Et voici que déboule cette année The Bride Screamed Murder le nouvel album des inoxydables Melvins soit le groupe du non moins increvable King Buzzo accompagné, comme il se doit, par son marteleur de futs en chef, Dale Crover, et secondé pour la troisième fois depuis quatre ans par l'assise rythmique du trio Big Business (Jared Warren et Coady Willis).
Hormis quelques fans purs et durs, difficile d'admettre que les Melvins n'ont pas connu une parenthèse flottante après leur excellent Stag (1996), leur signature sur le label de Mike Patton n'ayant seulement en partie résorbé ce « passage à vide » avec l'apparition de leur trilogie expérimentale The Maggot/The Bootlicker/The Cry Baby sortie à l'orée du nouveau millénaire (1999-2000). Et si affirmer que, durant le début du nouveau millénaire, la bande à Buzzo avait perdu de sa superbe parait exagéré, les fulgurances ne manquant pas, force est de constater que la dispersion était de mise, à l'image des collaborations avec Jello Biafra ou Lustmord. Bref, les Melvins ressemblaient de moins en moins au groupe efficace de la première moitié des 90's pour devenir un groupe expérimental proche de l'inconstance. Or 2006 allait sonner le réveil du groupe après une longue pause de quatre ans.
Partenaire des délires bruitistes de Mike Patton au sein de Fantômas depuis 1999, le leader Buzz Osborne allait profiter de la mise en veille du génie du mal pour remettre à plat son groupe. Première étape, un retour synonyme de stabilité rythmique pour le duo Buzzo/Crover qui s'adjoignit les services d'un batteur supplémentaire et d'un nouveau bassiste (1). Seconde étape, avec les percutants (A) Senile Animal (2006) et Nude With Boots (2008), la formation étasunienne revenait tel un métronome tous les deux ans avec un nouvel album, tel ce The Bride Screamed Murder toujours chez Ipecac Recordings sorti en juin dernier.
L'album s'ouvre par un Water Glass où la patte du maitre King Buzzo est identifiable entre mille, un bon gros riff graisseux, celui même que les générations de gratteux hypercaloriques se gavent à l'envie depuis 25 ans (2), une guitare dissonante supplée par deux bucherons héritiers de Bonzo la bête, avant que ces derniers se lancent dans des rythmes hybrides proche d'une musique martialo-carnavalesque et que le groupe offre un concours de chant, digne des meilleurs chorales militaires... déviantes. The Bride Screamed Murder semble être parti sur de bonnes bases.
Et l'habitué des productions melvinsiennes sera en effet en terrain connu, le groupe distillant un savoir faire immuable au groove imparable à base de guitare épaisse et ébouriffante comme le couvre-chef de Buzzo, suivi d'une section rythmique évidemment énorme, véritable rouleau-compresseur rock'n'roll. Si les Melvins offrent peu de véritables surprises, creusant le sillon d'un Nude With Boots, l'album se distingue par le soin particulier à créer quelques atmosphères lugubres propres aux films de série B (Evil New War God, I'll Finish You Off ou la fin jazzy barré d'Hospital Up) déjà esquissées sur le précédent disque (Dies Iraea). De même, la qualité des nouvelles compositions, quand bien même celles-ci tendent à retrouver (maladroitement ?) la fraicheur perdue des débuts, fait mouche la plupart du temps à l'image d'un Evil New War God.
En guise de final, The Bride Screamed Murder se clôt par deux relectures. La plus originale de par son traitement, est la version doom du classique des Who, My Generation, cover surprenante où la rage adolescente cède sa place à une lenteur sépulcrale groovy (3), puis comme souvent chez les Melvins, une dernière chanson en marge, surprenante, par son ambiance diamétralement opposée aux déluges sonores antérieurs, ou la reprise d'une chanson folk irlandaise connue des spécialistes: Peggy Gordon intitulée pour l'occasion P.G. x 3.
Un 20ème album (studio) à conseiller à ceux qui voudrait découvrir la formation, The Bride Screamed Murder étant l'un des albums les plus accessibles de King Buzzo & co... en attendant la suite (4).
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(1) La quatre cordes étant un des éléments les plus instables depuis toujours chez le groupe, les Melvins ou la valse des bassistes.
(2) Un riff qui n'aurait pas dépareillé sur Wolverine Blues (1993) ou l'acte de naissance du death 'n' roll.
(3) Reprise jouée déjà en concert sur leur précédente tournée de 2008.
(4) D'autres habitués quant à eux pourront lui reprocher son "classicisme", un album un peu trop balisé, mais il pourrait aussi s'agir de la conclusion d'une trilogie entamée avec (A) Senile Animal, à suivre donc.
Hormis quelques fans purs et durs, difficile d'admettre que les Melvins n'ont pas connu une parenthèse flottante après leur excellent Stag (1996), leur signature sur le label de Mike Patton n'ayant seulement en partie résorbé ce « passage à vide » avec l'apparition de leur trilogie expérimentale The Maggot/The Bootlicker/The Cry Baby sortie à l'orée du nouveau millénaire (1999-2000). Et si affirmer que, durant le début du nouveau millénaire, la bande à Buzzo avait perdu de sa superbe parait exagéré, les fulgurances ne manquant pas, force est de constater que la dispersion était de mise, à l'image des collaborations avec Jello Biafra ou Lustmord. Bref, les Melvins ressemblaient de moins en moins au groupe efficace de la première moitié des 90's pour devenir un groupe expérimental proche de l'inconstance. Or 2006 allait sonner le réveil du groupe après une longue pause de quatre ans.
Partenaire des délires bruitistes de Mike Patton au sein de Fantômas depuis 1999, le leader Buzz Osborne allait profiter de la mise en veille du génie du mal pour remettre à plat son groupe. Première étape, un retour synonyme de stabilité rythmique pour le duo Buzzo/Crover qui s'adjoignit les services d'un batteur supplémentaire et d'un nouveau bassiste (1). Seconde étape, avec les percutants (A) Senile Animal (2006) et Nude With Boots (2008), la formation étasunienne revenait tel un métronome tous les deux ans avec un nouvel album, tel ce The Bride Screamed Murder toujours chez Ipecac Recordings sorti en juin dernier.
L'album s'ouvre par un Water Glass où la patte du maitre King Buzzo est identifiable entre mille, un bon gros riff graisseux, celui même que les générations de gratteux hypercaloriques se gavent à l'envie depuis 25 ans (2), une guitare dissonante supplée par deux bucherons héritiers de Bonzo la bête, avant que ces derniers se lancent dans des rythmes hybrides proche d'une musique martialo-carnavalesque et que le groupe offre un concours de chant, digne des meilleurs chorales militaires... déviantes. The Bride Screamed Murder semble être parti sur de bonnes bases.
Et l'habitué des productions melvinsiennes sera en effet en terrain connu, le groupe distillant un savoir faire immuable au groove imparable à base de guitare épaisse et ébouriffante comme le couvre-chef de Buzzo, suivi d'une section rythmique évidemment énorme, véritable rouleau-compresseur rock'n'roll. Si les Melvins offrent peu de véritables surprises, creusant le sillon d'un Nude With Boots, l'album se distingue par le soin particulier à créer quelques atmosphères lugubres propres aux films de série B (Evil New War God, I'll Finish You Off ou la fin jazzy barré d'Hospital Up) déjà esquissées sur le précédent disque (Dies Iraea). De même, la qualité des nouvelles compositions, quand bien même celles-ci tendent à retrouver (maladroitement ?) la fraicheur perdue des débuts, fait mouche la plupart du temps à l'image d'un Evil New War God.
En guise de final, The Bride Screamed Murder se clôt par deux relectures. La plus originale de par son traitement, est la version doom du classique des Who, My Generation, cover surprenante où la rage adolescente cède sa place à une lenteur sépulcrale groovy (3), puis comme souvent chez les Melvins, une dernière chanson en marge, surprenante, par son ambiance diamétralement opposée aux déluges sonores antérieurs, ou la reprise d'une chanson folk irlandaise connue des spécialistes: Peggy Gordon intitulée pour l'occasion P.G. x 3.
Un 20ème album (studio) à conseiller à ceux qui voudrait découvrir la formation, The Bride Screamed Murder étant l'un des albums les plus accessibles de King Buzzo & co... en attendant la suite (4).
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(1) La quatre cordes étant un des éléments les plus instables depuis toujours chez le groupe, les Melvins ou la valse des bassistes.
(2) Un riff qui n'aurait pas dépareillé sur Wolverine Blues (1993) ou l'acte de naissance du death 'n' roll.
(3) Reprise jouée déjà en concert sur leur précédente tournée de 2008.
(4) D'autres habitués quant à eux pourront lui reprocher son "classicisme", un album un peu trop balisé, mais il pourrait aussi s'agir de la conclusion d'une trilogie entamée avec (A) Senile Animal, à suivre donc.
Le meilleur pour commencer cette trilogie (j'ai décroché depuis un moment ) ou faut il le faire dans l'ordre?
RépondreSupprimerAh, sacrés Melvins!
RépondreSupprimerOn va s'écouter ça...
:-)
@La bUze: Je ne sais pas, je commencerai peut-être par Nude With Boots, sans doute l'essai le plus concluant de cette trilogie, puis ensuite celui-ci. :-)
RépondreSupprimer@Mmarsu: ;-)
j'aime beaucoup ce disque, je l'ai même préféré aux 2 premiers de cette trilogie. Mais ça ne vaut tout de même pas les tueries sorties lors de la 1e partie des 90's
RépondreSupprimer@ Nyko: oui il est plus immédiat que les deux précédents et évidemment, comparé à Houdini ou Stoner witch... ;-)
RépondreSupprimer"sepulcrale groovy", putain l'oxymore de ouf! Bon, NUDE WITH BOOTS ne m'avait pas enchanté, déjà... on peut dire ce qu'on veut, j'arrive pas à accrocher aux MELVINS, de toute façon!
RépondreSupprimerSysT
@ Syst: Effectivement, si tu n'arrives pas à accrocher ni à Houdini ni à Bullhead :(
RépondreSupprimerL'article est mieux que l'album. The Bride Screamed Murder n'apporte rien par rapport à Nude With Boots, si ce n'est qu'il est plus accessible. Quant aux deux reprises de fin...
RépondreSupprimer@ Benjamin F: A vrai dire, la trilogie n'apporte pas grand chose non plus, il faut bien l'avouer, l'utilisation des deux batteurs étant avant tout un argument scénique à ce propos.
RépondreSupprimerMaintenant, l'album n'est pas mauvais mais est à l'image de l'année 2010 que j'aime résumer par un: "bien mais pas top"...