Longtemps reporté pour cause de flemmingïte aigüe, voici donc la critique de Fascination en guise d'hommage au regretté Jean Rollin, récemment disparu le 15 décembre dernier.
Moins connu que ses précédents essais vampiriques, Fascination n'en reste pas moins un de ses longs métrages les plus accessibles et recommandables pour l'imprudent qui aimerait découvrir l'œuvre du sieur qui fut estampillé de manière triviale et un peu trop rapide par quelques rigolards "pape du Z français". Accessible et par conséquent (?) légèrement à part dans la filmographie du réalisateur de la Vampire nue, le long métrage s'écarte quelque peu du thème central cher au cinéaste pour en proposer une version alternative car suggérée. Rollin quitte le fantastique tel qu'on l'entend de nos jours pour revenir aux racines du genre, à la croisée du surnaturel et de l'étrange, dans le sillage d'un Edgar Allan Poe.
1905, pour combattre l'anémie des jeunes filles de la bonne société, une thérapeutique nouvelle leur est proscrite, boire du sang frais de bœuf. Voici en quelques mots, la scène introductive de Fascination, scène "anodine" qui aura néanmoins de graves répercussions par la suite tant sur le récit que sur ses divers protagonistes. Quelques temps plus tard, Marc (Jean-Marie Lemaire [1]) chef d'un groupe de malfrats, fuit ses anciens condisciples, ces derniers appréciant peu sa trahison et ses envies égoïstes légitimes de vouloir garder le magot, soit quelques pièces d'or pour lui seul. Il trouve refuge non loin de là dans un château gardé par deux jeunes femmes mystérieuses, Eva (Brigitte Lahaie) et Elisabeth (Franca Maï). Dans un premier temps, les deux jeunes domestiques restent soumises au bon vouloir du nouveau maître des lieux, mais celles-ci n'ont qu'un seul but, que Marc soit leur hôte et reste au château jusqu'à minuit. Le soir même, le jeune homme devient le pôle d'attraction des diverses invités féminines au cours d'une étrange cérémonie...
Seconde collaboration [2] avec la jeune Brigitte Lahaie, après la commande les Raisins de la Mort, Fascination est, comme il l'a été écrit plus haut, un film "à part" dans la filmographie officielle de Jean Rollin. Après plusieurs années alimentaires sous le sceau du X, caché sous les pseudonymes Robert Xavier et autre Michel Gentil, le réalisateur du Requiem pour un vampire revenait aux affaires avec une histoire marquée par le mystère et les atmosphères surréelles. Or, en dépit des défauts récurrents propres aux productions du cinéaste, dialogues faiblards, interprétations hasardeuses, érotisme lesbien plus ou moins éventé, Fascination mérite mieux que les sarcasmes des rigolards précités.
Si le budget du film reste sans conteste limité, Jean Rollin eut la chance de filmer dans des décors remarquables à l'instar de ce château qui rehausse incontestablement le climat étrange du métrage, devenant à part entière un personnage. Une ambiance savamment orchestrée par le réalisateur et le directeur de la photographie, quelques scènes mémorables telle l'attaque à la faux par Brigitte Lahaie, font de Fascination un film, certes non dénué de défauts eu égard à ses faibles moyens, mais aussi et surtout un des rares longs métrages cultes de Jean Rollin, au delà de ses productions passées et à venir.
La chronique hommage de Vincent.
Fascination | 1979 | 82 min
Réalisation : Jean Rollin
Production : Joe de Palmer
Scénario : Jean Rollin
Production : Joe de Palmer
Scénario : Jean Rollin
Avec : Franca Maï, Brigitte Lahaie, Jean-Marie Lemaire, Fanny Magier, Muriel Montossé, Sophie Noël, Evelyne Thomas
Musique : Philippe d'Aram
Directeur de la photographie : Georgie Fromentin
Montage : Dominique Saint-Cyr
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[1] Mix improbable entre Plastic Bertrand et François Valéry, et ayant la
particularité d'avoir un talent similaire à celui des deux chanteurs
précités...
[2] Il s'agit en fait de leur troisième collaboration, la première datant de Vibrations sexuelles (1976), film pornographique alimentaire signé de son habituel pseudonyme Michel Gentil. Et en attendant l'année suivante L'année des traquées. Rollin étant le premier à lui proposer sinon une conversion possible, tout du moins des rôles plus consistants.
[2] Il s'agit en fait de leur troisième collaboration, la première datant de Vibrations sexuelles (1976), film pornographique alimentaire signé de son habituel pseudonyme Michel Gentil. Et en attendant l'année suivante L'année des traquées. Rollin étant le premier à lui proposer sinon une conversion possible, tout du moins des rôles plus consistants.
Vu ! Ce film a les charmes de l'imperfection, des limites compensées par l'inspiration du réalisateur, Brigitte Lahaie en grande faucheuse, magnifique ! Et il porte bien son nom puisque fasciant ...
RépondreSupprimer... par contre, j'avais enchainé avec un autre des films de Jean Rollin, une histoire de vampirisme qui se finissait en grand amour entre la mer et un massif chateau médiéval, l'acteur principal y était bien plus ridicule que dans Fascination.
@ Klak: ça ne me dit rien, mais ça donne envie cette histoire de grand amour à la sauce Rollin :-D
RépondreSupprimerBel hommage du dr Furter à notre cher Jean Rollin. On retrouve dans "Fascination" tout l'univers du réalisateur atypique. Malgré une narration toujours aussi approximative et une technique de montage "particulière", ce film est en effet l'un des plus réussie de Rollin dont la beauté visuelle est toujours intacte de nos jours.
RépondreSupprimer@ la dame: dommage pour toi, tu as hérité des Raisins ;-P
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