Trente cinq ans environ, soit presque une éternité, il aura fallu attendre pour enfin jouir du spectacle proposé en prélude au combat du siècle, le titanesque Rumble in the Jungle opposant Mohammed Ali contre George Forman, ou le fameux festival Zaire '74 qui a vu se côtoyer la crème de la musique noire américaine et celle de la musique africaine australe. Des préliminaires qui furent d'autant plus longs puisque les premières véritables images du show furent montrées lors du désormais culte When We Were Kings, sorti en 1996, retraçant les préparatifs du combat Ali/Forman en terre zaïroise. Douze années d'attente et d'espérance pour un résultat forcément marquant, un film retraçant intégralement ces trois jours de concerts. Retour sur une page historique de la musique (noire).
Avec le soutien des producteurs de When We Were Kings, Leon Gaste et David Sonenberg, en terminant le montage du documentaire, le réalisateur Jeffrey Levy-Hinte s'est attelé à la réalisation d'un nouveau documentaire Soul Power au vu des centaines d'heures de rushes de cette aventure humaine (ou résumer douze heures de concert en moins de quatre vingt-dix minutes). Comme le rappelle pertinemment le film, si le combat Rumble in the Jungle fut à l'initiative de Don King, le festival est l'œuvre du trompettiste sud-africain Hugh Masekela et du producteur étasunien Stewart Levine, ces derniers voulant réunir sur une même affiche la musique noire issue des deux continents. Un projet symboliquement fort où il s'agissait de montrer à la fois les préparatifs et l'organisation du festival, les interviews des musiciens et bien sûr des extraits de concert.
L'un des premiers points forts de Soul Power est l'absence volontaire d'interviews rétrospectives ou pire de reconstitutions bancales le faisant rimer ainsi avec un vulgaire docufiction. Nous voici donc en totale immersion, à l'image des artistes découvrant le Zaïre, le premier souhait de Levy-Hinte étant de réaliser avant tout du ”cinéma vérité“ [1]. Le spectateur suit autant les soucis logistiques situés lors du premier tiers du métrage (le festival fut ainsi organisé six semaines avant le combat, celui-ci étant reporté après la blessure à l'œil de George Forman lors d'un entrainement), que le rapprochement culturel symbolique et la rencontre des musiciens avec le continent africain à l'image du percussionniste Ray Barretto improvisant avec des musiciens de rue.
A l'image de l'affiche du film, autant dans When We Were Kings l'épicentre du documentaire était évidemment Ali, autant dans Soul Power, la star n'est autre que le soul brother n°1, James Brown [2]. Un Godfather of soul (dont les initiales sont posées sur son costume de scène) ouvrant [3] et clôturant le film, mais qui, en aucun cas, atténue la portée des autres artistes. Au contraire. Fort d'une programmation parfait métissage entre les différentes formes de la musique afro-américaine et celle du vieux continent, se croisent la soul pop des Spinners et des Sister Sledge à celle plus intimiste de Bill Withers, le King of Blues BB King en passant par les rythmes latins de Celia Cruz accompagnée des Fania All Stars jusqu'au funk des Crusaders. Bref, un panel représentatif de la richesse de cette musique issue des ghettos sous la houlette du soul brother n°1. Et quand bien même on aurait souhaité une plus grande place à d'autres artistes africains, on ne peut qu'apprécier la présence tout sauf anecdotique des artistes zaïrois ou autres, telle que Miriam Makeba pour la plus célèbre, qui font quasi jeu égal avec les stars étasuniennes au niveau de la playlist. A ce titre, on appréciera les suppléments du DVD, ce dernier étant agrémenté de bonus judicieux, quatre chansons inédites dont le terrible Try Me de James Brown mais aussi des scènes coupées insistant un peu plus sur les déboires logistiques et autres problèmes d'organisation, des extraits de diverses jam-sessions ou des aspects de la vie quotidienne de la population à Kinshasa sous le joug du sinistre Mobutu.
En annexe, on pourra regretter que ce festival n'eut pas de suite immédiate, les collaborations artistiques entre les deux continents restant encore limitées. Pourtant, Zaïre ‘74 reste un festival précurseur, une manifestation symbolique, dont la couverture médiatique fut, certes, elle aussi restreintes [4], mais qui annoncera l'émergence la décennie suivante de ce que l'on nommera la world music.
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[1] Comme le souligne le cinéaste dans les notes de production dans les suppléments.
[2] Ce qui n'empêche pas de nous proposer quelques fameuses fulgurances de Mohammed Ali.
[3] A l'image de la page d'ouverture du DVD, cette dernière mise en lumière par le fameux refrain de la non moins célèbre chanson de JB, Say It loud, I'm black and Proud, une introduction idéale sous forme de catharsis pour un festival donné en terre africaine.
[4] Attendre presque trente-cinq ans pour découvrir un documentaire sur ce festival… c’est une longue attente…
Avec le soutien des producteurs de When We Were Kings, Leon Gaste et David Sonenberg, en terminant le montage du documentaire, le réalisateur Jeffrey Levy-Hinte s'est attelé à la réalisation d'un nouveau documentaire Soul Power au vu des centaines d'heures de rushes de cette aventure humaine (ou résumer douze heures de concert en moins de quatre vingt-dix minutes). Comme le rappelle pertinemment le film, si le combat Rumble in the Jungle fut à l'initiative de Don King, le festival est l'œuvre du trompettiste sud-africain Hugh Masekela et du producteur étasunien Stewart Levine, ces derniers voulant réunir sur une même affiche la musique noire issue des deux continents. Un projet symboliquement fort où il s'agissait de montrer à la fois les préparatifs et l'organisation du festival, les interviews des musiciens et bien sûr des extraits de concert.
L'un des premiers points forts de Soul Power est l'absence volontaire d'interviews rétrospectives ou pire de reconstitutions bancales le faisant rimer ainsi avec un vulgaire docufiction. Nous voici donc en totale immersion, à l'image des artistes découvrant le Zaïre, le premier souhait de Levy-Hinte étant de réaliser avant tout du ”cinéma vérité“ [1]. Le spectateur suit autant les soucis logistiques situés lors du premier tiers du métrage (le festival fut ainsi organisé six semaines avant le combat, celui-ci étant reporté après la blessure à l'œil de George Forman lors d'un entrainement), que le rapprochement culturel symbolique et la rencontre des musiciens avec le continent africain à l'image du percussionniste Ray Barretto improvisant avec des musiciens de rue.
A l'image de l'affiche du film, autant dans When We Were Kings l'épicentre du documentaire était évidemment Ali, autant dans Soul Power, la star n'est autre que le soul brother n°1, James Brown [2]. Un Godfather of soul (dont les initiales sont posées sur son costume de scène) ouvrant [3] et clôturant le film, mais qui, en aucun cas, atténue la portée des autres artistes. Au contraire. Fort d'une programmation parfait métissage entre les différentes formes de la musique afro-américaine et celle du vieux continent, se croisent la soul pop des Spinners et des Sister Sledge à celle plus intimiste de Bill Withers, le King of Blues BB King en passant par les rythmes latins de Celia Cruz accompagnée des Fania All Stars jusqu'au funk des Crusaders. Bref, un panel représentatif de la richesse de cette musique issue des ghettos sous la houlette du soul brother n°1. Et quand bien même on aurait souhaité une plus grande place à d'autres artistes africains, on ne peut qu'apprécier la présence tout sauf anecdotique des artistes zaïrois ou autres, telle que Miriam Makeba pour la plus célèbre, qui font quasi jeu égal avec les stars étasuniennes au niveau de la playlist. A ce titre, on appréciera les suppléments du DVD, ce dernier étant agrémenté de bonus judicieux, quatre chansons inédites dont le terrible Try Me de James Brown mais aussi des scènes coupées insistant un peu plus sur les déboires logistiques et autres problèmes d'organisation, des extraits de diverses jam-sessions ou des aspects de la vie quotidienne de la population à Kinshasa sous le joug du sinistre Mobutu.
En annexe, on pourra regretter que ce festival n'eut pas de suite immédiate, les collaborations artistiques entre les deux continents restant encore limitées. Pourtant, Zaïre ‘74 reste un festival précurseur, une manifestation symbolique, dont la couverture médiatique fut, certes, elle aussi restreintes [4], mais qui annoncera l'émergence la décennie suivante de ce que l'on nommera la world music.
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[1] Comme le souligne le cinéaste dans les notes de production dans les suppléments.
[2] Ce qui n'empêche pas de nous proposer quelques fameuses fulgurances de Mohammed Ali.
[3] A l'image de la page d'ouverture du DVD, cette dernière mise en lumière par le fameux refrain de la non moins célèbre chanson de JB, Say It loud, I'm black and Proud, une introduction idéale sous forme de catharsis pour un festival donné en terre africaine.
[4] Attendre presque trente-cinq ans pour découvrir un documentaire sur ce festival… c’est une longue attente…
le moins qu'on puisse dire c'est que ça donne envie de remuer !
RépondreSupprimer@ Diane: oui c'est un minimum vu la musique jouée :-D
RépondreSupprimerMoi je ne "remue" pas, mais je trouve ça cool quand même ;)
RépondreSupprimer@ Benjamin: En même temps remuer son popotin tout seul devant sa télé... on appelle ça les grands moments de solitude ^^
RépondreSupprimerça fait envie :-)
RépondreSupprimeren plus avec les producteurs de when we were kings, c'est du sérieux là :-)
@ Arbobo: On est effectivement ravi de constater que les producteurs du fameux documentaire aient remis le couvert par l'intermédiaire du monteur et réalisateur Jeffrey Levy-Hinte.
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