Funky front covers II

Les habitués du RHCS se souviendront qu'en février dernier (ICI), l'auteur de ces lignes s'amusa à décrire quelques pochettes de funk très rafraîchissantes dirons nous, et bien en voici la suite, tout en lorgnant cette fois ci aussi vers le disco. Mais comme toute bonne séquelle qui se respecte, il faut en donner encore plus au public avide de chair fraîche (amis des formules ampoulées, nous vous saluons). Vous vouliez plus de provocation, plus de mauvais goût, la finesse trash est votre crédo : ce second volet est pour vous !

        

La période estivale touchant bientôt à son terme, quoi de mieux pour débuter que de se remémorer cette saison qui rime pour le mâle avec pin-up en maillot. Deux exemples, la pochette proposée par le groupe disco A Taste of Honey, célèbre pour son tube Boogie Oogie Oogie, qui tout en restant sobre (comparé à ce qui va suivre, c'est limite chaste), invite tout de même à une ambiance des plus moites... Avec Bohannon, on retrouve toute l'atmosphère joviale et colorée des 80's avec un titre qui résume assez bien le propos, Summertime Groove... mais la pochette de ce LP date de 1978, comme quoi... et puis la dite chanson est tout sauf un exemple de concision, 8 minutes de mid-tempo groovy qui à défaut d'être aussi indispensable qu'un bon vieux Parliament des familles, reste suffisamment plaisant aux oreilles (et à celle de Lenny Kravitz qui pour changer s'est encore très fortement inspiré du guitariste...).

        

On monte d'un cran avec la pochette du Fat Larry's Band qui paradoxalement montre bien les intentions du monsieur sur Lookin' For Love. On pourra toujours me taxer d'être méfiant, mais je suppute que l'homme au noeud papillon cherche un peu plus que l'amour... faut dire avec un tel pendentif, la demoiselle cherche aussi, encore une qui profite de la situation... On retiendra en aparté que l'intro de Down On The Avenue du Fat Larry's Band fut surtout samplée allègrement par la crème du hip-hop, Run DMC, Ice-T, NWA ou les Jungle Brothers. A défaut d'être inoubliable, le single des Vanity 6, Nasty Girl (mais euh moi aussi j'aime bien les méchante filles... et encore plus quand ces dernières punissent les vilains garçons... hum hum hum...), permet surtout d'avoir le versant féminin de Roger Nelson, alias Prince, Vanity 6 étant une de ses créations. On retrouve en effet le même funk synthétique, les mêmes gimmicks vocaux chers au Kid de Minneapolis et le même goût pour les pochettes en petites tenues (remember le fameux Dirty Mind).

        

Une chose qu'on ne pourra pas reprocher au Bar-Kays (célèbre pour leur Soul Finger et d'avoir été un temps le backing band de monsieur Otis Redding), c'est de tromper son public et d'annoncer immédiatement la couleur. En effet quand on nomme son LP Proposition avec en couverture une demoiselle lascive vêtue d'une simple nuisette rouge, mon petit doigt me fait dire qu'elle ne propose pas une partie de scrabble (ceci dit ne pas y voir de ma part une quelconque condescendance, je n'ai rien contre les parties de scrabble en tenue légère, mais pour reprendre les mots de Pierre D., pas avec n'importe qui...). Par contre pour les Whispers, on peut admettre qu'ils ont franchi un palier, ça va très loin cette dame en fourrure devant ces messieurs... N'ayant pu jeter une oreille sur le contenu d'Headlights, on serait tenter de penser qu'ils ont remplacé l'efficacité qui les caractérisaient sur And the Beat Goes On, pour une pochette aguicheuse... à voir leurs visages hilares (j'aime beaucoup celui tout à droite avec son pouce relevé... hum hum...), on serait tenté de penser qu'il s'agit surtout d'une bonne blague.

        

Amis du bon goût, rebonsoir! J'avais déjà écrit il y a quelques temps un post consacré à Rick James et son album Street Songs (avec une pochette qui elle aussi valait son pesant de peanuts, à savoir Rick qui fait le trottoir avec ses délicieuses bottes rouges). En 1982, l'heroic fantasy devient grand public du fait du succès du film de John Milius, Conan le barbare (avec qui vous savez dans le rôle principal). De ce fait, Rick y va de son petit hommage et notez le souci du détail comme la basse-hache avec éclaboussures de sang et le corps huilé du barbare... sans compter la petite pose suggestive de notre Super Freak! Après ça, si vous préférez Manowar... En ce qui concerne Millie Jackson, j'avoue en rire encore quand j'ai découvert l'existence de la pochette. J'imagine la tête du vendeur de disque quand il a reçu le bébé, et celle de l'acheteur qui présente l'album à la caissière... Cette fois ci encore, j'aime beaucoup le pot de fleur derrière la dame, le souci du détail je vous dis! Par contre faudra m'expliquer pourquoi elle tient une de ses chaussures dans sa main...

                 

Pour finir, histoire de prouver que finalement la nostalgie peut avoir du bon, je terminerai cet exposé par ces trois magnifiques pochettes, preuve s'il en est qu'il est bon de ne pas trop se prendre au sérieux (encore que pour Philip Bailey, j'ai un doute...). Ah la Ritchie Family, groupe monté par le duo magnifique Jacques Morali et Henri Belolo (à qui on doit les Village People pour rappel...), où comment reprendre les poncifs de la mâle attitude... mention spéciale pour le doberman qui lui garde toute sa dignité et pour le sticker indiquant le single Where are the men? (franchement avec une telle pochette...). Même s'il est bien loin le temps des Live at Sex machine ou Spirit of the Boogie, on pourra toujours apprécier l'amusante pochette d'Emergency des Kool and the Gang, une attitude qui n'est pas sans le rappeler celle des personnages d'un manga des 90's (réponse ICI). Pour ceux qui comme moi, le nom de Philip Bailey ne disait rien, sachez que ce dernier fait en fait parti de l'autre groupe de funk des 70's qui vira pour son plus grand plaisir (c'est à dire celui de son compte en banque) vers le disco, Earth Wind & Fire. Que dire devant les fringues de l'apollon, toute une époque, le pantalon rentré dans les bottines, ce sens du rythme, bref je suis fan!

En cadeau, voici quelques extraits sonores plus ou moins issus des pochettes présentées. Et n'hésitez pas à cliquer sur ces dernières, il serait dommage de ne pas en profiter en format plus grand.