Pour continuer ce cycle consacré au réalisateur Jesús Franco, intéressons nous cette fois-ci à un film sinon inconnu de la majorité des bisseux, tout du moins en marge des thématiques habituellement franciennes qui feront date parmi les amateurs de cinéma bis : The Devil Came from Akasava. Ce long-métrage, sorti la même année que le culte Vampyros Lesbos, avec également l'inoubliable Soledad Miranda, s'éloigne de l'érotisme et de l'épouvante qui firent la renommée du cinéaste madrilène à l'orée des seventies pour proposer une autre facette du talent multi-disciplinaire de son auteur : le film d'espionnage décalé, mais n'allons pas trop vite...
L'assistant du professeur Forrester trouve dans une caverne isolée une pierre radioactive, pierre extrêmement convoitée [1] si on en croit les tirs de carabine qui accueillent celui-ci à la sortie de la grotte. De retour chez le professeur, gravement blessé, Forrester s'empresse de demander secours au docteur Thorrsen (Horst Tappert), la vie de son assistant ne tenant plus qu'à un fil. Mais en attendant l'arrivée du (bon?) docteur, l'archéologue découvre le cadavre irradié de son suppléant, et la disparition de la pierre... avant que ce dernier ne s'évanouisse également dans la nature. Or au même moment, à 9000 km de là, son bureau à Londres devient le théâtre d'un meurtre. Quelque temps plus tard, le dénommé Rex Forrester (Fred Williams), neveu du professeur, débarque à Akasava pour enquêter sur la mystérieuse disparition de son oncle, suivi de près par Jane Morgan (Soledad Miranda) et Tino Celli (Jesús Franco), tous deux agents secrets...
Un assistant irradié et un mystérieux Horst Tappert...
Librement inspiré par une nouvelle d'Edgar Wallace, The Akasava [2], cette production germanique permet au cinéaste espagnol d'ouvrir une nouvelle boîte de Pandore fantasmagorique. Dernier chapitre d'un genre typiquement sixties plusieurs fois revisité au cours de la décennie passée par Franco avec l'agent 077 dans 077 espionnage à Tanger ou 077 intrigue à Lisbonne, le Madrilène solde les comptes, s'écarte de l'Eurospy et autres bonderies premier degré en convoquant ses précédentes versions décalées nommées Cartes sur table ou Lucky, el intrépido. Oscillant entre le thriller fantastique mâtiné d'espionnage et une atmosphère sexy entre coolitude et détachement, le long métrage, on l'aura compris, est filmé avec les moyens du bord ; quelques enregistrements sonores, un jardin des plantes ibérique, des cadrages suffisamment serrés, et vous obtenez une jungle africaine des plus franciennes... so what ? This is a Jess Franco movie.
Entouré comme à l'accoutumée d'acteurs fidèles, tels le placide Paul Muller et le fourbe Howard Vernon par exemple, Franco assume pleinement son propos divertissant et l'aspect décomplexé de l'intrigue. Au contraire, cette distance salvatrice sans toutefois tendre vers la pure parodie apporte une fraîcheur appréciable, le charme et la beauté de Soledad Miranda faisant évidemment le reste. Tourné dans le même laps de temps que Vampyros Lesbos et She Killed in Ecstasy, The Devil Came from Akasava sera ainsi le dernier film de la muse de Jesús avant son tragique accident de voiture en août 1970 [3] ; juste le temps de nous laisser profiter d'une dernière danse...
Une poupée psychédélique, un film groovy à l'image de sa bande-originale composée par la paire Odón Alonso/Sigi Schwab, dont le second est en partie responsable de la musique de Vampyros Lesbos, Akasava empruntant nombre de thèmes provenant de ce film : Dedicated to Love en ouverture, Ballad of a Fair Singer, Kamasutra, et autre Necronomania... what else?
Loin des thématiques habituellement horrifiques de Franco, ce diable venant d'Akasava surprendra donc dans un premier temps celui (ou celle) venu(e) réclamer sa pitance déviante, avant de s'amuser finalement devant cet hommage déguisé au cinéma populaire d'espionnage de la décennie 60's par l'un des maîtres du cinéma bis du XXème siècle.
Entouré comme à l'accoutumée d'acteurs fidèles, tels le placide Paul Muller et le fourbe Howard Vernon par exemple, Franco assume pleinement son propos divertissant et l'aspect décomplexé de l'intrigue. Au contraire, cette distance salvatrice sans toutefois tendre vers la pure parodie apporte une fraîcheur appréciable, le charme et la beauté de Soledad Miranda faisant évidemment le reste. Tourné dans le même laps de temps que Vampyros Lesbos et She Killed in Ecstasy, The Devil Came from Akasava sera ainsi le dernier film de la muse de Jesús avant son tragique accident de voiture en août 1970 [3] ; juste le temps de nous laisser profiter d'une dernière danse...
Les amateurs de Vampyros Lesbos apprécieront, Miranda danse de nouveau... Williams et Franco semblent également apprécier
Une poupée psychédélique, un film groovy à l'image de sa bande-originale composée par la paire Odón Alonso/Sigi Schwab, dont le second est en partie responsable de la musique de Vampyros Lesbos, Akasava empruntant nombre de thèmes provenant de ce film : Dedicated to Love en ouverture, Ballad of a Fair Singer, Kamasutra, et autre Necronomania... what else?
Loin des thématiques habituellement horrifiques de Franco, ce diable venant d'Akasava surprendra donc dans un premier temps celui (ou celle) venu(e) réclamer sa pitance déviante, avant de s'amuser finalement devant cet hommage déguisé au cinéma populaire d'espionnage de la décennie 60's par l'un des maîtres du cinéma bis du XXème siècle.
Der Teufel kam aus Akasava (El Diablo que vino de Akasawa) | 1970 | 84 min
Réalisation : Jesus Franco
Scénario et dialogues : Paul André, Arne Elsholtz, Ladislas Fodor, Jesus Franco et Edgar Wallace
Avec : Soledad Miranda, Fred Williams, Paul Muller, Howard Vernon, Ewa Strömberg, Horst Tappert, Jesus Franco
Musique : Odón Alonso, Sigi Schwab
Directeur de la photographie : Manuel Merino
Montage : Clarissa Ambach et Maria Luisa Soriano
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[1] On découvrira plus tard que cette pierre est philosophale, cette dernière ayant le pouvoir de transformer n'importe quel métal en or !
[2] Publié dans le recueil Sanders of the River (1911).
[3] Dans sa version espagnole, le film lui est dédié.
Très bel hommage sous forme de triptyque du Dr Furter à Jess Franco et à son oeuvre unique et si éclectique. L'hommage à Lina Romay est particulièrement émouvant.
RépondreSupprimerJ'espère une seule chose, c'est que quelqu'un qui le connaisse, lui fasse un jour découvrir ces chroniques.