Le laisser, là où il devrait rester, dans nos mémoires. En voilà une sage recommandation. Mais le préposé est un esprit libre, il ne se laisse dicter ses choix par personne, quand bien même ces derniers provoquent l'ouverture d'un coffret à souvenirs aux conséquences malheureuses voire tragiques...
Loin dans ses souvenirs de jeune amateur de films de genre, le long métrage de Nick Castle avait une place à part, du fait des bribes d'images qui lui restaient en mémoire et par ce fameux titre évoquant de près (surtout) ou de loin le film de George Lucas. The Last Starfighter, film oublié des années 80, seul rescapé d'une poignée de geeks issus d'un autre temps ? Pas loin... mais n'allons pas trop vite.
Alex Rogan (Lance Guest) avait tout du héros en devenir, homme à tout faire dans un no-man's land où ne poussent que des mobile-homes, le jeune homme multiplie les talents puisqu'il est aussi champion de Starfighter, nom de la borne d'arcade auquel il passe le plus clair de son temps...sa petite-amie passant quant à elle au troisième rang des priorités. Un soir après avoir pulvérisé le meilleur score du jeu devant son public de petits vieux en transe, Alex reçoit la visite plus surprenante de Centauri (Robert Preston), le créateur du shoot'em up. L'étranger l'invite en voiture aller faire un tour des environs, qui va très vite ressembler à un tour dans l'espace, l'automobile étant en vérité une navette spatiale. Centauri explique à l'incrédule yankee que le prétexte du jeu n'a rien d'imaginaire, le dénommé Xur et l'armada de Ko-Dan sont une réelle menace pour l'équilibre de la paix interstellaire, la "frontière" que doit défendre le Starfighter est bien réelle. Ce jeu vidéo n'était autre qu'un stratagème judicieux pour recruter un nouveau combattant...
Une histoire à faire rêver tous les nerds et leurs petits cousins geeks: être enrôlé comme pilote d'un vaisseau spatial, avoir pour co-pilote un extra-terrestre et comme destinée, celle de devenir rien de moins que le sauveur de l'univers... alors que vous tripotiez la veille innocemment dans votre coin votre joypad préféré [1].
Or le visionnage du film de Nick Castle n'en demeure pas moins délicat presque trois décennies passées. Le pouvoir d'attractivité du film ne s'est certes pas émoussé, une suite était à ce propos prévu en 2008 [2], mais The Last Starfighter pèche par de nombreux points. Son statut de film destiné à un public d'adolescents mâles n'est en rien rédhibitoire, ce qui l'est au contraire ce sont les petites histoires et les personnages secondaires qui viennent s'y greffer : la petite amie (Catherine Mary Stewart), l'androïde Beta Alex (clone robotique du héros venu prendre sa place pendant que le vrai Alex casse de l'alien belliqueux) ou bien le petit frère tête à claques. Tout cela ralentit cruellement le film, lui apporte peu (ou mal), et ressemble en définitive à du remplissage de pellicule. Le cœur de cible du public était connu, le nom du film explicite, la comédie n'avait nul besoin de réfréner les ardeurs SF, au mieux alléger le propos. Ajoutez à cela un long préambule et une mise en place envahissante, du fait des défauts cités précédemment, les trop rares scènes d'action se devaient d'être mémorables...
Las. Cette fois-ci encore, l'amateur est en droit de rester sur sa faim, l'orgie SF annoncée n'aura pas lieu. La bataille galactique se résume en partie à un tour de chauffe existentiel où les hésitations et les doutes du héros adulescent [3] commencent sérieusement à mettre à rude épreuve la patience du préposé... des préliminaires frustrants (?!!) ou transition idéale (?!!!) pour une précocité guerrière des plus juvéniles : le sort de la fameuse et terrible armada de Ko-Dan est réglé de manière bien trop sommaire, l'attaque de la "fleur de la mort" a bon dos... Et si les scènes purement SF de The Last Starfighter n'atteignent donc pas toutes leurs promesses, celles-ci auront néanmoins marqué leur époque puisque toutes les scènes spatiales ont été tournées en images de synthèse (le coût de ces dernières expliquant sans conteste le manque d'action SF). Quant aux "références" à l'univers de Lucas, ces dernières nous rappellent effectivement l'influence de Star Wars et la désormais difficulté des nouveaux auteurs de s'en démarquer durant cette décennie.
The Last Starfighter ou le film SF made in 80's qui aurait dû rester dans nos souvenirs.
The Last Starfighter | 1984 | 101 min
Réalisation : Nick Castle
Scénario : Jonathan R. Betuel
Scénario : Jonathan R. Betuel
Avec : Lance Guest, Robert Preston, Catherine Mary Stewart, Dan O'Herlihy
Musique :Craig Safan
Directeur de la photographie : King Baggot
Montage : Carroll Timothy O'Meara
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[1] En aparté, si l'univers du jeu vidéo est très présent dans le film, celui-ci le fut également en dehors puisque le film connut deux adaptations sur Atari. Puis en 2007, un fan créa une version fidèle du jeu pour PC (avec sons et musique originels) qu'on peut toujours télécharger à cette adresse... les plus NERDs trouveront même les plans pour fabriquer leur borne d'arcade.
[2] Pour un budget de 14 millions de billets verts, le film en rapporta le double aux États-Unis... de quoi en faire une suite ?
[3] Lance Guest est à ce titre est un poil trop vieux pour jouer les adolescents.
"alors que vous tripotiez la veille innocemment dans votre coin votre joypad préféré"
RépondreSupprimer...je présume que tu es fier de toi :D
Sinon, l'intrigue a été transposée dans un épisode de South Park : Kenny est un as du jeu "Heaven Vs Hell" sur sa Peusseupeu, et se retrouve à monter au paradis (puisque pareil, c'était un stratagème pour trouver LE héros susceptible de nous sauver tous, oooooh) afin de livrer THE combat ultime face aux forces démoniaques (on ne voit d'ailleurs strictement rien du combat en lui-même, juste le gosse qui joue à la PSP) (c'est long^^).
@ Dahu: je présume que tu es fier de toi
RépondreSupprimerNon coupable je suis! :-P
Sans être purement indé non plus, Starfighter rejoint la poignée de titres SF 80's option ordinateur/videogame en marge autonomiste des pop-corneries sous patronnage Spielberg (qui s'intéressera finalement assez peu à cette niche technologique), parmi lesquels brillent les vivaces (et formateurs ?) TRON ou WarGames, mais aussi des Electric Dreams ou DARYL de moindre mais honnête envergure. (...)
RépondreSupprimer(la suite ici: http://eightdayzaweek.blogspot.com/2010/05/starfighter.html)
@ Mariaque: Effectivement en écrivant la chronique de Starfighter, j'ai repensé immédiatement à Wargames, j'étais à deux doigts d'y faire référence ;-)
RépondreSupprimerWargames est toujours aussi charmant. Revoir Starfighter près de trente ans après sa découverte en salle me fait par contre un peu peur... Mais j'ai envie de me confronter à ce souvenir d'enfance quand même... (j'avais même la novelisation... on disait comme ça...)
RépondreSupprimerje pense aussi sans l'avoir revu (faudra le noter) que Wargames a bien vieilli, Starfighter c'est une autre histoire malheureusement comme j'ai pu l'écrire plus haut.
SupprimerToujours est-il que désormais, le DVD est disponible :-)