Live report : Sun Râ Arkestra - New Morning, Paris, 23 juin 2014

Cent ans aurait eu Sun Râ cette année. Or vingt et un ans après sa disparition, et un premier (court) passage de témoin par le saxophoniste ténor John Gilmore (1), l'Akestra du Roi Soleil continue son chemin depuis presque deux décennies sous la conduite du saxophoniste alto Marshall Allen. De passage à Paris au cours d'un Jubilee Tour mondial des plus enthousiasmants, de l'Australie à l'Europe en passant par le Japon en juillet prochain, sans oublier New-York et Philadelphia en avril dernier (2), les quatorze musiciens du Sun Râ Arkestra atterrirent ce 23 juin sur la scène du New Morning.

 
Marshall Allen et Tara Middleton

Cutter's Way - Ivan Passer (1981)

Parmi les anti-héros méconnus du cinéma étasunien, Alex Cutter à l'instar de son réalisateur, le tchèque Ivan Passer, fait figure d'oublié. Tiré du film adapté du roman de Newton Thornburg, Cutter and Bone, renommé quelques temps après sa sortie Cutter's Way par United Artists (mais n'allons pas trop vite), ce personnage interprété par John Heard [1] s'inscrit dans les nombreux portraits de marginaux, miroir d'une Amérique en perdition, qui traversèrent le cinéma 70's hollywoodien (L'épouvantail, Taxi Driver, etc.). Victime collatérale des déboires financiers et organisationnels du studio créé en 1919, et apparu en sus à l'orée du Reaganisme triomphant, le long métrage non content de connaitre une sortie limitée, reçut sans surprise des critiques mitigées en 1981. Réévalué depuis [2], ce cinquième film américain de l'ancien scénariste, compatriote et compagnon de route des jeunes années de Milos Forman, est à redécouvrir depuis mercredi en copie restaurée dans les salles obscures.

Une nuit, après avoir quitté l'hôtel El Encantado, et la dame d'un soir venue recevoir les hommages intéressés de ce gigolo en dilettante, et accessoirement vendeur de bateaux de plaisance, Richard Bone (Jeff Bridges) tombe en panne de voiture dans une ruelle de Santa Barbara. Immobilisé, il croise une voiture qui manque de l'écraser en quittant les lieux à toute vitesse, son conducteur ayant auparavant déposé un mystérieux colis dans une poubelle. Surpris par une averse aussi violente que soudaine, Bone s'échappe sans avoir eu le temps de satisfaire sa curiosité, et part rejoindre son meilleur ami Cutter (John Heard), un vétéran revenu infirme du Vietnam. Le lendemain, des policiers viennent recueillir sa présence. Il est soupçonné du meurtre et du viol d'une pom-pom girl de 17 ans retrouvée à l'aube à l'endroit où il faillit être renversée. Une fois libéré et lavé de tout soupçon, Bone rejoint Cutter et son épouse Mo (Lisa Eichhorn) pour la parade espagnole organisée par la communauté hispanique de Santa Barbara. Dans le cortège, il croit reconnaitre le coupable entraperçu la veille, J. J. Cord (Stephen Elliott), le magnat de la ville. Cutter décide de mener l'enquête...

Live report : Rodolphe Burger & Philippe Poirier - Explicit Lyrics #1 - 20 juin 2014

« C'est la radio qui m'a appris la mort de Billy the Kid »

Ce vendredi 20 juin 2014 avait une saveur particulière pour le préposé à la chronique : la réunion des deux guitaristes de feu Kat Onoma, Rodolphe Burger et Philippe Poirier, autour d'un hommage au poète étasunien Jack Spicer. Disparu en 1965 à l'âge de quarante ans, ces écrits inspirèrent de nombreuses chansons à la formation strasbourgeoise, dont leur concept album paru en 1993, Billy The Kid. Une soirée mémorable, et le premier volet d'une série de trois concerts [1], du 20 au 22 juin, où les deux anciens membres de Kat Onoma ressuscitèrent le répertoire du groupe dont les paroles étaient signées Spicer. 

Ainsi pour le préposé, qui n'avait jamais eu l'occasion de voir de son vivant ce groupe culte dissous au milieu des années 2000, découvrir sur la scène de la Maison de la poésie à Paris, ces deux musiciens de nouveau réunis, relevait sinon du miracle, du moins d'une émotion non feinte, les trois concerts du week-end étant tous dédiés au regretté Guy "Bix" Bickel, trompettiste de Kat Onoma disparu en avril dernier.

Sextant - Herbie Hancock (1973)

La règle générale voudrait qu'un artiste nouvellement signé sur un label, une major qui plus est, n'enregistre pas en guise de premier disque contractuel son album le plus expérimental. C'est pourtant ce que fit Herbie Hancock avec Sextant.

Rappel des faits. Après sept albums sur le mythique label Blue Note, l'ancien pianiste de Miles Davis enregistre pour Warner Bros trois albums de 1969 à 1972 : Fat Albert Rotunda, Mwandishi et Crossings. A l'instar des musiciens ayant gravité autour de l'astre noir Davisien, Hancock reste profondément marqué par la démarche moderniste de son ancien leader. Peu enclin à l'origine à jouer de l'orgue électrique lors de l'enregistrement du séminal Miles in the Sky, premier album de jazz électrique du trompettiste et dernier album du mythique second quintet [1], Hancock s'attèle à partir de 1968 à expérimenter les nouvelles potentialités que peut lui offrir la fée électricité (son dernier album pour Blue Note, The Prisoner confirme ses nouvelles orientations).

Live report : Radio Moscow • Black Bombaim • Black Willows au Glazart - 4 juin 2014

Découvert en 2010 lors de la sortie de leur formidable Saturdays and Space Travels, le trio lusitanien Black Bombaim a fait escale à Paris mercredi dernier accompagné des suisses Black Willows, et en première partie ce soir là à la tournée européenne des étasuniens Radio Moscow. Une affiche sous le signe du psychédélisme au Glazart, qui aura prouvé une fois encore que l'acid rock sous toutes ses formes a encore de beaux restes en 2014.

Venus de Lausanne, les trois musiciens de Black Willows ouvrirent le bal stoner à grand renfort de riffs plombés et d'atmosphères planantes. Le trio présent offrit une prestation marquante d'une quarantaine de minutes, et cela en dépit de l'absence de leur second guitariste Mélanie Renaud. Formation à suivre depuis la sortie de leur album Haze l'année dernière, la musique des suisses évoque autant les envolées méditatives des premiers Om que les instrumentaux kyussiens de Colour Haze.

 
Mister Aleister Crowley