Dans le cadre de la rétrospective que lui consacre la Cinémathèque française du 31 mai au 4 juillet prochain, Carlotta édite ce mercredi en Blu-ray et DVD le documentaire éponyme, De Palma, signé par Noah Baumbach (Frances Ha) et Jake Paltrow (Young Ones). Réalisateur virtuose, figure du Nouvel Hollywood, compagnon de route de Scorsese, Lucas ou Spielberg, héritier d'Alfred Hitchcock, cinéaste politique, découvreur de Robert De Niro, chantre du voyeurisme sur pellicule, la liste pourrait s'allonger presque indéfiniment, tant Brian De Palma s'inscrit, telle une évidence, comme l'un des grands noms du cinéma de ces cinquante dernières années. Auteurs de multiples chefs-d'œuvre, et autres longs-métrages incontournables, qui ont ouvert à la cinéphilie nombre de jeunes passionnés, le réalisateur de Pulsions revient au cours de ce documentaire éponyme, en un peu moins de deux heures, sur sa filmographie, de ses débuts de cinéaste indépendant, à sa place particulière dans le système hollywoodien à partir des 70's, jusqu'à sa nouvelle position d'électron libre depuis une dizaine d'années [1].
Tournée pendant une semaine au cours de l'année 2010, dans le salon de Jake Paltrow, cette série d'entretiens est, on l'aura compris, à conseiller en premier lieu aux aficionados de Brian De Palma tant le fond prime sur la forme [2]. Leçon de cinéma illustrée par de nombreux extraits de ses œuvres, ce documentaire retrace chronologiquement comment ce jeune nerd provenant de la Columbia University fut happé par le cinéma après son passage au Sarah Lawrence College.
Disciple de Wilford Leach, avec qui il coréalisa son deuxième long-métrage, The Wedding Party (1969), Brian De Palma, contrairement à ce que pourrait laisser croire ses œuvres suivantes, démarra dans la comédie avec Murder à la mode (1968) jusqu'à Get to Know Your Rabbit (1972). Premier long-métrage produit par une major, cette expérience le fit diriger à la fois Orson Welles, et à l'instar de l'auteur de Citizen Kane, le fit aussi connaitre ses premières désillusions (ce qui lui inspira plus tard l'un des thèmes de Phantom of the Paradise en 1974).
Riche en anecdotes, comme celle du casting simultané de Star Wars et Carrie, Amy Irving étant pressentie pour jouer le rôle de la Princesse Leia, les mésaventures avec Al Pacino durant le tournage de L'impasse, son admiration pour Bernard Herrmann, et en prime la fin alternative de Snake Eyes, De Palma évoque, non sans humour, l'enfance et les « incidents » qui eurent un impact sur son cinéma (le voyeurisme) ou ses personnages (le jeune Peter Miller de Pulsions renvoie à la propre adolescence du réalisateur, quand, jeune féru de sciences, il espionnait son père infidèle).
Réalisateur indissociable de la technique, De Palma revient plus fois sur l'origine de son style visuel reconnaissable, de son utilisation du split screen, qu'il expérimenta une première fois avec le documentaire Dionysus in '69 [3], et qui trouva sa pleine mesure dans le film suivant, Sœurs de sang (1972), ou celle de la steadicam, découverte sur Blow Out (1981), qui lui permit de devenir un des maîtres du plan-séquence [4]. En guise de fil conducteur, le documentaire intègre plusieurs extraits de Sueurs froides, Fenêtre sur cour et La mort aux trousses afin de confirmer, au besoin, l'influence manifeste du cinéaste anglais, et d'affirmer, par la voix de Brian De Palma, l'héritage Hitchcockien poursuivit par le réalisateur depuis Sœurs de sang.
Disciple de Wilford Leach, avec qui il coréalisa son deuxième long-métrage, The Wedding Party (1969), Brian De Palma, contrairement à ce que pourrait laisser croire ses œuvres suivantes, démarra dans la comédie avec Murder à la mode (1968) jusqu'à Get to Know Your Rabbit (1972). Premier long-métrage produit par une major, cette expérience le fit diriger à la fois Orson Welles, et à l'instar de l'auteur de Citizen Kane, le fit aussi connaitre ses premières désillusions (ce qui lui inspira plus tard l'un des thèmes de Phantom of the Paradise en 1974).
Riche en anecdotes, comme celle du casting simultané de Star Wars et Carrie, Amy Irving étant pressentie pour jouer le rôle de la Princesse Leia, les mésaventures avec Al Pacino durant le tournage de L'impasse, son admiration pour Bernard Herrmann, et en prime la fin alternative de Snake Eyes, De Palma évoque, non sans humour, l'enfance et les « incidents » qui eurent un impact sur son cinéma (le voyeurisme) ou ses personnages (le jeune Peter Miller de Pulsions renvoie à la propre adolescence du réalisateur, quand, jeune féru de sciences, il espionnait son père infidèle).
Réalisateur indissociable de la technique, De Palma revient plus fois sur l'origine de son style visuel reconnaissable, de son utilisation du split screen, qu'il expérimenta une première fois avec le documentaire Dionysus in '69 [3], et qui trouva sa pleine mesure dans le film suivant, Sœurs de sang (1972), ou celle de la steadicam, découverte sur Blow Out (1981), qui lui permit de devenir un des maîtres du plan-séquence [4]. En guise de fil conducteur, le documentaire intègre plusieurs extraits de Sueurs froides, Fenêtre sur cour et La mort aux trousses afin de confirmer, au besoin, l'influence manifeste du cinéaste anglais, et d'affirmer, par la voix de Brian De Palma, l'héritage Hitchcockien poursuivit par le réalisateur depuis Sœurs de sang.
Loin d'être une hagiographie, le documentaire n'oublie pas de mentionner, en sus des tensions et des difficultés nées des impératifs commerciaux des grands studios, les erreurs et les malentendus aux quels lui et ses longs-métrages furent maintes fois la cible. De la bande des cinq (avec Francis Ford Coppola), le réalisateur de Body Double (1984) est, sans aucun doute, à son corps défendant, celui qui fut le plus marqué par la controverse, à l'image de sa supposée misogynie, et des violences faites aux femmes dans plusieurs de ses films. Coutumier des accueils contrastés, tant de la part de la critique que du grand public, de ses grands succès (Les incorruptibles, Mission impossible) à ses échecs commerciaux (Le Bûcher des vanités [5], Mission to Mars), De Palma souligne enfin la position unique, et l'espace de liberté, qu'ont pu avoir le cinéaste et la génération du Nouvel Hollywood au sein du système, en dépit de leurs fortunes diverses.
A noter pour les fans, l'édition Collector en Blu-ray comporte les Fac-similés des dossiers de presse de Furie et Blow out.
A noter pour les fans, l'édition Collector en Blu-ray comporte les Fac-similés des dossiers de presse de Furie et Blow out.
"My true wife is my movie, not you"
Recommandé.
De Palma | 2016 | 110 min | 1.85 : 1 | Couleurs N&B
Réalisation : Noah Baumbach & Jake Paltrow
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[1] Tout porte à croire, du moins on l'espère fortement, la post-production étant désormais terminée, dixit le réalisateur lors de sa Masterclass le 2 juin dernier, que son nouveau long-métrage, Domino, avec Nikolaj Coster-Waldau et Carice van Houten, puisse sortir cette année.
[2] Certains pourront penser, à tort, que ces entretiens auraient davantage eu leur place comme supplément pour une édition Deluxe DVD/Blu-ray.
[2] Certains pourront penser, à tort, que ces entretiens auraient davantage eu leur place comme supplément pour une édition Deluxe DVD/Blu-ray.
[3] Tandis que De Palma filmait les acteurs qui jouaient sur scène, Bob Fury filmait quant à lui les réactions du public.
[4] On pourrait également ajouter son utilisation de la double focale, alternative à l'écran divisé.
[5] De Palma admet ainsi qu'il a eu peur de ruiner sa carrière auprès des studios, à l'instar d'un Orson Welles (La splendeur des Amberson) ou d'un Alexander Mackendrick (Le grand chantage), s'il avait adapté littéralement le brûlot de Tom Wolfe.
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