Pyramid of The Moon - Shrinebuilder [2009]
2009 aura vu l'une des belles surprises du doom metal et apparenté, un casting de luxe pour un supergroupe qui ô joie n'enquille pas les déceptions et autres désillusions à grand renfort de publicités ravageuses. Cela dit, qui à part un amateur de riff rampant peut s'émerveiller de voir Scott "Wino" Weinrich des cultes St Vitus/The Obsessed, Scott Kelly le leader de Neurosis, le bassiste de Om/Sleep Al Cisneros et rien de moins que le batteur des Melvins, Dale Crover au sein d'une même formation? Un casting de luxe, pour un album réjouissant, mise en boîte en seulement trois jours, où chacun apporte sa touche personnelle à des compositions bien plus inspirées que les dernières productions des dits musiciens: tel Wino et sa science stoner, baroudeur d'un psychédélisme mal embouché ou Cisneros nous conviant le temps d'un Pyramid of The Moon à une de ses transes stoner dont il a le secret. Shrinebuilder ou l'exception confirmant la règle que quelquefois, supergroupe ne rime pas avec baudruche. Le 20 avril à La Maroquinerie sur Paris.
Keep You Beautiful - Tindersticks [2010]
Il fut un temps, soit après Simple Pleasure en 1999, où les sorties du groupe de Stuart Staples enthousiasmait moins en moins de monde (avec certes quelques sursauts comme leur travail pour la cinéaste Claire Denis mais pour une poignée d'initiés). Puis vient un certain The Hungry Saw, album du retour après cinq années de silence en 2008, les Tindersticks à la recherche de la fraicheur perdue, vers une simplicité voire crudité qui manquait cruellement aux précédents essais empêtrés dans des arrangements bien trop encombrants. A l'écoute de ce Falling Down a Mountain, on était en droit de penser que les anglais allaient suivre la voix tracée par The Hungry Saw, mais comme souvent dans pareil cas, les britanniques perfides par nature ne sont pas là où on les attendait, enfin pas totalement. A défaut de prendre un chemin de traverse, les Tindersticks reprennent certains réflexes du passé, un album classique, sans surprise mais suffisamment plaisant où les ambiances soul-jazz et les instrumentaux brumeux ont toujours leur place... avec néanmoins une mention importante: Stuart Staples et sa bande nous livrent sans aucun doute leur œuvre la plus "joyeuse".
K.K.P.D. - Christian Scott [2010]
Yesterday You Said Tomorrow ou l'un des albums les plus enthousiasmants et riches du premier trimestre de cette année, un des rares albums avec le dernier Polar Bear qui laisse une impression de découverte à chaque écoute. Ce jeune prodige en provenance de la Nouvelle-Orléans, élève de Doc Cheatham, livre un album coup de poing, engagé sur le fond comme pouvait l'être ceux de ses ainés à l'image du We Insist! de Max Roach... bien loin des préoccupations passéistes voire nombrilistes des White Lions des trente dernières années. Cet amateur du Noble Art tout comme l'était Miles Davis, musicien professionnel depuis l'âge de 13 ans et ancien sideman de McCoy Tyner offre sinon un nouveau visage au jazz, tout du moins une modernité qui tient paradoxalement plus à son enracinement culturel qu'à une volonté de suivre l'ère du temps, où l'on retient en premier lieu sa sincérité (et la qualité de ses musiciens, du batteur virtuose (K.K.P.D.) au lyrisme d'une guitare proche d'un Bill Frisell (American't)). Alors faut-il rajouter que cet album fut enregistré par le vénérable Rudy Van Gelder et que pour les amateurs de pop/rock, cet album contient une excellente reprise de The Eraser de Thom Yorke, soit encore un beau passeport destiné aux néophytes qui souhaiteraient découvrir le jazz (1).
Numb - Portishead [1994]
Numb ou le premier EP des anglais sorti quelques mois avant le tellurique Dummy. Un maxi qui de prime abord pourrait sembler accessoire mais qui pour les raisons historiques cités précédemment (soit la jurisprudence du fameux contexte historique) a eu le mérite de mettre en lumière une des formations phares des moroses 90's ou le premier coup de pied dans la fourmilière. Un maxi ne dérogeant pas à la règle en matière de musique électronique en général, à savoir un disque où les faces B sont avant tout des remixes du single à l'exception du titre A Tribute to Monk. Pourtant, l'amateur des bristoliens devraient trouver son compte, les remixes étant plus proches d'une relecture que d'un simple rhabillage sonore arty, les dites faces B portant à ce propos des patronymes distincts: Numbed in Moscow, Revenge of the Number, le fantomatique Earth - Linger et Canatella. Quant à l'hommage au grand Thelonious, celui-ci joue parfaitement son rôle de titre expérimental n'ayant nullement sa place sur le prochain album, un long instrumental groove teinté d'ambiance soul-jazz soutenu par un beat hip-hop massif.
Dance with Waves - Anouar Brahem [2009]
Délaissant son trio formé avec François Couturier (2) et Jean-Louis Matinier avec qui il enregistra deux albums (Le pas du chat noir puis Le Voyage de Sahar), le tunisien revient en quatuor accompagné de Klaus Gesing à la clarinette basse, Björn Meyer à la basse électrique et Khaled Yassine à la darbouka et au bendir. Le choix de la clarinette basse pourra dans un premier temps remémorer aux habitués l'album Thimar (avec le duo anglais Dave Holland/John Surman), cela étant, ce The Astounding Eyes Of Rita semblerait finalement plus proche des débuts de Brahem, tel l'aventureux et attachant Conte de l'incroyable amour. Pour autant, ce nouvel album va bien au delà de la redite que laissait présager une première écoute distraite, la paire "occidentale" dont en particulier le bassiste Björn Meyer ajoute une rondeur et chaleur absentes des derniers disques... pour ainsi perdre l'auditeur dans les yeux de la dénommée Rita.
Untitled # 1 - David Lynch [2007]
Untitled # 1 - David Lynch [2007]
Du 24 février au 27 mai 2007 s'est tenue à la Fondation Cartier une rétrospective du cinéaste intitulée The Air is on Fire où se regroupait divers œuvres visuelles et sonores du père de Blue Velvet. Parallèlement, un album du même nom sortit la même année sur le label Strange World Music, celui-ci regroupant les diverses créations sonores du maitre pour la dite expo. En guise de préambule, The Air is on Fire est sous-titré de la mention Soundscape indiquant dès lors la nature du propos pour les quelques égarés en chemin. Lynch revient donc à ses premiers amours, celui du collage sonore et des ambiances fantomatiques, celles même qui l'ont fait connaitre d'un public d'initiés lorsque ce dernier s'adjoignit les services d'Alan Splet pour créer la bande sonore d'Eraserhead. Une musique d'ambiances troublantes et inquiétantes parsemées de divers effets: bruits de verre cassé, électrochoc, etc. guidées par des nappes sourdes et troubles à l'image du Untitled # 1 évoquant celle d'une bande originale d'un autre cinéaste/musicien, John Carpenter et son Fog.
Mama Said Knock You Out - LL Cool J [1990]
Avant de jouer les cuistots au prise avec de vicieux requins numériques (les terroristes étant la chasse gardée de notre démembreur d'épaules favori) et de tourner dans le spin-off d'une des séries US alliant le mieux la ringardise, la morale réac et le succès populaire, LL Cool J eut une crédibilité musicale dans le milieu du rap old school, avec en point d'orgue son album de 1990, Mama Said Knock You Out... avant de retomber dans ses travers quelques putassiers. LL Cool J laisse donc tomber le survêtement pour mieux montrer ses bijoux de famille après l'éparpillement de ses fans hardcore, son précédent disque, Walking with a Panther, ayant la fâcheuse habitude de lorgner un peu trop vers les chansons d'amour. Ainsi ce Mama Said Knock You Out rimerait avec retour aux grosses basses et regain d'agressivité comme le voudrait cette pochette suintant la testostérone et la sueur. Raccourci facile pour un album versatile, en dépit d'une chanson éponyme jouant parfaitement son rôle d'hymne viril, qui jongle idéalement avec ambiances cool et funky.
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(1) On notera que l'édition japonaise de l'album contient en bonus un disque hommage au regretté Freddie Hubbard où se côtoient les standards Red Clay ou Eye of the Hurricane.
(2) Le pianiste qui vient de sortir un album intitulé Un jour si blanc, à la croisée du jazz et de la musique minimaliste.
Mama Said Knock You Out - LL Cool J [1990]
Avant de jouer les cuistots au prise avec de vicieux requins numériques (les terroristes étant la chasse gardée de notre démembreur d'épaules favori) et de tourner dans le spin-off d'une des séries US alliant le mieux la ringardise, la morale réac et le succès populaire, LL Cool J eut une crédibilité musicale dans le milieu du rap old school, avec en point d'orgue son album de 1990, Mama Said Knock You Out... avant de retomber dans ses travers quelques putassiers. LL Cool J laisse donc tomber le survêtement pour mieux montrer ses bijoux de famille après l'éparpillement de ses fans hardcore, son précédent disque, Walking with a Panther, ayant la fâcheuse habitude de lorgner un peu trop vers les chansons d'amour. Ainsi ce Mama Said Knock You Out rimerait avec retour aux grosses basses et regain d'agressivité comme le voudrait cette pochette suintant la testostérone et la sueur. Raccourci facile pour un album versatile, en dépit d'une chanson éponyme jouant parfaitement son rôle d'hymne viril, qui jongle idéalement avec ambiances cool et funky.
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(1) On notera que l'édition japonaise de l'album contient en bonus un disque hommage au regretté Freddie Hubbard où se côtoient les standards Red Clay ou Eye of the Hurricane.
(2) Le pianiste qui vient de sortir un album intitulé Un jour si blanc, à la croisée du jazz et de la musique minimaliste.
J'en connais 5/7 et en aime vraiment 4/5 (le Tindersticks m'indiffère).
RépondreSupprimerPetit jeu : devine ceux que je ne connais pas (encore ?) ;-)
@ Thierry: ah ah, par hasard le premier et le dernier :-P
RépondreSupprimerC'était facile ^^
RépondreSupprimerCe K.K.P.D. met tout le monde d'accord, c'est vraiment génial que le Christian Scott commence par ce titre : ça force l'adhésion ! Et puis quelle batterie !
RépondreSupprimerSinon le Tindersticks m'indiffère également :)
@ Benjamin et Thierry: notez tout de même que le "un album classique, sans surprise mais suffisamment plaisant " n'indique pas non plus que leur dernier album est génial ou un incontournable. Disons que pour quelqu'un qui aime assez les Tindersticks, l'album est sympathique mais loin d'être effectivement transcendant... donc qu'il indiffère, je le conçois très facilement, pas, mais alors pas du tout un des albums de l'année... contrairement au Christian Scott ^^
RépondreSupprimerAh, les Tindersticks, un grand groupe de musique d'orfèvre, du classicisme pop poussé à l'excellence. Les seuls et dignes héritiers des Smiths, au niveau des arrangements, orchestrations et mélodies élégiaques !!
RépondreSupprimerDe David Lynch, dont le cinéma me fascine), musicalement je ne connais que Blue Bob !!!
LL Cool J, un ancien grand rappeur culte !!!
A + +
@ Francky 01: Pour le Lynch, comme tu t'en doutes, la forme est différente puisque là on est en plein dark ambient. D'ailleurs cet essai ambient est plus réussi que Blue Bob qui dans son ensemble était assez décevant, les deux meilleurs titres étaient ceux de la BO de Mulholland Drive, ça faisait un peu tâche je trouve...
RépondreSupprimerQuant aux Tindersticks... je ne saurais dire vu le peu d'attirance que j'ai pour les Smiths, ça doit venir de la houpette de Morrissey sans aucun doute :-P
Je développe un peu la réponse faite chez moi (ça y est, tu es linké!!!) : je trouve qu'on est sensiblement sur la même longueur d'ondes. Certes, ma note est basse, mais parce qu'on attend beaucoup d'un Tindersticks. Et simplement moyen, bof! Bouteille à moitié vide, à moitié pleine...
RépondreSupprimer;-)
@ Mmarsupilami: Oui sur la même longueur d'onde, mais même un album "moyen" des Tindersticks reste très agréable à mes oreilles :-)
RépondreSupprimerMoi aussi!
RépondreSupprimer;-)