En écho à ma précédente chronique musicale, le mois de mars aura confirmé, si besoin est, mon regain d'intérêt pour les nouveautés et dans le cas présent les sorties jazz. Et parmi les réjouissances de ce début d'année, soit après un Yesterday You Said Tomorrow sorti le mois précédent et annonciateur de bons augures, la Perfide Albion nous offre en la personne d'un de ses fidèles sujets, Sebastian Rochford et sa formation Polar Bear, un autre album de jazz des plus intéressants qui soit. Morbleu.
Preuve s'il en est en avant propos pour décrire une fois de plus la rouerie de nos voisins britanniques, la pochette du nouvel album du quintette. L'auditeur innocent, lecteur assidu du NME et autres magazines tendance, porte étendard de l'indie et héritier contemporain d'Arthur Pendragon à recherche du nouveau saint Graal musical hebdomadaire (1), risque d'être déçu dans le meilleur des cas en apprenant que cette pochette enfantine n'est en rien un appel à ses délicates oreilles avides de mélodie pop.
De la même manière, le nom du groupe pourrait aussi prêter à confusion, quand bien même ce manque d'audace devrait mettre la puce à l'oreille à notre esthète, car il ne s'agit aucunement d'un hommage traditionaliste à des quelconques singes en provenance de l'Arctique. Bref, arrêtons avec toutes ces mises en garde bancales qui n'auraient d'autre but que de se moquer encore un peu plus des poncifs entourant l'amateur de pop?
Polar Bear, pour les néophytes dont je fis parti il y a peu, est donc un quintette britannique formé depuis 1999 et mené par le sympathique batteur Sebastian Rochford ou le King Buzzo capillaire du jazz londonien. Formation qui se fit connaitre outre-manche a bien des égards, ces derniers étant plusieurs fois nominés lors des BBC Jazz Award pour leurs albums de 2004 et 2005. Mais Polar Bear se distingue des autres aussi par ses musiciens et en particulier pour un quintette de jazz, par ses deux souffleurs, un duo de saxophones ténors en la personne de Mark Lockheart et Pete Wareham. Le premier en plus de se faire connaitre dans la sphère pop pour ses collaborations avec des artistes aussi divers que Robert Wyatt, Anja Garbarek ou Radiohead mène ainsi de front divers autres formations tel que son nouveau quintette Mark Lockheart's In Deep ou encore en ce début d'année un big band. A l'opposé, Pete Wareham, l'autre sax ténor est connu pour être le leader de la formation jazz/punk Acoustic Ladyland ou quid du "comment Zorn a enfanté une nouvelle génération de terroristes sonores" (mais on y reviendra). Pour conclure sur le récapitulatif des forces en présence, Polar Bear doit son assise rythmique à Tom Herbert à la contrebasse et à John Burton alias Leafcutter John dévoué aux effets sonores et divers accompagnements à la six cordes.
Après avoir écouté leurs albums passés tel que Held on the Tips of Fingers, le petit dernier intitulé Peepers continue de creuser joyeusement le sillon d'un jazz ouvert, à l'opposé de l'image conservatrice et réductrice que certains veulent encore lui coller à la peau. Un album de jazz bien vivant faisant plus office d'album live que de nouvel album studio tant la fraicheur et la spontanéité y est présente... l'atmosphère enfumée digne des clubs de jazz tel qu'on pouvait l'imaginer à l'écoute des disques Blue Note des 50's-60's cédant sa place à une ambiance plus dissonante plus proche d'une cave habitué au rock garage (2).
Peepers ou un des rares albums jazz à multiplier autant les pistes et influences sans paraitre ni indigeste ou hétéroclite, comme quoi... dans d'autres circonstances on aurait sans peine envie de croire ou de supposer qu'une telle initiative rime avec un manque de personnalité, c'est tout sauf le cas ici. Ce quatrième album des londoniens s'ouvre par le réjouissant Happy For You dont les 15 premières secondes ne sont pas sans rappeler l'aparté précédent sur la pochette, car ces dernières se veulent résolument rock... et dans un sens les suivantes le son tout autant, l'indie rock lorgnant désormais du côté de la Canterbury scene. Pourtant si une ombre doit se dégager de l'édifice, c'est avant tout celle du jazz libertaire, à travers les deux icônes du sax alto, Ornette Coleman et John Zorn, sur un Drunken Paragraph version moderne d'un Folk Tale sorti initialement sur l'historique This is Our Music ou la triplette Bump et Scream, fulgurances zorniennes, transition idéale à un Hope Every Day Is A Happy New Year qui ne dépareillerait avec les compositions du leader de Masada. S'inspirer du passé pour mieux avancer tel pourrait être le maitre mot, au même titre que les expérimentaux Bap Bap Bap et ses rythmes chaloupés tendant vers le reggae, le titre éponyme et son free Rhythm & Jazz (Blues) ou encore Finding Our Feet et ses chœurs mystérieux. Et pourtant, comme à chaque fois dès qu'il s'agit d'un album retenant l'attention plus qu'à l'accoutumée, si Peepers doit rester marquant, c'est bien grâce à ses titres les plus "calmes", à l'image des dramatiques et néanmoins lumineux The Love Didn't Go Anywhere et All Here clôturant de manière sereine un album qui vaut bien mieux que toutes les références citées plus haut.
Preuve s'il en est en avant propos pour décrire une fois de plus la rouerie de nos voisins britanniques, la pochette du nouvel album du quintette. L'auditeur innocent, lecteur assidu du NME et autres magazines tendance, porte étendard de l'indie et héritier contemporain d'Arthur Pendragon à recherche du nouveau saint Graal musical hebdomadaire (1), risque d'être déçu dans le meilleur des cas en apprenant que cette pochette enfantine n'est en rien un appel à ses délicates oreilles avides de mélodie pop.
De la même manière, le nom du groupe pourrait aussi prêter à confusion, quand bien même ce manque d'audace devrait mettre la puce à l'oreille à notre esthète, car il ne s'agit aucunement d'un hommage traditionaliste à des quelconques singes en provenance de l'Arctique. Bref, arrêtons avec toutes ces mises en garde bancales qui n'auraient d'autre but que de se moquer encore un peu plus des poncifs entourant l'amateur de pop?
Polar Bear, pour les néophytes dont je fis parti il y a peu, est donc un quintette britannique formé depuis 1999 et mené par le sympathique batteur Sebastian Rochford ou le King Buzzo capillaire du jazz londonien. Formation qui se fit connaitre outre-manche a bien des égards, ces derniers étant plusieurs fois nominés lors des BBC Jazz Award pour leurs albums de 2004 et 2005. Mais Polar Bear se distingue des autres aussi par ses musiciens et en particulier pour un quintette de jazz, par ses deux souffleurs, un duo de saxophones ténors en la personne de Mark Lockheart et Pete Wareham. Le premier en plus de se faire connaitre dans la sphère pop pour ses collaborations avec des artistes aussi divers que Robert Wyatt, Anja Garbarek ou Radiohead mène ainsi de front divers autres formations tel que son nouveau quintette Mark Lockheart's In Deep ou encore en ce début d'année un big band. A l'opposé, Pete Wareham, l'autre sax ténor est connu pour être le leader de la formation jazz/punk Acoustic Ladyland ou quid du "comment Zorn a enfanté une nouvelle génération de terroristes sonores" (mais on y reviendra). Pour conclure sur le récapitulatif des forces en présence, Polar Bear doit son assise rythmique à Tom Herbert à la contrebasse et à John Burton alias Leafcutter John dévoué aux effets sonores et divers accompagnements à la six cordes.
Après avoir écouté leurs albums passés tel que Held on the Tips of Fingers, le petit dernier intitulé Peepers continue de creuser joyeusement le sillon d'un jazz ouvert, à l'opposé de l'image conservatrice et réductrice que certains veulent encore lui coller à la peau. Un album de jazz bien vivant faisant plus office d'album live que de nouvel album studio tant la fraicheur et la spontanéité y est présente... l'atmosphère enfumée digne des clubs de jazz tel qu'on pouvait l'imaginer à l'écoute des disques Blue Note des 50's-60's cédant sa place à une ambiance plus dissonante plus proche d'une cave habitué au rock garage (2).
Peepers ou un des rares albums jazz à multiplier autant les pistes et influences sans paraitre ni indigeste ou hétéroclite, comme quoi... dans d'autres circonstances on aurait sans peine envie de croire ou de supposer qu'une telle initiative rime avec un manque de personnalité, c'est tout sauf le cas ici. Ce quatrième album des londoniens s'ouvre par le réjouissant Happy For You dont les 15 premières secondes ne sont pas sans rappeler l'aparté précédent sur la pochette, car ces dernières se veulent résolument rock... et dans un sens les suivantes le son tout autant, l'indie rock lorgnant désormais du côté de la Canterbury scene. Pourtant si une ombre doit se dégager de l'édifice, c'est avant tout celle du jazz libertaire, à travers les deux icônes du sax alto, Ornette Coleman et John Zorn, sur un Drunken Paragraph version moderne d'un Folk Tale sorti initialement sur l'historique This is Our Music ou la triplette Bump et Scream, fulgurances zorniennes, transition idéale à un Hope Every Day Is A Happy New Year qui ne dépareillerait avec les compositions du leader de Masada. S'inspirer du passé pour mieux avancer tel pourrait être le maitre mot, au même titre que les expérimentaux Bap Bap Bap et ses rythmes chaloupés tendant vers le reggae, le titre éponyme et son free Rhythm & Jazz (Blues) ou encore Finding Our Feet et ses chœurs mystérieux. Et pourtant, comme à chaque fois dès qu'il s'agit d'un album retenant l'attention plus qu'à l'accoutumée, si Peepers doit rester marquant, c'est bien grâce à ses titres les plus "calmes", à l'image des dramatiques et néanmoins lumineux The Love Didn't Go Anywhere et All Here clôturant de manière sereine un album qui vaut bien mieux que toutes les références citées plus haut.
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(1) Soit la découverte des nouveaux Beatles... et en attendant évidemment que ces derniers se fassent purement et simplement renverser de leur trône la semaine suivante par plus "talentueux" qu'eux... quoi je force le trait d'une certaine presse musicale, oui et alors pourquoi pas?
(2) Sur le fond j'entends, aucune trace des Seeds dans Peepers.
J'adore ! Tout simplement ...
RépondreSupprimer@ Thierry: oui une très belle surprise pour celui qui a découvert cette formation avec cet album :-)
RépondreSupprimerLes ARCTIC MONKEYS, je sais pas...
RépondreSupprimerMais entre PANDA BEAR, GRIZZLY BEAR et BEAR IN HEAVEN, l'indie nous a bien saoulé avec ces groupes de nounours, alors bon :-)
SysT
@ Syst: je savais que je pouvais compter sur un pop addict pour combler mes lacunes en matière de nounours :-P
RépondreSupprimerWouf!
RépondreSupprimerMerci pour la découverte ! Qui sonne totalement a part.
RépondreSupprimer@ Jérémy: You're welcome ;-)
RépondreSupprimerÇa a l'air d'être de la bonne ça ! Dans ma liste direct.
RépondreSupprimer'tain, ça fait un moment que je me dis qu'il faut que j'aille mettre un commentaire sous cet article (et celui sur les Doors, et sur le Jose James)... là, je te fais un prix de gros pour Polar Bear / Jose James... tout à fait d'accord avec toi sur ces deux bons albums de l'année, qui méritent vraiment que l'on s'y plonge (même si je préfèrais The Dreamer, le précédent Jose James, à ce Black magic plus soul et moins jazz). Rien de plus à ajouter sur ce Polar Bear, qui m'avait laissé une bonne impression, sans plus, la première fois... et qui s'est révélé au fil des écoutes...
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