Basket Case 2 & 3 - Frank Henenlotter (1990-1991)

Huit années après les premiers méfaits de la fratrie Bradley, et une relecture hallucinogène nommée Brain Damage sortie en 1988, Frank Henenlotter revenait aux affaires en signant coup sur coup, en ce début de décennie 90, l'épisode 2 et 3 de son film culte Basket Case. Disponibles en DVD et Blu-Ray le 7 septembre prochain, le troisième volet étant inédit en France, ces deux séquelles toujours produites par Edgar Ievins, en association désormais avec James Glickenhaus, confortent l'esprit originel, tout en lorgnant cette fois-ci davantage vers la comédie trash.

La fin du premier Basket Case, et son épilogue doublement tragique, le meurtre et le viol de Sharon par Belial, et la supposée mort des deux frères par défenestration, laissaient peu de place, pensait-on, à une quelconque suite. Erreur. Rescapés de leur chute, les frères Bradley, reconnus coupables de leurs crimes, s'échappent et trouvent refuge chez « mamie Ruth » dont la maison est devenue l'asile de créatures difformes à l'image de Belial. Personnage secondaire, et néanmoins central, des deux nouveaux épisodes, interprété par Annie Ross, mamie Ruth est loin d'être une protectrice de freaks disciple de la non violence. Gare aux vilains qui souhaiteraient faire du mal à ses chers protégés : dans l'épisode deux, une journaliste (Judy Grafe), travaillant pour un tabloïd, et dans l'épisode trois, un shérif et ses adjoints alléchés par la prime d'un million de dollars pour la capture des frères Bradley, car mamie Ruth a désormais un bras armé et vengeur nommé Belial. Ça va saigner...

Chantre du mauvais goût et de l'humour trash, Frank Henenlotter gomme dans ses deux films les aspects les moins « ragoûtants » du métrage original. En faisant quitter aux Bradley leur antre new-yorkaise, le réalisateur efface toute peinture malsaine et sordide au profit d'un Grand guignol, dont la galerie de créatures vivant dans le grenier de la maison de mamie Ruth en est le parfait exemple. Monstrueuse parade foutraque, du garçon grenouille à l'homme aux vingt-sept nez, sans oublier Toothy et ses dents hypertrophiés, Henenlotter assume pleinement le physique excessivement ridicule de ces créatures. "Cette fois-ci il n'est plus seul", et cela se voit, quitte à offrir à ces nouveaux compagnons un rôle purement décoratif.

 

Au cœur des deux récits, les relations entre les deux frères de sang n'en demeurent pas moins conflictuels. Tandis que Duane tentait de goûter, en secret, à une certaine normalité avec Sharon dans le premier épisode, c'est désormais Belial qui s'émancipe en faisant la connaissance de sa semblable Eve. Libéré de ce frère monstrueux, Duane voit enfin ses désirs de normalité se concrétiser, souhaitant quitter cette communauté de freaks à laquelle il ne se reconnait plus. Mais le sort et son attirance pour Susan la petite-fille de mamie Ruth vont en décider autrement, Duane basculant irrémédiablement dans la folie, allant jusqu'à recoudre Belial sur son flanc droit à la fin de Basket Case 2, et à mettre en danger les pensionnaires de mamie Ruth lors de leur passage chez le docteur Hal Rockwell dans Basket Case 3.

Après un second volet bien trop tendre et globalement décevant en dépit de quelques fulgurances bien barrées (l'apparition du timide Bernard...), Henenlotter remet les choses à leur place dans Basket Case 3. Bien plus délirant avec l'apparition d'Opal (Tina Louise Hilbert), la fifille à son papa de shérif, qui cache un tempérament de dominatrice avec costume en cuir et fouet en sus, un Belial au commande d'un exosquelette (à la manière de Krang dans TMHT) sorti des méninges de Little Hal, génie obèse à plusieurs bras, sans oublier l'accouchement de la nombreuse progéniture caoutchouteuse de papa Belial. Mieux, alors que Basket case 2 avait remisé l'horreur à sa place la plus minime, le dernier volet gagne en gore. Ouf. Dommage toutefois que Henenlotter n'ait pu réaliser le film souhaité, le scénario originel devait s'approcher davantage de l'esprit sombre du premier volet (une dizaine de pages aurait été ainsi occultées).

 
 Pendant que madame accouche, monsieur rêve...

Moins marquantes que l'œuvre originale, ces deux séquelles n'en restent pas moins deux rejetons mal embouchées, avec leur lot de scènes grotesques, à l'image de la scène de sexe entre Belial et Eve, ou le rêve érotique de Belial avec deux playmates de Playboy (pour les intéressés, les sœurs Carla et Carmen Morell).
  

Basket Case 2

Basket Case 3



Crédits photo : © 1990/1991 Shapiro Glickenhaus Entertainement


Basket Case 2 / Basket Case 3 | 1990 / 1991 | 86 min / 90 min
Réalisation : Frank Henenlotter
Production : Edgar Ievins
Scénario : Frank Henenlotter / Frank Henenlotter et Robert Martin
Avec : Kevin Van Hentenryck, Annie Ross, Judy Grafe, Kathryn Meisle, Heather Rattray / Kevin Van Hentenryck, Gil Roper, Annie Ross, Jim O'Doherty
Musique : Joe Renzetti
Directeur de la photographie : Robert M. Baldwin / Robert Paone
Montage : Kevin Tent / Greg Sheldon
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