The Devils de Ken Russell n'est pas un film pour tout le monde. Et si quarante ans après, la controverse et l'opprobre se sont taris, les qualités artistiques du long métrage étant considérablement reconsidérées, celui-ci garde néanmoins encore aujourd'hui un pouvoir de nuisance certain. Tant mieux.
Au XVIIème siècle, sous le règne de Louis XIII, le cardinal Richelieu craignant une révolte des protestants depuis leurs fortifications demande à son roi la destruction des fortifications alloués aux huguenots, tel Loudun en Anjou. Cette ville fortifiée est, depuis le décès du gouverneur Sainte-Marthe, mort de la peste comme bon nombre de Loudunais, sous l'autorité du prêtre Urbain Grandier (Oliver Reed). Homme d'église marié en secret à la dénommée Madeleine De Brou (Gemma Jones), si sa foi et son attachement à Loudun lui vaut le respect de la population, les protestants et les catholiques vivant en harmonie, il en n'est tout autre des notables, le père Mignon ou le magistrat de la ville.
Or cet ecclésiastique sexué ne laisse pas non plus indifférent la mère supérieure du couvent d’ursulines, sœur Jeanne des Anges (Vanessa Redgrave), atteinte d'hallucinations érotico-bibliques, au même titre que le reste de ses sœurs, toutes atteintes d'hystérie collective et profondément attirées par ce prêtre qu'elles n'ont pourtant jamais rencontré. Vexée du refus de Grandier de ne pas devenir leur nouveau confesseur, Jeanne l'accuse d'avoir abusée d'elle par l'intermédiaire de quelques diableries, offrant au baron de Laubardemont (Dudley Sutton), aux ordres de Richelieu, l'occasion de réduire à néant le bien trop gênant Grandier et les fortifications de Loudun, si un procès en sorcellerie venait à être ordonné.
Or cet ecclésiastique sexué ne laisse pas non plus indifférent la mère supérieure du couvent d’ursulines, sœur Jeanne des Anges (Vanessa Redgrave), atteinte d'hallucinations érotico-bibliques, au même titre que le reste de ses sœurs, toutes atteintes d'hystérie collective et profondément attirées par ce prêtre qu'elles n'ont pourtant jamais rencontré. Vexée du refus de Grandier de ne pas devenir leur nouveau confesseur, Jeanne l'accuse d'avoir abusée d'elle par l'intermédiaire de quelques diableries, offrant au baron de Laubardemont (Dudley Sutton), aux ordres de Richelieu, l'occasion de réduire à néant le bien trop gênant Grandier et les fortifications de Loudun, si un procès en sorcellerie venait à être ordonné.
Adapté du livre Les Diables de Loudun, étude d'histoire et de psychologie de l'écrivain britannique Aldous Huxley (Le meilleur des mondes) et de la pièce éponyme de John Whiting, elle-même inspirée par le précédent ouvrage, le film, on l'aura deviné de la part de Ken Russell, n'a pas vocation à dépeindre une quelconque vérité historique. Adaptation libre par soucis de simplification et de dramaturgie [1], ou par choix frontalement polémiques, le long métrage avait tous les éléments requis pour sentir le soufre.
D'un cardinal fourbe, cynique et infirme à un monarque folle cruelle, sanguinaire [2], débauchée et tueuse de protestants, Ken Russell marque son film sous le sceau de la provocation par ce portrait au vitriol d'un roi décrit par les historiens comme pieux, sachant dissocier la politique de la religion [3]. Maudit anglais. Vision violente, provocatrice et sexuée de cette page de l'Histoire de France, soit la destruction des fortifications qu'Henri IV, père de Louis, avait accordé aux protestants [4], The Devils prend au final la forme d'une critique virulente du fanatisme religieux. On en n'attendait pas moins du cinéaste.
Comme annoncé en préambule, Les Diables de Ken Russell, près de quatre décennies après sa sortie tumultueuse, reste un film aux qualités artistiques rares, mené par deux interprètes principaux habités par leur rôle, Oliver Reed en ecclésiastique profondément humain, avec ses défauts et ses qualités, et une Vanessa Redgrave déchaînée en nonne hystérique. Tourné dans les studios Pinewood près de Londres et à Bamburgh (dans le nord de l'Angleterre), la reconstitution de Loudun au même titre que l'ambiance du film et les scènes hallucinatoires de Jeanne des Anges apparaissent comme un élément charnière du style souhaité par le cinéaste, à la fois frénétique, grotesque, perturbant, cauchemardesque, le père Barre, prêtre inquisiteur évoquant davantage le psychédélisme noir d'un Charles Manson que le Bernardo Gui du Nom de la rose de Jean-Jacques Annaud quinze ans plus tard.
Mise à l'index par la censure, les scènes les plus explicites ayant droit à des coupes drastiques à l'époque de son exploitation (la masturbation de Jeanne avec le reste de tibia calciné du père Grandier ou les gros plans du supplice de ce dernier par le prêtre Barre lui brisant les jambes à multiples reprises), quelques scènes furent néanmoins retrouvées dans les années 2000, tel le viol du christ sur sa croix par les sœurs par exemple dans l'église, scène excessive retranscrivant parfaitement la folie des Diables.
The Devils ne laisse toujours pas indifférent par sa virulence et son néo-surréalisme, et ceci depuis quatre décennies [5]. Tant mieux.
The Devils (Les diables) | 1971 | 111 min
Réalisation : Ken Russell
Scénario : Ken Russell
Scénario : Ken Russell
Avec : Vanessa Redgrave, Oliver Reed, Dudley Sutton, Max Adrian, Gemma Jones, Murray Melvin, Michael Gothard
Musique : Peter Maxwell Davies
Directeur de la photographie : David Watkin
Montage : Michael Bradsell
____________________________________________________________________________________________________Directeur de la photographie : David Watkin
Montage : Michael Bradsell
[1] Grandier fut acquitté un premier temps des accusations de sorcellerie proférées par les Ursulines, mais ce dernier continuant d'accuser Richelieu et sa politique, le cardinal réussit à rouvrir le procès et obtint finalement l'exécution du prêtre dissident.
[2] Lors de la scène où Richelieu explique à son roi ses raisons, Louis XIII s'amuse à tuer au pistolet des protestants déguisés en merle.
[3] Louis XIII mena ce qu'on nommera plus tard la Guerre de Trente ans, en s'alliant avec les Princes allemands protestants contre l'Autriche et l'Espagne catholiques. La révocation de l'Édit de Nantes étant à porter au crédit de son fils, Louis XIV.
[4] Selon Richelieu ces villes mettaient en péril l'unité du royaume en incarnant un « État dans l'État »
[5] Par exemple les divers dialogues samplés ("You have been found guilty of commerce with the devil" par exemple) sur le brillant Golden Dawn appartenant au non moins brillant album fondateur The Land of Rape and Honey (1988) de la paire Jourgensen/Barker (alias Ministry).
ah oui vraiment puissant ce film, et puis les anglais ont un don inégalé pour faire des films malsains, inquiétants, un film à voir :-)
RépondreSupprimer@ Arbobo: N'est-ce pas! Maudits anglais! :-D
RépondreSupprimerUn film qui reste longtemps dans la tête. Un film inclassable, violent et sulfureux même encore de nos jours. Un film à placer bien en evidence dans sa DVDthèque c'est certain.
RépondreSupprimer@ la dame: oui je vais voir si je peux pas trouver l'affiche, à mettre dans un salon, ça va être sympa :-D
RépondreSupprimerPutain, c'est de plus en plus spécifique ici, entre le jazz secoué du bocal et ce genre de films, faut s'accrocher, putain. Pas étonnant que tu boudes le CDB ;-)
RépondreSupprimerBon, alors je vais essayer de voir ces diablotins sans me faire descendre par la censure helvétique!
SysT
@ Syst: tu crois pas si bien dire, il y a bien trop longtemps que je n'ai pas écrit qqch sur du jazz secoué du bocal... encore que le prochain billet jazz est plus contemplatif qu'énervé, mais c'est une piste à suivre :-D
RépondreSupprimerSinon, oui, c'est un film à voir et je me demande bien ce qu'a pu penser la censure helvétique en 71 :-D
Le droit de vote pour les femmes a été instauré en 1971. Ou les joies de la démocratie directe...
RépondreSupprimerEnfin, je ne dis pas que le droit de vote des femmes est corrélé à cet article, c'est juste pour te montrer l'arriération mentale de ce pays à l'époque...
@ Systool: Ah oui, 1971 c'est tard... déjà que les franchouillards il a fallu attendre la libération... Diantre!
RépondreSupprimersvp ou trouver le DVD LES DIABLES
RépondreSupprimerCher(e) Anonyme,
RépondreSupprimermalheureusement il semblerait que le DVD ne soit plus disponible qu'en zone 1 à l'heure actuelle... reste les autres voix, télévisuelle (pas gagné même en misant sur le cable et satellite) ou sur le net (paradoxalement c'est ici où vous aurez plus de chance de le trouver...)
Du côté de la Caverne des introuvables par exemple...
RépondreSupprimerSainte caverne :)
RépondreSupprimerBel article qui renforce mon envie de découvrir (enfin) ce film. J'en connaissais des images assez hallucinantes mais le film était et reste difficile à voir. Je vais donc m'y mettre, c'est la plus belle façon de rendre hommage à son créateur.
Vous parlez de "style daté", mais je crois, je vérifierais, que comme pour pas mal d'autres œuvres de ces belles années 70, c'est ce qui les a mis de côté u temps et les rend plus excitantes aujourd'hui.
@ Vincent: Faut plus prendre "daté" dans le sens vintage que vieillot ou démodé ;-)
RépondreSupprimerAprès, la patine du temps oeuvre de manière différente comme vous le savez, tous les films dit datés subissent différemment l'ouvrage du temps. Mais oui, ces belles années 70 :-)