Lulu - Lou Reed & Metallica (2011)

L'annonce ressemblait à un poisson d'avril. Mais la saison des canulars printaniers n'étaient plus d'actualité. Lou Reed et Metallica collaboraient à un album commun. De quoi attiser la curiosité du badaud ? Du préposé, pas vraiment, tant le dernier The Raven de papy Reed avait refroidi l'enthousiasme suscité par l'excellent Ecstasy (2000). Et un intérêt d'autant plus relatif à l'écoute de la dernière livraison des four horsemen (comme on dit dans le milieu), Death Magnetic, qui tentait de revenir vainement au thrash de leurs jeunes années. Bref, à part être attiré par une curiosité malsaine et morbide, la sortie de Lulu n'allait aucunement bouleversé le quotidien des amateurs de musique. Or c'était oublier un peu vite le goût pour la viande faisandée qui anime le RHCS.

Promis en quelque sorte comme le chaînon manquant entre le lourdingue Berlin (1973) et le heavy Master of Puppets (1986), Lulu pouvait-il dans ce cas susciter un quelconque regain d'intérêt ? Sur le papier, le doute restait de mise, mais en bon charognard, la chronique d'une catastrophe annoncée devenait trop tentante, la date de sortie du délit méritait donc d'être notée quelque part... le 31 Octobre 2011. Inspiré par deux pièces de théâtre écrites par l'Allemand Frank Wedekind, l'album du quintette (accompagné d'un ensemble à cordes) se décompose [1] en deux disques d'une quarantaine de minutes pour dix chansons au total : faites le calcul, gare à l'indigestion...

Funky front covers part V

En partenariat cette année avec les talentueux Mario Labs ®, ouvrons comme le veut la tradition la nouvelle saison des Funky front covers © pour une mise en ligne croisée en mondovision à la gloire des pochettes sexy, déviantes ou par mégarde ridicules que les décennies passées ont pu offrir à la plèbe amatrice de débordement visualo-musical.

Et pour fêter cette cinquième édition, toute l'équipe (bon ok, le préposé et l'agent comptable...) a décidé de s'éloigner momentanément du funk originel (bouuuuuh!!!) pour d'autres horizons plus exotiques (aaaah!!), en gardant à l'esprit bien évidemment l'essence même des funky covers : une ode aux corps moites et à la chair frémissante.

En préambule, afin de solder les comptes pour reprendre les termes poético-financier de notre agent préféré, et avant de s'enfoncer irrémédiablement vers le grotesque (oh, l'autre!), il est bon de se rappeler qu'une femme nue n'est pas forcément un argument facile de vendeurs de soupe (gniiii?)... tout du moins pas forcément comme le prouvent les trois exemples suivants.

         

Super - James Gunn (2010)

A l'heure où le film de super-héros a toujours le vent en poupe de l'autre côté de l'Atlantique, entre un super-soldat yankee chargé en stéroïdes et bouffeur de nazis/canailles communistes (rayez la mention si besoin), et les futures nouvelles et dernières [1] aventures de l'homme chauve-souris, il est amusant de constater que cet engouement touche également le cinéma indépendant US de ces dernières années, à l'image de Defendor de Peter Stebbings ou de Super de James Gunn, au détail près, on l'aura compris, que ces « super »-héros sont des plus décalés...

Frank D'Arbo (Rainn Wilson) a deux passions dans sa vie: le dessin aux crayons et sa femme Sarah (Liv Tyler). Mais un jour cette ancienne junkie renoue avec ses anciens démons tentée par le séduisant et charismatique Jacques (Kevin Bacon). Abandonnant le domicile conjugal pour ce dealer (et propriétaire d'un club de strip-tease), Frank perd rapidement le goût de la vie... lorsque celui-ci rencontre dieu (doublé par Rob Zombie)... tout du moins le doigt de ce dernier touchant son cerveau après le visionnage d'un des épisodes à but informativo-prosélyte du Vengeur Sacré (Holy Avenger) (Nathan Fillion). Par cette vision divine, Frank a la révélation, il doit devenir un super-héros. Armé d'une clef à molette et d'un costume rouge fait main, le désormais Éclair Cramoisi (Crimson Bolt) fait régner la terreur parmi les dealers de marijuana... et les resquilleurs de files d'attente, les coups de clefs à molette étant globalement assez persuasifs et offrant des souvenirs plutôt mitigés aux cloisons nasales des dits vilains. Mais Frank n'a qu'un but: sauver Sarah des griffes de Jacques, Frank trouvant comme tout bon super-héros qui se respecte son acolyte et sidekick, Libby (Ellen Page), la jeune employée de la boutique de comics où celui-ci était venu chercher l'inspiration... 

Live report : Médéric Collignon "Hommage à King Crimson" New Morning 07/12/2011

Quatre décennies après les premiers soubresauts, si les divers croisements entre le jazz et le rock ne font plus débat et encore moins polémique, la production discographique jazz-rock-fusion des années 70 ayant à elle seule démontré et réglé les tentations de cette chimère musicale, la curiosité restait de mise en apprenant la nouvelle: un hommage jazz au groupe de rock mythique King Crimson. Fallait-il néanmoins s'étonner d'une telle initiative, le Robert Fripp band étant l'une des rares formations de rock progressiste à avoir su éviter les nombreux pièges et travers de la scène dite art-rock. Robert Fripp guitariste aux multiples facettes, Médéric Collignon électron libre du jazz français, la rencontre ne manquait pas de piquant.

Accompagné d'un double quatuor à cordes et de son habituel quartette Jus de Bocse (Philippe Gleizes à la batterie, Frank Woeste au Fender Rhodes et Frédéric Chiffoleau à la contrebasse) avec qui Médéric Collignon rendit un précédent hommage à Miles Davis (les albums Porgy and Bess et Shangri-Tunkashi-La sortis en 2006 et 2010), Collignon revisite à sa façon l'univers du Roi pourpre, avec une préférence prononcée pour son répertoire "récent" lors de ce troisième concert au New Morning cette fois-ci (1). S'ouvrant par le classique éponyme morceau de 1974, Red, le cornettiste dès cette introduction rassure l'habitué des sonorités "frippiennes", l'esprit est bien là, à charge pour le souffleur d'imposer son style par la suite. S'enchaîne Vrooom et Vrooom Vrooom issus de Thrak (1995) où le groove du quartet assoit durablement l'empreinte que laissera le souvenir de ce concert : une musique maîtrisée de bout en bout, à la fois fidèle et libre dans son interprétation, Crimson revisité par une formation apparentée jazz-funk, qui l'eut cru?

Cronico ristretto: L'arbre et la forêt - Jacques Martineau, Olivier Ducastel (2010)

Le préposé n'a jamais caché son admiration pour Guy Marchand, comment pourrait-il en être autrement? Allant même jusqu'à chroniquer son dernier album lors de sa sortie en mai 2008 (A Guy in Blue) ou à porter parfois quelques couvre-chefs pour se rapprocher un tant soit peu du maître. Et s'il aura fallu plus d'un an pour voir le dernier long-métrage de notre hidalgo septuagénaire, L'arbre et la forêt, le souvenir d'avoir vu l'un des plus beaux rôles de Guy Marchand marquera plus les esprits que ce délai d'attente malheureux.

1999, un homme âgé marche dans une forêt sans but apparent, contemple les arbres, la forêt, sa forêt. Soudain un molosse à l'allure impressionnante mais nullement menaçante s'approche, le vieil homme qui était l'instant d'avant calme, serein devient tétanisé, la seule vue de ce rottweiler éveillant en lui un passé enterré, synonyme de honte et de terreur. Cet homme, Frédérick Muller (Guy Marchand) n'a pas été convié à l'enterrement de son fils aîné, ce dernier interdisant sa présence. Or nul de la famille n'est au courant de ce bannissement post-mortem, une absence sous couvert d’excentricité, le patriarche forestier étant connu des siens comme un original. Mais ce manquement aux règles n'est pas sans créer des remouds dans la famille, le fils cadet et la petite-fille de Frédérick ne comprenant pas cette attitude apparemment désinvolte... car Frédérick cache un lourd secret, sa stature de prisonnier politique durant l'occupation n'est qu'un leurre, celui-ci fut déporté pour d'autres raisons, ce que son fils aîné découvrit et ne lui pardonna pas.

Cronico ristretto : Sleeping Beauty - Julia Leigh (2011)

"Peinture de personnages à la dérive dans des situations difficilement compréhensibles par un public jeune" [1], voici donc les raisons qui ont poussé la commission de classification des films à censurer, tout du moins demander à ce que soit interdit au moins de seize ans, le premier film de la romancière australienne Julia Leigh. Beaucoup de bruit pour pas grand chose ? En quelque sorte, tant l'opacité du propos ne risquait pas d'inciter les adolescents français à se précipiter dans les salles obscures pour voir les péripéties cliniques d'une poupée dormant avec de vieux messieurs impuissants. 

Lucy (Emily Browning), jeune étudiante australienne, multiplie les petits boulots pour arrondir ses fins de mois difficiles: cobaye pour un laboratoire, serveuse, préposée à la photocopieuse, le tout dans une indifférence non feinte. Un jour, celle-ci répond à une annonce publiée dans le journal des étudiants de sa fac. Serveuse pour soirées très privées dans un premier temps, cette beauté unique, selon les propres mots de Clara sa mère-maquerelle post-moderne (Rachael Blake), va très rapidement se voir proposer le rôle de "belle endormie". Selon un rituel bien définie, après ingestion d'une tisane au vertu assommante, Lucy passera la nuit avec un client, avec nul souvenir au réveil, juste la promesse que son vagin restera "un temple inviolé"...

L'abîme des morts-vivants - A.M. Frank (1981)

L'histoire nous avait appris que pour une querelle (d'argent ?) avec Eurociné, le réalisateur espagnol Jess Franco s'était désisté de la mise en scène du désormais culte Lac des morts-vivants, cédant sa place à un mystérieux J.A. Lazer (qui cachait en fait Jean Rollin). Rapidement réconcilié avec la famille Lesoeur, dont la société reste indissociable de la filmographie du madrilène, pour le meilleur, L'horrible docteur Orlof, et pour le pire, au hasard Mondo cannibale, le réalisateur ibérique accepta cette nouvelle commande, pour le bonheur des amateurs de friandises miteuses sur pelloches. De cette production au nom fleurant bon l'effroi made in France, L’abîme des morts-vivants aura toutefois davantage marqué l'inconscient collectif international avec un titre anglophone avant-gardiste, osant mêler l'horreur et l'exotisme le plus échevelé : Oasis of the zombies / Living-Dead [1].

1943, en pleine seconde Guerre Mondiale, un commando allemand transportant un chargement de 6 milliards or en plein désert saharien est intercepté par les alliés dans une oasis. De cette bataille d'une rare violence, un seul homme survit, le capitaine Blabert (Javier Maiza). Cet officier de la couronne britannique est très rapidement recueilli par l'une de ses anciennes connaissances, le cheikh local (Antonio Mayans) régnant sur cette contrée aussi belle qu'hostile. Soigné, Blabert profite comme il se doit de l'hospitalité des hommes du désert en tombant amoureux (et plus si affinités) d'Aisha, la fille du cheikh. Puis la guerre enfin terminée, Blalbert rejoint finalement celle qui lui a donné son cœur et par extension sa vie, car Aisha est morte en couche, laissant seul et désemparé son père le cheikh et désormais captain Blabert...

Ils étaient les brigades rouges 1969-1978 - Mosco Levi Boucault (2011)

Disponible en DVD depuis le 21 septembre, le documentaire Ils étaient les brigades rouges 1969-1978 (1), comme son nom l'indique, s'attache à retracer la première décennie de l'organisation révolutionnaire italienne, de ces débuts dans les grandes villes industrielles du Nord de la péninsule à l'enlèvement puis l'assassinat du président de la Démocratie Chrétienne, Aldo Moro, en mai 1978. Avec l'appui des documents d'époque, Mosco Levi Boucault revient sur ces "années de plomb" avec le témoignage de quatre membres du commando qui a enlevé Aldo Moro.

Dans une première partie intitulée Le vote ne paie pas, prenons le fusil, le documentaire revient pas à pas sur les raisons qui ont poussées une certaine jeunesse italienne à quitter le giron du parti communiste, dans lequel ils ne se reconnaissaient plus, pour une lutte politique basée sur l'affrontement, avant de glisser dans la seconde partie, La révolution n'est pas un dîner mondain (2), vers la lutte armée et le meurtre. Le film décrit par les témoignages de Raffaele Fiore, Prospero Gallinari, Valerio Morucci et Mario Moretti, chef du commando Moro, comment à l'automne 69 les tensions sociales, l'incompréhension des syndicats et du PCI envers cette jeunesse ouvrière, puis l'attentat de la Piazza Fontana à Milan (16 morts, 88 blessés) (3) perpétré par des néo-fascistes en décembre de la même année, donneront naissance à divers groupuscules d'extrême-gauche et en particulier les Brigades Rouges (Brigate Rosse). Avec suffisamment de recul, les quatre hommes relatent clairement de manière quasi didactique l'origine du mouvement et sans remords le point de départ de leur dérive criminelle.

Drive - Nicolas Winding Refn (2011)

En préambule et au risque de se répéter, le docteur préposé aurait très bien pu sous-titrer cette chronique par un "pour en finir définitivement avec les eighties?"... ou pointer du doigt l'humour méconnu de Robert De Niro dont le jury cannois décerna au film qui nous intéresse le prix de la mise en scène... Éblouissant ce film si on en croit certaines critiques? Fascinant un cascadeur préférant jouer les chauffeurs pour la mafia au lieu de jouer les chasseurs de prime? Mais n'allons pas trop vite...

Si le film noir n'est pas le genre le plus iconoclaste qui soit, celui-ci suivant au contraire des codes pré-établis, Drive par certains partis pris (douteux?) se situerait dans une catégorie bâtarde voire hybride pour les plus indulgents: celle du ravalement de façade factice et faussement originale ou broder autour du thème classique du film de criminel quelques aspects hétéroclites bancals.

À Los Angeles, un jeune homme taiseux (Ryan Gosling) dont on ne connaîtra jamais le nom (1) travaille comme mécanicien dans un modeste garage. Et le reste de son temps? Celui-ci sait faire profiter à la communauté ses dons de pilote automobile, comme cascadeur occasionnel pour l'industrie cinématographique et comme chauffeur dans divers casses pour la pègre locale.

Cronico Ristretto: Wo!Man - Archie Shepp & Joachim Kühn (2011)

Jeune loup de la New Thing dans les années 60, le désormais patriarche Archie Shepp n'en demeure pas moins en 2011 un artiste dans l'air du temps: un éternel jeune homme au service de la great black music, à l'image de sa dernière oeuvre Wo! Man en duo avec le pianiste Joachim Kühn.

Après un précédent album remarqué, Phat Jam in Milano (2009), où le géniteur de Blasé reprenait d'une manière méconnaissable le classique de Led Zeppelin Kashmir en s'adjoignant les services du rappeur Napoleon Maddox, Shepp quitte deux ans plus tard le spoken word et l'univers urbain du rap pour d'autres horizons: celui du jazz minimaliste.

Quant à Joachim Kühn, ce dernier est connu pour être un grand pianiste de jazz outre-Rhin, mais à la lecture de son parcours, également un artiste aventureux, multipliant au cours de sa vie musicale les rencontres diverses, du free jazz de Don Cherry au jazz fusion d'un Jean-Luc Ponty, Billy Cobham en passant par des jouxtes au piano avec le radical Martial Solal ou le batteur Daniel Humair. 

Cronico Ristretto: 777 Sect(s) - Blut Aus Nord (2011)

Dans la mémoire du préposé, la musique de Blut Aus Nord pouvait se résumer à une introduction froide et lugubre, et à un riff, ou plutôt correction, LE riff : répétitif, imposant, majestueux (Slaughterday (the heathen blood of ours)), soit la quintessence du black metal viking des 90's, celui des formations biberonnées aux élans épiques de Bathory... au détail près que Blut ne provenait pas de Scandinavie mais de l'hexagone, c'était en 1996, et la fin de leur première période.

Dix ans passèrent, Blut Aus Nord enregistra son œuvre : MoRT (Metamorphosis of Realistic Theories), fruit d'une mutation amorcée cinq années auparavant, un condensé de malaise noir en huit chapitres désincarnés, déchiquetés, véritable maelström black metal déstructuré aux confins de l'industriel et du dark ambient.

Cronico Ristretto : Marco Perrin - Jérémy Kaplan (2011)

Rares sont les occasions de pouvoir chroniquer l'oeuvre d'un de ses plus vieux lecteurs : un documentaire mais aussi et surtout le fruit d'une aventure humaine et d'une obstination, celle d'un jeune passionné de cinéma décidé à rendre hommage à l'un des seconds rôles oubliés du cinéma français, Marco Perrin.

Figure récurrente du cinéma populaire hexagonale des années 60 jusqu'au début des années 80, Jean Marco Markovitch dit Marco Perrin comme bon nombre de ses pairs habitués aux rôles mineurs (1), aura marqué l'inconscient collectif par sa bonhomie et son accent méditerranéen. Cet homme de théâtre compte ainsi une filmographie gargantuesque, de la figuration la plus improbable (Les Vikings de Richard Fleischer), à des seconds rôles plus consistants (Les Valseuses, Comme la lune de Joel Séria) et une ribambelle de navets croisés nanar qui ferait déborder d'émotions le premier préposé déviant à la chronique venu, c'est à dire moi (Prends ta rolls et va pointer, Belles, blondes et bronzées, Le gendarme et les extra-terrestres). Mais en 1983, frappé d'hémiplégie, Marco fut contraint et forcé de mettre un terme à sa carrière...

Cronico Ristretto : Cane di Schiena - Calomito (2011)

Quoi de plus obscur et opaque que le RIO ! En voici une affirmation que le rock addict pourra aisément lancer à ses pairs en guise d'amuse-bouche futile. Une question aware loin d'être innocente pour celui qui voudrait contre-alimenter une séance d'art-rock bashing [1]. De toute façon, le Rock In Opposition n'intéresse plus aujourd'hui que les fétichistes de la chaussette 100% pure laine pourrait rétorquer d'une boutade le troll de passage. Or, la formation du jour, Calomito, à l'instar de leurs aînés Stormy Six qui partagèrent la fameuse affiche du festival de 1978 [2], provient d'Italie. Premier indice : le quintette se distingue par une ossature instrumentale inhabituelle, au-delà du trio classique basse, guitare, batterie s'y greffent un violon et un trombone. Second indice : leur musique est principalement instrumentale. Dernier et troisième indice : la qualité des compositions et les multiples références aux quelles ces dernières se rattachent. Conclusion : encore un grand album en provenance d'Italie... mais n'allons pas trop vite.

Piège en eaux profondes - Anthony Hickox (2005)

En préambule, le préposé à la chronique saluera, dans un premier temps, l'imagination et l'art délicat de la traduction des vendeurs de pelloches de toutes sortes à la lecture du titre français du film Seagalien qui nous intéresse. Dans un second temps, le sourire moqueur s'éclipsera pour laisser place à une émotion non feinte, écrasant même une larme en souvenir d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, un temps révolu qui porte un nom : Casey Riback. Faut-il être sentimentalement handicapé pour ne pas vibrer au son d'un bras virilement cassé par notre aïkido panda préféré ? Qui n'a jamais rêvé d'assister à une séance de désossage à mains nus par notre redresseur de torts préférés ? Pouf Pouf. Passé ce léger emportement [1], admettons un instant que le gentil distributeur de Submerged n'est en aucun cas un margoulin de première, ou simplement un vendeur fatigué dont les méthodes de vente faciles n'amusent plus grand monde, mais, avant tout, un homme dont l'altruisme n'a d'égal que sa capacité à éveiller la nostalgie qui sommeille en chacun de nous. Bref, Piège en eaux profondes... 

Cronico Ristretto : Orcs! - James MacPherson (2011)

Dans la série « le préposé avait signé pour un nanar et il s'est fait eu », je voudrais Orcs! Le film de James MacPherson partait pourtant sous les meilleurs hospices : un budget famélique, des professionnels inconnus et un synopsis nous rappelant aux bons souvenirs d'un autre mauvais film sympathique, qui flirtait également avec la fantasy horrifique claudicante : Ogre... Alors, qu'est-ce qui a cloché ?!

L'histoire était pourtant alléchante pour l'amateur de déviance cinématographique : des guerriers orcs affamés s'échappent des tréfonds d'une montagne pour conquérir le monde avec pour seul rempart contre cette barbarie world of warcraftienne, le fier ranger Cal Robertson (Adam Johnson), son preux et naïf adjoint-stagiaire Hobart Moss (Maclain Nelson) et enfin son ex-petite amie Katie (Renny Richmond). L'affiche aurait dû alerter le préposé docteur, au même titre que la bande-annonce, mais une fois encore ce dernier fut le jouet d'une précipitation finalement bien venue tant l'objet s'apparenta à une agréable surprise, et ceci, dès les premières minutes.
 

Cronico Ristretto: I Love You - Marco Ferreri (1986)

Film quasiment inconnu, I Love You de l'irrévérencieux Marco Ferreri fait immédiatement office d'ovni dans la filmographie de notre Totophe national. Mais pouvait-il en être autrement de la part du cinéaste (fatigué) de La grande bouffe ?

Sorti en 1986 entre Highlander et Le Sicilien de Michael Cimino, soit au plus fort de la popularité de Christophe Lambert, le long-métrage tendrait à prouver, si l'on se réfère aux témoignages de l'époque, le souhait précoce de l'acteur de casser son image, une envie comme tant d'autres d'alterner films grand public et projets plus personnels... perspective mis à mal par la suite tant la carrière de Lambert aura prouvé, en dépit du réel capital sympathie qu'il dégage, son incapacité à faire rarement les bons choix, entre insouciance et don manifeste (quoique inconscient) pour l'auto destruction artistique.

La lettre du Kremlin - John Huston (1970)

A de très rares occasions le cinéma aura montré le visage des services de renseignement tel que pouvait le présenter un monsieur X chaque semaine : froid, calculateur, une partie d'échec où l'humain n'a pas sa place, chaque camp plaçant ses pions au gré ou en fonction de ses propres intérêts. Sans surprise, le 7ème art avec comme figure populaire le matricule 007 du MI6 britannique aura préféré misé sur l'aventure, le glamour et l'exotisme, images d'Épinal collant aux basques du parfait agent secret sur pellicule. En 1969, le grand John Huston adapte The Kremlin Letter, roman de Noel Behn [1], pour un résultat forcément plus proche d'une certaine réalité.

1969, deux hommes, un américain et un russe discutent dans un musée parisien. L'occidental veut récupérer quel qu’en soit le prix une lettre compromettante détenue par les soviétiques, lettre qui fut un temps dans les mains de cet intermédiaire nommé Polyakov. Mais celui-ci se suicide en prison après avoir été arrêté et emprisonné par les services secrets russes, condamnant implicitement à mort la sœur et la mère de ce traitre, à l'exception de son épouse, le colonel Kosnov (Max Von Sydow) ayant d'autres desseins... Quelque temps plus tard, l'officier Charles Rone (Patrick O'Neal) est révoqué de la Navy non sans amertume de la part de son supérieur (John Huston), ce dernier soupçonnant une manœuvre déguisée de la part de Washington. On propose effectivement à Rone d'intégrer un groupe d'espions indépendants, libre de toute administration ou agence gouvernementale.

Les frénétiques (The Last Horror Film) - David Winters (1982)

Parmi les bonnes recettes que tout bon producteur ou réalisateur se doit d'utiliser pour fructifier à moindre frais un succès, la suite ou assimilé [1] a toujours eu pour des raisons évidentes de facilité/rentabilité la primeur des comptables du 7ème art. Mais lorsque vous n'êtes pas le géniteur du long métrage, et déveine supplémentaire, la providence ou votre porte-monnaie n'a pu vous faire obtenir les droits du dit succès, les possibilités restantes sont désormais assez minces si l'envie vous poussent encore à reprendre à votre compte (et à moindre frais) cette réussite passée… à moins de s'allouer les services de l'ancien casting, et de leur proposer, ni plus ni moins, une version alternative du précédent film [2].

Intitulé à sa sortie dans les salles hexagonales, Les frénétiques, le film de David Winters convie, on l'aura compris, pour le meilleur et surtout pour le pire, pour la troisième fois le duo Joe Spinell et Caroline Munro. Les amateurs de Maniac de William Lustig apprécieront la démarche opportuniste de Winters et de son producteur Judd Hamilton. Mais n'allons pas trop vite.

Mrs Winehouse et le cercle des 27

Ainsi donc celle dont on avait oublié quasiment l'existence vient de rendre l'âme dans un dernier sursaut médiatique. Du fait de la règle voire la jurisprudence (?!!!) incitant à ne pas dire du mal, tout du moins être un minimum critique envers les défunts (1), le préposé se gardera bien (enfin de manière suffisamment succincte) d'émettre un jugement de valeur sur la musique de la dénommée Amy Winehouse. On notera simplement que l'interprète tatouée (2) comme quelques pairs du passé aura difficilement supporté les conséquences de sa célébrité... ou plutôt ses démons se sont nourris de celle-ci pour mieux la détruire. L'image d'une célébrité autodestructrice. Voilà pour la psychologie de bazar.

Cronico Ristretto: Brotherhood Of Sleep - Dark As Light (2011)

Il aura fallu attendre assez peu de temps [1] pour qu'apparaisse ce qui s'apparente déjà comme l'album stoner de l'année : le deuxième album des grecs de Brotherhood of Sleep intitulé Dark As Light. Une conclusion en guise d'introduction ? Par moment, le préposé déborde d'émotion, et a par conséquent du mal à contenir ses effusions passionnées.

Là où le pays nous avait surtout habitué dans les 90's a nous proposer des groupes de death metal atypique (Septic Flesh et Nightfall), débarque en provenance de la capitale hellénique au milieu des 00's un trio chantre du stoner instrumental du nom de la confrérie du sommeil tiré (sans nul doute) du John Carpenter's Prince of Darkness. Après un premier album éponyme sorti en 2009 où les trois musiciens (le guitariste Georges G., le batteur Serafim G. et le bassiste Danny A) faisaient déjà preuve d'une maîtrise indéniable, Dark As Light leur album datant du début d'année apparaît déjà comme l'album marquant de cette année. Après les danois de Causa Sui en 2009, les portugais de Black Bombaim l'année suivante, l'international stoner en 2011 s'offre de nouveau des ambassadeurs européens.

Atomik Circus - Didier et Thierry Poiraud (2004)

Un cas d'école de ratage et de déception comme le cinéma français a pu trop souvent nous le proposer dès qu'il s'agit d'un film sortant des sentiers battus... qui plus est pour un film de genre ? Voici les conclusions que cet Atomik Circus aurait pu récolter.

Dans la série long métrage mal produit et mal distribué, ce premier film des frères Poiraud est sinon l'archétype, tout du moins un bel exemple des dommages que peuvent occasionner la rencontre entre le cinéma de genre et d'investisseurs issus de la télévision française. On a encore du mal à comprendre comment TF1 a pu mettre des billes dans un tel film... par contre on arrive très bien à comprendre comment la chaîne a essayé de jouer les margoulins en vendant Atomik Circus pour ce qu'il n'est pas, une bonne grosse comédie française, quitte à saborder totalement un long métrage qui ne demandait pas un tel acharnement  [1].

The Last Starfighter - Nick Castle (1984)


Le laisser, là où il devrait rester, dans nos mémoires. En voilà une sage recommandation. Mais le préposé est un esprit libre, il ne se laisse dicter ses choix par personne, quand bien même ces derniers provoquent l'ouverture d'un coffret à souvenirs aux conséquences malheureuses voire tragiques...

Loin dans ses souvenirs de jeune amateur de films de genre, le long métrage de Nick Castle avait une place à part, du fait des bribes d'images qui lui restaient en mémoire et par ce fameux titre évoquant de près (surtout) ou de loin le film de George Lucas. The Last Starfighter, film oublié des années 80, seul rescapé d'une poignée de geeks issus d'un autre temps ? Pas loin... mais n'allons pas trop vite.

Alex Rogan (Lance Guest) avait tout du héros en devenir, homme à tout faire dans un no-man's land où ne poussent que des mobile-homes, le jeune homme multiplie les talents puisqu'il est aussi champion de Starfighter, nom de la borne d'arcade auquel il passe le plus clair de son temps...sa petite-amie passant quant à elle au troisième rang des priorités. Un soir après avoir pulvérisé le meilleur score du jeu devant son public de petits vieux en transe, Alex reçoit la visite plus surprenante de Centauri (Robert Preston), le créateur du shoot'em up. L'étranger l'invite en voiture aller faire un tour des environs, qui va très vite ressembler à un tour dans l'espace, l'automobile étant en vérité une navette spatiale. Centauri explique à l'incrédule yankee que le prétexte du jeu n'a rien d'imaginaire, le dénommé Xur et l'armada de Ko-Dan sont une réelle menace pour l'équilibre de la paix interstellaire, la "frontière" que doit défendre le Starfighter est bien réelle. Ce jeu vidéo n'était autre qu'un stratagème judicieux pour recruter un nouveau combattant...

Cronico Ristretto: Icon - Lento (2011)


Attendu depuis l'année dernière, le nouvel album de Lento est sorti en début d'année dans l'indifférence quasi totale. A charge pour le préposé d'activer de nouveau ses réseaux et son lobbying intensif...

Neurosis instrumental atmosphérique: l'expression avait été proposée en guise de raccourci pour définir cette musique paradoxale à la croisée d'un sludge massif, d'un ambient psychédélique et d'un hardcore des plus saturés.

Mars 2011, Icon le nouvel album des transalpins annonce une nouvelle mue, les influences du passé disparaissent pour laisser s'échapper une musique plus mature et réfléchie. Au delà de la formule bateau précédente, les romains auront passé une année dans leur studio pour y créer ce nouvel opus.
  

Cronico Ristretto : L'Épouvantail (Scarecrow) - Jerry Schatzberg (1973)

Dans la série duo marquant connu (hélas) des seuls cinéphiles, la paire Gene Hackman/Al Pacino fait aisément office d'exemple, figure inoubliable du cinéma étasunien des seventies en échos avec celui des vagabonds mythifié par le cinéma muet d'un Chaplin... et "accessoirement" film qui fut récompensé en 1973 par le Grand Prix au Festival de Cannes: L'épouvantail de Jerry Schatzberg.

Max Milian (Gene Hackman) sort tout juste du pénitencier de San Quentin, et n'a désormais qu'un seul souhait, quitter la Californie et joindre Pittsburgh pour y récupérer son argent et y créer une entreprise de lavages de voitures. Un personnage au caractère bien trempé, bagarreur et (sans transition aucune) aussi frileux qu'une jouvencelle (Max a en effet la particularité de porter plusieurs couches de vêtements/haillons sur lui). En faisant la rencontre de Francis Lionel Delbuchi (Al Pacino), jeune homme immature, ancien marin, et père d'un enfant qu'il ne connait pas, Max va très rapidement se lier d'amitié avec cet inconnu qu'il baptisera désormais Lion.
    

Meurtre d'un bookmaker chinois - John Cassavetes (1976)


Figure incontournable du cinéma indépendant étasunien, John Cassavates s’attela avec Killing of a Chinese Bookie (1976) à un sujet, qui ne peut laisser indifférent les amatrices et amateurs de film de genre. Un film noir, ou tout du moins son prétexte, qui permettra au réalisateur de Faces d'écrire et de mettre en scène, paradoxalement, un de ses films les plus personnels. Mais n'allons pas trop vite.

Cosmo Vittelli (Ben Gazzara) est le propriétaire à Los Angeles d'une boite de strip-tease prénommée non sans malice le Crazy Horse West. Ce passionné de music-hall, d’effeuillage et de jolies filles profite du paiement de sa dernière traite pour faire la tournée des grands ducs avec ses préférées dont sa petite-amie Rachel. Et une passion pour le jeu dévorante qui pourrait bien le mener à sa perte... Invité par l'un de ses clients occasionnels (Seymour Cassel) à venir jouer dans son casino avec un supposé crédit illimité, le piège tendu par le milieu est prêt à s'abattre sur Vittelli. Désormais redevable d'une dette de 23 000 dollars, Cosmo n'imagine pas encore l'étendue de la manipulation dont il est le jouet. Car si la pègre peut réclamer la propriété du club, celle-ci a d'autres intentions... La Mafia fait en effet une proposition qui ne se refuse pas, l'effacement de la dette de jeu contre le meurtre d'un mystérieux bookmaker chinois...

L'enfer des zombies (Zombi 2) - Lucio Fulci (1979)

Lucio Fulci, un nom connu des seuls initiés amateurs de chair sanguinolente à la recherche d'une AOC gore de qualité ? Ce serait oublier par exemple ses nombreux giallos réalisés au début des années 70. Mais la boite de Pandore fuclienne garde encore de nos jours un pouvoir de nuisance et de séduction intacte pour celui qui l'ouvrirait par mégarde (gare à l'imprudent qui découvrirait bien malgré lui le film d'aujourd'hui, un néophyte en proie prochaine à de multiples persistances rétiniennes et errements post-traumatiques [1]).

1979, L'enfer des zombies, que les producteurs ou distributeurs nommeront Zombi 2 [2], marque une date clé dans la filmographie du réalisateur romain. Premier film foncièrement gore de son auteur, annonçant la future trilogie débutée l'année suivante par Frayeurs…, cet enfer ne se résume pas à un seul concours de bidoche fraîche ou à procédé de margoulins qui voulait le faire passer comme une séquelle du Zombie de George Romero. Mais n'allons pas trop vite.
 

Hell Driver (Drive Angry) - Patrick Lussier (2011)

A quoi reconnait-on un grand acteur ? A sa capacité à surprendre ? Nicolas Cage, l'homme par qui le scandale capillaire arrive, celui qui ose maltraiter ses maigres cheveux pour mieux habiter ses rôles, nous livre de nouveau une performance poignante dans son nouveau film, que les distributeurs franchouillards ont eu le bon goût de renommer Hell Driver. De quoi nous faire patienter avant la suite des aventures du flamboyant Johnny Blaze ? On peut l'espérer.

John Milton (Nicolas Cage) est souffrance, John est douleur, mais Milton est surtout vengeance. Sa fille bien-aimée vient d'être assassinée par une secte satanique. Pire, sa petite-fille nouvellement née va devoir payer les errements de sa génitrice, ex-adepte et adoratrice du grand bouc. Être sacrifiée à la gloire d'une nouvelle ère, en voici un beau destin, mais qui n'est pas au goût de grand-papa... au détail prêt que Milton, futur bouffeur de satanistes en toc, devra s'évader de sa prison actuelle pour sauver la petite. Un pénitencier très chaleureux et en proie aux flammes : l'Enfer. Bref, Milton revient des morts et il est très en colère.

Cronico Ristretto: Inserts - John Byrum (1975)

Parmi les diverses recherches qui régissent la vie palpitante d'un préposé en cinéphilie, celle de trouver des films rares, de qualité acceptable et plus si affinités, reste l'une des plus accaparantes et néanmoins gratifiantes... tout du moins lorsque le dit long métrage appartient à cette catégorie. Or méfions nous des faux amis; l'aura culte d'un film est loin d'être en soi une raison suffisante. Le long-métrage britannique Inserts (Gros plan) avait pourtant de nombreux arguments pour constituer une proie honorable au tableau de chasse, en premier lieu son casting: un jeune Richard Dreyfuss post-American Graffiti et pré-Jaws, la belle Jessica « Phœnix » Harper post Phantom of the Paradise et dans une moindre mesure la paire Bob Hoskins/Veronica Cartwright [1]. Las...

Hollywood des années 30. Le réalisateur surnommé Boy Wonder (Richard Dreyfuss) vit reclus dans sa villa. Mis au ban par la Mecque du cinéma, peu enclin à supporter les divers excès, artistiques et éthyliques, de l'ex-enfant prodige, notre agoraphobe pestiféré des plateaux continue néanmoins de tourner... pour un public d'initiés, celui des "pervers syphilitiques" selon ses propres mots. S'enfonçant encore un peu plus dans un état d'ébriété avancé après les performances calamiteuses et l'intelligence limitée de son premier rôle masculin, la journée du cinéaste éthylo-porno vire encore un peu plus au fiasco après l'apparition du producteur en chef, Big Mac (Bob Hoskins).

Cronico Ristretto: Berlin 1885, la ruée sur l'Afrique - Joël Calmettes (2011)

Si l'existence de la conférence de Berlin (qui débuta le 15 novembre 1884 pour se conclure le 26 février de l'année suivante) est connue des spécialistes, son histoire et son déroulement le sont beaucoup moins. Quatre mois au cours duquel les grandes puissances européennes, ainsi que l'Empire Ottoman et les États-Unis, conviées par le chancelier allemand Bismarck, vont décider du sort d'un continent: l'Afrique. Si des comptoirs et territoires côtiers africains furent déjà annexés avant cette date par la France, le Portugal ou le Royaume-Uni, la conférence aura le privilège néfaste de codifier la future main mise ou l'exploitation de cette terra incognita, et bien sûr (les bienfaits de) sa mission civilisatrice (sic), sans qu'aucun africain ne soit invité à cette conférence...

Voilà environ un quart de siècle que l'idée trottait dans la tête du réalisateur Joël Calmettes, s'intéresser à cette page méconnue dont l'influence et les conséquences tragiques sont encore palpables aujourd'hui [1]. Or, si l'on connait bien la résultante de cette conférence, les débats et autres négociations restaient quant à eux introuvables. Calmettes se mit dès lors à la recherche des archives diplomatiques, trouvées à Coblence par des documentalistes. Le voile de l'histoire pouvait enfin tomber.

Lone Wolf McQuade (Œil pour œil) - Steve Carver (1983)

N'en déplaise aux (anciens jeunes) mécréants ne retenant de lui que ses anciennes aventures digestivo-dominicales, ses jeans moulants et son omnipotence (toutefois maintes fois démontrée), il fut un temps où les mots Chuck et Norris faisaient frémir d'effroi les cuistres, la racaille communiste et les terroristes barbus en tout genre. Rappelons nous, Chuck Norris était le dernier rempart du monde libre "combattant la haine... par passion de la vie" [1]. Soit un temps béni et révolu évoquant, aux aficionados de l'époque, la supériorité manifeste de notre rouquin barbu préféré. Or, si la formule parait (aisément) exagérée, le cinéphile déviant, fan des productions eighties de la sacro-sainte Cannon, pourra toutefois revoir sa copie, et mettre un temps en veille ses quelques rires sardoniques, après le visionnage de cet estimable Lone Wolf McQuade (Œil pour œil)... étonnant, non ?

Ce film signé Steve Carver, à qui l'on devait déjà deux années plus tôt An Eye for an Eye (Dent pour dent) toujours avec Chuck Norris [2], est en effet loin d'être la plante potagère que laissait trivialement supposer l'affiche de cette, finalement, divertissante série B. Sorti une année avant l'exploitation golano-globussienne [3], le film apparaît comme un véritable mélange des genres où se croiseront des influences hétéroclites provenant aussi bien du western spaghetti, du policier et bien évidemment du film d'arts martiaux... ajoutez à cela une femme fatale avec romance en option, Oeil pour œil s'affirme comme un véritable fourre-tout où la présence de Chuck Norris devient finalement assez surprenante.

Cronico Ristretto: 127 Hours - Danny Boyle (2010)


Avec un peu de retard, le préposé va de ses impressions à propos d'un récent films étasunien qui fut, comme le palmipède hypercalorique d’Aronofsky, en lice pour les Oscars de cette année [1].

Si on ne s’appuiera pas sur un avis critique qui englobe la filmographie de Danny Boyle, son évolution voire son intérêt, il n’en reste pas moins que sa dernière livraison 127 Hours donne matière à quelques divagations.

127 heures ou la durée du calvaire du dénommé Aron Ralston, ingénieur et alpiniste amateur, l’avant-bras droit coincé sous un rocher après une chute dans le Blue John Canyon dans le Parc national de Canyonlands en Utah. En résumé, six jours et cinq nuits avant de s’amputer avec un canif made in China le bras récalcitrant.
Au crédit du cinéaste anglais, soulignons et signalons la création d’un nouveau sous-genre (à ma connaissance), celui du survival statique… dont la nature même aura tendance cependant à être minimisé, la cause à de nombreux soubresauts épileptiques et autres effets visuels vains (à vous faire passer Tony Scott pour Luchino Visconti). Si l’utilisation de caméras numériques en vue de plonger le spectateur au plus près de l’action et du drame semble à propos par soucis de réalité, la copie technique est loin d'être aussi idéale. La technique dite du split-screen, quant à elle, ne dépasse en effet jamais sa fonction de gadget, d’autant plus vrai que Boyle ne l’utilise pas à bon escient [2].
 

Feral Songs For The Epic Decline - Bruce Lamont (2011)

Doit-on avouer non sans une certaine gêne que le dernier album des chicagoiens Yakuza, nommé Of Seismic Consequence et sorti en 2010, n'aura laissé que peu de souvenirs au préposé, à tel point qu'il ne sait plus si ce nouvel opus eut droit au moins à une écoute ou non [1]. Un oubli de prime abord quasi injuste tant le souvenir de leur disque Samsara (2006) avait mis en lumière le potentiel de cette formation, mais aussi, par la suite, un anonymat fruit d'un tassement avéré de leur part, les espoirs passés s'étant vite dissipés... Soit le moment propice pour le frontman de Yakuza de publier son premier album solo ?

Le réflexe premier serait de jouer la carte de la suspicion dès que le chanteur d'un groupe de rock lambda enregistre un album solo [2]. La jurisprudence (et les nombreux exemples qui en découlent) s'accorde en effet à minimiser l'intérêt qualitatif de ces disques, et par conséquent à les ignorer (voire à les railler quand l'anecdotique se mue par exemple en création prétentieuse). Alors s'agissant d'un groupe à consonance métallique, et sa cohorte de clichés lui collant aux basques tel le premier Phtirius inguinalis, peut-on blâmer le préposé ou l'auditeur innocent à remettre en cause son droit à l'information, et à vouloir ignorer tout disque solo provenant de n'importe quel brailleur [3] ?

Cronico Ristretto : Inside Deep Throat - Fenton Bailey & Randy Barbato (2005)

1972, un cataclysme secoue l'Amérique bien pensante de Richard Nixon, Deep Throat de Gerard Damiano débarque dans les salles obscures. Un petit film indépendant d'un budget misérable de 20 000 dollars tourné en moins d'une semaine dans un hôtel miteux de Floride qui deviendra l'un des plus gros succès du cinéma étasunien.

Un peu plus de trois décennies après sa sortie en salle, la chaine HBO eut l'idée judicieuse de produire un documentaire intitulé Inside Deep Throat, évoquant la création et le tournage de ce succès surprise, véritable pilier de l'âge d'or de la pornographie 70's. Une genèse à l'intérêt étonnamment mineur, disons moindre, comparée aux volets suivants, se focalisant sur l'hystérie et la véhémence disproportionnée des opposants, puritains en particulier, auxquelles le long métrage a dû faire face. Un documentaire divertissant (dans la grande tradition américaine des vingt dernière années ?) qui, néanmoins, n'hésite pas à souligner les zones d'ombre que cachait ce film, sa connexion et son financement mafieux, mais aussi et surtout le destin des protagonistes loin d'être préparés à tant de remous médiatiques... et judiciaires.

Black Swan - Darren Aronofsky (2010)


Le préposé était resté avec un sentiment très mitigé lors de sa dernière rencontre avec le cinéaste Darren Aronofsky, devait-il de nouveau se draper dans une méfiance légitime au regard de l'emballement médiatique et hors de propos [1] qui suivi la sortie du précédent The Wrestler ?

Convenu, le cinéma du réalisateur de Requiem for a Dream l'est-il devenu ? Si le terme parait volontairement fort, à dessein [2], ce cinéaste doué, à défaut d'être génial (on y reviendra), aura un temps fait naître nombres d'espoirs, raisonnés, ou non, après ses deux premiers longs métrages. Or, après s'être pris les pieds et les neurones dans un tapis mystico-miteux cul-cul la praline (stop n'en rajoutez plus), Aronofsky avait vu sa cote remontée en flèche après sa prévisible histoire de pugiliste à tête dur, apportant la preuve qu'il s'avère toujours payant de ressortir les vieilles recettes hollywoodiennes, tel l'éternel conte du loser magnifique. Nouvelle étape, Black Swan saute le pas, et emmène son auteur et le spectateur vers un chemin plus scabreux, moins subtil. L'originalité devient ainsi une denrée rare, surtout lorsque le long métrage lorgne du côté du cinéma (ultra) référencé.

Cri-Cri l'emmédaillé ou les hostilités du début d'année

A l'heure où les derniers (grands) retardataires fomentent en douce leur classement des meilleurs disques de l'année précédente, prétextant non sans raison que sortir un top à la mi-décembre répond certes à des impératifs, mais vous coupe en partie des sorties du dernier mois de l'année, le mois de janvier sera comme de coutume aller de pair avec sa pelletée de résolutions plus ou moins rancies ou jubilatoires (c'est selon).

Qui dit nouvelle année, dit éternel recommencement, nouvel embrayage. « C'est le grand cycle de la vie » s'époumona dans un dernier souffle le grand sage avant de succomber d'une christophemaéite aiguë. Christophe Maé ou l'un de nos nouveaux Chevaliers des Arts et des Lettres (1) récompensé pour sa création dans le domaine artistique, voire sa contribution apportée au rayonnement des Arts en France si on en croit les milieux concernés (''et dans le monde?'' me tance la petite fille du sage prompte à tacler les grognons. Ça reste encore à prouver, ma méconnaissance de l'aura francophone de notre néo-emmédaillé étant avérée, les plus altruistes pourront toujours souhaiter son exportation - lointaine - vers la Belle Province. Celle-ci nous a suffisamment refourgué par paquets de douze tant de talents émasculteurs, briseurs de gonades, que finalement pour service rendu, la France peut bien faire partager au Québec un peu de sa culture populaire... qui déborde).

Cronico Ristretto: Quiet Inlet - Food (2010)

En attendant de croiser le cuivre avec les sorties 2011, fermons (momentanément) le chapitre jazz de l'année passée avec cet autre album fraîchement signé chez ECM: Quiet Inlet du duo nommé Food.

Cette formation au patronyme pittoresque, bien que créée en 1998 sous l'aspect d'un quartet, devra attendre 2006 pour laisser apparaître son ossature finale, c'est à dire le saxophoniste britannique Iain Ballamy et le batteur norvégien Thomas Strønen, ces derniers invitant par la suite des musiciens à chaque nouvel album. Et Quiet Inlet ne déroge pas à la substantifique règle de la paire, les guests étant cette fois-ci le guitariste autrichien Christian Fennesz et cerise sur le gâteau bavarois [1], le trompettiste norvégien, Nils Petter Molvaer (rien de moins), les deux musiciens s'occupant également des effets électroniques.

Cronico Ristretto: Mountain Mocha Kilimanjaro - Uhuru Peak (2010)

Il aura fallu qu'un petit animal bondissant à la robe fauve tacheté de noir s'adonne au joie de l'Afrobeat britannique pour que l'auteur au style tortueux, chantre des phrases construites d'une manière trop alambiquée, décide de creuser un sillon similaire, se faisant l'écho d'une autre formation aux antipodes des préjugés assimilés à la nationalité des protagonistes: les japonais Mountain Mocha Kilimanjaro. Uhuru Peak, chronique ultra référencée pour une musique qui l'est tout autant.

Six énergumènes en costard cravate en provenance de Tokyo, habillés comme des gangsters, une progéniture déviante résultat des coucheries d'une bande de yakuzas tragico-grotesques signée par un Takeshi Kitano tribute band? L'analogie aurait été bien trop simple quoique plausible.

Malevil - Christian de Chalonge (1981)

Répudié par Robert Merle, auteur du roman éponyme originel, Malevil, le film, est l'adaptation « inspiré librement », dixit l'affiche et le générique du quatrième long métrage de Christian de Chalonge, de ce roman d'anticipation paru en 1972. De cette polémique à l'accueil mitigé qu'il reçut lors de sa sortie, Malevil aura surtout été la proie d'un malentendu qui perdure encore de nos jours en pareil cas lorsque quelques esprits sinon bornés, du moins rigides, veulent comparer stricto sensu un livre avec son adaptation cinématographique. Chronique paysanne post-apocalyptique située en plein Larzac, Malevil n'en demeure pas moins un OFNI dans le paysage hexagonal.

Emmanuel Comte (Michel Serrault), châtelain, viticulteur et maire de la commune de Malevil, s'apprête à embouteiller une de ses cuvées lorsqu'il reçoit la visite de plusieurs de ses adjoints dont son ami Colin (Jacques Dutronc) venus régler la question cruciale de l'emplacement du lampadaire jouxtant la pharmacie Bouvreuil. Une fois l'apothicaire calmé (et conforté dans sa petitesse), en gentilhomme du terroir, Comte propose à l'assemblée de déguster un peu de son vin lorsqu'une panne d'électricité survient, une panne s'apparentant plus à un black-out, la radio de Momo (Jacques Villeret) étant elle aussi étrangement réduit au silence... apparaît sous la porte une lumière intense, accompagnée d'un grondement assourdissant, et une chaleur étouffante, interminable. L'apocalypse nucléaire vient de s'abattre. Après un moment d'attente, de crainte, les premiers sortent et découvrent un nouveau monde, indescriptible ("Mais qu'est-ce que vous avez vu?"), en ruines, crépusculaire, pour seule présence, un épais brouillard de cendres. Les sept survivants devront dès lors s'unir et lutter contre cet environnement, se réadapter à une vie néolithique et se défendre contre les pillards et les autres humains...

Cronico Ristretto: Grumpf Quartet - Grumpf Quartet (2010)

Signé chez Noir Prod tout comme leurs cousins Mâconnais et zébulons bruitistes Ni, voici que débarque de Bordeaux le Grumpf Quartet et son premier album éponyme, ou la version complémentaire des quatre musiciens précités?

Formé en 2006, Grumpf Quartet prouve une fois n'est pas coutume que musique rock "sérieuse" ne rime pas forcément avec boursouflure... de la part d'un quartet cachant en fait un trio de musiciens (aguerris), on aurait dû s'en douter, non?

Si la recherche de structure alambiquées et autres plans complexes (et rajoutez y une bonne louche d'harmonies dissonantes) peut sembler vaine depuis plusieurs années, quand le renouveau math-rock et post-rock semblent avoir montré ses limites, la découverte d'une nouvelle formation œuvrant dans un style à la croisée d'un rock progressif ténébreux et d'un mathcore jazzy pouvait éveiller l'intérêt du chroniqueur, voire le rassurer à la lecture de titres tels que: Stravinsky on da rocks (clin d'oeil et jeu de mot à la Zappa?) ou Racine de deux (en attendant un Hypoténuse au carré?). Bref, les Grumpf avaient suffisamment de recul sur leur art (et des références/influences avouées prometteuses [1]) pour susciter plus d'une écoute [2].
  

The Devils - Ken Russell (1971)

The Devils de Ken Russell n'est pas un film pour tout le monde. Et si quarante ans après, la controverse et l'opprobre se sont taris, les qualités artistiques du long métrage étant considérablement reconsidérées, celui-ci garde néanmoins encore aujourd'hui un pouvoir de nuisance certain. Tant mieux.

Au XVIIème siècle, sous le règne de Louis XIII, le cardinal Richelieu craignant une révolte des protestants depuis leurs fortifications demande à son roi la destruction des fortifications alloués aux huguenots, tel Loudun en Anjou. Cette ville fortifiée est, depuis le décès du gouverneur Sainte-Marthe, mort de la peste comme bon nombre de Loudunais, sous l'autorité du prêtre Urbain Grandier (Oliver Reed). Homme d'église marié en secret à la dénommée Madeleine De Brou (Gemma Jones), si sa foi et son attachement à Loudun lui vaut le respect de la population, les protestants et les catholiques vivant en harmonie, il en n'est tout autre des notables, le père Mignon ou le magistrat de la ville.

Or cet ecclésiastique sexué ne laisse pas non plus indifférent la mère supérieure du couvent d’ursulines, sœur Jeanne des Anges (Vanessa Redgrave), atteinte d'hallucinations érotico-bibliques, au même titre que le reste de ses sœurs, toutes atteintes d'hystérie collective et profondément attirées par ce prêtre qu'elles n'ont pourtant jamais rencontré. Vexée du refus de Grandier de ne pas devenir leur nouveau confesseur, Jeanne l'accuse d'avoir abusée d'elle par l'intermédiaire de quelques diableries, offrant au baron de Laubardemont (Dudley Sutton), aux ordres de Richelieu, l'occasion de réduire à néant le bien trop gênant Grandier et les fortifications de Loudun, si un procès en sorcellerie venait à être ordonné.

Piranha II : les tueurs volants - James Cameron (1981)

Sur une île dans la mer des caraïbes, non loin de la Floride:

- Hum... Qu'est-ce que tu as mon chéri, je ne te plais pas?
- Si tu me plais énormément, mais comme ça, dans un bateau, ce n'est pas très commode.
- Alors le bateau n'est pas commode, la plage est pleine de sable, la chambre est trop airconditionnée [1].
- Je parie que c'est l'eau que j'ai bu à l'hôtel, elle ne devait pas être très très bonne.
- Mais non, tu es trop nerveux, voilà tout.
- Oui, oui, je crois que j'ai besoin de me détendre...
- Et bien on se détendra plus tard si tu veux bien. C'est idiot d'être venu jusqu'ici pour des prunes.
- Tu es sûre qu'il n'y a aucun danger.
- Ce sera merveilleux. Tu n'en reviendras pas...

Quant au préposé, lui non plus, il n'en est pas encore revenu. Premier long métrage de James Cameron, Piranha II, les tueurs volants traîne l'une des pires réputations du cinéma fantastique. Ou comment la séquelle d'une série B, qui permit de mettre en lumière le talent du génial Joe Dante, se transforma en une série Z qui risqua à jamais de mettre un terme à la carrière d'un cinéaste en herbe.

Cronico Ristretto: C.H.U.D. - Douglas Cheek (1984)

C.H.U.D. appartient sans aucun doute à une catégorie rare, celle des films fantastiques à caractère social s'inscrivant indirectement (ou non) dans la critique de l'Amérique Reaganienne, genre popularisé quelques années plus tard par le désormais culte They Live (Invasion Los Angeles) de John Carpenter.

Un soir à New-York dans le quartier de SoHo à Manhattan, une femme promenant son chien passe non loin d'une plaque d'égout... puis disparaît, attaquée par une créature définie plus tard par l'acronyme Cannibalistic Humanoid Underground Dweller (ci-joint l'affiche US avec la dite créature aux yeux lumineux... on y reviendra). Le lendemain, nous suivons deux récits en parallèle ayant pour point commun la vie souterraine new-yorkaise des laissés-pour-compte, celui de George Cooper (John Heard) photographe de mode reconverti dans le photo-reportage dont le dernier article avait pour sujet la faune précitée, et celui du Capitaine Bosch (Christopher Curry) devant faire face depuis peu à une série de disparitions inexpliquées dont la cible semble être justement les sans-abris.

Cronico Ristretto: Joe Kidd - John Sturges (1972)

Western réalisé à l'aube des 70's par le non moins réputé John Sturges [1] avec en haut de l'affiche, excusez du peu, Clint Eastwood et Robert Duvall, Joe Kidd n'en demeure pas moins un long métrage peu connu. A raison ? 

Joe Kidd (Clint Eastwood), ancien pisteur et chasseur de primes réputé, désormais à la retraite dans son ranch, fait un crochet par la prison du shérif de Sinola dans le Nouveau-Mexique après avoir été arrêté pour troubles à l'ordre public sous l'influence de l'alcool et braconnage dans une réserve indienne. Lors de sa comparution devant le juge le lendemain matin, l'homme de loi est pris à partie par des mexicains réclamant la remise en cause des terres appartenant aux nouveaux propriétaires gringos. Si cette révolte paysanne menée par Luis Chama (John Saxon) laisse de marbre Kidd, celle-ci est loin d'arranger les plus gros propriétaires terriens de la région tel l'omnipotent Frank Harlan (Robert Duvall).

Massacres dans le train fantôme (The Funhouse) - Tobe Hooper (1981)

Entre son adaptation du roman de Stephen King Les vampires de Salem pour la télévision et sa future collaboration avec Steven Spielberg sur Poltergeist [1], le cinéaste du retentissant The Texas Chain Saw Massacre, Tobe Hooper, signait avec The Funhouse (Massacres dans le train fantôme) en 1981 un nouveau film d'horreur loin d'être aussi facile qu'il n'y parait. Mieux, première collaboration du cinéaste avec un grand studio, ce quatrième long métrage, s'il ne déroge pas avec les usuels rendez-vous manqués de Hooper avec la critique et le public et autres malentendus avec ses commanditaires, s'écartait des slashers à la mode contrairement à ce que pouvait laisser transparaître son titre français racoleur. Mais n'allons pas trop vite.

Contre l'avis de ses parents, la jeune et farouche Amy [2] sous couvert d'aller au cinéma, va avec son nouveau petit copain Buzz et son amie Liz, accompagnée de sa tête à claques préférée Richie, à la fête foraine qui vient tout juste d'arriver en ville. Ainsi malgré le conseil avisé de son paternel lui rappelant les disparitions mystérieuses de l'année précédente coïncidant étrangement avec la venue de ces étrangers forains, les quatre adolescents partent s'encanailler loin de cette tutelle pesante et liberticide. A eux les joies de la fête foraine et son lot d'attractions jubilatoires tels que Madame Zena, diseuse de bonne aventure de son état (voire plus moyennant finance, mais n'allons pas trop vite...), du fameux freak show que toute bonne fête se doit d'offrir, ou de se faire frétiller la rétine à la vue d'une poignée de strip-teaseuses à la fraîcheur quelque peu flétrie [3], avant finalement de goûter au grand frisson dans le terrible train fantôme, lieu ou plutôt prétexte idéal pour rapprocher les corps d'adolescent encore en émoi devant tant d'émotions... débordantes.