Malevil - Christian de Chalonge (1981)

Répudié par Robert Merle, auteur du roman éponyme originel, Malevil, le film, est l'adaptation « inspiré librement », dixit l'affiche et le générique du quatrième long métrage de Christian de Chalonge, de ce roman d'anticipation paru en 1972. De cette polémique à l'accueil mitigé qu'il reçut lors de sa sortie, Malevil aura surtout été la proie d'un malentendu qui perdure encore de nos jours en pareil cas lorsque quelques esprits sinon bornés, du moins rigides, veulent comparer stricto sensu un livre avec son adaptation cinématographique. Chronique paysanne post-apocalyptique située en plein Larzac, Malevil n'en demeure pas moins un OFNI dans le paysage hexagonal.

Emmanuel Comte (Michel Serrault), châtelain, viticulteur et maire de la commune de Malevil, s'apprête à embouteiller une de ses cuvées lorsqu'il reçoit la visite de plusieurs de ses adjoints dont son ami Colin (Jacques Dutronc) venus régler la question cruciale de l'emplacement du lampadaire jouxtant la pharmacie Bouvreuil. Une fois l'apothicaire calmé (et conforté dans sa petitesse), en gentilhomme du terroir, Comte propose à l'assemblée de déguster un peu de son vin lorsqu'une panne d'électricité survient, une panne s'apparentant plus à un black-out, la radio de Momo (Jacques Villeret) étant elle aussi étrangement réduit au silence... apparaît sous la porte une lumière intense, accompagnée d'un grondement assourdissant, et une chaleur étouffante, interminable. L'apocalypse nucléaire vient de s'abattre. Après un moment d'attente, de crainte, les premiers sortent et découvrent un nouveau monde, indescriptible ("Mais qu'est-ce que vous avez vu?"), en ruines, crépusculaire, pour seule présence, un épais brouillard de cendres. Les sept survivants devront dès lors s'unir et lutter contre cet environnement, se réadapter à une vie néolithique et se défendre contre les pillards et les autres humains...

Cronico Ristretto: Grumpf Quartet - Grumpf Quartet (2010)

Signé chez Noir Prod tout comme leurs cousins Mâconnais et zébulons bruitistes Ni, voici que débarque de Bordeaux le Grumpf Quartet et son premier album éponyme, ou la version complémentaire des quatre musiciens précités?

Formé en 2006, Grumpf Quartet prouve une fois n'est pas coutume que musique rock "sérieuse" ne rime pas forcément avec boursouflure... de la part d'un quartet cachant en fait un trio de musiciens (aguerris), on aurait dû s'en douter, non?

Si la recherche de structure alambiquées et autres plans complexes (et rajoutez y une bonne louche d'harmonies dissonantes) peut sembler vaine depuis plusieurs années, quand le renouveau math-rock et post-rock semblent avoir montré ses limites, la découverte d'une nouvelle formation œuvrant dans un style à la croisée d'un rock progressif ténébreux et d'un mathcore jazzy pouvait éveiller l'intérêt du chroniqueur, voire le rassurer à la lecture de titres tels que: Stravinsky on da rocks (clin d'oeil et jeu de mot à la Zappa?) ou Racine de deux (en attendant un Hypoténuse au carré?). Bref, les Grumpf avaient suffisamment de recul sur leur art (et des références/influences avouées prometteuses [1]) pour susciter plus d'une écoute [2].
  

The Devils - Ken Russell (1971)

The Devils de Ken Russell n'est pas un film pour tout le monde. Et si quarante ans après, la controverse et l'opprobre se sont taris, les qualités artistiques du long métrage étant considérablement reconsidérées, celui-ci garde néanmoins encore aujourd'hui un pouvoir de nuisance certain. Tant mieux.

Au XVIIème siècle, sous le règne de Louis XIII, le cardinal Richelieu craignant une révolte des protestants depuis leurs fortifications demande à son roi la destruction des fortifications alloués aux huguenots, tel Loudun en Anjou. Cette ville fortifiée est, depuis le décès du gouverneur Sainte-Marthe, mort de la peste comme bon nombre de Loudunais, sous l'autorité du prêtre Urbain Grandier (Oliver Reed). Homme d'église marié en secret à la dénommée Madeleine De Brou (Gemma Jones), si sa foi et son attachement à Loudun lui vaut le respect de la population, les protestants et les catholiques vivant en harmonie, il en n'est tout autre des notables, le père Mignon ou le magistrat de la ville.

Or cet ecclésiastique sexué ne laisse pas non plus indifférent la mère supérieure du couvent d’ursulines, sœur Jeanne des Anges (Vanessa Redgrave), atteinte d'hallucinations érotico-bibliques, au même titre que le reste de ses sœurs, toutes atteintes d'hystérie collective et profondément attirées par ce prêtre qu'elles n'ont pourtant jamais rencontré. Vexée du refus de Grandier de ne pas devenir leur nouveau confesseur, Jeanne l'accuse d'avoir abusée d'elle par l'intermédiaire de quelques diableries, offrant au baron de Laubardemont (Dudley Sutton), aux ordres de Richelieu, l'occasion de réduire à néant le bien trop gênant Grandier et les fortifications de Loudun, si un procès en sorcellerie venait à être ordonné.

Piranha II : les tueurs volants - James Cameron (1981)

Sur une île dans la mer des caraïbes, non loin de la Floride:

- Hum... Qu'est-ce que tu as mon chéri, je ne te plais pas?
- Si tu me plais énormément, mais comme ça, dans un bateau, ce n'est pas très commode.
- Alors le bateau n'est pas commode, la plage est pleine de sable, la chambre est trop airconditionnée [1].
- Je parie que c'est l'eau que j'ai bu à l'hôtel, elle ne devait pas être très très bonne.
- Mais non, tu es trop nerveux, voilà tout.
- Oui, oui, je crois que j'ai besoin de me détendre...
- Et bien on se détendra plus tard si tu veux bien. C'est idiot d'être venu jusqu'ici pour des prunes.
- Tu es sûre qu'il n'y a aucun danger.
- Ce sera merveilleux. Tu n'en reviendras pas...

Quant au préposé, lui non plus, il n'en est pas encore revenu. Premier long métrage de James Cameron, Piranha II, les tueurs volants traîne l'une des pires réputations du cinéma fantastique. Ou comment la séquelle d'une série B, qui permit de mettre en lumière le talent du génial Joe Dante, se transforma en une série Z qui risqua à jamais de mettre un terme à la carrière d'un cinéaste en herbe.

Cronico Ristretto: C.H.U.D. - Douglas Cheek (1984)

C.H.U.D. appartient sans aucun doute à une catégorie rare, celle des films fantastiques à caractère social s'inscrivant indirectement (ou non) dans la critique de l'Amérique Reaganienne, genre popularisé quelques années plus tard par le désormais culte They Live (Invasion Los Angeles) de John Carpenter.

Un soir à New-York dans le quartier de SoHo à Manhattan, une femme promenant son chien passe non loin d'une plaque d'égout... puis disparaît, attaquée par une créature définie plus tard par l'acronyme Cannibalistic Humanoid Underground Dweller (ci-joint l'affiche US avec la dite créature aux yeux lumineux... on y reviendra). Le lendemain, nous suivons deux récits en parallèle ayant pour point commun la vie souterraine new-yorkaise des laissés-pour-compte, celui de George Cooper (John Heard) photographe de mode reconverti dans le photo-reportage dont le dernier article avait pour sujet la faune précitée, et celui du Capitaine Bosch (Christopher Curry) devant faire face depuis peu à une série de disparitions inexpliquées dont la cible semble être justement les sans-abris.

Cronico Ristretto: Joe Kidd - John Sturges (1972)

Western réalisé à l'aube des 70's par le non moins réputé John Sturges [1] avec en haut de l'affiche, excusez du peu, Clint Eastwood et Robert Duvall, Joe Kidd n'en demeure pas moins un long métrage peu connu. A raison ? 

Joe Kidd (Clint Eastwood), ancien pisteur et chasseur de primes réputé, désormais à la retraite dans son ranch, fait un crochet par la prison du shérif de Sinola dans le Nouveau-Mexique après avoir été arrêté pour troubles à l'ordre public sous l'influence de l'alcool et braconnage dans une réserve indienne. Lors de sa comparution devant le juge le lendemain matin, l'homme de loi est pris à partie par des mexicains réclamant la remise en cause des terres appartenant aux nouveaux propriétaires gringos. Si cette révolte paysanne menée par Luis Chama (John Saxon) laisse de marbre Kidd, celle-ci est loin d'arranger les plus gros propriétaires terriens de la région tel l'omnipotent Frank Harlan (Robert Duvall).

Massacres dans le train fantôme (The Funhouse) - Tobe Hooper (1981)

Entre son adaptation du roman de Stephen King Les vampires de Salem pour la télévision et sa future collaboration avec Steven Spielberg sur Poltergeist [1], le cinéaste du retentissant The Texas Chain Saw Massacre, Tobe Hooper, signait avec The Funhouse (Massacres dans le train fantôme) en 1981 un nouveau film d'horreur loin d'être aussi facile qu'il n'y parait. Mieux, première collaboration du cinéaste avec un grand studio, ce quatrième long métrage, s'il ne déroge pas avec les usuels rendez-vous manqués de Hooper avec la critique et le public et autres malentendus avec ses commanditaires, s'écartait des slashers à la mode contrairement à ce que pouvait laisser transparaître son titre français racoleur. Mais n'allons pas trop vite.

Contre l'avis de ses parents, la jeune et farouche Amy [2] sous couvert d'aller au cinéma, va avec son nouveau petit copain Buzz et son amie Liz, accompagnée de sa tête à claques préférée Richie, à la fête foraine qui vient tout juste d'arriver en ville. Ainsi malgré le conseil avisé de son paternel lui rappelant les disparitions mystérieuses de l'année précédente coïncidant étrangement avec la venue de ces étrangers forains, les quatre adolescents partent s'encanailler loin de cette tutelle pesante et liberticide. A eux les joies de la fête foraine et son lot d'attractions jubilatoires tels que Madame Zena, diseuse de bonne aventure de son état (voire plus moyennant finance, mais n'allons pas trop vite...), du fameux freak show que toute bonne fête se doit d'offrir, ou de se faire frétiller la rétine à la vue d'une poignée de strip-teaseuses à la fraîcheur quelque peu flétrie [3], avant finalement de goûter au grand frisson dans le terrible train fantôme, lieu ou plutôt prétexte idéal pour rapprocher les corps d'adolescent encore en émoi devant tant d'émotions... débordantes.