Les gladiateurs de l'an 3000 - Allan Arkush|Nicholas Niciphor (1978)

1975. Non sans talent et opportunisme, Roger Corman devance de quelques mois le Rollerball de Norman Jewison pour sortir Death Race 2000, série B d'anticipation inspirée par le thème du sport futuriste ultraviolent. Avec à l'affiche David Carradine, tout droit sorti de la série à succès Kung Fu, et accompagné d'un dénommé Sylvester Stallone, cette Course à la mort de l'an 2000 avait le précieux avantage de gagner en transgression et en satire, là où Rollerball se perdait en conjecture prétentieuse. Fort de ce succès et de celui d'un blockbuster sorti en 1977 (mais n'allons pas trop vite), le fameux producteur remet le couvert trois ans plus tard. De par son titre, Deathsport, et la présence de sa vedette télévisuelle [1], celui-ci pourrait résolument se présenter comme une séquelle du précédent, or il n'en est rien. De cette classique méthode de margoulin, qui revient à semer la confusion dans l'esprit quelque peu embrumé des amateurs de bisseries, faisons abstraction, et soulignons au contraire la perspicacité du roi de la série B. Ébauche de ce qui constituera au début de la décennie suivante un genre à part entière après la sortie de Mad Max 2 et de New York 1997, repris à la chaîne par bon nombre de sympathiques tâcherons transalpins, Les gladiateurs de l'an 3000 [2] annonce avec quatre ans d'avance le raz-de-marée post-apocalyptique eighties. De quoi nous faire oublier les nombreuses défauts de Deathsport ? Faut voir...

Mille années après la grande guerre nucléaire, le monde connu se résume à de vastes étendus sauvages semi-désertiques d'où submergent de grandes cités, derniers vestiges de l'ancienne civilisation disparue. Le sort de l'humanité se divise entre s'entasser dans des cités surpeuplées, telle Helix City dirigée par le dictateur Lord Zirpola (David Mclean), ou bien errer sur cette terre, inhospitalière et contaminée, peuplée de mutants anthropophages. Devenu fou, le maléfique Zirpola demande à son bras droit, et âme damnée, Ankar Moor (Richard Lynch) de capturer les guides mystiques Kaz Oshay (David Carradine) et Deneer (Claudia Jennings) qu'ils considèrent comme une menace. Emprisonnés et torturés dans un premier temps, les deux rebelles sont condamnés à participer au Deathsport : dans une arène, ils devront combattre jusqu'à la mort les redoutables Death machines.

Live report : Godflesh - La Gaîté lyrique, Paris, 17 avril 2015

Si les reformations sont par nature sujet à caution, force est d'admettre que celle de Godflesh en 2010 emporta l'enthousiasme tant la disparition de ces pionniers du metal industriel laissa un vide immense à l'orée des années 2000. Certes, son leader Justin Broadrick n'avait jamais réellement disparu, et la création de son projet le plus connu Jesu, en 2004, soulignait que ce dernier n'en avait pas encore fini avec la musique. Mais Jesu n'avait pas vocation à remplacer Godflesh, et l'annonce d'un nouvel album en 2014, A World Lit Only by Fire, précédé de quelques mois d'un E.P., Decline & Fall, augurait le retour en force de ces précurseurs.

Après une tournée étasunienne au printemps 2014, puis un retour sur leurs terres natales en juin et en décembre, via un passage à Clisson au Hellfest, festival qui eut la primeur de leur reformation, le duo Broadrick et Green entamait entre le 9 et 21 avril une dizaine de dates à travers l'Europe du sud [1], et dans le cas qui nous intéresse sur Paris à La Gaîté lyrique.

 

Le cousin Jules - Dominique Benicheti (1973)

Film qui n'a jamais été distribué en son temps, Le cousin Jules est par définition un document(aire) rare. Tourné entre avril 1968 et mars 1973, l'œuvre du jeune réalisateur Dominique Benicheti, vingt-cinq ans au début de cette aventure, se démarque tant par son sujet que par les moyens qui ont été mis en œuvre pour capter ce portrait atypique d'un cousin éloigné. Filmer le quotidien d'’un couple d'octogénaires dans leur petite ferme isolée, voici l'ambition de Benicheti. Rien de plus. De ce point de départ minimaliste, faisant écho avec trois décennies d'avance à la trilogie de Raymond Depardon Profils paysans (L'Approche - 2001 ; Le Quotidien - 2005 et La Vie moderne - 2008), l'ancien élève de l’IDHEC, et futur enseignant à l'Université d'Harvard, adopte néanmoins une approche radicale par les moyens techniques employés : tourner en Cinémascope et enregistrer en stéréo ; le documentaire se fait fort d'utiliser les outils modernes du cinéma pour mieux capter l'intimité de ce monde rural voué à disparaître après la mort de ces derniers représentants.

Restaurée à partir de 2011 par Benicheti à partir du négatif original, Le cousin Jules, après une première distribution américaine en 2013, sort à partir du mercredi 15 avril dans les salles d'art et essai françaises, toutes désormais équipées pour projeter le film dans son format d'origine en son stéréo (soit une des raisons principales de son absence en 1973 en dépit de plusieurs présentations remarquées dans les festivals de l'époque : Locarno - Prix spécial du jury, Moscou ou dans les universités étasuniennes).

Live report : Al Foster : Tribute to Art Blakey - New Morning, Paris, 1er avril 2015

Batteur de formation, Aloysius, dit Al, Foster, a pour seule devise : Love, Peace and Jazz ! (1). L'homme  a grandi à Harlem après avoir quitté avec ses parents la Virginie. Premier disque en tant que sideman à vingt et un an avec un premier trompettiste, Blue Mitchell, celui-ci signant par la même occasion un de ses disques les plus marquants pour le label Blue Note, The Thing to Do (1964), puis la rencontre d'une vie un soir de 1972 au Cellar Club new-yorkais : Miles Davis. Ancien sideman de l'ombrageux souffleur, compagnon de route des années funk à partir du turbulent et psychotique On the Corner au come back 80's, de The Man with the Horn (1981) à Amandla (1989), Al Foster enregistra en parallèle et par la suite avec les plus grands, Sonny Rollins, Horace Silver, McCoy Tyner, Jackie McLean, Joe Henderson, etc.

Marqué par l'empreinte laissée par ces grands musiciens, Al Foster et son quartette sont venus un soir de premier avril au New Morning rendre hommage à un autre grand monsieur du jazz, et une des influences majeures du batteur : Art Blakey.

 

Live report : Roy Ayers - New Morning, Paris, 30 mars 2015


En paraphrasant le slogan d'une radio parisienne (celle-là même qui apparaît sur l'affiche du concert pour ne pas la nommer), le vibraphoniste étasunien Roy Ayers symbolise parfaitement l'idée du Grand Mix. Apôtre des musiques black 70's, à la croisée du jazz, du funk et de la soul, si Ayers n'atteignit pas la popularité d'un Stevie Wonder au près du grand public, son influence et sa notoriété, auprès des jeunes générations, ne s'est fort heureusement jamais démentie. Devenu parrain de la Neo-Soul au mitan des années 90, au même titre qu'un des artistes les plus samplés/remixés par les DJs du monde entier, l'homme n'usurpe pas, cinq décennies après ses débuts, son statut de légende.

Concert affichant complet le soir même, cet habitué du New Morning (neuf passages en moins de quinze ans) put une fois encore compter sur un public parisien assidu, répondant à l'appel de ce grand Passeur (1).