A l'heure où des blogueurs émettent des paris quant à savoir quand un hypothétique revival musical nineties poindra son nez, il est bon pour le cinéphile déviant de se rappeler au bon souvenir d'un Casey Ryback, ou celui qui illumina de son empreinte la dite décennie par sa science du désossage d'épaule à main nue, le tout en cinq secondes, montre en main. Mais que reste t'il deux décennies après ? Steven Seagal enfile avec autant de maestria les navets direct-to-video que les kilos hyperflus depuis plus de dix ans (et s'interroger, comment notre pugiliste au visage bouffi arrive encore à trouver des amateurs prêt à payer pour une dose d'action aussi molle du genou ?). Et la dernière production de Seagal en date, Le prix du sang (VO : Driven to Kill) ne risquait pas d'infirmer la trajectoire prise [1]. Dès lors, que pouvait-on attendre de The Keeper, nullement un sursaut d'orgueil, juste mesurer la taille et les dimensions de cette nouvelle perle potagère fraichement déterrée et cultivée avec amour par notre bon Steven.
A force de finir criblé de balles, les personnages joués par Seagal ayant pris comme mauvaise habitude de se servir de leur coéquipier comme appât, bouclier, et plus si affinité, il fallait bien se douter qu'un jour ou l'autre notre vengeur ventripotent se fasse blouser par un de ses sidekicks. Vingt-cinq ans dans la police et pas un accroc pour Roland Sallinger, un véritable modèle pour tous les membres des SWAT, comme aime à le rappeler sa nièce, un homme sur qui on peut compter en cas de pépins, un homme droit, et qui sera (forcément) abattu par son vil et avide coéquipier. Mais Roland a la peau dure, deux balles à bout portant ne peuvent le tuer [2]. Passée une expéditive revanche envers son ancien partenaire, ce dernier ayant la mauvaise idée de vouloir finir le travail à l'hôpital où Steven mime à merveille le légume en phase de décomposition, Roland s'active à se remettre en forme, déjà prêt à protéger et à servir les habitants de Los Angeles. Las, le destin en a décidé autrement. Notre policier d'élite est mis à la retraite pour raisons médicales ; tant d'efforts vains pour garder l'œil vif et le poil brillant [3] et ne recevoir au final qu'un avis de départ. Cruelle désillusion. Une fois encore, les talents de notre héros sont mis à mal par une hiérarchie trop guindée, guidée par des principes archaïques, ne reconnaissant pas la valeur des vrais héros américains. Heureusement, notre jeune retraité reçoit un appel de son ancien ami, Conner Wells, celui-ci recherche un garde du corps pour sa fille chérie Nikita, menacée par les sbires de l'odieux Jason Cross.
Comme tout bon Seagal des années 2000 qui se respectent, le quota de bras cassés n'a d'égal que l'action molle qui régit ce genre de divertissement à la gloire du has-been bedonnant. Néanmoins, les amateurs de seagaleries seront tout de même heureux d'apprendre que notre maître en aïkido cache toujours son embonpoint [4] derrière des chemises bien trop grandes, et désormais un goût exquis pour la customisation en milieu hostile. Pas suffisamment clair ? Qu'on jette la première pierre au préposé à la chronique, mais quel cinéphile déviant n'aurait pas l'œil qui frise en voyant Conner Wells offrir un chapeau de cowboy à Roland pour faire plus couleur locale. Nullement décidé à porter tout de suite ce délicieux couvre-chef, le coquin Steven saura faire naitre la frustration chez ses admirateurs, pour mieux les faire déborder par la suite dans une extase quasi-orgasmique à la vue de ce camouflage tex-mex des plus savoureux.
Le néophyte avec l'ingénuité qui le caractérise pourrait bien sûr nous interroger sur le bien fondé d'un tel film, Seagal enchaînant, on l'a bien compris, à un rythme frénétique les productions à moindre coût. Il s'agit dès lors de le rassurer, de la même manière qu'on peut différencier aisément le bon du mauvais chasseur, un film avec Steven Seagal se jauge à des qualités qui lui sont propres et seulement connues de spécialistes triés sur le volet. Pour mettre en valeur notre champion, une bonne histoire, il lui faut : l'amitié virile a porté ses preuves nombre de fois, qui plus est lorsqu'il s'agit de servir de chevalier servant à une bimbo affectionnant tout particulièrement les hommes combattant à mains nues (et ainsi griller la priorité au petit ami louche). De même, un casting à faible valeur ajoutée permet de mettre en lumière les qualités d'acteur du héros, ce qui reste un passage obligé pour toute bonne production seagalienne qui se respecte. Des acteurs de second plan avec évidemment une mention spéciale à tous les bad guys que va croiser en chemin notre justicier à la manchette redresseuse de torts, allant de la tête à claque au bourrin poète [5], en passant par le big boss falot, sorte de Hubert Selby Jr à moustache. Et à défaut d'un budget famélique faisant verser du côté nanar cette réalisation de l'anonyme Keoni Waxman, The Keeper a (au moins) le mérite d'être filmé de manière convenable, c'est-à-dire apathique, les plans filmés par un cocaïnomane atteint de parkinsoïte aigüe s'accordant mal avec la grâce inexpressive de notre héros (préféré).
The Keeper ou un Steven Seagal à la feuille de route classique en somme. Roland casse les bras de méchants patibulaires aussi cons que leurs santiags, sauve la fille de son meilleur ami, traine un fade sidekick mexicain avec tous les avantages que peut comporter un tel partenaire [6], tandis que la police locale impuissante compte les points, tout en réprimandant les méthodes peu académiques mais efficaces de notre héros à la mou de mérou.
[1] Pierre Corneille Versus Steven Seagal : Steven dans le rôle d'un russe aux prises avec des compatriotes mafieux sur les terres de l'oncle Sam, qui venge à la fois la mort de son ex-femme et protège la vie de sa fille menacée, fiancée avec le fils du parrain de la dite mafia.
[2] Être à la fois scénariste (non crédité) et coproducteur aide, il est vrai, à survivre à ce genre de situation (théoriquement) mortelle.
[3] Quoique, concernant Seagal, on peut aisément rayer la première mention eu égard à son regard flegmatique ou terne (rayez la mention inutile).
[4] L'agent comptable, qu'on croyait définitivement fâché, nous glisse, non sans raison, que Steven semble plus en forme que dans le navet Mercenary For Justice, soit tout de même une dizaine de kilos en moins !!!
[5] Je vous laisse méditer sur cette prose: "Pourquoi est-ce que tu fais ça Allegra [pour montrer son mécontentement la demoiselle vient de cracher au sol], les hommes aiment les filles qui avalent, pas les filles qui crachent".
[6] C'est-à-dire qu’il peut compter sur la famille de Manuelo le faire-valoir pour lui venir en aide, n’allez pas croire une seule seconde que Steven se repait dans les clichés sur les émigrés mexicains, d’ailleurs on croise très peu de mexicains moustachus dans The Keeper, c’est dire si Steven est tolérant et ouvert (rappelons nous son plaidoyer envers la cause inuit dans sa seule réalisation Terrain miné (VO : On Deadly Ground).
A force de finir criblé de balles, les personnages joués par Seagal ayant pris comme mauvaise habitude de se servir de leur coéquipier comme appât, bouclier, et plus si affinité, il fallait bien se douter qu'un jour ou l'autre notre vengeur ventripotent se fasse blouser par un de ses sidekicks. Vingt-cinq ans dans la police et pas un accroc pour Roland Sallinger, un véritable modèle pour tous les membres des SWAT, comme aime à le rappeler sa nièce, un homme sur qui on peut compter en cas de pépins, un homme droit, et qui sera (forcément) abattu par son vil et avide coéquipier. Mais Roland a la peau dure, deux balles à bout portant ne peuvent le tuer [2]. Passée une expéditive revanche envers son ancien partenaire, ce dernier ayant la mauvaise idée de vouloir finir le travail à l'hôpital où Steven mime à merveille le légume en phase de décomposition, Roland s'active à se remettre en forme, déjà prêt à protéger et à servir les habitants de Los Angeles. Las, le destin en a décidé autrement. Notre policier d'élite est mis à la retraite pour raisons médicales ; tant d'efforts vains pour garder l'œil vif et le poil brillant [3] et ne recevoir au final qu'un avis de départ. Cruelle désillusion. Une fois encore, les talents de notre héros sont mis à mal par une hiérarchie trop guindée, guidée par des principes archaïques, ne reconnaissant pas la valeur des vrais héros américains. Heureusement, notre jeune retraité reçoit un appel de son ancien ami, Conner Wells, celui-ci recherche un garde du corps pour sa fille chérie Nikita, menacée par les sbires de l'odieux Jason Cross.
Comme tout bon Seagal des années 2000 qui se respectent, le quota de bras cassés n'a d'égal que l'action molle qui régit ce genre de divertissement à la gloire du has-been bedonnant. Néanmoins, les amateurs de seagaleries seront tout de même heureux d'apprendre que notre maître en aïkido cache toujours son embonpoint [4] derrière des chemises bien trop grandes, et désormais un goût exquis pour la customisation en milieu hostile. Pas suffisamment clair ? Qu'on jette la première pierre au préposé à la chronique, mais quel cinéphile déviant n'aurait pas l'œil qui frise en voyant Conner Wells offrir un chapeau de cowboy à Roland pour faire plus couleur locale. Nullement décidé à porter tout de suite ce délicieux couvre-chef, le coquin Steven saura faire naitre la frustration chez ses admirateurs, pour mieux les faire déborder par la suite dans une extase quasi-orgasmique à la vue de ce camouflage tex-mex des plus savoureux.
Le néophyte avec l'ingénuité qui le caractérise pourrait bien sûr nous interroger sur le bien fondé d'un tel film, Seagal enchaînant, on l'a bien compris, à un rythme frénétique les productions à moindre coût. Il s'agit dès lors de le rassurer, de la même manière qu'on peut différencier aisément le bon du mauvais chasseur, un film avec Steven Seagal se jauge à des qualités qui lui sont propres et seulement connues de spécialistes triés sur le volet. Pour mettre en valeur notre champion, une bonne histoire, il lui faut : l'amitié virile a porté ses preuves nombre de fois, qui plus est lorsqu'il s'agit de servir de chevalier servant à une bimbo affectionnant tout particulièrement les hommes combattant à mains nues (et ainsi griller la priorité au petit ami louche). De même, un casting à faible valeur ajoutée permet de mettre en lumière les qualités d'acteur du héros, ce qui reste un passage obligé pour toute bonne production seagalienne qui se respecte. Des acteurs de second plan avec évidemment une mention spéciale à tous les bad guys que va croiser en chemin notre justicier à la manchette redresseuse de torts, allant de la tête à claque au bourrin poète [5], en passant par le big boss falot, sorte de Hubert Selby Jr à moustache. Et à défaut d'un budget famélique faisant verser du côté nanar cette réalisation de l'anonyme Keoni Waxman, The Keeper a (au moins) le mérite d'être filmé de manière convenable, c'est-à-dire apathique, les plans filmés par un cocaïnomane atteint de parkinsoïte aigüe s'accordant mal avec la grâce inexpressive de notre héros (préféré).
The Keeper ou un Steven Seagal à la feuille de route classique en somme. Roland casse les bras de méchants patibulaires aussi cons que leurs santiags, sauve la fille de son meilleur ami, traine un fade sidekick mexicain avec tous les avantages que peut comporter un tel partenaire [6], tandis que la police locale impuissante compte les points, tout en réprimandant les méthodes peu académiques mais efficaces de notre héros à la mou de mérou.
The Keeper | 2009 | 94 min
Réalisation : Keoni Waxman
Production : Steven Seagal, Phillip B. Goldfine
Scénario : Paul A. Birkett, Steven Seagal
Production : Steven Seagal, Phillip B. Goldfine
Scénario : Paul A. Birkett, Steven Seagal
Avec : Steven Seagal, Liezl Carstens, Arron Shiver, Johnnie Hecto, Steph DuVall, Luce Rains, Kevin Wiggins
Musique : Philip White
Directeur de la photographie : Nathan Wilson
Montage : Michael J. Duthie
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[1] Pierre Corneille Versus Steven Seagal : Steven dans le rôle d'un russe aux prises avec des compatriotes mafieux sur les terres de l'oncle Sam, qui venge à la fois la mort de son ex-femme et protège la vie de sa fille menacée, fiancée avec le fils du parrain de la dite mafia.
[2] Être à la fois scénariste (non crédité) et coproducteur aide, il est vrai, à survivre à ce genre de situation (théoriquement) mortelle.
[3] Quoique, concernant Seagal, on peut aisément rayer la première mention eu égard à son regard flegmatique ou terne (rayez la mention inutile).
[4] L'agent comptable, qu'on croyait définitivement fâché, nous glisse, non sans raison, que Steven semble plus en forme que dans le navet Mercenary For Justice, soit tout de même une dizaine de kilos en moins !!!
[5] Je vous laisse méditer sur cette prose: "Pourquoi est-ce que tu fais ça Allegra [pour montrer son mécontentement la demoiselle vient de cracher au sol], les hommes aiment les filles qui avalent, pas les filles qui crachent".
[6] C'est-à-dire qu’il peut compter sur la famille de Manuelo le faire-valoir pour lui venir en aide, n’allez pas croire une seule seconde que Steven se repait dans les clichés sur les émigrés mexicains, d’ailleurs on croise très peu de mexicains moustachus dans The Keeper, c’est dire si Steven est tolérant et ouvert (rappelons nous son plaidoyer envers la cause inuit dans sa seule réalisation Terrain miné (VO : On Deadly Ground).
Ce qui est bon avec Seagal (enfin, façon de parler), c'est qu'il reste constamment dans ce registre : baston, flic droit, petite histoire de vengeance. Ca fait du bien de pouvoir compter sur ce mec qui nous ressert immanquablement la même soupe (directement en DVD, en effet) chaque année. Ca rassure... ou pas! :-)
RépondreSupprimerSysT
NB : Putain, Seagal qui joue les légumes, c'est quand même gros... qui a dit que c'était le rôle de sa vie?
@ Syst: Ouais c'est ce qu'il y a de bien voire rassurant dans ce monde plein de turbulences, certaines choses ne changent pas, Steven offre à sa matière un éternel retour aux fondamentaux... y'a de quoi écrire un mémoire en fait :-D
RépondreSupprimerOui savoir à la fois jouer les légumes et les mérous, ce n'est pas donné à tout le monde :-P
Il a légèrement forci l'ami Seagal.
RépondreSupprimer@ Jeremy: et encore sur ce film; je trouve qu'il a meilleure mine qu'auparavant :-P
RépondreSupprimerIl va finir comme Bud Spencer^^
RépondreSupprimerC'est clair qu'on peut reconnaître à Stevie de ne jamais nous avoir fait son "attention grand come-back je suis un acteur et je vais vous jouer une scène où je souffre". Bon. C'est sans doute aussi qu'il est tellement ringard que personne ne lui a proposé ^^
RépondreSupprimer@ Thomas: oui on aura sans doute jamais droit à un JCVD à la sauce Seven, et au vu du résultat mitigé de ce dernier et au capacité d'acteur de Seagal, on perd pas grand chose en effet ^^
RépondreSupprimerHmmm... un bon navet !
RépondreSupprimerSi j'ai bien rit à la lecture de ton article, je ne suis pas certaine d'avoir envie de voir le film. Rassure-moi : ce n'était pas le but, si ?!
@ Miss Catherine: non je dois l'avouer, le but premier était avant tout de se gausser de notre champion d'aïkido . Après, si mon lectorat trouve la force de se procurer ce film potager... :-D
RépondreSupprimerJ'ai tapé "steven seagal navet" sur Google. :-D
RépondreSupprimerQuelqu'un connait un film où il "perd" ?
Cher anonyme, ce commentaire me comble de bonheur, et en même temps, j'ai un peu honte.
SupprimerSe servir de la notoriété de Steven pour assouvir la popularité et le référencement de son site, ce n'est pas joli joli :-P
Un film où il perd? Bien sûr!!! Le premier qui me vient à l'esprit est le mélodramatique "Ultime décision". Steven se sacrifie pour Kurt Russell, un grand moment d'amitié viril, c'est beau.
"Se servir de la notoriété de Steven pour assouvir la popularité et le référencement de son site, ce n'est pas joli joli :-P"
SupprimerJ'ai pas de site.
Merci de m'avoir si vite répondu!
De longues soirées navet m'attendent...
"Se servir de la notoriété de Steven pour assouvir la popularité et le référencement de son site, ce n'est pas joli joli :-P"
SupprimerJe parlais de moi! ;-)