L’une des constantes qu’on retrouve souvent parmi les amateurs de musique, c’est cet orgueil qu’ont certaines personnes envers la supposée ignorance artistique de leur interlocuteur. Il y a quelques années, lors d’une brève concernant Lisa Gerrard dans un magazine musical, le chroniqueur critiquait Michael Mann d’avoir utilisé quelques chansons de la diva pour l’une de ses bandes originales (celle de The Insider), et par extension les personnes qui découvriraient la diva grâce à la dite BO. Primo, je n’ose imaginer la tête du pisse-froid quand il a découvert la participation de Gerrard à Gladiator. Deuxio, Mann avait déjà repris deux chansons de la dame pour son précédent film, Heat, (chansons issues de The Mirror Pool). Tertio, cette petite anecdote me permet surtout de souligner une fois encore le savoir-faire de sieur Mann en matière de score. Mann proposa ainsi également deux titres composés par le guitariste norvégien Terje Rypdal, Last Night et Mystery Man sur la bande originale de son film de 1995. Or, n’en déplaise à certains (suivez mon regard), ce choix m’a permis de découvrir un guitariste méconnu (pour celui qui n’écoutait principalement que du rock), le catalogue ECM m’étant totalement étranger à cette époque.
Comment définir le style de Terje Rypdal ? Premier indice, je vous ai indiqué qu’il était signé chez ECM. De manière caricaturale, ou en usant de quelques raccourcis faciles, le style Rypdalien se rapproche de celui de son compatriote Garbarek, à savoir un savant mélange entre le jazz et une musique minimaliste (les mauvaises langues pourront taxer cette musique de new-age). Autre point commun, les deux messieurs ont collaboré à leurs débuts. Je ne saurais vous conseiller l'écoute d'Afric Pepperbird de Jan Garbarek avec Terje comme sideman pour vous convaincre de leurs jeunes années teintées de free jazz. Différence notable, cependant, le guitariste Rydpal y incorpore des influences rock (peu surprenant compte de la génération du garçon), tandis que Garbarek est plus sensible aux musiques du monde.
En 1980, Rypdal sort Descendre, album nous présentant une configuration rare dans le jazz, à savoir un trio composé d’un guitariste, d’un trompettiste (Palle Mikkelborg) et d’un batteur (Jon Christensen) ; ces derniers n’hésitant pas à tâter d’autres instruments : claviers (Rypdal/ Mikkelborg), flute (Rypdal) ou basse (Christensen). Les admirateurs de Miles Davis remarqueront la présence de Palle Mikkelborg, trompettiste à qui l’on doit la composition du méconnu Aura, dernier disque de Davis pour la Columbia (et aussi une des raisons de la brouille entre le sanguin souffleur et son label historique). Finalement, comme souvent chez le label munichois, la pochette synthétise assez bien l’ambiance du disque : froide, grave et contemplative. Pour la dernière définition, difficile de prétendre le contraire, tant cette musique invite au voyage l’auditeur. Pour la froidure, vous noterez par ci par là, quelques couleurs chaudes sur la dite pochette, et bien ces dernières sont bien présentes sur Descendre, du moins par touche. Maintenant, il ne s’agit certes pas du disque le plus facile d’écoute de Rypdal (comparativement aux extraits issus de la BO de Heat par exemple), certains titres ayant un niveau d’abstraction suffisamment élevé (le morceau Circles) pour décontenancer l’auditeur novice (sans compter les interventions de Christensen à la batterie). Néanmoins, la ligne mélodique apportée par la paire Rypdal/Mikkelborg (comme sur Speil qui clôt le disque) devrait permettre aux plus curieux de s’accrocher un minimum, l’exploration de ce disque offrant de multiples facettes, préfigurant sans nul doute l’électro-jazz norvégien des 90’s.
A découvrir.
Comment définir le style de Terje Rypdal ? Premier indice, je vous ai indiqué qu’il était signé chez ECM. De manière caricaturale, ou en usant de quelques raccourcis faciles, le style Rypdalien se rapproche de celui de son compatriote Garbarek, à savoir un savant mélange entre le jazz et une musique minimaliste (les mauvaises langues pourront taxer cette musique de new-age). Autre point commun, les deux messieurs ont collaboré à leurs débuts. Je ne saurais vous conseiller l'écoute d'Afric Pepperbird de Jan Garbarek avec Terje comme sideman pour vous convaincre de leurs jeunes années teintées de free jazz. Différence notable, cependant, le guitariste Rydpal y incorpore des influences rock (peu surprenant compte de la génération du garçon), tandis que Garbarek est plus sensible aux musiques du monde.
En 1980, Rypdal sort Descendre, album nous présentant une configuration rare dans le jazz, à savoir un trio composé d’un guitariste, d’un trompettiste (Palle Mikkelborg) et d’un batteur (Jon Christensen) ; ces derniers n’hésitant pas à tâter d’autres instruments : claviers (Rypdal/ Mikkelborg), flute (Rypdal) ou basse (Christensen). Les admirateurs de Miles Davis remarqueront la présence de Palle Mikkelborg, trompettiste à qui l’on doit la composition du méconnu Aura, dernier disque de Davis pour la Columbia (et aussi une des raisons de la brouille entre le sanguin souffleur et son label historique). Finalement, comme souvent chez le label munichois, la pochette synthétise assez bien l’ambiance du disque : froide, grave et contemplative. Pour la dernière définition, difficile de prétendre le contraire, tant cette musique invite au voyage l’auditeur. Pour la froidure, vous noterez par ci par là, quelques couleurs chaudes sur la dite pochette, et bien ces dernières sont bien présentes sur Descendre, du moins par touche. Maintenant, il ne s’agit certes pas du disque le plus facile d’écoute de Rypdal (comparativement aux extraits issus de la BO de Heat par exemple), certains titres ayant un niveau d’abstraction suffisamment élevé (le morceau Circles) pour décontenancer l’auditeur novice (sans compter les interventions de Christensen à la batterie). Néanmoins, la ligne mélodique apportée par la paire Rypdal/Mikkelborg (comme sur Speil qui clôt le disque) devrait permettre aux plus curieux de s’accrocher un minimum, l’exploration de ce disque offrant de multiples facettes, préfigurant sans nul doute l’électro-jazz norvégien des 90’s.
A découvrir.
c'est fini cette paranoïa sur les intro! Pour dire vrai, en général, je lis que ça :$
RépondreSupprimerLittle bird
PS: un post par mois, c'est cool je peut être synchro!
"La Gerrard" contribue en tout cas grandement à faire de la musique de Heat une grande réussite, certains d'ailleurs, parmi lesquels l'auteur de ces lignes (qui n'est toujours pas atteinte de Delonite, non non), oseraient même dire que c'est de loin ce qu'il y a de plus intéressant dans ce film ^^
RépondreSupprimerMais il est vrai que Terge Rypdal fait une très belle musique également (c'est un peu le principe des artistes de chez ECM que de proposer une musique qui se veut toujours belle dans toute sa contemplation me dira-t-on, mais quand même).
rooooooooh mais il a la dent dure l'anonyme, pour moi le film et la BO sont complementaires au film et penses ainsi (de la part De Mann, quoi de plus normal), les deux faisant partie integrante de l'oeuvre Maanienne. Enfin, je peux comprendre qu'on soit plus sensible a la musique qu'au film ;-)
RépondreSupprimerMaintenant, je ne critiquerai pas les gens atteints de Delonite (aigue ou non), deja parce que j'aime en user de tempsen temps. Ceci dit, j'ai aussi une certaine sympathie pour l'utilisation de la 1ere personne du pluriel, utiliser le "nous" pour parler de soi, quel chic :P
Ah mais ça se voit que la musique et le film sont pensés pour être complémentaires, mais "nous" dirons que nous préférons la voix envoutante de Lisa Gerrard aux fusillades interminables, simple question de préférence... ;)
RépondreSupprimeril vous en prie... :D
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