Pourquoi ne pas s'attarder un instant sur le dénommé Hannie Caulder, ou l'une des sources (méconnues) ayant inspiré les aventures vengeresses de la vénéneuse Beatrix Kiddo de Quentin Tarantino ?
Les frères Clemens, aussi crasseux que bas du front forment de piètres hors-la-loi, mais n'en restent pas moins de dangereux bandits malgré leurs maigres butins récoltés au gré de leurs attaques toutes plus claudicantes les unes que les autres. Ce trio, qui a la caractéristique de partager un cerveau pour les deux ainés, Emmett (Ernest Borgnine) et Frank (Jack Elam), les quelques synapses restantes étant l'usufruit du dénommé Rufus Clemens [1], fuit l'armée mexicaine après un énième échec à mains armées. Pourchassés par les soldats, les Clemens s'arrêtent à un relais pony express pour y voler des chevaux. Fraîchement accueilli par le propriétaire, Rufus (Strother Martin) tue ce dernier et est réquisitionné pour récupérer quelques victuailles lorsqu'en ouvrant la porte du relais postal Rufus découvre... le décolleté de Mme Caulder (Raquel Welch).
Violée, battue, Hannie sort in extremis de son ancien foyer en proie aux flammes découvrant le cadavre de son mari abattu dans le dos. Habillée d'une seule couverture faisant office de poncho, la désormais veuve enterre son défunt conjoint avant d'errer le fusil de ce dernier à la main. Dans la nuit, elle fait la rencontre d'un chasseur de primes (Robert Culp) essayant en vain dans un premier temps de le convaincre à lui apprendre le maniement des armes à feu. D'abord réticent à assouvir la soif de vengeance de la brune meurtrie, Thomas Luther Price lui propose de le suivre jusqu'au Mexique où un ami fabricant d'armes (Christopher Lee) pourra lui concevoir un calibre plus adapté à son gabarit. Price va alors lui enseigner son art délicat... en espérant au fond de lui même qu'Hannie renonce au cours du temps à cette vendetta.
Un colt pour trois salopards, en dépit de son action et de son casting, est une production britannique, un détail semble t-il pour cette série B mais qui range au contraire cette dernière dans la catégorie du cinéma d'exploitation européen [2], celui même qui depuis un peu moins de dix ans réalisa du côté de la Cinecittà une table rase (salutaire) des codes (vieillissants) du western étasunien. Le film joue dès lors pleinement la carte du renouveau avec sa plantureuse vengeresse, son trio comique d'affreux, sales et méchants, et les deux figures tutélaires proche des westerns classiques incarnés par Culp et Lee.
Contrairement à ce que laissait craindre la filmographie anodine du réalisateur ou les affiches racoleuses de l'époque, Burt Kennedy met en scène un film efficace : glamour, violent, âpre par moment (la scène de viol notamment), mais non dénué d'humour avec le trio mené par un savoureux Jack Elam cabotinant à loisir. Quant à Miss Welch, celle-ci rend une copie suffisamment crédible, plus que l'image réduite que laissait prétendre son physique avantageux... qui n'en demeure pas moins mis en valeur sous forme de clins d'œil par plusieurs plans et situations sexy. Et si cette histoire de vengeance reste rudimentaire [3], le film a l'avantage d'aller à l'essentiel, offrant à Raquel Welch le premier rôle de pistolero au féminin. Rien de moins. Dont acte.
"Prenez un bain avec, il rétrécira sur vous..."
Hannie Caulder (Un colt pour trois salopards) | 1971 | 101 min
Réalisation : Burt Kennedy
Production : Patrick Curtis
Scénario : Burt Kennedy, David Haft
Production : Patrick Curtis
Scénario : Burt Kennedy, David Haft
Avec : Raquel Welch, Robert Culp, Ernest Borgnine, Christopher Lee, Jack Elam, Strother Martin, Diana Dors
Musique :Ken Thorne
Directeur de la photographie : Edward Scaife
Montage : Jim Connock
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[1] Auteur d'un parricide maladroit... comme la majorité de ses assassinats.
[2] Action se passant dans les faits au sud des États-Unis et au Mexique mais tournée comme grands nombres de production européenne en Espagne, non loin d'Almeria.
[3] Le personnage du chasseur de prime, surnommé le prêcheur, aurait mérité à être développé... à moins qu'il fut coupé au montage.
ça m'a donné envie de voir 800 balas un très bon western tapas en fin de compte. J'enchaîne avec maîtresses très particulières aux dialogues qu'Audiard lui-même n'aurait pas osé songer et je reviens
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