Quoi de plus obscur et opaque que le RIO ! En voici une affirmation que le rock addict pourra aisément lancer à ses pairs en guise d'amuse-bouche futile. Une question aware loin d'être innocente pour celui qui voudrait contre-alimenter une séance d'art-rock bashing [1]. De toute façon, le Rock In Opposition n'intéresse plus aujourd'hui que les fétichistes de la chaussette 100% pure laine pourrait rétorquer d'une boutade le troll de passage. Or, la formation du jour, Calomito, à l'instar de leurs aînés Stormy Six qui partagèrent la fameuse affiche du festival de 1978 [2], provient d'Italie. Premier indice : le quintette se distingue par une ossature instrumentale inhabituelle, au-delà du trio classique basse, guitare, batterie s'y greffent un violon et un trombone. Second indice : leur musique est principalement instrumentale. Dernier et troisième indice : la qualité des compositions et les multiples références aux quelles ces dernières se rattachent. Conclusion : encore un grand album en provenance d'Italie... mais n'allons pas trop vite.
Second album des transalpins, Cane di Schiena, aura apparemment accumulé les difficultés : enregistré entre l'été et l'automne 2009, mixé au printemps 2010... pour une sortie en février 2011. Un délai nullement préjudiciable tant la formation est maître de son art et leur musique indifférente aux modes. Après un premier album Inaudito (2005), le quintette revient avec un goût certain pour les aventures musicales extra-sensorielles: faire communier la fée électricité avec l'acoustique d'une formation folk et jazz, ou reprendre les bases de la scène de Canterbury avec une touche personnelle (Parliamon).
De cet album, on retiendra la palette des ambiances, le talent des musiciens et la qualité des mélodies rendant Cane di Schiena très "accessible" au regard des autres formations RIO. Passé l'ouverture King Crimsonienne de circonstance (Bella Lee), la chaleur et l'humour de Calomito apporte un contre point évident à une musique sérieusement maîtrisée (le très beau morceau éponyme). Ajoutons un violon Stéphano-Grappelien selon l'humeur, des fantaisies propres à Zappa et Patton (Fungo et ses incursions cartoonesques à la Suspended Animation), un lyrisme salvateur et un groove typiquement jazz, Calomito vient de signer un des albums instrumentaux de l'année.
Titres :
01. Bella Lee / 02. Parliamone / 03. Infraditi / 04. Fungo / 05. Cane di schiena / 06. Pappa irreale / 07. Antenna / 08. Klez / 09. Max Dembo
____________________________________________________________________________________________________[1] L'un des plus chronophages loisirs de tout amateur de rock qui se respecte... ou pas.
[2] Si le genre existait déjà, il lui manquait un nom, le concert regroupant Henry Cow, Univers Zéro et consorts le 12 mars 1978 est considéré comme l'acte de naissance du RIO.
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