Contrairement à d'autres genres artistiques, le cinéma Bis italien n'aura pas attendu le début d'une nouvelle décennie pour péricliter, la deuxième moitié des années 80 était déjà synonyme de baroud d'honneur pour un cinéma d'exploitation transalpin en manque de souffle, ayant de plus en plus de mal à suivre/copier son cousin étasunien. Les Barbarians de l'italien Ruggero Cannibal Holocaust Deodato symbolise dès lors la fin d'un âge d'or, produit par une paire de mécènes israélo-palestiniens (qui mettrons la clef sous la porte la décennie suivante) : la sacrosainte Cannon de Golan et Globus.
Des films affectionnant l'heroic-fantasy cher à Robert E. Howard, cette décennie dorée n'en manqua pas, mais des longs-métrages réussis, le cas se veut plus rare, réduit finalement à celui mis en scène par le scénariste d'Apocalypse Now, John Milius. Combien de Conan le barbare pour nombre de productions bancales ? Et si le grotesque des resucées au budget famélique (Ator au hasard) eurent le mérite de faire le délice d'une poignée de cinéphiles déviants, et de remplir une dernière fois les irréductibles cinémas de quartier, les produits estampillés De Laurentiis, avec leur tête de gondole autrichienne et un Richard Fleischer en mode pré-gériatrie, eurent plus de difficultés à se défaire d'une réputation potagère. Or, sans surprise, Les Barbarians de Ruggero Deodato ne déroge pas à la règle en s'inscrivant dans la première catégorie susmentionnée. Mais n'allons pas trop vite...
Ajoutez y une musique des plus guillerettes en guise d'accompagnement... que demandez de plus?
[1] Cette pierre magique détient les secrets de la musique, du rire et de la chaleur humaine... Encore un méchant qui aurait raté sa vocation artistique et chercherait par tous les moyens, même les plus inavouables, une possible reconversion tel le personnage de Bill Murray dans Mad Dog & Glory de John McNaughton ?
[2] L'un des deux jumeaux ayant accessoirement sectionné de ses petites dents aiguisées le majeur et l'index droit de Kadar...
[3] Du Houellebecq avant l'heure chez les barbares ?
[4] Hum... n'y voir aucun lien et parallèle avec la phrase précédente. Pouf pouf...
[5] Après avoir vu Les prédateurs du futur du même Deodato, on est en droit d'être magnanime envers le cinéaste italien.
En des temps reculés, si reculés qu'une frise chronologique serait bien incapable de nous situer cette période lointaine nommée « âge des ténèbres » où les hommes, les femmes et les enfants étaient menés par l'épée, vit les radniks, seule tribu du monde à avoir droit de libre passage à travers tout le pays. La légende raconte que leur premier roi troqua une montagne d'or en échange d'un rubis magnifique, la pierre de l'ombilic, une pierre magique renfermant les secrets de la musique, du rire et de la chaleur humaine. De ce pouvoir, les radniks devinrent des amuseurs, des conteurs et des musiciens, accueillis et fêtés où qu'ils aillent. Bien des années plus tard, deux jumeaux orphelins, Kutchek et Gore, ainsi qu'une petite fille prénommée Kara furent recueillis au sein de la tribu désormais guidée par la jeune et belle reine Canary (Virginia Bryant), nouvelle gardienne du rubis et de ses pouvoirs magiques...
Comme l'a brillamment introduit le narrateur en début de film, l'histoire se déroule à « l'âge des ténèbres », et un tel rubis, magique qui plus est, peut être objet de convoitise... de même que (et surtout ?) sa jolie détentrice. Le tyran Kandar (Richard Lynch) souhaite acquérir, pour des raisons obscures, le pouvoir de la pierre de l'ombilic [1]. Après une attaque éclair rappelant étrangement une version tiers-mondiste de la scène finale de Mad Max 2, le clan de Kadar tient désormais prisonnière la reine Canary. Leur chef, passé maitre dans l'art délicat de la tentation, résume ainsi la situation avec un sens aiguë de la concision: "tu vas apprendre à connaître les plaisirs de la captivité". Malheureusement pour notre clone de David Bowie époque Labyrinth, le rubis, Canary ne l'a plus en sa possession, un de ses fidèles sujets l'ayant caché dans un endroit tenu secret. A défaut de pierre magique, Kadar se contentera dès lors de cette nouvelle prisonnière de sang royal, une reine captive et obéissante, tant que son désormais maître es ajouts capillaires épargne la vie des deux jumeaux mordants [2], Kutchek et Gore, qui vivront à partir de cet instant séparés, envoyés au puits des morts et entraînés aux arènes à la merci du terrible bourreau (Michael Berryman) dans le but un jour de s'entretuer...
Seize années passèrent, au cours duquel une énigme récurrente, dans les récits de fantasy barbare, traverse de nouveau l'esprit embrumé du préposé : comment des enfants chétifs et sous alimentés peuvent devenir une fois adulte un amas de muscles hypertrophiés ? Passé ce mystère, le spectateur devra subir, au même titre que les deux jeunes héros, les grimaces d'un Michael Berryman en roue libre, plus doué pour jouer les clowns que les tortionnaires, et où le désir du chef du clan d'obtenir la pierre de l'ombilic pour former une troupe comique commence à prendre tout son sens. En résumé, après une dizaine d'années d'entrainement foutraque, Kutchek et Gore sont réduits à l'état d'animal, (dixit la voix off), tandis que leur reine passe le plus libre de son temps dans une cage, couverte de milles bijoux offerts par son maître transi, avec pour seule compagnie les autres femmes de Kadar. Une cohabitation d'autant plus pénible pour toutes les parties en présence, car si Canary se refuse toujours à son supposé maître, Kadar répugne à honorer depuis seize ans son devoir conjugal envers les dames composant son harem. Les Barbarians, un film où l'on découvre que l'un des thèmes sous-jacents n'est autre que la frustration enrichie de misère affective et sexuelle [3]... Et si les conditions de vie de Canary sont loin d'être idéales, on saluera la perspicacité et la sagesse de la sorcière China, témoin passive de la déchéance et du ramollissement [4] de son chef: certes mais quel pouvoir as-tu encore puisque ton cœur est prisonnier. Car non content de virer romantique et mélancolique, l'emprise de Kadar sur son clan s'affadit, la fin est proche... Mais c'est sans compter sur le pouvoir de nuisance des frères jumeaux désormais prêt à sauver leur bien aimée reine en compagnie de l'intrépide Ismene (Eva La Rue)...
A l'heure du bilan, et en dépit des nombreux défauts notables que comptent Les Barbarians, ce spécimen se distingue, contrairement à d'autres cousins crapoteux, par son climat bon enfant, sinon décomplexé. Sans ralentissement notable, et autres remplissages intempestifs, le long-métrage peut en effet compter sur nos deux héros bodybuildés, Peter et David Paul, pour mettre un terme le début d'une quelconque ambition, Deodato en ayant vu d'autres [5]. Criant, vociférant, éructant, grimaçant à tout va, ces deux grands gamins rappeleront aux nostalgiques spectateurs leurs exploits dans les cours de récréation, et l'humour potache qui y régnait. Mais le film offre également d'autres réjouissances, des invités "prestigieux" venus cabotiner à loisir (George Eastman, Michael Berryman), des créatures et des décors de qualités variables, des costumes ringards, des personnages attachants (Ibar alias Franco Pistoni dit "gueule d'asperge") et une histoire simplette assumée.
Les Barbarians ou un incontournable de l'heroic-fantasy cheapos.
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United Colors of Radniks
Comme l'a brillamment introduit le narrateur en début de film, l'histoire se déroule à « l'âge des ténèbres », et un tel rubis, magique qui plus est, peut être objet de convoitise... de même que (et surtout ?) sa jolie détentrice. Le tyran Kandar (Richard Lynch) souhaite acquérir, pour des raisons obscures, le pouvoir de la pierre de l'ombilic [1]. Après une attaque éclair rappelant étrangement une version tiers-mondiste de la scène finale de Mad Max 2, le clan de Kadar tient désormais prisonnière la reine Canary. Leur chef, passé maitre dans l'art délicat de la tentation, résume ainsi la situation avec un sens aiguë de la concision: "tu vas apprendre à connaître les plaisirs de la captivité". Malheureusement pour notre clone de David Bowie époque Labyrinth, le rubis, Canary ne l'a plus en sa possession, un de ses fidèles sujets l'ayant caché dans un endroit tenu secret. A défaut de pierre magique, Kadar se contentera dès lors de cette nouvelle prisonnière de sang royal, une reine captive et obéissante, tant que son désormais maître es ajouts capillaires épargne la vie des deux jumeaux mordants [2], Kutchek et Gore, qui vivront à partir de cet instant séparés, envoyés au puits des morts et entraînés aux arènes à la merci du terrible bourreau (Michael Berryman) dans le but un jour de s'entretuer...
Festival Michael Berryman
Seize années passèrent, au cours duquel une énigme récurrente, dans les récits de fantasy barbare, traverse de nouveau l'esprit embrumé du préposé : comment des enfants chétifs et sous alimentés peuvent devenir une fois adulte un amas de muscles hypertrophiés ? Passé ce mystère, le spectateur devra subir, au même titre que les deux jeunes héros, les grimaces d'un Michael Berryman en roue libre, plus doué pour jouer les clowns que les tortionnaires, et où le désir du chef du clan d'obtenir la pierre de l'ombilic pour former une troupe comique commence à prendre tout son sens. En résumé, après une dizaine d'années d'entrainement foutraque, Kutchek et Gore sont réduits à l'état d'animal, (dixit la voix off), tandis que leur reine passe le plus libre de son temps dans une cage, couverte de milles bijoux offerts par son maître transi, avec pour seule compagnie les autres femmes de Kadar. Une cohabitation d'autant plus pénible pour toutes les parties en présence, car si Canary se refuse toujours à son supposé maître, Kadar répugne à honorer depuis seize ans son devoir conjugal envers les dames composant son harem. Les Barbarians, un film où l'on découvre que l'un des thèmes sous-jacents n'est autre que la frustration enrichie de misère affective et sexuelle [3]... Et si les conditions de vie de Canary sont loin d'être idéales, on saluera la perspicacité et la sagesse de la sorcière China, témoin passive de la déchéance et du ramollissement [4] de son chef: certes mais quel pouvoir as-tu encore puisque ton cœur est prisonnier. Car non content de virer romantique et mélancolique, l'emprise de Kadar sur son clan s'affadit, la fin est proche... Mais c'est sans compter sur le pouvoir de nuisance des frères jumeaux désormais prêt à sauver leur bien aimée reine en compagnie de l'intrépide Ismene (Eva La Rue)...
L'amer Kadar, ses poules frustrées... et l'emperlée Canary
A l'heure du bilan, et en dépit des nombreux défauts notables que comptent Les Barbarians, ce spécimen se distingue, contrairement à d'autres cousins crapoteux, par son climat bon enfant, sinon décomplexé. Sans ralentissement notable, et autres remplissages intempestifs, le long-métrage peut en effet compter sur nos deux héros bodybuildés, Peter et David Paul, pour mettre un terme le début d'une quelconque ambition, Deodato en ayant vu d'autres [5]. Criant, vociférant, éructant, grimaçant à tout va, ces deux grands gamins rappeleront aux nostalgiques spectateurs leurs exploits dans les cours de récréation, et l'humour potache qui y régnait. Mais le film offre également d'autres réjouissances, des invités "prestigieux" venus cabotiner à loisir (George Eastman, Michael Berryman), des créatures et des décors de qualités variables, des costumes ringards, des personnages attachants (Ibar alias Franco Pistoni dit "gueule d'asperge") et une histoire simplette assumée.
Les Barbarians ou un incontournable de l'heroic-fantasy cheapos.
The Barbarians | 1987 | 87 min
Réalisation : Ruggero Deodato
Production : Yoram Globus, Menahem Golan, John Thompson
Scénario : James R. Silke
Production : Yoram Globus, Menahem Golan, John Thompson
Scénario : James R. Silke
Avec : Peter Paul, David Paul, Richard Lynch, Eva La Rue, Virginia Bryant, Sheeba Alahani, Michael Berryman
Musique : Pino Donaggio
Directeur de la photographie : Gianlorenzo Battaglia
Montage : Eugenio Alabiso
[1] Cette pierre magique détient les secrets de la musique, du rire et de la chaleur humaine... Encore un méchant qui aurait raté sa vocation artistique et chercherait par tous les moyens, même les plus inavouables, une possible reconversion tel le personnage de Bill Murray dans Mad Dog & Glory de John McNaughton ?
[2] L'un des deux jumeaux ayant accessoirement sectionné de ses petites dents aiguisées le majeur et l'index droit de Kadar...
[3] Du Houellebecq avant l'heure chez les barbares ?
[4] Hum... n'y voir aucun lien et parallèle avec la phrase précédente. Pouf pouf...
[5] Après avoir vu Les prédateurs du futur du même Deodato, on est en droit d'être magnanime envers le cinéaste italien.
(3) Les Barbarians, du Houellebecq avant l'heure chez les barbares?
RépondreSupprimerComme vous y allez docteur Furter ! Mais je vous reconnais bien là : audacieux et perspicace à la fois. Evoquer l'actualité littéraire tout en chroniquant un nanar aussi chamarré que nos beaux barbares... Respect.
@ La dame: oui osons les comparaisons les plus audacieuses :-D
RépondreSupprimerYa pas mégoter savait y faire chez Cannon.
RépondreSupprimerMais je préfère quand même Yor dans le genre.
Ce fut une belle soirée au musée du cinéma l'hiver passé qui nous gratifie chaque dernier vendredi du mois d'un double programme bis à 3euro, en octobre ce sera the raven et american ninja, miam !
@ Diane: Les deux sont différents, Reb Brown est un gros benêt pour un film qui lorgne du côté de la SF chez les cro-magnons VS dinosaures, alors que ce film de la Cannon est un pur produit heroic-fantasy avec deux bourrins qui en font des caisses mais ne se prenne pas au sérieux.
RépondreSupprimerReb Brown est plus proche d'un Casper Van Dien en somme, c'est un charme différent :-D
Etonnant qu'il n'est pas proposé un rôle à Christophe Lambert ^^
RépondreSupprimer@ Aquabee: Excellent! Disons que notre Totophe national a raté le casting car à l'époque, pour rappel, il faisait partie des grands espoirs, il faudra attendre les 90's pour que la ringardise couvre totalement la filmo de notre cher Beowulf.
RépondreSupprimerLa Cannon et Lambert se sont ratés de peu, quel gâchis! Quelle frustration! ;-)
Lambert chez troma ou asylum ou uncut movies ...
RépondreSupprimerAu fait que sont devenus les 2 castars ?
@ Diane: D'après la fiche IMDb, les deux frangins ont un peu tourné par la suite, on retiendra en particulier (ils tiennent la "vedette") un film d'action Double Trouble (1992), une comédie Twin Sisters (1994) et la même année une apparition sur le Natural Born Killer de Stone (scène coupée au montage mais trouvable sur youtube). Je note qu'en 2005, les deux ont aussi tourné dans Souled Out avec Gary Busey, Peter Paul jouant le diable tandis que son frangin un musicien vendant son âme à ce dernier... et Busey dans tout ça? L'archange Gabriel bien sûr!
RépondreSupprimerJe dois avouer que la référence à Houellebecq dans une analyse poussée et néanmoins créative et "émulsifiante" m'a redonné joie de vivre pour quelques minutes !!!
RépondreSupprimerMerci Dr
Dr Ultimo
@ El Ultimo Bastardo: Mais le film aussi redonne la joie de vivre :-D
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