Dans les souvenirs du préposé, la première incursion jazz d'une des compositions du maître Erik Satie datait de 1971, celle où sur son album In The Beginning le flûtiste Hubert Laws reprenait le premier thème des Gymnopédies. Une relecture respectueuse à la croisée du jazz et des arrangements somptueusement soul de la maison CTI. Quatre décennies passées, le haut-normand reste une source d'inspiration pour les jazzmen en herbe, à l'image de cet Afrodisian Orchestra, big band en provenance de la péninsule ibérique et leur Satierismos.
L'Afrodisian Orchestra fondé à Madrid en 2008 sous la tutelle du bassiste Miguel Blanco sort son premier disque Mediterraciones l'année suivante. Le big band espagnol se produit alors régulièrement dans les clubs madrilènes, et à l'occasion dans divers festivals ibériques, tels que le festival de jazz de Madrid ou celui de Zamora. Comme tout grand ensemble de jazz, l'Afrodisian est caractérisé par une section cuivre pléthorique, neuf souffleurs abonnés à la trompette, au trombone et aux saxophones de toute sorte... et deux flûtes traversières pour les boulimiques restants! Ajoutez y une section rythmique comportant un pianiste, un guitariste, un bassiste et deux percussionnistes, l'Orchestra est taillé pour faire rugir une incandescence jazz aux accents latins de Cuba en passant par le Brésil.
Or leur deuxième album sorti l'année dernière propose un hommage à Erik Satie, un choix sinon contraire tout du moins surprenant, risqué et par conséquent attisant la curiosité de l'amateur du natif de Honfleur. Habiller les Gymnopédies et autres Gnossiennes de tels arrangements riches en couleur pouvaient faire craindre le pire tant ce numéro d'équilibriste s'avérait des plus périlleux...
Et l'hommage rendu qui apparaissait comme une gageure s'avère être au final suffisamment convaincant pour éviter la case des anecdotiques. Si pari il y a eu, Miguel Blanco et son orchestre l'a dans son ensemble réussi grâce à une prise de risque salvatrice, tel l'apport du chant flamenco (Gnossienne 3 (Tientos)) ou du phrasé hip-hop (Le fils des étoiles), et bien évidemment ces cuivres rugissants et chaleureux offrant un contre-emploi appréciable sur le brésilien Gnossienne 1 (Baiao) ou le cubain Gymnopédie 2 (Descarga). Mais que les esprits renfrognés soient rassurés, le disque ne fait cependant pas l'impasse sur les mélodies douces et mélancoliques d'Erik Satie à l'image du Nocturne n°3 ou de la 3ème Gymnopédie (Balada).
Un album à découvrir pour ceux qui auront l'ouverture d'esprit, la curiosité (et accessoirement le courage de passer outre l'apport démonstrativement creux du guitariste soliste (*) ouvrant ce sympathique Satierismos (1)).
Le fils des étoiles et Gnossienne 1 (Baio) en écoute sur leur site internet.
Album en écoute sur Deezer.
Album en écoute sur Deezer.
(*) Ami(s) de l'onanisme guitaristique, vous devrez attendre 2'30" avant d'en "prendre plein les oreilles"
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(1) Fort heureusement, ce dernier ne "pollue" que le titre d'ouverture...
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