Cronico Ristretto : Free - Iggy Pop (2019)

Annoncé le 17 juillet dernier, suivi un mois plus tard par la sortie du premier single James Bond, le dix-huitième album solo d'Iggy Pop sortait le 6 septembre dernier. Décrit à la presse comme un disque « exclusivement sombre et contemplatif », à l'image du premier extrait éponyme, Free faisait suite, pour rappel, au remarqué Post Pop Depression (2016), où l'Iguane accompagné de Josh Homme, leader des Queens of the Stone Age [1], se proposait de rendre un hommage appuyé à ses années berlinoises. D'un album, qui s'apparentait davantage à un side-project, annoncé à l'époque par le premier intéressé comme son tout dernier disque, l'année 2019 aura donc vu, une fois encore, l'iguane changer de peau et nous la faire à l'envers. Au jeu du verre à moitié plein ou à moitié vide, et à la décharge du désormais septuagénaire, PPP était effectivement, et sans aucun doute, son dernier album 100 % rock. A l'instar de la voie tracée par ce dernier depuis plus deux décennies, James Osterberg enfilait une fois encore son costume de crooner reptilien. A bon entendeur.

De l'adage qui veut qu'un album solo d'Iggy Pop sonne (trop souvent) comme le disque de celui qui l'a coécrit/produit, Free ne déroge pas, sans surprise, à cette règle. Qu'importe. Nous étions prévenus. Entouré d'une jeune garde de musiciens, en tête Sarah Lipstate alias Noveller en charge des "guitarscapes" et le trompettiste de Houston Leron Thomas, Iggy Pop livre avec ce nouvel opus un album grave et introspectif. Hanté par la trompette fantomatique de Thomas, celui-ci signant la majeure partie des compositions, Free a tout de l'album testament. Interprété par le survivant d'une musique qui a connu son heure de gloire lors du siècle dernier, Free se détache toutefois de toute nostalgie rock sans réfuter son statut d'album crépusculaire, avec son triptyque Spoken word, We Are the People écrit [2] par Lou Reed en 1970 après son départ du Velvet Underground, Do Not Go Gentle into That Good Night d'après un poème de 1951 de Dylan Thomas et l'apparentée outro The Dawn, qui clôt le disque. Dont acte.

Sorti, de son propre aveu, vidé après la précédente tournée, Iggy fait le bilan et invoque son désir de liberté à soixante-douze ans. Soit. Sombre, dans son ensemble (car ce serait vite oublier la capacité dudit iguane à jouer les idiots, et autres troubles fêtes, avec le funky James Bond [3] et la saillie envers le sexe online bon marché nommée Dirty Sanchez qui allègent, ou plombent, le contenu au détriment de la cohérence de l'opus), le disque se caractérise également par sa concision (trente-trois minutes au compteur) et sa production dépouillée, sujette à caution, faite de réverbération et de rythmes électroniques minimalistes.

Après les dispensables Après et Préliminaires, Free, à défaut de totalement convaincre (la faute à ce ventre mou de titres dispensables), n'en demeure pas un essai ou plutôt une démo intéressante, qui aurait gagné à contenir davantage de chansons du calibre de Loves Missing ou Sonali






Titres :
01. Free / 02. Loves Missing / 03. Sonali / 04. James Bond / 05. Dirty Sanchez / 06. Glow in the Dark / 07. Page / 08. We Are the People / 09. Do Not Go Gentle into That Good Night / 10. The Dawn
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[1] Et entouré de Dean Fertita, des QOTSA et de the Dead Weather, et de Matt Helders, des Arctic Monkeys.

[2] Poème inédit qui fut publié l'année dernière dans le livre Do Angels Need Haircuts?

[3] Il y a cinquante ans, Iggy voulait être un chien... maintenant sa maitresse veut jouer les James Bond. Pour la transgression, on repassera...

2 commentaires:

  1. et bien moi ça m’embêterai que ce soit son dernier ! il m'a quand même bien fait chier ce disque....

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    1. Mais rien n'est moins sûr que papy Iggy revienne au rock!

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