L'affaire est entendue. Le cinéma français et le film de genre ont rarement fait bon ménage. Entre le film d'auteur hérité de la Nouvelle Vague [1] et les productions populaires à gros budget, le constat est amer : le cinéma fantastique n'a pas eu le soutien financier et artistique qu'il méritait. Le made in France a ainsi toujours eu du mal à trouver sa place dans ce paysage hexagonal passablement cartésien. Et hormis les fruits de quelques franc-tireurs (Alain Jessua, George Franju, Jean Rollin, Jean-Pierre Mocky) et grands noms (Jean Cocteau, Jean Renoir) voulant se frotter de près ou de loin au surnaturel, rares auront été les cinéastes français à aborder frontalement le Fantastique. Et si l'idée première du RHCS n'est pas de chroniquer en particulier ces films français, force est de constater que la découverte du film d'André Farwagi, Le temps de mourir, vient enrichir de nouveau une liste de longs métrages [2] pour l'amateur de curiosité.
Une jeune femme (Anna Karina) à cheval fuit un danger. Échappant à une menace sans nom, sa course effrénée s'achève brutalement devant un curieux arbre pétrifié. La boîte circulaire qu'elle tenait précieusement dans sa main tombe alors au sol, et roule jusqu'à un homme qui dort dans la clairière d'une forêt voisine. Ce dernier, un dénommé Marco (Daniel Moosmann), travaille pour l'énigmatique et puissant Max Topfer (Bruno Cremer). Les deux hommes découvrent une bobine de film dans cette boîte apparue d'on ne sait où. Il s'agit du meurtre de Topfer, assassiné à l'arme à feu par un inconnu (Jean Rochefort). Frappée d'amnésie, la jeune femme est recueillie par l'homme d'affaire, tandis que les premiers éléments de l'enquête épaississent davantage l'origine de ce film : la référence de la bobine indique que la bande n'a jamais existé...