Magicien, acrobate, cracheur de feu, cascadeur et enfin auteur de documentaires éducatifs dans les années 50, Ted V. Mikels réalisa son premier long métrage fictionnel en 1963, Strike Me Deadly, suivi dans la foulée du bien nommé Dr. Sex (1964) signé du pseudonyme Theo Mikacecci puis du brûlot The Black Klansman [1] (1966). Chantre d'un cinéma d'exploitation indépendant, celui-ci fit son entrée dans le cercle très fermé des cinéastes cultes auprès du public bis par la sortie de son sixième long métrage The Astro-Zombies. Cette série Z, éditée depuis en Blu-ray en 2016 par Kino Lorber, est devenue au fil du temps l'un des parangons du cinéma supra-fauché de cette époque, assortie sur le sol étasunien de la réputation non moins flatteuse d'être l'un des pires films jamais réalisés [2]. Ajoutons au dossier à (dé)charge (?) que les Misfits de Glenn Danzig ont rendu hommage au long métrage dans leur non moins culte premier album Walk Among Us, en sus de la présence de la voluptueuse, et figure de la viragophilie chère à Noël Burch, Tura Satana au casting, il n'en fallait pas plus pour attiser la curiosité du préposé à la chronique. Mais n'allons pas trop vite.
Alertée par la découverte de plusieurs cadavres mutilés, l'agent Hollman (Wendell Corey) de la CIA conclut rapidement que ces crimes sont signés par le docteur DeMarco (John Carradine), un ex-scientifique renvoyé de l'agence spatiale qui était en charge de créer le premier humanoïde astronaute téléguidé (?!). Secondé par son assistant Franchot (William Bagdad), DeMarco a toutefois a perdu le contrôle de sa création en substituant à son premier cobaye le cerveau d'un tueur psychopathe. Après le meurtre d'une femme travaillant dans l'ancien laboratoire de DeMarco, les agents Eric Porter (Tom Pace) et Chuck Edwards (Joseph Hoover) tendent un piège à la créature, espérant retrouver la trace du docteur...
Tourné en six jours, The Astro-Zombies évoque, on l'aura vite compris, les séries Z réalisées la décennie précédente, au hasard, par Ed Wood Jr., quand le réalisateur de La fiancée du monstre (1955) engageait Bela Lugosi en qualité d'ancienne gloire du cinéma horrifique hollywoodien. A défaut de pouvoir recruter l'ancien comte Dracula dans le rôle du savant fou, Mikels jeta son dévolu sur John Carradine, acteur qui cumulait depuis quelques temps déjà les piges dans des productions hasardeuses, à l'instar de Billy the Kid Versus Dracula (1966) où celui-ci interprétait justement ledit comte transylvanien. CQFD.
Doté d'un budget d'un peu moins de 40 000 $, The Astro-Zombies pouvait-il prétendre à n'être donc autre chose qu'une énième série Z ? Bien sûr que non. Filmé principalement dans des décors intérieurs accentuant au besoin la décence de sa production, dont le laboratoire foutraque de DeMarco et le bureau de la CIA de Hollman, le long métrage se distingue, sans surprise, par la capacité de son scénario brouillon, écrit par Ted V. Mikels et l'acteur Wayne Rogers, déjà producteur de Dr. Sex, à gonfler un récit absent de toute action par ses dialogues bavards, dont leur seule fonction est de littéralement « bouffer de la pellicule » (amputé d'au moins vingt minutes le résultat n'aurait été que... meilleur, enfin plus nerveux, bref, plus digeste). D'une menace astro-zombiesque réduite à sa plus simple expression, soit deux meurtres plus une tentative avortée, qui se soldera par le vol d'une lampe torche (car l'astro-zombie fonctionne à l'énergie solaire, au cas où vous l'ignoriez, son capteur étant judicieusement placé sur son front...), la substantifique déviance devra prendre d'autres formes. On saluera dès lors la démarche sexy, et surtout gratuite, de Mikels de placer une scène de club au cours duquel les agents Edwards, Porter et la petite-amie de ce dernier, Janine Norwalk, profitent de la performance exotique d'une danseuse au corps peint et à moitié dénudé.
Au-delà de la prestation tarifée de John Carradine en erstaz de Frankenstein et son verbiage pseudo-scientifique, les admirateurs de Mais la véritable surprise de The Astro-Zombies est sans conteste l'apparition de William Bagdad, l'acteur qui interprète Franchot l'assistant muet de DeMarco, qui venait de jouer la même année dans Girl in Gold Boots du même Mikels. Une grimace. Il ne fera et ne répétera qu'une seule grimace au cours du film. Une grimace pour la postérité servie par un délicieux coup d'œil vicieux. Dommage que le récit ou le montage final n'ait pas donné suite aux expérimentations de Franchot sur son cobaye en bikini...
Alertée par la découverte de plusieurs cadavres mutilés, l'agent Hollman (Wendell Corey) de la CIA conclut rapidement que ces crimes sont signés par le docteur DeMarco (John Carradine), un ex-scientifique renvoyé de l'agence spatiale qui était en charge de créer le premier humanoïde astronaute téléguidé (?!). Secondé par son assistant Franchot (William Bagdad), DeMarco a toutefois a perdu le contrôle de sa création en substituant à son premier cobaye le cerveau d'un tueur psychopathe. Après le meurtre d'une femme travaillant dans l'ancien laboratoire de DeMarco, les agents Eric Porter (Tom Pace) et Chuck Edwards (Joseph Hoover) tendent un piège à la créature, espérant retrouver la trace du docteur...
Doté d'un budget d'un peu moins de 40 000 $, The Astro-Zombies pouvait-il prétendre à n'être donc autre chose qu'une énième série Z ? Bien sûr que non. Filmé principalement dans des décors intérieurs accentuant au besoin la décence de sa production, dont le laboratoire foutraque de DeMarco et le bureau de la CIA de Hollman, le long métrage se distingue, sans surprise, par la capacité de son scénario brouillon, écrit par Ted V. Mikels et l'acteur Wayne Rogers, déjà producteur de Dr. Sex, à gonfler un récit absent de toute action par ses dialogues bavards, dont leur seule fonction est de littéralement « bouffer de la pellicule » (amputé d'au moins vingt minutes le résultat n'aurait été que... meilleur, enfin plus nerveux, bref, plus digeste). D'une menace astro-zombiesque réduite à sa plus simple expression, soit deux meurtres plus une tentative avortée, qui se soldera par le vol d'une lampe torche (car l'astro-zombie fonctionne à l'énergie solaire, au cas où vous l'ignoriez, son capteur étant judicieusement placé sur son front...), la substantifique déviance devra prendre d'autres formes. On saluera dès lors la démarche sexy, et surtout gratuite, de Mikels de placer une scène de club au cours duquel les agents Edwards, Porter et la petite-amie de ce dernier, Janine Norwalk, profitent de la performance exotique d'une danseuse au corps peint et à moitié dénudé.
Au-delà de la prestation tarifée de John Carradine en erstaz de Frankenstein et son verbiage pseudo-scientifique, les admirateurs de Mais la véritable surprise de The Astro-Zombies est sans conteste l'apparition de William Bagdad, l'acteur qui interprète Franchot l'assistant muet de DeMarco, qui venait de jouer la même année dans Girl in Gold Boots du même Mikels. Une grimace. Il ne fera et ne répétera qu'une seule grimace au cours du film. Une grimace pour la postérité servie par un délicieux coup d'œil vicieux. Dommage que le récit ou le montage final n'ait pas donné suite aux expérimentations de Franchot sur son cobaye en bikini...
Trente-six ans plus tard, Ted V. Mikels réalisera la première séquelle de The Astro-Zombies nommée Mark of the Astro-Zombies, suivi de Astro-Zombies M3: Cloned (2010), ces deux films de nouveau avec Tura Satana, avant de conclure sa tétralogie en 2012, à l'âge canonique de 83 ans, avec le quatrième volet sous-titré Invaders from Cyberspace, où celui interprète le général Mikacevic (son vrai nom).
Une curiosité Z à découvrir.
En bonus : D'autres gifs du film sur notre tumblr.
Verdict du Nanarotron :
The Astro-Zombies | 1968 | 92 min | 1.85 : 1 | Couleurs
Réalisation : Ted V. Mikels
Production : Kenneth Altose, Wayne Rogers
Scénario : Ted V. Mikels, Wayne Rogers
Avec : Wendell Corey, John Carradine, Tom Pace, Joan Patrick, Tura Satana, Rafael Campos, Joseph Hoover, Victor Izay, William Bagdad
Musique : Nicholas Carras
Directeur de la photographie : Robert Maxwell
Montage : Ted V. Mikels
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[1] Connu également sous le titre I Crossed the Color Line, l'histoire raconte la vengeance d'un jazzman métis de Los Angeles qui infiltre le Ku Klux Klan après la mort de sa fille par des membres de l'organisation suprémaciste blanche.
[2] Du
moins durant ladite décennie, à la droite (ou à la gauche d'ailleurs) de Manos:
The Hands of Fate de Harold P. Warren sorti deux ans auparavant.
[3] William Bagdad qui jouera cinq ans plus tard dans les non moins « cultes » Blood Orgy of the She-Devils et The Doll Squad (Superflics en jupon).
[3] William Bagdad qui jouera cinq ans plus tard dans les non moins « cultes » Blood Orgy of the She-Devils et The Doll Squad (Superflics en jupon).
C'est certain, "The Astro-Zombies" n'est pas un bon film, mais John Carradine a tourné dans des trucs infiniment pires que celui-là. Ceux de Jerry Warren par exemple, où il n'apparaît que dans des scènes additionnelles filmées avec les pieds...
RépondreSupprimerJe ne jette pas d'ailleurs la pierre à Carradine, il fait le job. Et puis, on imagine aisément qu'il tourna l'ensemble de ses scènes en un voire deux jours :-)
RépondreSupprimerEt oui, il a fait pire, c'est certain...