Cronico Ristretto : ATGCLVLSSCAP - Ulver (2016)

Douzième album d'Ulver, ATGCLVLSSCAP [1], sorti le 22 janvier dernier sur le label britannique House of Mythology, imprime une fois encore la direction prise par la formation norvégienne depuis 1998 et un certain Themes For William Blake – The Marriage Of Heaven And Hell, disque de Pandore qui avait vu cette ancienne formation de black metal (et leur brutal Aatte hymne til ulven i manden qui clôtura magistralement leur trilogie black une année plus tôt) s'émanciper et quitter son style originel pour naviguer désormais dans des eaux plus électroniques et expérimentales. Après leur précédente collaboration avec Sunn O))) ou leur messe avec l'orchestre de Tromsø, Ulver livre ici sans doute son album le plus ambitieux depuis Perdition City (2001). Sombre. Psychédélique. Progressif. Atmosphérique. Minimaliste. Hypnotique. Ambient. Labyrinthique. Les qualificatifs ne manquent pas tant ce disque de 80 minutes, principalement instrumental, multiplie les facettes, confirmant au besoin la place unique qu'à Ulver dans le paysage musical depuis deux décennies.

Fruit d'improvisations et de relectures captées lors d'une tournée européenne d'une douzaine de dates en février 2014, ATGCLVLSSCAP visait dès son origine à intégrer autant les expérimentations et improvisations que l'énergie et la spontanéité du live. Monté dans un premier temps chez Daniel O' Sullivan, membre d'Ulver depuis l'album Wars of the Roses (2011), le bassiste anglais fut en charge de « sculpter » ses heures d'enregistrements, avant que le reste du groupe, le batteur Anders Møller, le chanteur et leader Kristoffer Rygg et le claviériste Tore Ylwizaker (responsable de la mue électro de 1998) ne soit impliqué plus tard en studio à Oslo.

Cronico Ristretto : Dying Surfer Meets His Maker - All Them Witches (2015)

Jeune formation en provenance de Nashville, All Them Witches aura été sans nul doute l'une des révélations stoner de l'année passée (leur concert parisien le 8 mars prochain à La mécanique ondulatoire est annoncé complet depuis plusieurs semaines [1]). Auteurs d'un troisième album confirmant les espoirs entrevus par leurs deux premiers disques dont le séminal et bien nommé Our Mother Electricity, les quatre musiciens étasuniens, menés par le bassiste et chanteur Charles Michael Parks, Jr, ont signé avec Dying Surfer Meets His Maker, sorti le 30 octobre dernier, un pas important vers une reconnaissance méritée.

Après en 2013 un Lightning At The Door fortement teinté de blues et de folk, la signature de ATW sur le label sudiste New West Records en début d'année 2015 leur offrit, en sus de la ressortie de LATD (originalement auto-produit), matière à approfondir leur association originale de volutes psychédéliques et lourdeurs métalliques. Enregistré live durant six jours dans une cabane en plein Tennessee, avant d'y ajouter par la suite divers overdubs et la participation de l'harmoniciste texan Mickey Raphael [2] sur le morceau This Is Where It Falls Apart, ce troisième opus indique clairement dès l'introductif et acoustique Call Me Star la qualité de ce disque appelé à devenir un classique du genre.   

The Deadliest Prey - David A. Prior (2013)

Mike Danton. Un nom qui résonne dans toutes les têtes, enfin si vous aimez les hommes, les vrais, ceux qui peuvent décimer une armée (de bras cassés) à mains nues. Adepte du mulet et du short ultra court durant ses jeunes années post-Vietnam, cet ancien soldat (le meilleur) inspirait autant l'admiration que la défiance de la part de ses ex-camarades de régiment. Trop beau, trop fort, pour son ancien supérieur, le colonel John Hogan, pourrait-on résumer, ou les prémices d'une tragédie en trois actes nommée Ultime combat, écrit, réalisé par David A. Prior et interprété par son cadet, Ted. Disparu le 16 août 2015, le réalisateur étasunien, auteur de plus d'une vingtaine de bisseries, où se croisèrent tueur psychopathe, zombies vengeurs, et nombre de films de guerre fauchés, était revenu (enfin) aux affaires courantes en 2012 avec Night Claws et son histoire de Big Foot sanguinaire. Une année plus tard, peut-être inspirés par le succès des films d'action à l'ancienne porté par Stallone, de son John Rambo à la franchise The Expendables, ou tout simplement l'envie de revenir à leur film le plus emblématique, les Prior bros. signaient le retour inattendu, voire inespéré, de Mike Danton dans la séquelle The Deadliest Prey.

Vingt-sept ans après les sinistres événements survenus aux alentours de Los Angeles, ou la découverte des chasses à l'homme orchestrées par le colonel Hogan (David Campbell), et la réponse punitive de Mike Danton (Ted Prior) qui fut enlevé par mégarde, l'ex-commando vit désormais avec sa femme Allison (Cat Tomeny) et son fils Michael (Michael Charles Prior, fils de Ted). Or Hogan, cette figure du passé qui hante encore les rêves de Danton, recouvre finalement la liberté après avoir purgé sa longue peine de prison. Mais ce dernier n'a qu'un souhait: se venger. En grand stratège nostalgique, l'officier psychotique fait kidnapper de nouveau Danton de bon matin, lors de la sortie des ordures ménagères, en souvenir de leur précédente rencontre. Secondé par la vénale Sophia (Tara Kleinpeter) et soutenu par de nouveaux investisseurs [1], dont le but est diffuser cette chasse à l'homme sur internet (la forêt est truffée de caméras), Hogan et son groupe de mercenaires sont désormais prêts à réécrire le passé...
   

Mad Love in New York - Josh & Benny Safdie (2014)

Présenté en avant-première lors de la section parallèle Horizons (Orizzonti) de la 71ème édition de la Mostra de Venise en 2014, le nouveau long métrage des frères Josh et Bennie Safdie, figures du cinéma indépendant new-yorkais, après les remarqués The Pleasure of Being Robbed (2008) et Lenny and the Kids (2009), arrive enfin, par les bons soins de Carlotta, dans les salles obscures françaises ce mercredi 3 février. Heaven Knows What, retitré Mad Love in New York du nom du roman dont il est tiré, est un film choc et rare sur un sujet difficile et douloureux : le quotidien d'une jeune droguée sans domicile fixe. Filmé sans artifice, dénué de tout pathos ou de complaisance malsaine, Mad Love in New York s'écarte du basique film sur la drogue, pour au contraire prendre la forme d'une fiction réaliste à la force émotionnelle poignante. Mais n'allons pas trop vite.

Harley (Arielle Holmes) est une jeune droguée sans-abri qui erre dans les rues de New York. Amoureuse d'Ilya (Caleb Landry Jones), sa relation avec son petit-ami prend un tour destructeur quand Harley décide de s'ouvrir les veines pour lui prouver son amour. Après sa tentative de suicide ratée et une bref séjour en hôpital psychiatrique, Harley reprend son quotidien de marginale, au côté de Mike (Buddy Duress), son ami et dealer. Tentant de survivre, faisant la manche pour obtenir de quoi acheter sa dose, la jeune femme recroise, quelque temps après sur son chemin, son grand amour et bourreau Ilya...