Les cinq morceaux qui tournent en ce moment IV

Avon - Queens of the Stone Age [1998]

L'histoire est suffisamment connue pour ne pas être trop développée en ces lieux... 1996, création du groupe Gamma Ray par Josh Homme et sortie du single If Only. 1997, après un changement de patronyme, Kai Hansen appréciant modérément qu'un cuistre américain choisisse le même nom que sa grotesque formation, les Queens of the Stone Age et Kyuss publient un EP qui fera date dans le petit monde fermée du stoner, l'ancien et nouveau groupe de Josh Homme occupant chacun une face du split intitulé sobrement Kyuss/Queens of the Stone Age (1). L'année suivante, le premier album des QOTSA sort et le potentiel que laissait envisager le EP précédent donne la pleine mesure du talent de compositeur du grand rouquin.
L'album ne souffre ainsi d'aucune comparaison, au contraire, le style restant suffisamment éloigné du combo de Palm Desert. Et si certains pourront nourrir quelques regrets, Homme délaissant le style Black Sabbath du désert, les autres se réjouiront de la fraicheur, du groove et de cette attitude cool qu'apporte ces reines de l'âge de pierre à l'image de cette chanson Avon... et en attendant une réédition prochaine (2) de ce premier album quasi introuvable (3).

The Choice Is Yours [Revisited] - Black Sheep [1991]

Dans la série groupe oublié issu des 90's, je voudrais le duo Black Sheep du Queens. Formé par le MC Andres "Dres" Titus et William "Mista Lawnge" McLean, ce groupe qui fut affilié non sans raison à leur début avec la scène Native Tongues (A Tribe Called Quest, De La Soul) publia en 1991 un premier album remarqué et remarquable d'intelligence: A Wolf in Sheep's Clothing... avant de sombrer dans l'anonymat et la séparation qui va souvent de pair après un deuxième disque décevant. Un mouton noir très en verve et malicieux comme l'atteste l'introduction sombre et le faussement véhément U Mean I'm Not, brûlot satirique envers le gangsta rap et ses faux semblants. Ainsi, l'album démarre véritablement à partir de la 3ème plage où le duo reprend les préceptes d'un 3 Feet High and Rising sorti deux ans auparavant. A Wolf in Sheep's Clothing, un album musicalement riche de samples faisant la part belle au jazz funky des 70's où le flow et l'attitude décontracté de Dres n'est pas sans rappeler un autre duo en provenance d'Atlanta qui se formera l'année suivante: Outkast.

Teen Town - Jaco Pastorius [1997]

Des lives à New-York enregistrés juste avant la mort du demi-dieu de la basse, on aimerait bien ne plus les compter tant leurs qualités sont inégales et leurs sorties faisant les beaux jours de quelques producteurs en manque de mercantilisme. Dans la série Live in New-York City, voici que sort du chapeau le Volume 5 intitulé Raça enregistré un soir de 1985 où Jaco est entouré de l'ancien guitariste de Miles Davis, Mike Stern, du saxophoniste Steve Slagle et du batteur Adam Nussbaum. Comme mentionné précédemment, ces bootlegs sortis plus ou moins officiellement après le décès de l'ex-bassiste du Weather Report, en plus de laisser un sale arrière goût de dollars dans la bouche, sont à écouter avec précaution car ces derniers furent enregistrés lors de la "déchéance" de l'artiste, la santé mentale (4) et physique de Jaco frôlant plus d'une fois le point de non retour. Toujours est-il que ce Vol. 5 reste des plus plaisants, la petite formation reprend ainsi des standards de chacun dont le fameux Continuum de Jaco ou sa reprise des Beatles méconnaissable, Blackbird. Un quartette inspiré avec un souffleur ayant fait ses armes aux côtés de Steve Kuhn et Carla Bley, un batteur précis, un Mike Stern incisif et un Jaco Pastorius dans un de ses bons jours... What else? On notera en guise de conclusion que le disque se conclut par deux compositions inédites au piano jouées par Jaco, Three Women et Good Morning Anya, morceaux rescapés de son album inédit et jamais sorti Holiday for pans.

Alcaline - Alain Bashung [1992]

Uniquement disponible à partir de 1992 sur son premier intégrale (et toujours depuis introuvable sauf sur les intégrales rééditées du monsieur), Tour Novice comme son nom l'indique s'attache à retranscrire les enregistrements publics de Bashung lors de la tournée de l'album qui porte le même nom (enfin en partie... on retrouve aussi des enregistrements de 1987...). Un album live dont la rareté peut s'expliquer du fait que ce dernier ne s'adresse pas au grand public, il suffit pour cela de jeter un coup d'œil sur la setlist. Le disque oscille majoritairement en effet entre le répertoire des deux disques les plus noirs et moites du chanteur à cette époque: l'intemporel Play Blessures (1982) et son petit dernier Novice (1989)... avec l'avantage certain concernant ce dernier disque d'offrir des chansons plus rock sans cette production synthétique et datée qui handicapait des titres comme Elle fait l'avion. En dépit d'une production manquant de relief et de crudité, Tour Novice est un quasi indispensable pour les admirateurs des deux albums, un réel plaisir d'entendre enfin ce que peuvent donner sur scène des chansons comme Lavabo, Trompé d'érection ou Alcaline.

Hell Awaits - Slayer [1985]

Malgré un premier album méchamment foutraque handicapé par des compositions brouillonnes et plus (5), Show No Mercy doté déjà de quelques futurs classiques (Die By the Sword, Antichrist, Black Magic) fut à l'époque rien de moins que le plus grand succès du label Metal Blade (créé une année plus tôt par Brian Slagel en 1982), soit la rampe de lancement idéale pour un metal extrême balbutiant et bouillonnant. L'une des particularités des débuts de Slayer, en plus d'avoir un son des plus roots (comprendre sous produit)(6) est de s'inscrire dans un thrash metal fortement teinté de black metal. Après un EP sorti l'année suivante intitulé Haunting The Chapel et un mini-album studio enregistré dans les conditions d'un live, Live Undead, Slayer déboule en 1985 avec le ténébreux Hell Awaits clôturant à la fois leur période proto black et leur dernier album pour le label de Slagel. L'EP de 1984 avait déjà montré quelques changements, des compositions moins linéaires, plus sombres et plus complexes sans garder ce dénominateur commun et viscéral: une violence musicale des plus traumatisantes et efficaces (le terrible Chemical Warfare sur Haunting The Chapel). Les atmosphères se font dès lors plus noires à la gloire du grand Satan telle l'introduction du dantesque titre éponyme Hell Awaits.

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(1) EP compilant des chansons provenant des derniers singles de Kyuss (Into the Void, One Inch Man) et celui de Gamma Ray.

(2) Il semblerait que c'est en cours... wait & see.

(3) Un CD neuf qui se monnaie aux alentours de 60$ minimum du fait de sa rareté...

(4) On lui diagnostiqua en 1982 des troubles bipolaires. Or quand on se refuse à suivre un traitement tout en abusant d'alcool et de substances illicites... Du coup, sortir des bootlegs de cette période est plus qu'un acte de charognard...

(5) Avec cependant l'excuse notable d'être produit par les propres deniers du groupe, Tom Araya et le père de Kerry King mettant la main à la poche...

(6) Le black metal scandinave poussant le vice à virer Lo-Fi la même année que Show No Mercy, Quorthon et son Bathory publié en 1983 ou l'acte fondateur du black metal scandinave.