la notion de partage et de création.
Lina Romay dans Jack l'Éventreur
Reine de l'horreur érotique, rebaptisée par Franco lui-même, du nom d'une des anciennes chanteuses de Xavier Cugat, Lina Romay à l'image de son mentor laissera une empreinte indélébile dans le cinéma cher aux bisseux, cinéma de toutes les outrances, où la future comtesse Irina Karlstein aimait à s'y montrer nue, corps et âme, devant l'objectif de son "créateur" voyeur, le couple cultivant une notion cathartique de la relation exhibitionnistovoyeur.
Lina Romay dans La partouze de minuit (Midnight Party)
Celle qui assumait en effet pleinement sa part d'exhibitionnisme [2], pointant au passage l'hypocrisie de certain(e)s acteurs, débuta en 1972 dans le film de Jess Franco Les expériences érotiques de Frankenstein (en apparaissant seulement dans sa version espagnole), avant de connaitre donc l'année suivante son premier grand rôle, La Comtesse noire ou une nouvelle variation moderne du vampirisme chère au metteur en scène espagnol. S'en suivit une multitude de rôle au gré des possibilités de son compagnon, Franco trouvant dans le cinéma d'exploitation, et en particulier l'érotique (soft ou hardcore), la liberté vitale et nécessaire dont il avait besoin [3].
Découvert sur le tard par le préposé et sa dame [4], Lina Romay ne sera sans doute jamais considérée comme une grande actrice au sens classique du terme, tant mieux, son jeu étant plus proche de la performance alliant générosité et provocation. Restera cette dernière image, sa fierté et son émotion quand Jesús Franco fut récompensé d'un Goya d'honneur.
Saleté de crabe, seulement 57 printemps...
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Lina Romay dans La Comtesse noire
Découvert sur le tard par le préposé et sa dame [4], Lina Romay ne sera sans doute jamais considérée comme une grande actrice au sens classique du terme, tant mieux, son jeu étant plus proche de la performance alliant générosité et provocation. Restera cette dernière image, sa fierté et son émotion quand Jesús Franco fut récompensé d'un Goya d'honneur.
Saleté de crabe, seulement 57 printemps...
Lina et Jess dans Down Town
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[1] Pas loin d'une centaine de films peuvent être allègrement crédités au couple.
[2] Confessions d'une exhibitionniste ou le titre de sa longue interview par Kevin Collins.
[3] Car l'avantage paradoxal d'inclure des scènes de sexe cru dans un film, et d'être par conséquent classé X, était de pouvoir filmer ce que l'on voulait, et de jouir dès lors d'un degré total de liberté.
[4] Trop tard pour les rencontrer lors de la rétrospective de Franco à la Cinémathèque...
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