"Peinture de personnages à la dérive dans des situations difficilement compréhensibles par un public jeune" [1], voici donc les raisons qui ont poussé la commission de classification des films à censurer, tout du moins demander à ce que soit interdit au moins de seize ans, le premier film de la romancière australienne Julia Leigh. Beaucoup de bruit pour pas grand chose ? En quelque sorte, tant l'opacité du propos ne risquait pas d'inciter les adolescents français à se précipiter dans les salles obscures pour voir les péripéties cliniques d'une poupée dormant avec de vieux messieurs impuissants.
Lucy (Emily Browning), jeune étudiante australienne, multiplie les petits boulots pour arrondir ses fins de mois difficiles: cobaye pour un laboratoire, serveuse, préposée à la photocopieuse, le tout dans une indifférence non feinte. Un jour, celle-ci répond à une annonce publiée dans le journal des étudiants de sa fac. Serveuse pour soirées très privées dans un premier temps, cette beauté unique, selon les propres mots de Clara sa mère-maquerelle post-moderne (Rachael Blake), va très rapidement se voir proposer le rôle de "belle endormie". Selon un rituel bien définie, après ingestion d'une tisane au vertu assommante, Lucy passera la nuit avec un client, avec nul souvenir au réveil, juste la promesse que son vagin restera "un temple inviolé"...