Annoncée l'année dernière, puis annulée quelques semaines avant, se tenait hier (enfin) le retour du fils prodigue, Pharoah Sanders, à Paris au New Morning. Concert paradoxal où la magie expressionniste du disciple de Trane aura eu quelques ratés... la faute à un leader saxophoniste quelque peu récalcitrant et grognon !
Pourtant la playlist et son introduction annonçait une prestation inoubliable : ouverture progressiste tirée de ses disques fin 60's - début 70's, puis en deuxième entrée, un hors d'oeuvre post-bop soutenu par un quartet de qualité. Et pause saxophonique après seulement vingt minutes de musique. Mécontent de l'intensité des retours, le saxophoniste quittera longuement la scène une première fois, avant de revenir par intermittence le temps de lancer le standard de Cole Porter Everytime we say goodbye, puis une première version de son classique The creator has a master plan en guise de conclusion à ce premier set fantomatique. Fort heureusement, le trio restant su, sinon faire oublier son leader taciturne, tout du moins s'accaparer de manière probante l'espace désormais laissé vacant. Le pianiste William Henderson, vieux compagnon de route de Sanders depuis une dizaine d'années, mena ainsi en l'absence de son souffleur en chef, un set alternatif remarquable, où ses camarades Oli Hayhurst à la contrebasse et Gene Calderazzo à la batterie purent montrer à l'assistance leur maîtrise instrumentale et leurs improvisations inspirées.
Après une pause d'une demi-heure, le quartet revint sous de meilleurs hospices, pouvait on l'espérer, pour une heure de set supplémentaire. Las. Les deux reprises Coltraniennes Naima et Chasin' the Trane ne furent pas exempt de tout reproche, Sanders alternant le faux et le décousu, avec comme il se doit une dernière inspection de la loge du New Morning. La fin du concert approchant, le saxophoniste offrit un visage différent en jouant une seconde fois son standard The creator. Au bord de la jovialité, communiquant pour la première fois avec son public, prenant à la fois la pause et dansant aux rythmes des applaudissements, le véritable concert de Pharoah Sanders pouvait débuter. Trop tard.
Concert en demi-teinte.
Pharoah Sanders quartet
Pharoah Sanders - Saxophone ténor
William Henderson - Piano
Oli Hayhurst - Contrebasse
Gene Calderazzo - Batterie
Mais il lui arrivait également de s'asseoir dans un coin...
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