Trois ans. Une éternité en somme que les floridiens n'avaient pas donné signe de vie, du moins n'étaient revenus d'entre les morts [1] depuis leur précédent World Demise. Album marqué par les expérimentations initiées par la paire Trevor Peres et Donald Tardy, ce disque, quoique inégal, s'inscrivait dans une démarche louable d'émancipation, au risque de perdre un auditoire conservateur davantage habitué aux sempiternelles recettes. Dont acte. A la vision de la pochette et du titre de l'album, force est de constater que l'envie de classer ce Back from the Dead comme un retour au bercail mortifère apparaîtrait comme une évidence. Or si ce cinquième album d'Obituary augurait un retour évident à leurs origines gore, ce disque n'en demeurait pas moins une fois encore, et pour la dernière fois, un opus atypique à l'image du choix du producteur, Jaime Locke, ayant précédemment fait ses armes du côté du hardcore new-yorkais.
Premier point. D'un premier album Slowly We Rot qui les voyait côtoyer le récent sludge louisanien [2] à un World Demise se rapprochant d'un hardcore mid-tempo, Obituary n'avait jamais caché son attrait pour un genre éloigné des habituelles considérations musicales de leurs pairs. Dès lors rien d'étonnant sur le papier de proposer le poste précédemment occupé au culte Scott Burns à Jaime Locke, ingénieur du son sur One Voice (1992) d'Agnostic Front et producteur du Set It Off (1994) et du
Demonstrating My Style (1996) de Madball (pour marquer cette rupture, l'album, contrairement aux précédents, fut cette fois-ci enregistré au Criteria Recording de Miami et non au Morrisound Recording).
Second point. Déjà évoqué par le passé, la Stratocaster du guitariste Trevor
Peres qui, au même titre que l'art vocal putride dans lequel John Tardy est passé maître, s'inscrit irrémédiablement comme l'une des caractéristiques sonores d'Obituary, une guitare rythmique leur conférant en d'autres termes un groove unique, et reconnaissable entre tous, parmi la scène floridienne.
Dernier album avant une absence longue de six ans (le groupe se reformera en 2003), Back from the Dead présentait une formation portée à bout de bras par Trevor Peres (dans une ancienne interview, annonciatrice du hiatus à venir, ce dernier confiait, non sans incompréhension, le manque de motivation, sans les nommer, de certains des musiciens). Un leadership évident qui accorderait dès lors l'omniprésence de sa guitare, favorisant naturellement ce cinquième disque à devenir l'album le plus groove de leur discographie.
A l'instar du surprenant Don't Care qui ouvrait World Demise, Threatening Skies montrait de nouveau un visage différent d'Obituary, leur réponse en quelque sorte au death 'n' roll suédois introduit par Entombed quelques années plus tôt. Efficace. Avec une première moitié proche du sans faute (soit quasiment la totalité, à l'exception du morceau éponyme, des titres qui figurent sur leur prochain album live Dead), le disque offrait son lot de moments accrocheurs, de riffs telluriques et de batterie massive, suffisamment pour nous faire oublier les solos réchauffés (ou peu inspirés) d'un Allen West [3] qui n'aura jamais aussi bien porté son nom, et une seconde moitié très anecdotique. Enfin, à l'instar de Redefine sur le précédent album qui comportait quelques samples hip-hop, Obituary concluait le disque avec un remix de By The Light, nommé pour l'occasion Bullituary, en invitant les obscures Diablo D et Skinner T du groupe rap The Bully Boys. Un morceau marginal à prendre pour ce qu'il est, un bonus, rien de plus, rien de moins, mais qui avait au moins le mérite de froisser la susceptibilité d'une part de leur public.
Dernier album de la première période d'une formation prêt à raccrocher les gants, Back from the Dead s'avère, deux décennies après sa sortie, un disque globalement convaincant compte tenu de l'investissement disparate des divers protagonistes. Quasiment moribond, diminué, Obituary signait avec BFTD un exercice de style groove qui aurait sans doute mérité une meilleure production [4] et des compositions moins inégales dans sa seconde moitié. Qu'importe. Reste désormais des classiques tels Threatening Skies et By The Light.
Titres :
01. Threatening Skies / 02. By The Light / 03. Inverted / 04 Platonic Disease / 05. Download / 06. Rewind / 07. Feed On The Weak / 08. Lockdown / 09. Pressure Point / 10. Back From The Dead / 11. Bullituary (Remix)
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[1] Du moins le pensait-on, ce cinquième album studio et la tournée qui s'en suivi, dont le disque live intitulé Dead (1998) marque un précieux témoignage, allait sonner le début d'un longue mise en sommeil avant la sortie de Frozen in Time en 2005.
[2] Crowbar et Eyehategod se sont formés à la même époque.
[3] West, qui avant le rappel des troupes par Peres, avait déjà intégré le nouveau groupe de Chris Barnes (ex-Cannibal Corpse), Six Feet Under après la tournée World Demise.
[4] A l'écoute de Dead, la comparaison des versions live et studio, par exemple celles de Rewind, est manifeste et cruelle : la production de Locke s'avère des plus moyennes.
[4] A l'écoute de Dead, la comparaison des versions live et studio, par exemple celles de Rewind, est manifeste et cruelle : la production de Locke s'avère des plus moyennes.
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