Premier point, quitte à ouvrir de nouveau des portes ouvertes, combien de fois a t'on pu entendre ou lire que Milk était une réalisation de Gus Van Sant. Toujours est-il que le réalisateur est loin d'être un inconnu, un des rares finalement à avoir autant signé de films indépendants qu'hollywoodiens, le tout couronné par une palme d'or avec Elephant, inspiré par la tragédie shoot them up from Columbine. Bref, un Gus Van Sant éclipsé par son acteur principal, rien de neuf sous le soleil pour un film "mainstream" en somme. Ceci dit, on a beau faire son rabat-joie de service sur le fait que toute la communication tourne autour de Sean Penn et de son oscar, voire même trouver pour certains Penn antipathique (pour les plus conservateurs outre-Atlantique), la performance de l'acteur est sans conteste l'un des atouts majeurs de Milk.
Milk, soit le nom d'Harvey Milk, le premier conseiller municipal ouvertement gay élu à une mairie, celle de San Francisco. Le film retrace ainsi les huit dernières années d'Harvey Milk, soit ses dernières années couvrant sa lutte pour les droits des homosexuels, à la fois pour une reconnaissance mais aussi face aux attaques de l'extrême droite chrétienne portée par le sénateur Briggs et sa tête de gondole la chanteuse Anita Bryant.
Formellement, Milk a tout du biopic classique. Le long-métrage est en effet agrémenté de divers documents d'archive rappelant ainsi par exemple les traitements de faveur que la police réservait à la gente masculine gay dans les années 60-70. Van Sant orchestre dès lors un biopic efficace mais aussi militant tel que pouvait le réaliser un Oliver Stone dans les 80-90's comme j'ai pu le lire, le côté provoc en moins. Mais un Van Sant implicitement militant en tout cas. Cette lutte pour les droits des homosexuels durant les 70's faisant effectivement encore échos de nos jours, à la fois aux USA, les 30 ans de la mort d'Harvey Milk et la sortie de ce long-métrage coïncidant avec la dernière élection présidentielle et les propos de Miss Palin, mais aussi en France avec notre Sarah P. du pauvre... miss Boutin... Et quand bien même le film a pour sujet une problématique particulière, cette dernière pose intelligemment la question de la représentativité des minorités dans la société des 70's mais aussi encore de nos jours. Milk se faisant ainsi le porte parole certes des gays et lesbiens mais finalement de tous ceux qui n'appartiennent pas à la sacrosainte majorité WASP.
Et Sean Penn me direz-vous? C'est bien simple, depuis son rôle dans Cartlito's Way, on n'avait jamais vu Penn aussi habité. Un straight guy réussissant à érotiser sous l’œil bienveillant de Gus Van Sant un personnage gay. Du grand art. La scène de drague entre Sean Penn et James Franco étant tout bonnement bluffante. Ceci dit, la performance des autres acteurs James Franco, Emile Hirsch (que Penn a dirigé sur Into the Wild pour rappel) et James Brolin est loin d'être en reste. Avec une mention spéciale pour ce dernier dans le rôle du straight guy perturbé par sa rencontre avec Harvey Milk, un homme tiraillé, borderline jusqu'au drame.
Au final, Milk est sans conteste l'un des films les plus accessibles de Van Sant (après sa trilogie Gerry/Elephant/Last Days tout peut paraitre accessible vous me direz), mais aussi l'une de ses plus belles réussites (surtout en ces temps de vaches maigres où on nous survend des films annoncés comme des chefs d’œuvre clef en main).
bon si je lis bien, ça m'a l'air plutôt pas mal au final. Et comme ma dulcinée veut m'emmener le voir demain, je vais pouvoir y aller relativement confiant... ;-)
RépondreSupprimertout à fait mon blogueur belge, après les deux pétards mouillés des deux semaines précédentes, j'étais assez méfiant, quant bien même il s'agissait d'une réalisation de Gus.
RépondreSupprimerAlors que finalement, ce film est très agréable avec un Penn retrouvant son niveau époque "Carlito's way".
jamais pu piffer le cinéma de gus van sant, mais je suis d'accord pr dire que harvey milk est probablement son film le plus accessible et aussi le plus émouvant.
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