Live at Massey Hall: the loner en solo

Bam bam bam bam… ici Hong-Kong… avant dernier post avant un dodo plus ou moins mérité…

En me penchant sur le cas Reznor, il y a une sortie disque qui par contre m’a tout à fait comblé, c’est le Live at Massey Hall datant de 1971 de monsieur Neil Young. Au passage, je note que c’est mon premier post consacré au loner, pour quelqu’un qui a 15 albums du bonhomme, j’ai pris mon temps, lol…

Depuis l’année dernière Neil nous sort en effet quelques témoignages live de son glorieux passé (en attendant la sortie d’un futur coffret qui devrait aussi faire très mal). A vrai dire le précédent live at the Fillmore East ne m’intéressait pas car j’avais déjà cet enregistrement en bootleg avec un son très convenable, alors bon, j’avais moyennement sauté au plafond en voyant la sortie de la chose.

Sauf que cette fois ci, le loner a décidé de nous proposer un concert où le canadien n’est pas accompagné par les fidèles du Crazy Horse, mais au contraire seul, avec sa guitare et son piano. A vrai dire, c’est justement quand Neil est en solo que je le préfère, on touche vraiment à la grâce. Et puis, l’enregistrement du concert est aussi à noter au combien intéressant au niveau de la date. En 1971, nous nous situons en effet entre les cultissimes After the goldrush et Harvest, bref c’est du tout bon !

En 1971, Neil fait donc quelques dates en solo, ce qui change un peu de la tournée la même année qu’il fait avec Crosby, Still & Nash (on retrouvera les performances des quatre gars sur le live 4 way street). En concert, Neil nous livre ainsi quelques inédits qui figureront entre autre sur le prochain Harvest. A vrai dire, j’aime Harvest (mais ce n'est pas non plus le disque ultime du loner comme je lis souvent), mais j’ai toujours trouvé la production de David Briggs limite (sauf pour les morceaux électriques de l’album). Le pompon est sans doute atteint avec les versions symphoniques de There’s a world et de A man needs a maid, certes ça s’écoute bien, mais quand on a découvert les versions dépouillées et intimistes, la pilule a franchement du mal à passer après…

Donc à défaut de vous passer un extrait de ce formidable disque (en vous conseillant l’achat du disque accompagné du DVD, car Neil s’est pas foutu de notre gueule, on a à faire à un vrai DVD, avec de vrais bonus, quelque chose de véritablement réfléchi, bref on sent que le loner respecte ses admirateurs, mais qui s’en étonne en fait ?) ; je vous passe un morceau datant de la même année mais pour la BBC, on y perds pas au change croyez moi, c’est de l’ambroisie, et puis c’est une version qu’on ne retrouve pas dans le commerce, alors c’est relativement rare donc…

En attendant Lech

Hier en m’intéressant au cas Ministry, ça m’a fait penser que Nine Inch Nails (enfin Trent Reznor) venait de sortir son nouvel album Year zero. Autant vous dire tout de suite, j’ai pas accroché du tout ! Et pourtant les critiques sont unanimes, mais j’arrive pas. Pourtant cette fois ci, on pourra pas reprocher à Trent les mêmes erreurs que sur son précédent essai With teeth. Cet album effectivement n’apportait rien de neuf à l’édifice, trop produit, prise de risque minimal et au contraire certains diront même que With teeth sonnait pop (je me demande ce qu’ils doivent penser alors du dernier album). C’est vrai que si l’on compare With teeth à un The downward spiral ou à The fragile, on est loin d’être surpris, cela dit à défaut justement de surprendre l’album s’écoutait bien.
Durant la dernière tournée, Reznor en profite pour composer ainsi ce qui sera le successeur du mal aimé album. Il y a donc environ une semaine est sorti Year Zero, soit deux années après le précédent album, une révolution chez le père Reznor, en général faut attendre environ cinq ans entre chaque disque !(en même temps, il a arrêté la drogue, ça aide sûrement…).
Voici donc Year zero, et alors ? Bah pas grand chose, Reznor assume complètement un virage pop clinique, à la croisée d’un Joy Division version indus/électro. Et finalement il est là le problème, certes on voulait une évolution, mais si c’est pour ce retrouver avec un ersatz de rock froid avec des beats tout sauf originaux, entendu milles fois (j’exagère un peu), je vois pas l’intérêt pour moi. Et puis au niveau des structures, les chansons sont effectivement relativement originales, on a droit bien sur aux sempiternels couplet/refrain mais Reznor n’hésite pas à brouiller son propos en ajoutant des longues plages instrus à la fin des chansons de temps en temps. Alors oui le disque est tout sauf virulent, mais finalement il n’est pas là le problème. Si je veux écouter un disque de pop froide déconstruite, j’écoute Low de Bowie et basta ! Chef d’œuvre incomparable et insurpassable.

Y’a de la haine

Voici donc la dernière semaine de ce fumeux blog avant une mise en veille plus ou moins prolongée (à vrai dire j’ai pas encore décidé la durée d’hibernation de la bête). Et puis cette semaine, il n’y aura pas non plus de véritable fil conducteur et qui s’en plaindra finalement ? Alors comme la thématique hebdo est aux abonnées absentes, le choix d’un artiste paradoxalement me fut plus difficile, comme quoi…

Et puis en regardant ma liste de disques, j’ai finalement trouvé. Il y a quelque temps je voulais écrire quelque chose sur le dernier album de Ministry et puis ça ne s’est pas fait, lui préférant finalement le second album des israéliens Orphaned Land.
En 2003, Al Jourgensen et Paul Barker, le duo destroy de Ministry enregistre Animositisomina, album qui sera au final le dernier du bassiste/claviériste Paul Barker. Dès lors, même si la tête pensante a toujours été Jourgensen, on donnait pas cher du combo. Or l’année suivante, Ministry nous revient avec House of the Molé premier album d’une trilogie consacré au charismatique et omnipotent George W Bush (rayer la mention inutile svp). Barker représentant la face la plus expérimentale de Ministry, forcément le nouvel album de 2004 est tout sauf aventureux, mais au contraire radical et revendicateur, et même si l’on reste dans un schéma métal industriel brut de décoffrage, l’influence du punk est plus que présente. Cela dit, même si l’album pouvait rappeler le bon vieux temps d’un Psalm 69, personnellement je suis rester un peu sur ma faim, il manquait un je ne sais quoi... Mais le bon Al allait mettre tout le monde d’accord (enfin en partie) avec le tome 2 du George W Bush tribute. En 2006 sort ainsi Rio grande blood avec une pochette qui déjà annonce la couleur, un W christique au milieu des champs pétrolifères. Comme je l’ai écris précédemment, l’avant dernier album ne m’avait finalement qu’à moitié convaincu, et bien là, Al en plus d’avoir fait appel à quelques guests talentueux (comme monsieur Jello Biafra pour l’intro de Ass clown), a totalement réussi sa diatribe primaire contre le pantin des néo-conservateurs.
Et effectivement le propos est très primaire (encore que les paroles ne se résument pas à des « fuck W »), mais alors musicalement Al a bouffé du lion ! Epaulé par Tommy Victor des métalleux industrieux de Prong, le résultat pourrait se résumer à un mélange entre la furie de Slayer et l’apocalyptique et culte Psalm 69. Et puis comble du bonheur, Al s’essaie de nouveau aux musiques orientales avec un Khyber Pass qui nous rappelle au bon souvenir d’un Hizbollah du fameux Land of rape and honey.

J-6

Dernier post...avant la loterie de dimanche, attention rien ne va plus... Encore que je parle de loterie, on serait plus proche du PMU en fait, à savoir qui trouvera le quarté dans l’ordre ? à moins qu’un facteur puisse se glisser parmi les prétendants... non la je déconne...
Pour tout vous dire, j’étais pas très chaud pour écrire ce post aujourd’hui, mais une arachnide, domiciliant près du repère du bossu qui sait faire un bon café, m’a envoyée un mail, étonnée qu’il n’y ait point de post en ce vendredi. J’ai surtout eu une grosse flemme, certes je sais déjà de qui je vais causer et aussi le morceau que je vais choisir, mais bon, y’a des moments... on manque de motivation, surtout quand je zieute mes stats et le nombres d’habitués de ce blog.
Bon alors, au lieu de te lamenter pauv’ tâche, tu vas commencer à écrire quelquechose d’intéressant (enfin supposé). J’y viens...

En 2002, Boyd Rice plus connu sous l’entité NON sort un album qui fera date dans le petit monde fermé du dark ambient (disons 100 clampins). Le bonhomme est pourtant plus connu comme étant un maître en terrorisme sonore, un véritable activiste du bruit, sans compter la sale réputation que se traîne le garçon (évidement à force de jouer avec une imagerie fasciste, on se fait pas que des amis...). Donc l’album Children of the Black Sun fut une surprise et bonne de surcroît, un concentré de malaise, sombre à souhait, encore un disque à conseiller pour les fêtes de fin d’année... Ceci dit, Rice ne perd pas totalement ses bonnes vieilles habitudes, il réussit tout de même à glisser un titre relativement bruitiste en gardant une empreinte symphonique Black Sun qui servira surtout de transition au ténébreux Serpent of the Heavens (le titre d’aujourd’hui). Bref, un des meilleurs albums de NON.

Oud power

Cette année là, Ingrid jouait à cache-cache avec les FARC, un bossu qui sait faire un bon café devenait premier ministre de la France d’en bas et un bateau au nom prestigieux déversait son trop plein d’amour pétrolier sur les côtes de la Galice.

Demandez à un admirateur de jazz le nom d’un musicien jouant de l’oud, montrez le à ces messieurs, ces messieurs me disent, oh là je m’égare là…
Oui alors en général, si le monsieur connaît plutôt bien son affaire il vous citera en particulier deux joueurs connus du milieu, à savoir le tunisien Anouar Brahem ou le libanais Rabih Abou-Khalil. Cela dit, on va pas faire son clampin, vous vous doutez bien que même si ces deux virtuoses jouent du même instrument, ces derniers ont chacun leur univers. Pour faire court, Rabih serait celui qui se rapprocherait plus de la définition d’un jazz oriental alors qu’Anouar s’entoure de musiciens de jazz, voilà pour la nuance. Et puis pour finir avec les différences, Anouar est signé chez ECM, donc forcément musique hautement contemplative.
Cette année-ci (bon je crois qu’on a bien assimilé de quelle année il s’agissait, non ?), Anouar explore une nouvelle facette de son talent. En effet, il gardait toujours un fort côté oriental dans sa musique (qui s’en plaindra cela dit), autant pour le fond que pour la forme par l’utilisation de la darbouka par exemple. Et quelle ne fut pas ma surprise quand il décida de s’adjoindre les services d’un pianiste mais surtout d’un accordéoniste pour son album Le pas du chat noir.
Alors tout de suite on va régler un malentendu qui traîne depuis pas mal de temps, l’accordéon est un bien bel instrument (même si dû à mon admiration pour le maître Astor, je préfère le bandonéon), mais en France on l’assimile obligatoirement à la musette, autant dire que pour flinguer l’influence d’un instrument y’a pas mieux. Encore que… Yvette Horner… et son fameux Play Yvette… une fois de plus, je m’égare ! Bah oui, prenez un exemple parmi tant d’autre, le français Richard Galliano réussit à merveille à allier jazz et accordéon (et en plus il a rendu un hommage à Astor, alors hein bon…).
Mais revenons à cet album… Anouar réussi finalement de nouveau à faire voyager son auditeur vers des contrées au combien différentes, un pied en Tunisie, un autre en Europe et le dernier en Argentine (oui bon ça fait trois pieds et alors, mettons ça sur le compte des retombées de Tchernobyl). Aujourd’hui le titre Leila au pays du carrousel avec une construction qu’on retrouve souvent dans l’album, l’oud d’Anouar en premier, puis le piano qui l'accompagne (très Erik Satie, comprenez pourquoi j’aime cet album donc) et puis l’accordéon pour définitivement vous mettre à terre et vous fendre le cœur comme dirait l’ami Raimu.

L’après Black Star

Cette année là, Layne Stayley se désenchaîna pour toujours de son emprise de l’héroïne, les punks du monde entier disaient adieu à Joe Strummer tandis que les admirateurs de rap old school pleuraient la disparition de Jay Master Jay. La même année TF1 et sa nouvelle greluche Jenifer nous faisait de la pub pour de la crème solaire, M6 n’étant pas en reste avec leur navrant pseudo trio venant de l’Est et en provenance d’Espagne on essayait de nous fourguer du ketchup...

En 1998, Talib Kweli s’associe avec le non moins talentueux Mos Def pour sortir sous le nom Black Star, l’un des albums rap de la décennie (avis totalement subjectif, mais bon c’est mon blog alors hein bon...). Puis ensuite chacun vaquera à ses occupations, albums solos pour les deux et même rôles au cinéma pour Mos Def (depuis il est même passé par la case Broadway, nominé pour un Tony Award, les Molières US ; encore qu’il serait plus juste de dire que les Molières sont les Tony français puisque Georges Cravenne a piqué l’idée aux yankees...).
En 2002 donc, après d’autres collaborations dont une, deux ans plus tôt avec Hi-Tek sur l’album Reflection Eternal, Talib sort enfin son premier véritable album solo Quality, avec un nom pareil, vous noterez qu’il faut plutôt assurer, encore que y’a pas mal de jerks qui ne se posent pas ce genre de question...
Alors et cet album ? Rarement entendu un album de rap aussi riche musicalement, avec comble du bonheur de véritables instruments et pas seulement un DJ derrière les platines (attention un DJ c’est bien, mais c’est si rare qu’un rappeur fasse appel à de vrai zicos qu’il est bon de le signaler et de s’enthousiasmer donc). Et puis, mais ça c’est par contre pas une grande surprise pour ce style musical, on a droit à de nombreux invités, dont forcément Mos Def mais aussi Black Thought des Roots (que demande le peuple ?!).
Bref l’un des albums rap de cette année ci (classé seulement 21eme au billboard, pfff...)

Oh oh jolie poupée…

Cette année là, Klapisch jouait les tenanciers en Catalogne, Ozon réalisait son fantasme de petit garçon et Mel retrouvait la foi grâce à de méchants extra-terrestres. Au niveau necro, on retiendra que Rod Steiger et James Coburn, partenaires dans Il était une fois la révolution sont morts à quelques mois d’intervalle. Et au niveau réal, le Sunset boulevard perdait son plus illustre VRP tandis que le petit Gibus disait adieu à Yves Robert.
En 2002, après nous avoir narrer les mésaventures tragiques d’un yakusa perdu à Los Angeles, Takeshi Kitano revient avec un drame contemplatif épuré au maximum. On a souvent taxé le japonais comme un réalisateur qui se complaisait dans la violence juste parce qu’il en montrait le vrai visage. Qu’un policier new-yorkais dégomme plus de quarante terroristes (une approximation) comme dans un jeu vidéo ne dérange personne, qui plus est, si le bad guy tombe comme une mouche, la morale est sauve… sacré John McClain, dire que le volet quatre est en préparation... Mais quand quelqu’un montre la douleur et le sang qui accompagne un acte violent, la morale s’insurge et clame haut et fort, que ce réalisateur fait l’apologie de l’ultraviolence… Y’a des coups de pied au cul qui se perdent surtout ! Qu’on taxe Kitano de faire une œuvre cynique, mélancolique et surtout désabusée, je l’admet, c’est bien l’une des raisons qui fait que j’apprécie autant ses premiers films mais qu’il se complaise dans la violence gratuite, là je dis non ! Faudrait arrêter de vivre avec des œillères, fichtre !
Son premier long métrage, le déjà remarquable Violent cop pouvait être considéré comme la plus cynique de ses créations, le genre d’œuvre qui flatte ma misanthropie en somme, mais pour le clampin avide de morale et gardien d’un eugénisme culturelle, la violence assumée du film pouvait choquer. Et c’est là où le Kitano a frappé fort en 2002 avec Dolls, ou comment faire un film violent sans la montrer, juste filmer le résultat, laissant ainsi au spectateur le choix d’imaginer le pire en matière d’images (en parlant d’images, la photographie du film est époustouflante). L’histoire pour faire court, retrace trois histoires d'amour inspirées par le théâtre traditionnel japonais bunraku (j'avais prévenu, résumé court...).

Comme le duo Fellini et Nino Rota (par exemple), Takeshi fut longtemps associé au compositeur nippon Joe Hisaishi. Aujourd’hui donc, un extrait de la BO, où Hisaishi montre un talent incroyable en matière de morceau joué seul au piano, l’ombre d’un Satie ou d’un Debussy n’est pas si loin.

Cette année là…

La frisouille partait abdiquer pour l’île de Ré, la droite surfait sur la vibe sécuritaire tandis que le borgne allait en récolter les fruits… Cette année là, l’Afghanistan perdait des barbus et quelques burkas, Guantanamo devenait le lieu préféré de villégiature des dits barbus alors que l’Irak subissait encore pour quelques temps le régime du raïs avant de profiter enfin l’année suivante de la démocratie (et d’une guerre civile en cadeau bonux)…
Bref, comme dimanche prochain, c’est la grande loterie démago quinquennale, cette semaine, intéressons nous à l’année 2002, pour marquer le coup.
La dite année donc, sortait une compile d’un groupe de djeun’s comportant en fait que des chutes de l’album studio précédent. En lisant ça, on pourrait penser à juste titre que l’arnaque est au coin de la rue, d’autant plus que le disque ne comporte aucune indication, pas le nom du groupe sur la pochette, aucune info, juste le titre des chansons (finalement ils auraient pu jouer le concept foutage de gueule jusqu’au bout en omettant le titre des chansons, enfin bon…).
Oui mais justement, System of a down a réussi son pari plus ou moins risqué. En effet, les arméniens, en ne sortant que des chutes de Toxicity, réussissent à transformer une compile qui sur le papier n’a que peu d’intérêt (sauf pour le fan bien sur) en un album à part entière. Certes, le tout manque forcément de cohésion, mais à l’écoute des chansons, la qualité est plus qu’au rendez-vous, comme quoi…
Je préfère même Steal this album ! à Toxicity. Les compos sont plus brutes, plus débridées, ce qui explique peut-être que l’on ressent plus l’apport de la musique arménienne sur ces chansons. Encore un exemple qu’on peut être un groupe de djeun’s et finalement en avoir sous la caboche. Et finalement je sais de quoi je parle car je fus très longtemps réticent à vouloir jeter une oreille sur leur musique (oh le vieux con me dis-je !). Faut dire, on les a rattaché au mouvement néo, et ça je peux pas.
Sauf qu’ils ont été justement à tord placé dans cette catégorie. Musicalement on a surtout droit à des rejetons du groupe Faith no more, où le chanteur Serj Tankian s’inspire des prouesses vocales de Mike Patton. Bref, le groupe réussit à mélanger des influences aussi diverses que Faith no more, Zappa, le hardcore ou Slayer pour la virulence (pis les deux ont le même producteur).
Encore une fois, le père Rick Rubin qui produisit leur premier album montre une fois de plus, son éclectisme et son nez pour dénicher les nouveaux talents. Aujourd’hui donc un extrait de Steal this album ! et sa version live au fameux Reading festival.

J-13

Dans mon dernier post consacré à Alain Bashung, on l’avait laissé à son firmament (artistique car commercialement, un bouillon…) en 1982 avec son fameux Play blessures. Et finalement à partir de là, ce fut le début d’un long tunnel… les années 80 en somme. C'est-à-dire qu’après la collaboration avec Gainsbourg, Bashung décide en 1983 de nouveau de changer de parolier, le jeune Pascal Jacquemain, pour l’album suivant Figure imposée et de continuer dans l’expérimentation musicale, à savoir un mélange de coldwave avec machines, bref ça sent l’EBM. Cela dit l’album en plus d’être de nouveau encore un four, est cette fois-ci relativement bancale (mais contient deux classiques du père Alain, Imbécile et What’s in a bird ?). En 1986, changement de cap, Bashung revient à une musique plus consensuelle et fait de nouveau appel au parolier Bergman. L’album qui naîtra Passé le Rio Grande obtiendra d’ailleurs une victoire de la musique l’année suivante et de nouveau un succès commercial. Et finalement c’est pas si étonnant que ça, l’album colle parfaitement avec l’époque, ce qui fait que forcément, ce dernier n’a pas passé l’épreuve du temps, au contraire… On retiendra quand même l’excellent titre SOS Amor.

A partir de là, il convient justement de constater que Bashung tentera toujours d’avoir la même dynamique, alterner album difficile, sombre, exigeant avec un autre plus facile, plus à l’écoute du public. Et cette tendance se confirmera fin 80 avec Novice produit par le leader du groupe culte Wire et avec parmi les musiciens un certain Blixa Bargeld (de Einstürzende Neubauten et des Bad Seeds de Nick Cave).

De nouveau en 1991, Bashung sortira donc un album moins sombre qui encore une fois (Novice ayant été loin de là un succès commercial) trouvera son public, Osez Joséphine (avec le fabuleux Madame rêve). Cette fois ci, à la différence de l’album de 1986 où Bashung rêvait d’Amérique, ce dernier y met franchement les pieds (une partie de l’album sera enregistré à Nashville), et ajoute du blues à sa musique ainsi que quelques reprises plus ou moins bien senties. En effet, parmi les reprises de l’album, celle de Dylan ou de Buddy Holly, me laisse franchement indifférent. Mais, celle qui clôture l’album est de toute beauté, à savoir celle des anglais the Moody Blues et leur tube Nights in white satin. Le brio de cette relecture est d’avoir laissé tombé tout le côté lyrique, un peu flonflon (ceci dit c’est l’époque qui voulait ça, vous savez la fin des sixties...) pour ne garder que l’aspect brut de décoffrage, dégraisser au maximum avec la voix d’un Bashung fatigué pour au final obtenir un blues de toute beauté.

Les usines électriques à la sauce alsacienne

Je note que ça 7 mois que ce vaseux blog existe et que je n’ai encore point écrit quelques lignes sur l’un des groupes français l’un des plus sinon le plus intéressant qui ait existé (avis totalement subjectif), le groupe alsacien Kat Onoma (au passage cette fin de semaine est une spéciale Alsace car demain aussi ça sera un artiste de cette région, pourquoi ?, parce que bon…).

Alors « comme son nom l’indique » (bah vi c’est ce que veut dire le nom du combo en grec, faut dire que le chanteur Rodolphe Burger a un DEA en philo, ça calme, enfin moi en tout cas, ça me calme), fut formé dans les années 80 et sorti son premier album Cupid en 1988.
A la différence d’autres groupes français, ce dernier est sans doute celui qui se rapproche le plus du Velvet dans sa démarche artistique et autre particularité ces derniers mettent en musique des textes de Beckett ou du poète US Jack Spicer. Musicalement, hormis le premier album qui reste à mon avis encore un peu brouillon, on note aussi un talent certain pour les ambiances atmosphériques, le tout sous la coupe d’une trompette très Milesdavisienne.

Et en matière d’ambiance justement Kat Onoma en live avait l’habitude de finir ses concerts par un titre pour le moins étrange pour un groupe de rock à guitares, Radioactivity des visionnaires Kraftwerk. Là aussi, on a droit à quelque chose de grandiose, la facilité aurait été finalement de continuer dans l’aspect froid, mécanique aidé par des machines, mais là non, ambiance planante, sombre, bref la reprise vaut largement l’original car différente et inspirée.

Sinon pourquoi des alsaciens reprendraient un titre parlant finalement de nucléaire ? Je vous rappelle qu’un certain nuage radioactif s’était arrêté à la frontière en 1986 (et oh, en plus ça venait d’Ukraine, bah!!), c’est donc implicitement un hommage à l’Alsace qui a combattu vigoureusement la menace soviétique (enfin, je vois pas d’autre explication possible).

Pouf pouf… je te jette un sort

Dans la série cover, la chanson écrite par Screamin’ Jay Hawkins, I put a spell on you, est l’une des chansons du répertoire populaire afro-américain qui fut justement de nombreuse de fois reprise par divers artistes ; aussi blancs que noirs d’ailleurs. Le but n’étant pas de faire le listing complet, on retiendra la plus prestigieuse, celle de la grande Nina Simone et l’une des plus étonnantes, celle de Marilyn Manson, pour la B.O de Lost Highway (l’ayant cité la semaine dernière, à vous de vous souvenir qui en est le réalisateur).

Cela dit avant la reprise de 1996, un groupe de petits blancs avait déjà tâté le terrain en s’occupant à leur manière de ce tube, en pleine période psychédélique (même s’ils ne sont pas rattachés à cette scène, je vous l’accorde), les légendaires Creedence Clearwater Revival.

Le groupe formé par les frères Fogerty sort son premier album éponyme en 1968 et balance la sauce dès le premier titre avec cette fameuse reprise. A noter au passage qu’ils ont toujours joué avec l’image des bayous ou de la Louisiane, mais en fait ils sont de la côte ouest les gars…

Alors qu’est ce qui frappe le plus en écoutant ce joyau ? Déjà la voix de John Fogerty, une voix puissante et chaleureuse, on peut même dire qu’il assomme tout de suite la supposée concurrence. Et puis, ce qui retient aussi l’oreille (ou les deux si vous écoutez en stéréo… ouais, c’est minable, je sais…), c’est la cohésion et finalement la maturité du groupe, celui-ci n’hésitant pas à étirer la chanson (faut dire que l’original était plutôt concis, soit 2 minutes 30 environ) et feront de même sur l’autre reprise et tour de force de l’album, leur version de la fameuse Suzie Q (presque 9 minutes au compteur).

Et c’est là aussi le point remarquable du combo, ce qu’ils confirmeront plus tard dans leur discographie ; écrire des tubes intemporelles qui dure deux minutes grosso modo, comme au bon vieux temps du rockabilly des fifties mais de l’autre côté, vivre avec son temps et se lancer dans des jams inspirés où le talent de guitariste de John Fogerty pointe encore son nez (et en plus il est aussi le compositeur du groupe…).

Bref un premier album qui annonçait déjà que du bon.

Pluie d’hémoglobine

En attendant la mise en veille prochaine du blog, intéressons nous à deux cas d’école en matière de reprise. L’exemple pour les 3 malheureux internautes qui auraient atterris par mégarde ici, concernera une chanson guillerette, poetique, des troubadours provenant de Los Angeles, Slayer, ayant pour titre Raining Blood.

Déjà, avant de commencer à parler dans le vide à propos de l’intérêt supposé des ces reprises, approfondissons un peu le choix d’une telle chanson. Premièrement, cet hymne aux parapluies ensanglantés fait parti du 3ème album de la bande à Kerry King, le bien nommé Reign in Blood (ça annonce déjà la couleur, on se doute déjà qu’on risque guère de trouver des comptines pour chiards avec un titre pareil…). A vrai dire cet album paru en ’86 représente ce qui se fait de mieux en matière de virulence thrash. D’autres ont essayé, et pourtant on retrouve véritablement la quintessence du style, morceaux compacts, solos destroys au possible, rythmique rouleau compresseur et une bonne louche d’anticléricalisme et autres provocations. Raining Blood est en fait le dernier morceau de l’album, et sied parfaitement à l’adage on finit en beauté, à fond à fond à fond ! On aura même droit ainsi à une dernière partie du morceau totalement déstructurée qui montre une fois de plus que le groupe ne veut décidément pas composé de solos mélodiques.

Alors forcément avec une telle aura culte, il n’est pas étonnant que nombre de groupes extrêmes aient été influencés par le combo de L.A. En 1999, le groupe polonais Vader, officiant dans un death metal efficace, à défaut d’être original, sort un album live nommé sobrement Live in Japan. Au passage, on notera que depuis que Deep Purple a enregistré son live au Japon, il est de bon ton de publier un album live au pays du soleil levant… Durant le concert, on a droit ainsi à la reprise du fameux titre de Slayer. Finalement, la reprise comme le groupe qui l’interprète est honnête. Certes, la production n’est pas optimum, mais l’interprétation sonne juste, plus rapide, death en somme quoique moins puissante que l’original; sans oublier aussi les qualités du batteur qui est passé (enfin était, il est mort depuis…) maître dans l’art de la double grosse caisse.

Deuxième exemple, après une reprise qui joue la carte de la surenchère, on peut avoir l’autre versant, la reprise qui s’inspire de l’original mais qui au final se la réapproprie. Tori Amos avait justement par le passé montré son savoir faire dans ce domaine à travers ses prestations live, où cette dernière avait réussi à faire des reprises personnelles des tubes de REM, Losing my religion ou de Nirvana, Smells like teen spirit. Forte de ce potentiel et pour faire une pause entre deux véritables albums, la demoiselle sortit en 2001 un album entiers de covers, allant de Depeche Mode (une version acoustique de Enjoy the Silence renversante) à Tom Waits en passant donc par les thrashers Slayer. L’album fut relativement bien accueilli par la critique et se vendit aussi comme des petits pains (4ème au Billboard tout de même). Certes, certains esprits chagrins ont trouvé que la reprise du Heart of Gold du loner était ratée (c’est pas ce qu’il y a de mieux, c’est certain), tout comme celle des Fab 4 Happiness is a warm gun. Pour ce dernier cas, n’étant pas fan (doux euphémisme) de la bande des 4 de Liverpool, je trouve au contraire le titre bon… mais je manque sans doute d’objectivité et de bon goût puisque j’ai jamais accroché la musique des Beatles…

Et donc Tori décide de reprendre l’une des chansons phares de Slayer, Raining Blood. Le résultat me direz vous ? Et bien sans surprise, c’est tout simplement époustouflant, et on a du mal à en croire nos oreilles. Seule au piano, la chanson glace le sang, elle a su restituer le côté malsain de la chanson en y rajoutant un aspect froid que tout bon fan de Nico se doit d’applaudir (cela dit il manque l'harmonium). Bref, parmi ces deux reprises, vous avez compris laquelle je préférais.

We Want Miles: the return of the Prince of Darkness

On avait quitté le grand Miles en 1975 le temps d’une tournée mondiale phénoménale mais au combien épuisante. Dès lors, Miles Davis, aussi bien ruiné physiquement (un problème à la hanche qu’il traîne depuis quelques années) que moralement, tire sa révérence. Pour combien de temps ? A vrai dire à l’époque nul ne sait.

Miles disparaîtra ainsi pendant 5 ans, 5 longues années où on ne sait pas très bien ce qu’il a fait. La défonce ? Assurément. La dépression ? Sans doute, se remémorant son maître, Charlie Parker, et son plus talentueux sideman, Trane, tous deux mort trop jeunes. Accessoirement, il aurait fait le dealer ou le pimp, mais ça… on va dire que ça fait partie de la légende sombre du Prince of darkness, rien est moins sur, tout est sans doute inventé.

Une chose est sur, pendant ces 5 années, Miles reste cloîtré dans son appartement, et accepte la visite de peu de personnes. Dans les anecdotes relativement savoureuses, Mick Jagger serait venu taper à la porte pour lui montrer son soutien et son admiration… Ce serait mentir de dire qu’il fut bien accueilli…

Mais Miles trouvera parmi les soutiens, un membre de sa famille, un jeune neveu lui aussi musicien de jazz, lui donnant la force de remonter la pente et de montrer à la jeunes générations des 80’s que Miles n’est pas mort. D’ailleurs, on sent bien que c’est loin d’être prémédité, on est loin des faux adieux des chanteurs de seconde zone qui balance leurs adieux et qui finalement réapparaissent l’appel de la planche à billet étant trop tentant.

En 1981, Miles sort ainsi son tout nouvel album studio depuis Get up with it datant de 1974, The man with a horn. Comme toujours, Miles sait s’entourer, il a autour de lui de jeunes zicos talentueux près à en découdre : le guitariste Mike Stern, le saxophoniste Bill Evans (à ne pas confondre avec l’ancien pianiste de Miles) et le bassiste Marcus Miller, sans oublier le fidèle Al Foster batteur de Miles depuis le début des 70’s.

Forcément, après un album studio, s’en suit une tournée mondiale, et c’est là où on voit que Miles n’a rien perdu de son talent et de sa superbe, au contraire. L’album We Want Miles présente ainsi l’enregistrement de concerts du Prince of Darkness à Boston, NYC et Tokyo. On note que les morceaux du nouvel album son taillé pour la scène, on retiendra un Fast Track qui porte bien son nom et une nouvelle version du My man’s gone now de Gershwin datant du fameux Porgy and Bess de ’59 avec Gil Evans.

Aujourd’hui pour conclure notre thématique, le titre Jean-Pierre qui fut d’ailleurs le moyen mnémotechnique pour se souvenir de ce fabuleux live « mais oui, l’album jaune où y’a Jean-Pierre !».

Liz et Robin

Tiens encore un groupe qui fut formé dans les années 80 et qui sortit justement ses meilleurs albums lors de cette décennie; comme quoi, j’ai beau être critique envers les 80’s, y’a quand même eu du bon, faut pas être négatif non plus...

Les Cocteau Twins se forme en ’79 et tire leur nom d’une chanson obscure des Simple Minds (qui à leur début était un bon groupe de post-punk, mais l’appel de la pop, enfin vous savez...). En 1982 le trio (enfin on retiendra surtout Liz Frazer et Robin Guthrie) sort leur premier album, Garlands, sur le label indépendant 4AD (futur label de Dead Can Dance ou des fous The Birthday Party). Le groupe se cherche encore, ce disque faisant fortement penser à Faith de The Cure (comme source d’inspiration, on a vu pire, lol) mais avec déjà LA marque du groupe, la voix particulière de Liz. L’année suivante, le duo enregistre l’album Head over Heels qui chose étonnante peut être considéré comme l’album de transition (mais attention ça veut pas dire non plus qu’il est bancal, c’est même mon préféré alors bon...), le groupe commence à s’éloigner des schémas établis et à fonder sa propre personnalité. Il est intéressant de noter le travail effectué sur le son de guitare, Guthrie qui semble d’ailleurs plus se concentrer sur le son que sur la technique propre de son instrument. La même année le duo collabore au projet du label, This Mortal Coil, où Liz chante la reprise de Tim Buckley (le paternel de Jeff), Song to the siren (chanson ultra connue, entendu dans pas mal de pubs et aussi dans le film Lost Highway du père Lynch). On peut noter aussi que parallèlement aux différentes sorties de LP’s, le duo sortira durant sa carrière bon nombre de EP’s, leur permettant ainsi d’expérimenter un peu plus et d’être ainsi plus libre.

Cela dit, l’album qui fera véritablement la notoriété des Cocteau sera leur 3eme album (vous savez le fameux album de la maturité...) Treasure sorti en 1984 avec un nouveau membre, le bassiste Simon Raymonde. Première particularité, toutes les chansons portent un prénom féminin (en passant c’est d’ailleurs cet album qui m’a donné l’idée de la thématique hebdo). Seconde particularité, on peut dire que l’album représente sans doute la perle de ce qu’on appellera la dream pop (terme un peu bâtard, mais quand on aime coller des étiquettes...) et pour beaucoup finalement leur meilleur album. C’est aussi dans cet opus où Liz joue le plus avec son chant, intégrant parfaitement sa voix comme un instrument.

Jeff Beck: The first guitar-hero

Bah oui, pour moi le premier guitar-hero de l’histoire du rock, c’est Jeff Beck quand il faisait encore parti des Yardbirds (un groupe anglais mineur (?!) qui a eu comme guitaristes, Clapton, Beck et Page, pas mal quand même...). Certes, auparavant dans le rock, il existait déjà quelques guitaristes émérites, mais personne encore n’avait poussé des recherches aussi poussées en matière de maîtrise de la six cordes. On notera justement l’influence qu’a eu Beck sur le gaucher magique, Jimi H.

Donc en 68, « salut les gars moi je me casse et je pars fonder un autre groupe ». En fait officiellement, Beck serait parti des Yardbirds pour raison de santé (l’excuse bidon…), mais il voulait se barrer un point c’est tout, le groupe ne l’intéressant plus (mmh, on peut se demander si Page y est pas pour quelque chose aussi). Le Jeff Beck Group (il s’est pas foulé le gars pour le nom, lol) sort ainsi en 68 et 69 deux albums avec dans les rangs un certain Rod Stewart et un certain Ron Wood. Mais le succès public n’est pas au rendez-vous, et si vous ajoutez à cela les crises d’ego, c’est la fin du groupe première version. Bon, pour les deux compères, c’est pas grave car ils vont intégrer les membres restants des Small Faces (Steve Marriott s’étant barré) et devenir ainsi les Faces (jusqu’en 75). Et c’est après que Ron Wood intégra les pierres qui roulent et Rod commença sa carrière solo fructueuse.

Mais revenons à Beck... Alors après il continue encore son Jeff Beck Group avec d’autres zicos puis tâte encore un peu plus le gros son en trio avec Carmine Appice (le pote de Bonzo si vous suivez mes posts) et Tim Bogert à la basse.

Cela dit pour l’instant, le Jeff a pas encore trouvé de véritable formule miracle, comparé a Jimmy Page et son dirigeable, on peut même dire qu’il est à la ramasse... En 1975, Beck surfe sur la vague Jazz-rock et enregistre ce qui deviendra son plus grand succès commercial Blow by Blow, produit par Mr George Martin (avec un gars pareil, au niveau prod, Beck pourra dormir tranquille... pour les nuls le monsieur est connu pour être aussi et surtout le cinquième Beatles). L’année suivante, Beck en remettra une couche avec Wired, épaulé cette fois-ci par l’ancien claviériste du Mahavishnu Orchestra, Jan Hammer (petite apparté pour Sony, c’est lui qui s’est occupé de la BO de la série Miami Vice). Comme son prédécesseur, cet album sera autant acclamé par les critiques que bien accueilli par le public.

Maintenant, que penser de ce virage ? Pour certains, en plus d’être opportuniste, Beck surferait avec du jazz-rock de superette, ce qui expliquerait ainsi le succès commercial de l’entreprise... Peut-on véritablement croire ces bilvesées? Ca ressemble surtout a de l’élitisme moisi! C’est le genre de même personne qui critiquait la demarche de Miles ou aujourd’hui le Gotan Project en disant “je préfère écouter Astor Piazzolla que cette musique dite lounge... » Désolé, mais pour le Gotan, justement, c’est grâce à eux que j’ai découvert l’oeuvre du grand Astor, alors bon... Et permettre aux jeunes générations à travers une musique plus actuelle de découvrir des musiques plus anciennes, si c’est un défaut, y’a un problème quelque part...

Mais alors le skeud, il vaut quoi ? Certes, le disque est léché comme c’est pas permis, mais pas surproduit, avec classe, la patte George martin quoi ! L’apport des cordes sur le dernier Diamond Dust est à ce propos en aucune manière pompeuse, au contraire! Alors oui, c’est pas un jazzman de formation et c'est pas un disque de jazz, mais le résultat n’est ni honteux ni boiteux, n’en déplaisent aux affreux.

Aujourd’hui pour coller à la thématique, un titre qui porte le prénom d’un véritable monstre sacre du jazz, peut-être le pianiste le plus important dans l’histoire du jazz, monsieur Thelonius Monk. A noter que sur l’album suivant, Wired, Beck reprendra un standard d’un autre grand bonhomme du jazz, monsieur Charles Mingus et son fameux Goodbye Pork-Pie Hat.

Une famille nombreuse

Tient ça va changer pour une fois, un peu de chanson française. Cela dit, vu le nombre d’artistes français que je trouve intéressants, faut pas s’étonner de la raréfaction de ces derniers dans ce blog (et quand ils chantent en français, c’est encore plus rare…).

Pourtant les années 80 ont vu l’émergence de la scène alternative française, avec comme tête d’affiche les garçons bouchers, la Mano Negra, les béruriers noirs ou les négresses vertes. Et justement je vais m’intéresser au groupe d’Helno (ancien choriste des béru justement).

Les négresses vertes ou comment des enfants du punk parisien ont rendu un hommage à la chanson française classique (Fréhel par exemple, oui c’est pas tout jeune…), avec comme lien la gouaille de titi d’Helno. La force aussi du groupe, en plus d’être une véritable famille, c’est sa cohésion musicale. En général, quand on pense chanson française, la musique passe à l’as, c’est le texte et le chant qui priment (ouais bah voyons… d’où les générations spontanés de gueulards qui polluent les ondes sans talent…). Sauf qu’ici, rien du tout, une vraie maturité se dégage de leur musique, avec de multiples influences qui rendent justement leur musique si riche. On a droit ainsi à une guitare flamenco accompagnée par un accordéon et le tout sous la coupe de cuivres puissants.

En 1988, la bande à Helno et Mellino enregistre ainsi leur premier albun, Mlah, et déjà c’est un coup de maître. On navigue entre une ambiance festive avec les tubes Voilà l’été ou Zobi la mouche mais aussi (et surtout) des chansons plus graves traitant du suicide par exemple (le poignant Hey Maria) avec justement une musique qui ne l’est pas, grave, pour mieux marquer le contraste.

Megadave

Y’a 15 jours j’avais causé des débuts de Metallica et avait souligné que j’écrirais aussi un petit quelquechose sur le groupe que forma Dave Mustaine après son éviction du combo, et bien c’est aujourd’hui !!!

Donc en 1983, le Dave se fait remercier, et à droit comme ultime cadeau un aller simple en bus pour L.A. Le rouquin se fait alors la promesse de former un groupe qui aura alors plus de succes et qui éclipsera le combo de San Francisco (bon OK, il s’est planté pour le coup, cela dit, Megadeth a quand même vendu 20 millions d’albums dans le monde, c’est pas rien non plus).

Comme assise principale autour du cyclothymique rouquin, on trouve d’abord le bassiste Dave Effelson (rencontré dans le même immeuble où Mustaine créchait), puis ensuite c’est là où la valse des zicos va commencer : le choix du batteur et du guitariste. Car dans l’histoire de la Megamort, on peut considérer ces postes comme des sièges éjectables ! On notera que Kerry King de Slayer fit parti des membres occasionnels du combo (mais comme il fallait choisir entre les deux, le Kerry décida de rester dans son combo originel, pis être dans Megadeth signifiait aussi de ne pas avoir le leadership, quand on connaît le caractère du Kerry, ça collait moyen donc…). De même, en 1987, quand le premier batteur Gar Samuelson se fit virer, Dave Lombardo (le batteur de Slayer) qui venait pour une première fois de quitter la bande à Kerry King fut pressenti pour prendre la place derrière les fûts (ça se fera jamais en fait, mais ça aurait pu…).

En 1987, le groupe a déjà fait parler de lui, dont deux albums à leur actif, avec le fameux et sans doute leur meilleur album, Peace sells…but who’s buying ? sorti en ’86. Il s’agit donc d’enregistrer un troisième album, avec deux nouveaux membres, Chuck Behler à la batterie et Jeff Young à la guitare (l’ancien Chris Poland fut accusé d’avoir vendu du matos du groupe pour s’acheter de la dope…). Au début de l’année suivante sort ainsi So far, so good…so what ! L’album fut moyennement bien accueilli, devenant tout de même disque de platine aux USA. A vrai dire plusieurs défauts sont à pointer. Tout comme les deux albums précédents, la production est pas terrible. Cela dit, à la différence du premier album par exemple, ce n’est pas du à un manque d’argent. Faut savoir quand même que ce junkie de Dave avait tapé dans le budget alloué au disque pour s’acheter sa came… Après ça, si le son et la prod parait faiblarde, faut plus s’étonner de rien… Donc déjà, premier point, la production est faible, mais en même temps ça lui rend un rendu crade, ce qui me plait énormément en fait. Deuxième point de discorde pour les critiques, le niveau des musiciens, et en particulier les capacités des nouvelles recrues. C’est vrai que le père Behler a un jeu ultra limité, dans le genre binaire, il tient bien sa place, mais hormis ça, il a un jeu donc pauvre, mais pauvre… Pis les interventions du deuxième guitariste ne sont pas non plus mémorables (et avec le temps, ça ne s’est pas arrangé). Il faut dire qu’il peut difficilement soutenir la comparaison, il suit les traces de Poland et pour le quatrième album Mustaine s’adjoindra les services du virtuose Marty Friedman, donc entre les deux, le père Young fait tache… Troisièmement, la méforme de Mustaine. Le Dave est vraiment défoncé, et donc l’écriture s’en ressent.

Avec tout ça, on pourra me dire mais pourquoi alors proposer un titre d’un album moyen voire mauvais ? Car en fait il n’est pas mauvais cet album! Certes, être coincé entre les deux meilleurs albums du groupe, Peace… et Rust in peace, déjà ça n’aide pas, mais je le trouve fortement sympathique moi ce So far… Il a beaucoup de défauts, mais paradoxalement, c’est qui me le rend attachant. Et puis, pour beaucoup, les compos sont mineures, et là je ne suis pas d’accord. Sur les 8 titres, on compte 4 classiques de Megadeth, pour un album moyen, je trouve ça pas mal ! Parmi les pépites, je note un Set the world afire avec une intro les plus tripantes que j’ai jamais entendu, même Metallica n’a jamais réussi à faire aussi bien dans le genre. Et puis Hook in mouth ou In my darkest hour (dédiée au bassiste Cliff Burton) sont encore jouées à leur actuelle ; preuve en est que l’album est pas si naze ! Par contre et c’est vrai que ça fait un peu tache, le groupe a repris le fameux Anarchy in the UK de qui vous savez (enfin j’espère pour vous) avec comme guest Steve Jones, le gratteux originel donc. Malheureusement, la reprise n’est pas mauvaise en soi, mais n’apporte rien (alors que pour Sell ils avaient repris un standard du blues de Willie Dixon, I ain’t superstitious de manière magistrale).

Donc au final, album certes relativement mineure dans la carrière du groupe, qui n’est pas mon préféré, mais reste le plus attachant cependant.

Pour finir, la chanson 502 de l’album porte le titre du code d’infraction de la police routière US pour une conduite en état d’incapacité. Ça tombe bien qu’il ait écrit ça le père Dave, car c’est ce qui va lui arriver pendant l’été 89 durant les auditions pour trouver (encore) de nouveaux zicos. A la clef, le tribunal lui intima l’ordre de se désintoxiquer (enfin, pendant un moment, quand on est junkie pendant des années, on s’arrête pas comme ça).