Chroniqué l'année dernière, Sie tötete in Ekstase de Jesús Franco, avait l'apparente « particularité » d'être la relecture d'un précédent long métrage réalisé par son auteur : Le diabolique docteur "Z". Vampée par sa muse Soledad Miranda, cette mariée en noir séduisait, puis causait la perte des quatre médecins responsables du suicide de son défunt mari. Or, cinq années auparavant, le cinéaste madrilène avait usé du même stratagème vengeur, offrant à l'occasion l'un de ses meilleurs films, ou la synthèse des thèmes, passés et futurs, chers au réalisateur de L'horrible Docteur Orlof.
Au congrès international de neurologie, le professeur Zimmer (Antonio Jiménez Escribano) présente à ses pairs le sujet de ses travaux : l'étude des centres nerveux moteurs. A l'instar des précédentes recherches du controversé docteur Orloff, Zimmer prétend que certaines parties des lobes cérébraux et de la moelle épinière pourraient déterminer, d'une part les bonnes actions, d'autres part les mauvais actions des êtres vivants. Le mal n'aurait ainsi qu'une origine purement physiologique. Grâce aux dénommés rayons Z capables d'éliminer, de neutraliser, ou d'exacerber ces centres moteurs, le professeur conclut son exposé par la possibilité de métamorphoser les maniaques et assassins en êtres « normaux ». Demandant la permission de pouvoir continuer le fruit de ses recherches sur un être humain, Zimmer se fait prendre violemment à partie par ses collègues, ces derniers lui interdisant formellement de poursuivre ses honteuses expériences. Zimmer, choqué et meurtri par ces réactions violentes, meurt peu après d'un infarctus, jurant à sa fille Irma (Mabel Karr) dans un dernier souffle de continuer ses travaux...
Entouré de Howard Vernon et Marcelo Arroita-Jáuregui dans les rôles des docteurs Vicas et Moroni, et accompagné par la musique cauchemardesque de Daniel White, Le diabolique docteur "Z" marque une seconde étape importante dans la filmographie de Jesús Franco, et semble, en tout point, être un bon début pour celui ou celle qui voudrait découvrir l'un des plus abordables films de ce cinéaste attachant.
Au congrès international de neurologie, le professeur Zimmer (Antonio Jiménez Escribano) présente à ses pairs le sujet de ses travaux : l'étude des centres nerveux moteurs. A l'instar des précédentes recherches du controversé docteur Orloff, Zimmer prétend que certaines parties des lobes cérébraux et de la moelle épinière pourraient déterminer, d'une part les bonnes actions, d'autres part les mauvais actions des êtres vivants. Le mal n'aurait ainsi qu'une origine purement physiologique. Grâce aux dénommés rayons Z capables d'éliminer, de neutraliser, ou d'exacerber ces centres moteurs, le professeur conclut son exposé par la possibilité de métamorphoser les maniaques et assassins en êtres « normaux ». Demandant la permission de pouvoir continuer le fruit de ses recherches sur un être humain, Zimmer se fait prendre violemment à partie par ses collègues, ces derniers lui interdisant formellement de poursuivre ses honteuses expériences. Zimmer, choqué et meurtri par ces réactions violentes, meurt peu après d'un infarctus, jurant à sa fille Irma (Mabel Karr) dans un dernier souffle de continuer ses travaux...
Produit par le duo Michel Safra / Serge Silberman, et coécrit par le jeune Jean-Claude Carrière [1], tous trois respectivement producteurs et scénariste du Journal d'une femme de chambre de Luis Buñuel [2], il était d'ores et déjà inscrit que ce docteur "Z" se démarquerait ostensiblement de la proéminente filmographie francienne. Nouvelle relecture de L'horrible Docteur Orlof après le mitigé Les maîtresses du docteur Jekyll, ce long métrage s'éloigne de l'original et du classique de Georges Franju pour se diriger vers l'érotisme halluciné des années à venir. En marge du gothique d'un Mario Bava, en proposant aux amateurs du genre une version à la fois surréaliste, telle la scène où Mabel Karr fait tâter du fouet à la sauvage Estella Blain, et expressionniste, à l'image de la photographie inspirée d'Alejandro Ulloa, Jesús Franco dresse un large éventail de ses multiples influences et (auto)références cinématographiques.
Disposant d'un faible budget, comme à l'accoutumée, le cinéaste espagnol tire cependant allègrement son épingle du jeu. Mieux, thriller fantastique doté d'éléments visuels avisés, Jess Franco avec l'aide d'un malicieux Jean-Claude Carrière assaisonne cette vengeance filiale de quelques bons mots judicieux [3]. Relevé par l'habituel humour distancié francien qui accompagne l'enquête policière, le commissaire [4] est interprété cette fois-ci par Franco himself. Évoquant autant l'âge doré des monstres et autres savants fous made in Universal, que Les Vampires de Louis Feuillade, Dans les griffes du maniaque distille un doux parfum macabre.
Dès lors, la référence au feuilleton de Feuillade, et en particulier à la belle Musidora, muse des Surréalistes, est loin d'être anecdotique, et est, au contraire, au centre du récit signé Franco et Carrière. Au-delà de la simple substitution de prénom entre la fille du professeur Zimmer et Irma Vep, le personnage de Miss Muerte (Estella Blain) [5] de par son costume et sa fonction fait le lien entre l'héroïne des Vampires, et l'instrument de la vengeance d'Irma Zimmer. De même, son numéro de cabaret, nue sous son collant en maille glissant sur une toile d'araignée afin de séduire un mannequin, apparaît comme l'acte fondateur ou le prélude à la vampirisation francienne des années 70. Faisant directement écho au numéro de Soledad Miranda dans Vampyros Lesbos, cette théâtralisation symbolise à elle-seule le destin tragique des héroïnes franciennes. Cette danseuse devenue simili robot aux ongles empoisonnés, représente le premier pas vers la figure féminine du vampire francien, ou la jonction entre le futur des personnages de Soledad et Lina Romay et le passé incarné par la force brute d'Hans Bergen (Guy Mairesse) ou le Morpho de docteur Orlof.
Bonus : Brève interview de Jean-Claude Carrière au sujet de Jesús Franco sur 1kult.com
Le diabolique docteur "Z" - Dans les griffes du maniaque (Miss Muerte) | 1965 | 83 min
Réalisation : Jesús Franco
Production : Michel Safra, Serge Silberman
Scénario : Jesús Franco (David Kuhne)
Adaptation et dialogues : Jean-Claude Carrière
Production : Michel Safra, Serge Silberman
Scénario : Jesús Franco (David Kuhne)
Adaptation et dialogues : Jean-Claude Carrière
Avec
: Estella Blain, Mabel Karr, Howard Vernon, Fernando Montes, Marcelo Arroita-Jáuregui, Cris Huerta, Guy Mairesse, Jesús Franco
Musique : Daniel White
Directeur de la photographie : Alejandro Ulloa
Montage : Marie-Louise Barberot, Jean Feyte
Montage : Marie-Louise Barberot, Jean Feyte
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[1] Carrière qui collabora la même année et une dernière fois avec Franco dans Cartes sur table avec Eddie Constantine dans le rôle de le récurrent anti-héros francien Al Pereira.
[2] Serge Silberman sera producteur également du Charme discret de la bourgeoisie, La voie lactée, Le fantôme de la liberté, ou encore le dernier Buñuel Cet obscur objet du désir.
[3] On s'étonnera et s'amusera des premiers mots sortis de la bouche d'Irma Zimmer : « c'était Bresson [...] un condamné à mort s'est échappé », en référence au réalisateur du Pickpocket.
[4] Tanner étant secondé par l'inspecteur Green de Scotland Yard joué par Daniel White, le compositeur attitré de Franco.
[5] Originellement, le rôle de Miss Death aurait dû être interprété par la vedette du Crazy Horse Saloon : Rita Renoir. Mais les producteurs n'ont malheureusement pas suivi le souhait de Franco.
[5] Originellement, le rôle de Miss Death aurait dû être interprété par la vedette du Crazy Horse Saloon : Rita Renoir. Mais les producteurs n'ont malheureusement pas suivi le souhait de Franco.
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