Film quasiment inconnu, I Love You de l'irrévérencieux Marco Ferreri fait immédiatement office d'ovni dans la filmographie de notre Totophe national. Mais pouvait-il en être autrement de la part du cinéaste (fatigué) de La grande bouffe ?
Sorti en 1986 entre Highlander et Le Sicilien de Michael Cimino, soit au plus fort de la popularité de Christophe Lambert, le long-métrage tendrait à prouver, si l'on se réfère aux témoignages de l'époque, le souhait précoce de l'acteur de casser son image, une envie comme tant d'autres d'alterner films grand public et projets plus personnels... perspective mis à mal par la suite tant la carrière de Lambert aura prouvé, en dépit du réel capital sympathie qu'il dégage, son incapacité à faire rarement les bons choix, entre insouciance et don manifeste (quoique inconscient) pour l'auto destruction artistique.
Michel (Christophe Lambert) vient de rompre avec sa moitié, partie pour d'autres latitudes. Mais une découverte va très vite lui faire oublier son triste sort. Un soir, il trouve un porte-clef à visage de femme: celui-ci ou plutôt celle-ci répond "I love you" en remerciement de quelques sifflements. Immédiatement sous le charme de cette étrange trouvaille, ce qui s'apparentait à un jeu au départ, vire à l'obsession...
Fort d'une carrière initiée au mitan des année 50 en tant que scénariste, marquée par les succès et les scandales, le début de la décennie 80 n'avait en rien entaché la verve du cinéaste italien à l'instar de son adaptation de Conte de la folie ordinaire (1981) d'après Bukowski. Or, l'année 86 aura finalement eu raison de Ferreri. I Love You ou l'histoire d'un type obsédé par un porte-clef. Si l'idée de départ avait de quoi laisser circonspect, le doute restait envisageable eu égard à son passé iconoclaste. Las. La folie contée une décennie plus tôt n'est plus. La présence de Christophe Lambert aura sans conteste aidé au financement d'un tel film... et, paradoxalement, ce dernier aura sans doute contribué en grande partie à l'oubli de cet I Love You. Mais que les amateurs déviants de Totophe soient rassurés, leur poulain crève l'écran, au même titre que son fameux rire [1] : la majeur partie du long-métrage pouvant se résumer à un festival de sifflements, de phrasés érotico-synthétiques et de rires Lambertiens.
Mais n'en déplaisent aux anti-Lambertiens primaires [2], si la prestation de l'immortel interprète de Beowulf, Raiden, Connor MacLoad handicape le film, celle-ci apparaît malheureusement comme la partie immergée d'un naufrage annoncé. L'esthétisme 80's banlieusard révèle davantage une triste réalité : la distance et le génial mauvais goût de Ferreri ne sont plus qu'une illusion. La provocation est aseptisée. L'outrance poétique, fille d'un Pasolini, disparue. Triste constat.
I Love You aurait gagné à prendre la forme d'un court-métrage. Dommage.
I Love You | 1986 | 101 min
Réalisation : Marco Ferreri
Production : Maurice Bernart
Scénario : Enrico Oldoini, Didier Kaminka, Marco Ferreri
Production : Maurice Bernart
Scénario : Enrico Oldoini, Didier Kaminka, Marco Ferreri
Avec : Christophe Lambert, Eddy Mitchell, Flora Barillaro, Agnès Soral, Anémone
Directeur de la photographie : William Lubtchansky
Montage : Ruggero Mastroianni
[1] Il n'aura fallu attendre que trois minutes de métrage avant d'entendre LE rire.
[2] Qu'ils se dénoncent les cuistres!
Non ? Un Ferreri avec Totophe ??? Comment a-t-on pu me cacher telle merveille durant toute ma vie ?!
RépondreSupprimer@ Thomas: Oui moi aussi, quand ma douce m'a évoqué la chose, j'ai eu du mal à y croire! :-P
RépondreSupprimerTrès dispensable. Malgré le brouillard du temps qui ne suffit pas à le réhabiliter!
RépondreSupprimer@ Mmarsu: Après si on est fan du rire de Totophe ;-D
RépondreSupprimerAhahaha oublié dans mes méandres lamartiniens ( et non lambertiniens), j'avais vu ce dérapage incontrôlé à sa sortie ( j'avais donc 14 ou 15 ans)
RépondreSupprimerMerci bien de me faire souvenir de cette erreur de jeunesse !
@ El Ultimo: Alors là, RESPECT si je puis dire :-D
RépondreSupprimervoir I Love You à sa sortie oO... encore que je connais quelqu'un qui a l'affiche(tte) du film de Ferreri :-P
L'aberration se trouve déjà sur l'affiche, un film qui réunit Eddy Mitchell & Christophe ;-)
RépondreSupprimerLambert
RépondreSupprimerUn film dont on parle peu aujourd'hui ! Merci pour ce billet et pour ce blog extra !
RépondreSupprimer@ Jerry: Oui j'ai pour mission tous les navets oubliés... ou pas ;-)
RépondreSupprimerMerci pour le compliment :-)
regarde le et tu comprendras viteuf pourquoi on en parle peu, que ce soit aujourd'hui hier ou demain...
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