Question triviale en guise d'amuse-bouche, faut-il être né : 1/ dans le désert (depuis trop longtemps?) pour avoir une quelconque crédibilité musicale en matière de stoner rock d'obédience kyussienne 2/ au bord de la San Francisco Bay Area pour arborer fièrement un apparat psychédélique de bon aloi ? A la première interrogation, on pourra déjà sortir de son chapeau la formation munichoise Colour Haze qui depuis plus d'une dizaine d'années nous gratifie d'un stoner inspiré des plus kyussiens. Quant à la seconde, le vieux continent n'a pas attendu longtemps avant de s'enivrer des vapeurs artificielles et des senteurs patchouliennes, le Summer of Love de 1967 étant le parfait exemple et la preuve que la patrie du Grateful Dead n'avait pas le monopole du psychédélisme.
La Scandinavie avait déjà montré la voie durant les 90's avec quelques belles formations tels que les Spiritual Beggars de l'ex-Carcass Michael Amott et leur Another Way to Shine aux grandes oreilles. Dès lors, apprendre la nationalité danoise de Causa Sui, pays certes plus reconnu par une certaine frange comme celui qui a vu naitre un ancien anti-napster primaire ou un castrat maquillé en épouvantail lugubre, ne doit pas enfreindre la curiosité des amateurs de riffs hypnotiques et d'ambiances planantes tout en n'omettant pas, par moment, une lourdeur metallo-pachydermique bien sentie. Et puis pour faire taire les premiers récalcitrants, un groupe de rock qui cite comme influences Soft Machine, Jimi Hendrix et John Coltrane peut-il être foncièrement mauvais ?
Après un premier album sorti en 2005 puis un deuxième deux ans plus tard, le trio composé de Jonas Munk aux guitares, claviers et effets électroniques, de Jess Kahr à la basse et de Jakob Skøtt à la batterie sort à partir d'aout 2008 le premier volet de leur Summer Sessions, se concluant en juin de l'année suivante par les deux derniers volumes. Au-delà du titre de l'album composé en trois volets, hommage déguisé ou non aux sessions désertiques de Josh Homme, ces séances estivales s'en détachent suffisamment pour ne risquer à aucun moment une quelconque comparaison malheureuse, les trois volumes, comme pouvait le laisser apparaitre les trois noms cités plus haut, lorgnant plus vers la musique de la fin des 60's-début 70's qu'une vulgaire resucée stoner anémique.
Le premier volume des Summer Sessions de Causa Sui joue parfaitement son rôle d'initiateur à vrai dire. De leur récent passé de formation krautrock, le trio garde un goût évident pour les rythmiques hypnotiques et répétitives sur la suite de 25 minutes en ouverture intitulée Visions of Summer, Jonas Munk ayant autant assimilé les débuts de Amon Dull II que les longues plages instrumentales propre à l'acid-rock des 60's, avec néanmoins un goût prononcé pour les solos cristallins et pour les fins orgiaques où l'ombre d'un Santana n'est jamais bien loin. Ce premier volet résume avant tout les diverses influences de la formation dont deux des plus réjouissantes, annonçant un volume deux des plus exaltants, soit faire côtoyer le temps de Portixeddu le groove d'un Carlos Santana et la folie d'un Pharoah Sanders [1], ou Soul Sacrifice revisité par Fun House. Finalement, le disque se clôt par un Soledad aux réminiscences kyussiennes, soit la porte d'entrée vers un futur Summer Sessions Vol. 3.
Dès lors, si le premier album a un objectif déguisé, c'est bien celui de mettre en appétit l'auditeur lui offrant un panel du savoir-faire causa suien. Le Volume 2 s'ouvre ainsi sur le court Sun Prayer, nous rappelant au bon souvenir du mélodique Oasis de Pat Metheny issu de son Watercolors. Interlude contemplative où comment prendre le contrepied en découvrant le reste du disque, la référence jazz précédente permettant de souligner avant toute chose la teinte primordiale de ce dernier, à savoir un savoureux mélange de stoner mâtiné d'une bonne louche de psychédélique sous la houlette d'un formidable saxophone rugissant (Rip Tide) joué par le dénommé Johan Riedenlow, et secondé par le claviériste danois Rasmus Rasmussen [2]. Puis vient déjà le plat de résistance de la face B de l'album [3] passé un Cinecittá des plus légers, Tropic Of Capricorn, où de nouveau Jonas Munk fait étalage de tout son feeling pour une jam session des plus débridées entre un clavier vintage caravanseraien durant la première partie et un Johan Riedenlow toujours aussi impérial durant la seconde. Summer Sessions Vol. 2 ou le volet le plus aventureux.
Comme annoncé précédemment, le dernier volume est sans doute celui qui offre le moins de surprise, tout du moins le plus kyussien comme ce bien nommé Red Valley qu'on croirait tout droit sorti de Welcome to Sky Valley de la bande à Homme, avec néanmoins une approche plus atmosphérique et toujours ce saxophone tourbillonnant (Santa Sangre et Eugenie). Une Summer Sessions Vol. 3 à la fois donc plus lourde, mais aussi plus mélodique (Venice By The Sea) et plus cadrée, soit moins portée sur les très longues plages instrumentales improvisées [4].
Après un premier album sorti en 2005 puis un deuxième deux ans plus tard, le trio composé de Jonas Munk aux guitares, claviers et effets électroniques, de Jess Kahr à la basse et de Jakob Skøtt à la batterie sort à partir d'aout 2008 le premier volet de leur Summer Sessions, se concluant en juin de l'année suivante par les deux derniers volumes. Au-delà du titre de l'album composé en trois volets, hommage déguisé ou non aux sessions désertiques de Josh Homme, ces séances estivales s'en détachent suffisamment pour ne risquer à aucun moment une quelconque comparaison malheureuse, les trois volumes, comme pouvait le laisser apparaitre les trois noms cités plus haut, lorgnant plus vers la musique de la fin des 60's-début 70's qu'une vulgaire resucée stoner anémique.
Le premier volume des Summer Sessions de Causa Sui joue parfaitement son rôle d'initiateur à vrai dire. De leur récent passé de formation krautrock, le trio garde un goût évident pour les rythmiques hypnotiques et répétitives sur la suite de 25 minutes en ouverture intitulée Visions of Summer, Jonas Munk ayant autant assimilé les débuts de Amon Dull II que les longues plages instrumentales propre à l'acid-rock des 60's, avec néanmoins un goût prononcé pour les solos cristallins et pour les fins orgiaques où l'ombre d'un Santana n'est jamais bien loin. Ce premier volet résume avant tout les diverses influences de la formation dont deux des plus réjouissantes, annonçant un volume deux des plus exaltants, soit faire côtoyer le temps de Portixeddu le groove d'un Carlos Santana et la folie d'un Pharoah Sanders [1], ou Soul Sacrifice revisité par Fun House. Finalement, le disque se clôt par un Soledad aux réminiscences kyussiennes, soit la porte d'entrée vers un futur Summer Sessions Vol. 3.
Dès lors, si le premier album a un objectif déguisé, c'est bien celui de mettre en appétit l'auditeur lui offrant un panel du savoir-faire causa suien. Le Volume 2 s'ouvre ainsi sur le court Sun Prayer, nous rappelant au bon souvenir du mélodique Oasis de Pat Metheny issu de son Watercolors. Interlude contemplative où comment prendre le contrepied en découvrant le reste du disque, la référence jazz précédente permettant de souligner avant toute chose la teinte primordiale de ce dernier, à savoir un savoureux mélange de stoner mâtiné d'une bonne louche de psychédélique sous la houlette d'un formidable saxophone rugissant (Rip Tide) joué par le dénommé Johan Riedenlow, et secondé par le claviériste danois Rasmus Rasmussen [2]. Puis vient déjà le plat de résistance de la face B de l'album [3] passé un Cinecittá des plus légers, Tropic Of Capricorn, où de nouveau Jonas Munk fait étalage de tout son feeling pour une jam session des plus débridées entre un clavier vintage caravanseraien durant la première partie et un Johan Riedenlow toujours aussi impérial durant la seconde. Summer Sessions Vol. 2 ou le volet le plus aventureux.
Comme annoncé précédemment, le dernier volume est sans doute celui qui offre le moins de surprise, tout du moins le plus kyussien comme ce bien nommé Red Valley qu'on croirait tout droit sorti de Welcome to Sky Valley de la bande à Homme, avec néanmoins une approche plus atmosphérique et toujours ce saxophone tourbillonnant (Santa Sangre et Eugenie). Une Summer Sessions Vol. 3 à la fois donc plus lourde, mais aussi plus mélodique (Venice By The Sea) et plus cadrée, soit moins portée sur les très longues plages instrumentales improvisées [4].
Au final, une des découvertes de 2009 et un des coups de cœur tardifs pour un groupe adepte de stoner-kraut-psych-jazz rock [5].
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[1] Quoi de plus normal me direz-vous, ces deux derniers étant tous les deux dévoués au génie de Coltrane.
[2] Ça ne s'invente pas un tel patronyme, plus danois que ça...
[3] Les 3 volumes étant sortis au départ au format vinyle, et donc pensés comme tel.
[4] Encore que Red Valley avoisine les 10 minutes... et Santa Sangre ou Eugenie les 8 minutes...
[5] Menu certes roboratif mais tout à fait digeste, comme quoi...