Dans le cadre de la vingt-sixième édition de l'American Jazz Festiv'Halles, le batteur Peter Erskine et son quartette, le Dr. Um Band, faisaient escale pour deux dates au club parisien le Sunset / Sunside.
L'histoire est connue, après des débuts dans le Big Band de Stan Kenton puis auprès du trompettiste Maynard Ferguson au début des années 70, le jeune batteur incorpora, alors au fait de leur notoriété, le Weather Report de Joe Zawinul et Wayne Shorter, avant de suivre leur bassiste démissionnaire Jaco Pastorius vers d'autres horizons musicaux, et une décennie 80 riche en collaborations diverses dont sa participation au groupe Steps Ahead mené par le vibraphoniste Mike Mainieri, et enfin le trio du guitariste John Abercrombie à partir de la seconde moitié de ladite décennie. Fort d'un curriculum vitae impressionnant à la mesure de la versatilité du musicien [1], Peter Erskine débuta en parallèle ses premiers pas en tant que leader. D'un premier album éponyme en 1982 sur le label californien Contemporary, le batteur poursuivit l'aventure sur le label japonais Denon, puis enregistra quatre albums notables pour Manfred Eicher et ECM avec le trio composé du pianiste John Taylor et du contrebassiste Palle Danielsson [2]. Enfin depuis le milieu des années 90, l'homme est le propriétaire du label Fuzzy Music, lui permettant de produire sa propre musique au gré de ses envies, à l'image de sa nouvelle formation, le Dr. Um Band, créé en 2016 au côté du claviériste John Beasley et du saxophoniste Bob Sheppard.
Pour la première fois en France, le quartette prenait la même ossature que sur leur récent second disque, Second Opinion, avec en sus des trois musiciens sus-mentionnés le bassiste Benjamin Sheperd. Durant deux sets, Peter 'Dr. Um' Erskine revisita ainsi, non sans évoquer entre deux compositions quelques anecdotes amusantes, la majeure partie du répertoire provenant des deux disques de la formation. Offrant un jazz aux accents funky, la prestation du quartette confirmait au besoin la réelle complicité des protagonistes, ponctuée par le souffle chaud et cool de Sheppard aux envolées lyriques du jeune Sheperd. On restera par contre plus mesuré sur le cas John Beasley, compagnon de route d'Erskine depuis près de trois décennies à l'instar de Bob Sheppard, et en particulier son utilisation vaine de sonorités synthétiques en toc, nous confirmant une fois encore que certains musiciens n'ont pas encore fait le deuil des 80's. Dommage [3]. Mais pas de quoi gâcher du reste un bon concert mené à la baguette par un leader à la bonhomie non feinte.
Peter Erskine – Batterie
Bob Sheppard – Saxophone ténor et soprano
John Beasley – Piano et synthétiseur
Benjamin Sheperd – Basse
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[1] Son site officiel dénombre pas moins de 583 participations sur disque en tant que sideman et leader depuis 1972.
[2] ECM a réédité l'année dernière You Never Know (1992), Time Being (1993), As It Is (1995) et Juni (1998) dans un coffret intitulé As It Was.
[3] Ce qui n'est pas non plus sans rappeler le concert de Stanley Clarke au New Morning deux ans auparavant.
Chanceux !
RépondreSupprimer(Il n'est pas dit que l'"utilisation vaine de sonorités synthétiques en toc" ne m'ait pas ravie les oreilles).